• Le Conseil de sécurité va prendre des sanctions sans précédent contre Pyongyang

     

    Par AFP 25 février 2016 à 02:35 (mis à jour à 23:49)   Lien
     
    Un homme regarde le lancement d'un missile balistique nord-coréen, le 3 février 2016
     

     

     

    Un homme regarde le lancement d'un missile balistique nord- coréen, le 3 février 2016  Photo JUNG YEON-JE. AFP

     

     

    Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait adopter des sanctions sans précédent contre Pyongyang, en réponse à son essai nucléaire début janvier , exigeant notamment pour la première fois l’inspection systématique des cargaisons en provenance ou à destination de la Corée du Nord.

    La résolution , proposée par Washington et âprement négociée avec Pékin , seul allié de Pyongyang, sera examinée à la loupe par la Russie. Ce qui pourrait retarder son adoption, prévue ce week-end , sans toutefois la remettre en cause, selon des diplomates du Conseil.

    «Nous avons besoin de temps pour étudier le projet de texte qui est très technique et détaillé », a déclaré l’ ambassadeur adjoint russe Petr Iliichev.

    L’ambassadrice américaine Samantha Power a présenté le projet à ses 14 collègues du Conseil de sécurité. «Pour la première fois dans l’ histoire , toutes les cargaisons allant ou provenant de la Corée du Nord seront soumises à une inspection obligatoire», a-t- elle précisé.

    Ce texte répond au quatrième essai nucléaire mené par Pyongyang le 6 janvier, qui avait été suivi d’un tir de missile le 7 février.

    Le projet -- 22 pages avec ses annexes -- «stipule que tous les Etats devront inspecter les cargaisons (nord-coréennes) se trouvant ou transitant sur leur territoire, y compris les aéroports , ports et zones franches».

    Selon le président du Conseil, l’ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez, le texte pourrait être adopté «au cours du week -end».

    Mme Power a aussi cité parmi les nouveautés du texte un embargo total sur les armes conventionnelles et sur les équipement à double usage civil et militaire.

    La Corée du Nord subira des restrictions à l’exportation de certains minéraux (charbon , fer , or, titane , terres rares) ainsi qu’une interdiction de lui fournir du carburant pour avions ou fusées.

    Les navires nord-coréens «soupçonnés de transporter des produits illicites» ne pourront plus faire relâche dans les ports étrangers.

    Appliquées strictement, ces sanctions feront peser sur le régime communiste «une pression beaucoup plus importante» que les précédentes résolutions prises par l’ONU depuis dix ans , a affirmé Mme Power.

    Elles «enverront un message sans ambiguïté au régime nord-coréen: (..) nous travaillerons sans relâche et de manière collective pour stopper votre programme nucléaire», a-t-elle ajouté.

    L’ambassadeur français François Delattre a salué «des sanctions d’une ampleur sans précédent pour mettre un terme à la fuite en avant irresponsable du régime nord-coréen».

    - Ne pas asphyxier la population -

    Les nouvelles mesures, a expliqué Mme Power, ont pour objectif non pas d’asphyxier l’ économie nord-coréenne , au détriment de sa population, mais de réduire les revenus qui servent à Pyongyang à financer ses programmes nucléaire et balistique.

    Ainsi le pétrole brut n’est pas concerné.

    La résolution permet de bloquer les vols vers la Corée du Nord soupçonnés de transporter des produits de contrebande et des mesures sont prévues pour empêcher Pyongyang d’affréter des cargos sous pavillon de complaisance.

    Trente -deux navires nord-coréens sont mis sur une liste noire et ne pourront plus accoster à l’étranger.

    Les pays membres de l’ONU seront tenus «d’expulser les diplomates nord-coréens impliqués dans des activités illicites».

    Les sanctions financières et bancaires sont aussi alourdies: fermeture de succursales bancaires en Corée du Nord et de succursales nord-coréennes à l’étranger.

    Dans son annexe, la résolution double le nombre de personnes (17 au total) et d’entités (12) sanctionnés pour leur rôle dans les programmes nucléaire et balistique.

    Enfin le projet détaille les produits de luxe que les dignitaires du régime communiste ne devraient plus pouvoir se procurer: montres , jet- skis, équipements de sport, etc..

    «Nous sommes tout à fait réalistes», reconnait cependant un responsable américain : Pyongyang a «donné la priorité à ses programmes d’armement massifs».

    «Il y aura toujours, ajoute-t-il, des gens pour essayer de contourner ces mesures», dont certaines ont d’ ailleurs une marge d’interprétation.

    La Corée du Nord est déjà sous le coup d’une panoplie de sanctions internationales et américaines adoptées après trois précédents essais nucléaires, en 2006, 2009 et 2013. Ces sanctions n’ont pas empêché la dictature communiste de poursuivre sa course aux armements, soulignaient récemment des experts de l’ONU.

    Malgré ce qui apparait à la communauté internationale comme une série de provocations nord-coréennes, la Chine s’efforce toujours de protéger Pyongyang, ce qui explique les six semaines qu’il a fallu à Washington et Pékin pour mettre au point un texte.

    La Chine redoute un effondrement du régime communiste qui déverserait un flot de réfugiés à sa frontière. Elle s’inquiète aussi de la perspective d’une Corée réunifiée à sa porte et inféodée aux Etats-Unis.

    Ces inquiétudes sont partagées en partie par la Russie, membre permanent du Conseil ayant droit de veto sur toute décision et en froid avec Washington.

    AFP
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  • Le Maroc suspend ses contacts

    avec l’Union européenne

     

    Un étudiant passe devant une carte du Sahara occidental, dans le camp de réfugiés sahraouis à Tindouf, dans le sud de l'Algérie.

    Rabat hausse le ton. L’annulation d’un accord agricole conclu entre le Maroc et l’Union européenne par la justice européenne au motif qu’il s’applique aussi au Sahara occidental n’est pas du goût du royaume chérifien, qui a fait savoir jeudi 25 février qu’il suspendait ses contacts avec les institutions européennes. Le gouvernement dénonce le « caractère hautement politique » et « contraire au droit international » de l’initiative bruxelloise, précise un communiqué officiel.

    La décision de la justice européenne portait sur un texte de décembre 2015 relatif aux mesures de libéralisation réciproques en matière de produits de l’agriculture et de la pêche. Ce document étendait l’accord au Sahara occidental, ex-colonie espagnole revendiquée par les indépendantistes du front Polisario, qui estimaient le texte contraire au droit international et aux engagements de l’UE.

    Lire aussi : Sahara occidental : l'interminable guerre froide

    Plusieurs pays membres de l’UE avaient annoncé vouloir faire appel du jugement, pour ne pas se brouiller avec le Maroc, un allié précieux dans leur lutte contre la mouvance djihadiste après les attentats de Paris.

    Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a fait savoir qu’il avait rencontré le représentant au Maroc de l’Union européenne, Rupert Joy, et qu’il lui avait notifié sa décision, selon une vidéo postée sur le site officiel du gouvernement.

    En 1991, la signature d’un cessez-le-feu entre le Maroc et le front Polisario, après quinze années de conflit armé, avait ouvert la voie à la création d’une mission onusienne pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination (Minurso) dans l’ancien Sahara espagnol, annexé par le Maroc en 1975.

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  • Sept Français sur dix pensent que le PS

    risque d’imploser

     

    Par AFP 26 février 2016 à 21:04   Lien
    Martine Aubry, le 8 septembre 2014 à Lille
     
     

     

     

    Martine Aubry, le 8 septembre 2014 à Lille Photo PHILIPPE HUGUEN. AFP

     

     

    Deux jours après la tribune co-signée par plusieurs personnalités de gauche dont la maire socialiste de Lille Martine Aubry critiquant le gouvernement, 74% des Français pensent que le Parti socialiste risque d’imploser, selon un sondage Odoxa pour iTELE et Paris-Match publié vendredi.

    Quelque 74% des personnes interrogées affirment que le Parti socialiste risque d’imploser, «probablement» pour 53% et «certainement» pour 21% d’entre eux. Chez ceux qui se revendiquent «sympathisants de droite», le score atteint 82% contre 65% chez les «sympathisants de gauche».

    En «matière de lutte contre le chômage», un peu plus de la moitié des Français (51%) pensent que Martine Aubry ne ferait «ni mieux ni moins bien» que François Hollande. Ils sont 41% chez les «sympathisants de gauche».

    Mais l’ancienne numéro 1 du PS ferait «plutôt mieux» que le chef de l’État en matière de lutte contre le chômage selon 42% des sympathisants de gauche, seuls 14% des sympathisants de droite partagent le même avis.

    Dans cette même étude, plus d’un tiers des Français (36%) et 69% des sympathisants de gauche trouvent que la politique menée par le gouvernement n’est «pas assez à gauche».

    L’enquête a été réalisée en ligne le 25 février auprès d’un échantillon de 996 personnes de 18 ans et plus (méthode des quotas).

    AFP
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  • Présidentielle 26 février 2016 19:11; Act: 27.02.2016 01:43    Lien

    L'ancien premier ministre élu président

    du Kosovo

     

    Des élus de l'opposition ont tenté de mettre fin à l' élection en lançant du gaz lacrymogène dans l'hémicycle.

    storybild

    storybild L'incident s'est déroulé en pleine session . (photo: Keystone)

    Une faute? Le ministre des Affaires étrangères kosovar Hashim Thaçi a été élu vendredi président du Kosovo par le Parlement . Au troisième tour de scrutin, la candidature de l'ancien Premier ministre a été soutenue par 71 élus, sur 120 sièges à l'Assemblée kosovare.

    «Je serai au service de tous les citoyens, indépendamment de leur appartenance ethnique, afin de construire un nouveau Kosovo, un Kosovo européen », a déclaré l'ancien chef de guérilla converti à la politique , à l'issue du vote. «Et je vais approfondir davantage nos fortes et éternelles relations avec les Etats-Unis», a ajouté Hashim Thaçi.

    Les élus de l'opposition kosovare ont lancé vendredi du gaz lacrymogène pour empêcher l'élection par le Parlement du nouveau président du pays. Des manifestants et la police se sont par ailleurs affrontés autour de l'Assemblée. Un premier tour du scrutin - sur trois possibles -, qui s'est néanmoins déroulé après une interruption de la session parlementaire, n'a pas permis à la coalition au pouvoir d'élire à la tête de l'Etat l' actuel ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre, Hashim Thaçi.

    Majorité simple Hashim Thaçi a obtenu le soutien de 50 élus, alors qu'une majorité des deux tiers de députés, sur 120 sièges, était nécessaire pour l'élection du président. Le second tour du vote devrait avoir lieu dans la foulée. Au troisième tour, une simple majorité est suffisante. Parallèlement au déroulement du vote, la police a tiré des bombes de gaz lacrymogène pour disperser un groupe de manifestants encagoulés qui ont lancé des cocktails Molotov sur la place devant les sièges du Parlement et du gouvernement.

    Méthode du gaz

    La situation s'est tendue sur cette place - où des centaines de militants de l'opposition campent depuis mercredi -, lorsque au moins onze élus de l'opposition ont été contraints de quitter l'Assemblée, après avoir une nouvelle fois lancé du gaz lacrymogène dans l'hémicycle en pleine session. Un élu de l'opposition a été arrêté, d' autres ont refusé de participer au vote. Il s'agit d'une méthode qu'ils emploient depuis octobre pour obtenir la démission du gouvernement et réclamer les élections anticipées. «Nous continuons de s'opposer à ce que la personne la plus contestée au Kosovo soit élue président. Nous allons poursuivre nos manifestations jusqu'à la convocation de nouvelles élections», a lancé à la foule l'élu Albin Kurti, fer de lance de l'opposition, à la sortie du Parlement.

    Crise politique Hashim Thaçi est le favori de ce vote et il affronte Rafet Rama, un autre candidat de sa propre formation , le Parti démocratique du Kosovo. «Dehors !», «Hashim dehors!», ont scandé les manifestants, environ un millier, qui ont dressé des tentes devant le Parlement et le gouvernement.

    Le Kosovo, ancienne province méridionale serbe qui a proclamé en 2008 son indépendance, est secoué depuis octobre par une crise politique.

    Histoire :

    Hashim Thaçi, 47 ans, qui a dirigé le gouvernement kosovar entre 2008 et 2014 et qui a conduit le Kosovo à son indépendance de la Serbie en février 2008, occupe depuis près de deux décennies le devant de la scène politique locale. Ancien commandant de la guérilla indépendantiste albanaise kosovare (UCK) -- qui a combattu les forces serbes durant le conflit de 1998-99 --, il s'est ensuite reconverti dans la politique. Sa réputation a toutefois été affectée par a publication en 2010 d'un rapport du Conseil de l'Europe mentionnant son nom dans une affaire de trafic d'organes sur des prisonniers, essentiellement serbes, pendant et après le conflit, une accusation qu'il a fermement réfutée.

    Crise politique :

    Le Kosovo est secoué depuis octobre par une crise politique, sur fond d'un mécontentement général en raison d'une mauvaise situation économique et un chômage qui touche environ 40% de la population active de ce pays 1,8 millions d'habitants. L'opposition accuse le pouvoir de corruption et lui demande aussi de renoncer à un accord sur la «normalisation» des relations avec la Serbie, conclu en 2013 sous la houlette de l' Union européenne. Un volet de cet accord prévoit la mise en place d'une « association » des municipalités serbes, considérée par Belgrade comme cruciale pour la minorité serbe du Kosovo, mais dénoncée par l'opposition kosovare qui met en garde contre une atteinte à la souveraineté kosovare.

    Dialogue avec la Serbie:

    Hashim Thaçi s'est pourtant engagé à poursuivre le dialogue avec la Serbie, qui conteste toujours farouchement l'indépendance du Kosovo. Il a promis de « travailler avec encore plus de détermination» à ce dialogue, «condition inévitable pour que nous ayons un avenir stable dans la paix». Le quinquennat de la présidente actuelle Atifete Jahjaga se termine le 7 avril , jour où M. Thaçi prendra ses fonctions. (nxp/ats)

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    En Irlande, les électeurs malmènent

    le gouvernement sortant

    Le parti du premier ministre Enda Kenny dégringolerait de dix points, selon les premiers sondages. Les travaillistes sont aussi à la peine

    Les partis au pouvoir en Irlande, le Fine Gael et le Labour, sortent affaiblis des élections législatives de vendredi. Ils sont très loin de la majorité absolue nécessaire pour être reconduits dans l’ actuel rapport de force , selon deux sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote.

    Selon un premier sondage Ipsos Mori/ Irish Times publié vendredi soir après la fermeture des bureaux de vote, le Fine Gael (centre droit ) du premier ministre Enda Kenny obtiendrait 26,1%, soit dix points de moins qu’aux précédentes élections de 2011. Un autre sondage, publié samedi matin et réalisé pour la radio-TV publique RTE , donne une chute encore plus sévère du Fine Gael à 24,8% des suffrages. Son partenaire travailliste, le Labour, est crédité respectivement de 7,8% et 7,4% des voix . Cette dégringolade de plus de onze points est imputée par les analystes à son incapacité à avoir préservé l’ Etat- providence.

    Lire aussi: En Irlande, la reprise ne garantit pas la victoire dans les urnes

    A l’inverse, le Fianna Fail (centre droit), qui avait été durement sanctionné aux précédentes élections alors qu’il était au pouvoir, ferait entre 4,5 et 5,5 points de mieux à 22,9%, selon le sondage Irish Times, et à 21,8% selon celui de la RTE.

    «Un jour très décevant pour le gouvernement»

    Le parti nationaliste de gauche Sinn Fein de Gerry Adams gagne , lui, son pari de devenir le 3e parti du pays , avec 14,9% des suffrages selon l’Irish Times et 16% selon la RTE, en hausse de 5 ou 6 points.

    Le décompte des bulletins de vote a commencé à 09h locales samedi, soit 10h en Suisse , mais il faudra sans doute patienter jusqu’aux premières heures de dimanche matin pour connaître les résultats définitifs.

    C’est «un jour très décevant pour le gouvernement», a déclaré samedi le secrétaire général du Fine Gael, après la publication de ces deux sondages. «Si les sondages de sortie des bureaux de vote sont corrects, nous sommes loin d’être en mesure de former un gouvernement», a admis Tom Curran à la radio-TV publique RTE.

    Dès lors, il y a trois scénarios

    Trois scénarios semblent possibles: la reconduction du gouvernement de coalition formé par le Fine Gael et le Labour probablement élargi à des personnalités indépendantes et des petits partis; la tenue de nouvelles élections; ou la formation d’une coalition historique entre le Fine Gael et le Fianna Fail, les deux partis ennemis de centre droit, qui gouvernent alternativement le pays depuis 1932. Cette dernière option a jusqu’à présent été écartée par Enda Kenny mais était sur les lèvres de nombre de commentateurs samedi.

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  • Présidentielle aux États-Unis : des primaires américaines complètement dingues !

     

    Publié le 27/02/2016 - Mis à jour le 27/02/2016 à 10:01   lien

     

    PAR OLIVIER BERGER - PHOTOS AFP

     

     

    La course aux investitures démocrate et républicaine pour la présidentielle du 8 novembre 2016 n’a jamais été aussi radicale et dépensière. Panorama d’une folle campagne.

     

    AFP

     

     

    Comme dans une partie de poker Texas Hold’em , il n’y a plus de limite ! Verbale ou financière… L’heure est au bluff, aux grandes gueules. Les républicains raflent la mise avec un bras de fer à trois entre le milliardaire Donald Trump et deux fils d’immigrés cubains purs et durs, Mario Rubio et Ted Cruz. Sans l’icône Obama (à la retraite dans onze mois après deux mandats), les démocrates attendent la finale et le probable retour d’une Clinton sur la scène : Hillary, cette fois.

    Super mardi 1er mars

    Plus que la primaire démocrate en Caroline du Sud de ce jour, l’Amérique politique tremble avant le Super Tuesday, ce mardi 1er mars. Avec dix-huit primaires dans neuf États, plus cinq caucus républicains et deux démocrates, c’est un moment charnière de la course à l’investiture. « Pour la première fois chez les républicains, les États du Sud se sont placés en début de calendrier pour avoir plus d’importance et élire le champion du Sud et de l’aile conservatrice », prévient Soufian Alsabbagh, spécialiste de la politique US (auteur de La Nouvelle Droite américaine, éditions Demopolis).

    Et super PAC !

    Il faudra plus d’un milliard de dollars pour être élu président des États-Unis d’Amérique. Des sommes délirantes sont allouées par les Super PAC, les Political Action Committees , pilotés par des lobbies qui agitent les millions pour faire avancer leurs idées et leurs intérêts. Cette course folle, autorisée par la décision de la Cour suprême en 2010 de lever le plafond du financement des campagnes, a totalement déréglé la machine politique américaine qui se radicalise.

    Petite pause dans cette folie, nous avons demandé à Soufian Alsabbagh de présenter les cinq candidats majeurs. Crazy !

    CÔTÉ DÉMOCRATES

    Hillary Clinton , la favorite

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Déjà favorite démocrate en 2008 mais balayée par un certain Barack Obama (qui ne peut se représenter après deux mandats), Hillary Clinton, 68 ans, peut-elle encore louper le coche ?

    Malgré l’insistance de Bernie Sanders (lire ci-dessous), son expérience reste incomparable : ancienne première dame de son mari Bill malgré la tourmente Monica Lewinsky (1993-2001), sénatrice de l’État de New York (2001-2009), secrétaire d’État, l’équivalent du ministre des Affaires étrangères (2009-2013). « C’est extraordinaire. Jamais dans l’histoire politique américaine, une personne ne s’est présentée avec un CV aussi qualifié », apprécie Soufian Alsabbagh.

    Hillary Clinton mène une campagne de femme d’État prête à la mission suprême. Sans excès ni passion, avec un petit écart par le tournage de la série TV Scandal qui singe les arcanes et turpitudes de la Maison-Blanche et du Washington DC politique.

    Outre Sanders, son caractère (de mauvaises relations avec la presse) et quelques casseroles pourraient plomber sa candidature. L’affaire des e-mails top secret, gérés par une adresse personnelle et un serveur à domicile alors qu’elle était secrétaire d’État à Washington, continue de rebondir pour l’accuser de légèreté.

    Bernie Sanders, la surprise

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Personne n’attendait Bernie Sanders, le vénérable sénateur du Vermont de 74 ans (né en 1941, sous Roosevelt !), pour animer les primaires démocrates, promises à Hillary Clinton. Il était à peu près inconnu il y a encore un an !

    « Papy » Sanders séduit les jeunes en lâchant délibérément un discours de gauche et usant du mot « socialisme » dans un pays qui sort aussitôt le fusil et voit rouge en pensant à l’URSS. Il est favorable à l’augmentation du salaire minimum. Il réclame la gratuité des prêts étudiants dans l’enseignement supérieur public. Il veut une couverture santé vraiment universelle (plus qu’Obamacare). Il joue enfin de son image pacifiste (il avait voté contre l’invasion de l’Irak en 2003) et de défenseur des droits humains. La panoplie complète.

    S’il ne devrait pas contester Clinton longtemps en raison de ses finances, Bernie Sanders a battu le record d’Obama de contributions à sa campagne, soit 4 millions à 27 $ de moyenne.

    CÔTÉ RÉPUBLICAIN

    Donald Trump, le trublion

    Republican presidential candidate Donald Trump declares victory, winning Nevada’s First in the West presidential caucus at the Treasure Hotel & Casino in Las Vegas on February 23, 2016. Donald Trump won Tuesday's Republican caucuses in Nevada by a wide margin, US networks projected, giving the billionaire businessman his third straight victory in the race for the White House. Early projections gave Trump 42 percent of the vote, with senators Marco Rubio of Florida and Ted Cruz of Texas trailing. / AFP / John Gurzinski/AFP

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Nous allons rendre à notre pays sa grandeur. Je serai le meilleur président pour l’emploi que Dieu ait jamais créé. Je récupérerai les emplois pris par la Chine, le Mexique, le Japon et je rapatrierai notre argent. » Ladies and gentlemen, Mr Donald Trump ! Cette déclaration tonitruante lance sa campagne en juin 2015. Le rigolo ne fait plus rire personne.

    Le magnat de l’immobilier de 69 ans, ancien producteur-animateur de l’émission de téléréalité The Apprentice, est un phénomène. Le cauchemar en politique incarné : immensément riche (fortune estimée à 10 milliards de dollars), populiste à outrance, fort en gueule, malin communicant et loin d’être idiot.

    Il ravage tout sur son passage en ce début de course des primaires avec des victoires au New Hampshire, en Caroline du Sud et au Nevada. Or le candidat républicain a toujours gagné ces deux premiers États... « Il faut le respecter car il met tout en œuvre pour gagner. Il se positionne dans le sens d’un populisme extrême. Il fait la course vers le moins disant, voire le moins intelligent. Ça fait peur. Malheureusement, la moitié du public américain croit toutes sortes de choses... », analyse Soufian Alsabbagh.

    Il faut donc supporter ses saillies contre les musulmans, les Mexicains... Et son discours protecteur qui s’adresse aux faibles et tranche au Parti républicain. Jusqu’où les Américains le suivront-ils ?

    Marco Rubio, le patient

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le sénateur de Floride depuis 2010 est un beau gosse de 44 ans, fils d’immigrés cubains. Il incarne le rêve américain idéal et les valeurs plus classiques du Parti républicain. Il est libéral économiquement et conservateur sur les sujets de société, à l’exception notable de l’immigration.

    Il a notamment pris des positions fortes lors de la préparation de la nouvelle loi migratoire.

    Un certain sens de l’opportunisme le porte à se lancer, durant ces primaires, dans des discours anti-système et anti-Washington, le populiste leitmotiv de ces primaires républicaines.

    Pour l’instant, il reste tapi dans l’ombre du bras de fer infernal entre Donald Trump et Ted Cruz. Patient et au profil plus consensuel, Marco Rubio pourrait tirer les marrons du feu républicain. L’aile droite se déchire.

    Il devrait accélérer à partir de la mi-mars, date des primaires dans son fief de Floride.

    Ted Cruz, l’ultra

    Republican presidential candidate Ted Cruz speaks during a campaign event in Las Vegas, Nevada on February 22, 2016. Republican presidential contender Ted Cruz said he has asked his national spokesman to resign for a

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Plus conservateur que Ted Cruz, tu meurs ! Comme si ce fils d’immigré cubain né à Calgary (Canada) devait laver encore plus blanc que blanc. Pro-armes, anti-avortement, prêcheur dans l’âme, le sénateur du Texas (ceci explique aussi cela) a su séduire l’aile droite du Parti républicain, représentée par l’égérie des Tea Parties , Sarah Palin, et Rick Santorum.

    À la surprise générale, l’ultra-conservateur de 45 ans avait remporté la toute première primaire, dans l’Iowa (27,7 % contre 24,3 % à Trump) mais depuis, il marque le pas. Débordé par les excès verbaux de Donald Trump.

    Il devrait retrouver des couleurs lors du Super Tuesday de mardi avec les primaires dans son fief du Texas.

    Pour Soufian Alsabbagh, Ted Cruz est à l’image du parti, qui se radicalise sur les sujets de société : « Sur le changement climatique par exemple, le candidat McCain dit en 2008 qu’il est réel et provoqué par l’homme ; en 2012, Romney doute que l’humain soit responsable et en 2016, Cruz nie le réchauffement et que ce n’est pas bon pour le business. C’est la même chose sur l’immigration et l’avortement. »

    Les autres candidats républicains : Ben Carson (64 ans, ex-neurochirurgien), John Kasich (63 ans, gouverneur de l’Ohio) ; Jeb Bush (62 ans, ex-gouverneur de Floride, fils de George et frère de George W) a renoncé samedi 20 février.

    Primaires américaines, mode d’emploi

    Primaires et caucus

    Le mode de désignation des candidats à l’élection présidentielle américaine est complexe et variable. Les primaires ressemblent à un vote classique, ouvert, fermé (pour les partisans déclarés sur les listes électorales), parfois modifié (avec obligation de vote). Le caucus est un mot un peu mystérieux (des origines amérindiennes ou d’une organisation de défense des ouvriers du port de Boston, le Caucus club) pour un système électoral qui l’est tout autant. Il s’agit d’un long débat local discutant les mérites comparés des candidats. Ils doivent se dérouler en même temps dans un État (1 784 caucus dans l’Iowa par exemple). Ces groupes désignent ensuite des délégués.

    Délégués

    Ces délégués, nommés État par État au fil des primaires et des caucus, désigneront le candidat final. Ils sont 4 764 au Parti démocrate et 2 472 au Parti républicain. Attention, chez les démocrates, des super délégués, non élus lors des primaires mais puissants politiquement (anciens ou actuels élus nationaux) s’ajoutent et influent sur le résultat final. Ce lobby officiel interne n’existe pas chez les républicains.

    Conventions

    Ce sont les deux grands raouts estivaux qui lancent véritablement la campagne présidentielle. Le champion démocrate et le républicain sont désignés et reçoivent dès lors le soutien inconditionnel de leur parti.

    Élection présidentielle

    C’est un suffrage indirect créé en 1804. Des grands électeurs sont élus dans chaque État en fonction du nombre d’habitants et sur le mode du winner-takes-all, le vainqueur prend tout (55 en Californie, 29 à New York, 3 en Alaska...). Pour un total de 538 (majorité à 270). Ceux-ci voteront le 19décembre 2016 pour désigner le président et son vice-président.

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  • Somalie : attaque meurtrière dans un

    hôtel de la capitale

    L’attaque du 26 février a été revendiquée par les Chabab, des insurgés islamistes somaliens.

    Quatorze personnes ont été tuées vendredi soir, selon un nouveau bilan, dans l’attaque d’un hôtel à Mogadiscio par les islamistes somaliens shebab, qui ont eu recours à de grandes quantités d’explosifs lors de cette opération, ont indiqué samedi des sources gouvernementale et médicale.

    Deux personnes ont succombé à leurs blessures, a rapporté un médecin de l’hôpital Medina de Mogadiscio, portant de 12 à 14 le nombre de morts de la double explosion suivie d’une fusillade entre le commando shebab et les forces de sécurité. « Dix-huit blessés ont été admis à l’hôpital et jusqu’à présent, deux d’entre eux ont succombé à leurs très graves blessures », a déclaré samedi le Dr Mohamed Moalim.

    Deux explosions à quelques minutes d’intervalle ont visé l’hôtel SYL – un établissement de bon standing situé près de l’enceinte ultra-sécurisée de la Villa Somalia, complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du premier ministre – et un jardin public voisin très prisé des habitants de la ville, le Peace Garden.

    « Selon nos experts, les explosifs utilisés pesaient environ 200kg, ce qui a fait de cette explosion la plus grande (recensée à Mogadiscio), encore plus importante que celle utilisée à l’encontre de l’hôtel Jazeera », en juillet 2015, a déclaré samedi le ministre somalien de la sécurité, Abdirasak Omar Mohamed. « Les forces de sécurité, a-t-il ajouté, ont réussi à arrêter le camion (piégé) à un barrage qu’il était en train de forcer et cela a permis de limiter le nombre de victimes (...) Le camion a explosé sur place et tué les gens alentour. »

    L’hôtel SYL avait déjà fait l’objet d’une attaque en janvier 2015, qui avait fait cinq morts.

    Opérations similaires

    Les Chabab ont déjà mené ces derniers mois des opérations similaires, lançant un véhicule piégé contre l’enceinte d’un hôtel avant d’y faire pénétrer un commando armé pour abattre la clientèle et le personnel à l’intérieur. En février 2015, une attaque très semblable avait visé un autre hôtel de Mogadiscio, le Central Hotel, faisant plus de vingt morts.

    Confrontés à la puissance de feu supérieure de la force de l’ Union africaine en Somalie (African Union Mission in Somalia, Amisom), déployée en 2007, les Chabab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011. Ils ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Ils contrôlent toujours de vastes zones rurales, d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides – souvent jusque dans la capitale de la Somalie – contre les symboles du fragile gouvernement somalien ou contre l’Amisom.



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    Droits humains: Madagascar épinglé

    par

    Amnesty international

    La gouvernance de Hery Rajaonarimampianina et de son administration est épinglée par
    le dernier rapport d'Amnesty international.
    © AFP PHOTO/RIJASOLO
     

    Par RFI Publié le 27-02-2016 Modifié le 27-02-2016 à 11:12

    Amnesty International vient de publier son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Pour ce qui est du cas de Madagascar, le bilan est accablant : le pays n'a connu aucune amélioration en matière de droits de l'Homme depuis ces deux dernières années. Selon la société civile, la situation a même empiré.
     

    Sans détour, le rapport annuel d'Amnesty International liste les exactions commises par le régime du président Rajaonarimampianina : « Exécutions extrajudiciaires contre des voleurs présumés de bétail, actes d'intimidation à l'encontre des journalistes, des étudiants et des militants écologistes, recours excessif à la force, ... ». Le tout, sur fond d'impunité quasi-totale.

    Andrianirainy Rasamoely, président des associations pour la défense des droits Humains à Madagascar, confirme la teneur du rapport. « L’Etat malgache, les agents de l’Etat en particulier, sont les premiers à bafouer les droits humains à Madagascar. Ceux qui sont responsables de l’application des lois… Ils pillent, ils volent, ils exécutent, des fois sans raison… des gens, des témoins… Mais on a peur de dénoncer parce que les représailles sont dures ».

    Dans la Grande île, 92% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Pour le défenseur des droits humains, pauvreté et mauvaise gouvernance ont détérioré la situation. « [C’est] pire qu’avant ! Les élèves préfèrent voler des bœufs ou rester à la maison plutôt que d’aller à l’école parce qu’il n’y a aucun rapport entre l’école et les activités socio-économiques. Ça ne sert à rien d’y aller ! Pour aboutir à quoi ?? C’est un fiasco ! »

    Un fiasco, imputable notamment à l'instabilité politique de l'année 2015. Le rapport ne manque pas de rappeler l'épisode du vote des députés en faveur de la destitution du Président de la République. Ce dernier en avait tout simplement rejeté le résultat.

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    La Croatie et la Serbie limitent à leur

    tour le nombre quotidien de migrants

     

    Par AFP 26 février 2016 à 15:09 (mis à jour à 16:05) lien
    Une femme (g), avec son bébé dans les bras, attend le 19 janvier 2016 dans la gare de Presevo, en Serbie, un train pour gagner la Croatie
     
     

     

     

    Une femme (g), avec son bébé dans les bras, attend le 19 janvier 2016 dans la gare de Presevo, en Serbie, un train pour gagner la Croatie Photo DIMITAR DILKOFF. AFP

     

     

    La Croatie a indiqué vendredi avoir à son tour fixé à 580 le nombre quotidien de migrants transitant par son territoire en direction de l’Europe du nord, à la suite de l’ annonce par la Slovénie de ce même plafond , la Serbie leur emboîtant le pas.

    «La Slovénie nous a informés jeudi soir qu’ils pouvaient recevoir 580 migrants par jour et nous en avons , à notre tour, informé nos collègues en Serbie», en aval sur la route balkanique des migrants, a déclaré à l’AFP une porte- parole de la police croate, Jelena Bikic.

    «Nous allons nous tenir aussi à ce chiffre », a-t-elle affirmé, en ajoutant que ces nouvelles mesures seraient mises en œuvre «immédiatement».

    Peu auparavant, le ministère slovène de l’Intérieur avait annoncé la même mesure , en précisant qu’elle avait été prise en vertu d’un accord passé la semaine dernière lors d’une réunion des polices des pays des Balkans et de l’ Autriche.

    Dans la foulée, la Serbie a également annoncé qu’elle entendait appliquer la même décision , en limitant le nombre d’entrées sur son territoire.

    «Comme nous l’ avions fait jusqu’à maintenant , tout ce que font l’Autriche, la Slovénie et la Croatie, nous allons faire la même chose. Si elles acceptent seulement 500, nous n’allons laisser que 500 traverser la Serbie», a déclaré à l’AFP un responsable du ministère du Travail serbe, chargé des réfugiés.

    Si les pays situés sur la route des migrants respectent cette limite journalière , l’engorgement va inévitablement s’aggraver en Grèce où des milliers de candidats à l’asile sont déjà bloqués depuis dimanche en raison d’un durcissement des conditions de passage des frontières de la Macédoine à l’Autriche.

    Quelque 2.000 migrants arrivent en ce moment chaque jour sur les îles grecques.

    AFP
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    Des milliers de Russes dans la rue pour commémorer l'assassinat de l'opposant Boris Nemtsov

    27 Févr. 2016, 14h57 | MAJ : 27 Févr. 2016, 14h57   lien

     

    Des partisans de l'opposant russe assassiné Boris Nemtsov participent à une marche en son hommage, un an après sa mort, le 27 février 2016 à Moscou
                               Des partisans de l'opposant russe assassiné Boris Nemtsov participent à une marche
                       en son hommage, un an après sa mort, le 27 février 2016 à Moscou (AFP/KIRILL KUDRYAVTSEV)
     

     

    Plusieurs milliers de Russes défilaient samedi dans les rues de Moscou et Saint-Pétersbourg pour commémorer le premier anniversaire de l'assassinat de l'opposant Boris Nemtsov, dont le ou les commanditaires n'ont toujours pas été retrouvés.

     

     


    A Moscou, encadrés par des centaines d'OMON, les policiers anti-émeutes, les manifestants scandaient sous un beau soleil d'hiver des slogans contre le président russe Vladimir Poutine et brandissaient le portrait de Boris Nemtsov, abattu de quatre balles dans le dos à quelques pas du Kremlin le 27 février 2015.

    Selon l'antenne moscovite du ministère russe de l'Intérieur, les manifestants étaient environ 7.500. Les journalistes de l'AFP sur place en comptaient plus de 20.000.
    En silence, au début du cortège, des jeunes Russes faisaient flotter des drapeaux nationaux dans une atmosphère de recueillement. "Ce n'est pas seulement (M. Nemtsov) qui est mort: les assassins ont aussi tiré sur nos espoirs de construire une nouvelle Russie", a expliqué à l'AFP Emil, très ému.

    A Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, plus de 4.000 manifestants sont venus rendre hommage à l'opposant et ancien vice-Premier ministre, selon une correspondante de l'AFP sur place.
    "Il fallait que je vienne, pour ne pas avoir honte devant mes petits-enfants", a expliqué, l'air grave, Ilia Volkov, 55 ans.
    Pour Varvara Mikhaïlova, 24 ans, le meurtre de Boris Nemtsov reste un choc, même un an après. "Sa mort m'a bouleversée", confie-t-elle. "C'était un coup dur pour chacun d'entre nous. Il faut que nous marquions notre présence, que le gouvernement sache que les gens (contre sa politique) existent".


    - 'Qui a osé?' -
    L'assassinat de Boris Nemtsov, alors âgé de 55 ans et codirigeant du mouvement d'opposition Parnas, a provoqué une onde de consternation à travers la Russie et au-delà. Qualifiant l'assassinat de "provocation" délibérée, le président russe Vladimir Poutine a placé l'enquête sous son autorité directe.
    "Qui a osé?", a-t-il crié, furieux, lorsqu'il a appris l'assassinat de l'opposant, selon le journal d'opposition Novaïa Gazeta.
    Pour autant, "son meurtre n'a jamais été élucidé", regrette une manifestante moscovite, qui agite une pancarte "Poutine Kaput".
    Bien que cinq suspects - tous Tchétchènes - aient été arrêtés par la justice russe, ils ont jusqu'à présent nié leur culpabilité, affirmant avoir avoué sous la torture.
    Considéré comme le principal suspect et accusé d'avoir soigneusement planifié l'assassinat, l'ancien policier Zaour Dadaïev a été qualifié de "vrai patriote russe" par le président tchétchène Ramzan Kadyrov.


    Malgré les demandes répétées des proches de Boris Nemtsov, la justice russe n'a jamais interrogé le dirigeant ni d'autres hauts responsables de cette république de l'instable Caucase russe.
    "Kadyrov, tu es la honte de la Russie!", criaient les manifestants en parcourant les rues les plus huppées de la capitale. "A bas le pouvoir du FSB", les services de renseignement russes, continuaient-ils.
    Les manifestants étaient presque aussi nombreux à marteler des slogans sur la crise économique que subit la Russie depuis presque deux ans en raison de la chute des cours du pétrole et des sanctions occidentales mises en place contre Moscou pour son rôle dans le conflit ukrainien.
    "La situation économique est de pire en pire. Et le soutien aux autorités s'effondre. Tout cela va finir en une guerre civile, comme il y a cent ans", s'inquiète Evgueni Michtchenko, 41 ans.

    "L'année dernière, tout a changé. Si cela continue, il y aura une révolution à l'automne", prédit une autre manifestante. "Et cela me fait peur", ajoute-t-elle.
    Non loin, une femme porte, serré contre elle, un immense bouquet de fleurs. "Je suis venue pour me souvenir d'un homme que j'admirais, qui défendait une Russie que j'aimais", a-t-elle confié à l'AFP. "Les gens qui sont ici me font espérer que mon pays peut redevenir ce qu'il était".

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