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    02 novembre 2016 - 11H25

    Secret défense: pour Sarkozy, Hollande

    aura à rendre compte

    © POOL/AFP/Archives | Nicolas Sarkozy et François Hollande lors d'une cérémonie aux Invalides le 19 septembre 2016 à Paris

    PARIS (AFP) - 

    Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, a estimé mercredi que François Hollande, qui a fait dans le livre de confidences récemment publié des révélations sur les opérations sécrètes dites "Homo", aurait à "rendre compte de cette violation manifeste du secret défense".

    Nicolas Sarkozy a dit sur France Info partager "à 100% l'analyse présentée par François Fillon", qui a considéré récemment que François Hollande était disqualifié" par ces révélations, qui constituent selon lui "un énorme scandale".

    "Je suis sûr qu'un jour ou l'autre M. Hollande aura à rendre compte de cette violation manifeste du secret défense", a déclaré Nicolas Sarkozy.

    "Imaginez que je me sois laissé aller à montrer à des journalistes des plans secrets confidentiels défense d'intervention de nos avions, que j'aie indiqué à des journalistes que j'avais donné des ordres secrets à nos forces spéciales pour éliminer tel ou tel ennemi de la France. C'est une forfaiture", a-t-il dit.

    "Il n'y a pas une démocratie au monde qui accepterait ça", a-t-il insisté.

    "Si c'était moi, il y aurait déjà eu une association qui aurait été constituée pour déposer plainte, et une enquête préliminaire engagée", a-t-il ajouté.

    Nicolas Sarkozy a rappelé que "le président de la République a des obligations, et notamment l'obligation du secret. Il y a la vie de nos hommes qui est en cause, c'est pas une plaisanterie. Pour faire le malin devant deux de vos confrères, il va révéler des choses qui sont secret défense", a-t-il déploré.

    "Sur le fond je partage l'avis de François Fillon, il y a certainement matière à aller plus loin et à en tirer les conséquences", a-t-il conclu.

    Dans le livre des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, le président de la République a reconnu avoir autorisé "quatre" opérations "Homo".

    © 2016 AFP

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  • Turquie : arrestation du rédacteur en chef du quotidien d’opposition « Cumhuriyet »

    Plus de 10 000 fonctionnaires sont par ailleurs mis à pied.

    Le Monde.fr avec Reuters | 31.10.2016 à 06h46 • Mis à jour le 31.10.2016 à 19h52 | Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)

    Devant les locaux de « Cumhuriyet », à Istanbul, le 31 octobre.

    La police turque a fait une descente, lundi 31 octobre à l’aube, aux domiciles de plusieurs journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet. A Istanbul, le rédacteur en chef, Murat Sabuncu, a été arrêté. A Ankara, le journaliste Güray Öz a été interpellé. En revanche, les policiers n’ont pas trouvé chez lui Akin Atalay, le président du directoire, qui séjourne actuellement à l’étranger. Enfin, un célèbre chroniqueur du quotidien et journaliste, Kadri Gürsel, a été placé en garde à vue, selon l’International Press Institute, organisation dont il est membre.

    Dans un texte intitulé « Nous ne nous rendrons pas » et publié sur son site, le quotidien affirme qu’il « mènera jusqu’au bout la lutte pour la démocratie et la liberté ». Treize mandats d’arrêt ont été émis contre ses journalistes, soupçonnés, selon le procureur d’Istanbul, de connivence avec deux organisations terroristes : le mouvement de Fethullah Gülen, accusé d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat du 15 juillet, et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie).

    Cumhuriyet (« République ») est un quotidien à faible tirage (52 000 exemplaires) mais très respecté en Turquie. Axé sur les valeurs républicaines transmises par Atatürk, il a fait sienne la défense de la laïcité, notamment en publiant, en 2015, les caricatures parues dans Charlie Hebdo. Le 6 mai, Can Dündar, l’ex-rédacteur en chef, ainsi qu’Erdem Gül, le correspondant du journal à Ankara, ont été condamnés, en première instance, à cinq ans de prison ferme pour avoir publié une enquête sur la livraison d’armes, par les services turcs, à la rébellion contre Bachar Al-Assad, en Syrie. Victime d’une tentative d’assassinat devant le tribunal ce jour-là, Can Dündar vit aujourd’hui en exil en Europe.

    Recteurs nommés par Erdogan

    Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’un nouveau tour de vis déclenché samedi 29 octobre, le jour où la fondation de la République est célébrée dans toute la Turquie. Depuis le putsch manqué du 15 juillet, l’état d’urgence est en vigueur dans le pays, ce qui permet à l’exécutif d’agir sans entraves, sans passer par le Parlement, encore moins par les instances judiciaires, ravagées par les purges après l’éviction de plus de 4 000 magistrats.

    Selon le nouveau décret publié samedi, environ 10 000 fonctionnaires ont été mis à pied, quinze médias ont été fermés, les droits des avocats ont été limités et les recteurs d’université seront dorénavant nommés par le président Recep Tayyip Erdogan. Les décrets précédents avaient permis, au nom de la lutte contre le « terrorisme », de limoger 100 000 fonctionnaires et d’arrêter plus de 30 000 personnes. Le dernier en date met donc à pied 10 131 personnes (dont 2 534 au ministère de la justice, 3 486 à l’éducation, 2 774 à la santé et 101 dans l’armée).

    Le nouveau décret porte surtout un rude coup à l’exercice du métier d’avocat. Dorénavant, leurs conversations avec leurs clients soupçonnés de « terrorisme » seront enregistrées, la présence d’un gardien sera obligatoire, les documents écrits échangés devront être visés par les autorités. Si le juge l’estime nécessaire, les visites de l’avocat pourront être supprimées pendant six mois. Les partis d’opposition et les défenseurs des droits de l’homme reprochent au gouvernement de profiter de l’état d’urgence – prolongé jusqu’en janvier 2017 – pour museler toute forme d’opposition sous couvert de lutte contre le terrorisme.

    Les quinze médias fermés samedi sont des médias kurdes connus, tels l’agence de presse Dicle et le magazine mensuel Evrensel Kultur. Dimanche 30 octobre, Gültan Kisanak et Firat Anli, les deux comaires de Diyarbakir, la « capitale » du Sud-Est à majorité kurde, qui avaient été interpellés quelques jours plus tôt, ont été inculpés pour « soutien logistique à une organisation terroriste ». Politiciens respectés, les comaires sont accusés, entre autres, d’avoir fourni des véhicules municipaux pour les enterrements de rebelles du PKK.

    Lire aussi :   Turquie : les journalistes de Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül condamnés à cinq ans de prison

    « Tout vient d’une seule personne. On nous traîne vers le régime présidentiel à poigne, comme un fait accompli. Il s’agit d’un abus du régime d’état d’urgence », a dénoncé la députée Lale Karabiyik, du Parti républicain du peuple (CHP, premier parti d’opposition au Parlement), à l’agence Anadolu.

    Le président Recep Tayyip Erdogan – qui a réitéré samedi sa volonté de rétablir la peine de mort – veut une réforme constitutionnelle, soumise au Parlement « dans les plus brefs délais », a annoncé récemment le premier ministre, Binali Yildirim. Comme le Parti de la justice et du développement (AKP), fondé par M. Erdogan, ne possède pas la majorité nécessaire au Parlement, un référendum pourrait être convoqué d’ici à avril 2017.

    Lire aussi :   La femme du journaliste d’opposition Can Dündar empêchée de quitter la Turquie

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    Au Journal officiel, un fichier biométrique de 60 millions de « gens honnêtes »

    2012-2016, le changement     LIEN  
     
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    Crédits : Johan Swanepoel/iStock/ThinkStock
    Loi

    Hier, au Journal officiel, le gouvernement a publié un décret instituant un fichier monstre commun aux passeports et aux cartes nationales d'identité. Destiné à faciliter établissement et renouvellement de ces titres, en plus de prévenir les fraudes, il va ingurgiter des centaines de millions de données puisées dans toute la population française.

    En 2012, lorsqu’ils avaient attaqué devant le Conseil constitutionnel la proposition de loi relative à la protection de l'identité, une cohorte de sénateurs et députés socialistes, dont Jean-Jacques Urvoas, avait dénoncé le super fichier voulu par la majorité d’alors. Une mégabase regroupant l’ensemble des informations du passeport français et de la carte nationale d'identité qui représentait selon eux « une ingérence dans l'exercice du droit de toute personne au respect de sa vie privée ».

    Ce texte avait été âprement débattu dans l’hémicycle : « la France n’a créé qu’une seule fois un fichier général de la population, c’était en 1940. Il fut d’ailleurs détruit à la Libération » s’était souvenu le député Serge Blisko (PS). Réponse de Christian Vanneste (UMP) : « Ce n’est pas parce qu’il y a eu hier une dictature à Vichy qu’il ne faut pas protéger aujourd’hui les honnêtes gens ».

    Quantités de données glanées, centralisées, exploitées 

    Quatre ans plus tard, le changement. Le gouvernement a donné naissance ce week-end au fichier des « Titres électroniques sécurisés » (TES). Moins ambitieux que les dispositions censurées, il regroupe bien des informations similaires en procédant à la même logique.

    Une fois les arrêtés publiés, il conduira à la suppression du Fichier national de gestion (FNG) relatif aux cartes nationales d'identité et du système TES lié à la délivrance du passeport, et une belle unification dans un seul et même fichier.

    Dans son cœur, évidemment l’état civil, mais aussi la couleur des yeux, la taille, l’adresse, la filiation des parents, l'image numérisée du visage et en principe des empreintes digitales de tous les Français. S’y ajouteront l'image numérisée de la signature du demandeur, l’adresse email et les coordonnées téléphoniques du demandeur qui passe par une procédure à distance, le code de connexion délivré par l'administration, etc.

    D’autres données concerneront cette fois le titre : numéro, tarif du timbre, les traces d’une perte, d’un vol, d’une interdiction de sortie de territoire, la mention des justificatifs présentés pour la demande, outre les « Informations à caractère technique relatives à l'établissement du titre » ou encore « l'image numérisée des pièces du dossier de demande de titre ».

    Identification, authentification

    Sans doute pour s’échapper des ombres de 1940, le texte ne permettra pas d’exploiter un outil de recherche « permettant l'identification à partir de l'image numérisée du visage ou de l'image numérisée des empreintes digitales enregistrées dans ce traitement. »

    En l'état de cette réglementation, susceptible d'évolution, il sera pour le moment possible de comparer automatiquement des empreintes digitales de chaque demandeur avec celles précédemment enregistrées sous la même identité pour déceler les indices d’une possible fraude.

    En clair, selon le gouvernement il n'y aura pas d'identification administrative, mais une authentification automatisée et élargie et ce, alors même que le taux de fiabilité d’une comparaison d’empreintes digitales est d'environ 97 %. 

    Seulement, nous sommes ici dans un cadre purement administratif. Or, n'oublions pas que « l'ensemble des données contenues dans TES, y compris des données biométriques, pourront, comme l'ensemble des données contenues dans des fichiers administratifs, faire l'objet de réquisitions judiciaires ». Il pourra donc y avoir une part d'identification via TES, sur demande d'un juge. Un rappel signé de la CNIL qui a fait publier sa délibération sur ce texte

    De plus, rien ne permet de préjuger d’une modification future des règles, surtout avec les progrès de la reconnaissance faciale ou sous le coup de l'émotion d'un futur attentat. Sur ce point, la CNIL ajoute que « les données biométriques présentent la particularité de permettre à tout moment l'identification de la personne concernée sur la base d'une réalité biologique qui lui est propre, qui est permanente dans le temps et dont elle ne peut s'affranchir. Ces données sont susceptibles d'être rapprochées de traces physiques laissées involontairement par la personne ou collectées à son insu et sont donc particulièrement sensibles ».

    Un vaste pouvoir d’accès, des échanges avec Interpol et Schengen

    Sur le terrain administratif, qui peut accéder à ces traitements ? Évidemment, les services centraux du ministère de l’Intérieur chargés de l’application de la réglementation aux titres. Pourront également le consulter les préfectures, mais aussi les services du renseignement.

    Il s’agit de ceux de la police nationale et de la gendarmerie nationale et des agents des nombreux services spécialisés du renseignement, dès lors qu’il s’agira de prévenir ou réprimer les « atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation » et les actes de terrorisme » (L222-1 du Code de la sécurité intérieure).

    La direction centrale de la police judiciaire, en lien avec Interpol ou le système d’information Schengen, profitera du même sésame « à l'exclusion de l'image numérisée des empreintes digitales ».

    Le décret prévoit d’ailleurs que « dans le cadre de ces échanges, des données à caractère personnel [pourront] être transmises aux autorités » étrangères, mais « aux seules fins de confirmer l'exactitude et la pertinence du signalement d'un titre perdu, volé ou invalidé » (article 4). Un article 6 autorise cependant la France à transmettre à Interpol et au SI Schengen plusieurs informations comme celles relatives aux numéros des titres perdus, volés ou invalidés. Pour Schengen, ce flux pourra d’ailleurs être complété par les nom, prénoms, date de naissance, date de délivrance du titre.

    Les policiers, gendarmes et douaniers, lorsqu’ils contrôleront l’identité d’une personne accéderont, s'ils le souhaitent, aux données inscrites sur la puce injectée dans le passeport.

    Des données conservées 20 ans, 15 ans pour les mineurs

    Ces données seront conservées pendant quinze ans s'il s'agit d'un passeport et vingt ans s'il s'agit d'une carte nationale d'identité. « Ces durées sont respectivement de dix ans et de quinze ans lorsque le titulaire du titre est un mineur » prévient le décret. Et tout le monde devra donc y passer, exception faite des mineurs de 12 ans.

    Le texte profite de cette réforme pour revenir d’ailleurs sur les conditions de délivrance de la carte nationale d’identité. Alors que le régime antérieur prévoyait le relevé « d'une empreinte digitale », désormais c’est chacun des index du demandeur qui passeront sous des yeux électroniques (voire l’image du majeur ou de l'annulaire en cas d’impossibilité). Les enfants de moins de douze ans peuvent souffler : leurs empreintes ne seront pas recueillies.

    Les réserves de la CNIL, le Parlement oublié

    La CNIL a émis plusieurs réserves sur ce traitement. Si elle juge justifiées les finalités, elle se glace à l’idée de voir « réunir au sein d'un même fichier des données biométriques, en particulier les images numérisées des empreintes digitales et de la photographie de l'ensemble des demandeurs de cartes nationales d'identité et de passeports ».

    Et pour cause : alors que TES ne comportait « que » 15 millions de jeux de données issues des passeports, TES 2.0 va ficher 60 millions de personnes. Soit « la quasi-totalité de la population française », « un changement d'ampleur et, par suite, de nature, considérable ».

    Du coup, la Commission aurait aimé que le gouvernement saisisse le Parlement de cette question, même si « d'un strict point de vue juridique, aucun obstacle ne s'oppose au recours au décret », suggestion qu’a ignorée l'exécutif : en publiant cet arrêté au J.O., il évite les députés et sénateurs et la publication en amont d’une véritable étude d’impact. Il a au contraire utilisé la procédure issue de l'article 27-l-2° de la loi du 6 janvier 1978, qui indique que les traitements mis en œuvre pour le compte de l'Etat qui portent sur des données biométriques sont autorisés par décret en Conseil d'Etat pris après avis motivé et publié de la Commission..

    Retour du fichier des « gens honnêtes »

    L’autorité a surtout un peu de mal à comprendre la logique du gouvernement. Retour une nouvelle fois à mars 2012. Le Conseil constitutionnel avait censuré plusieurs articles de la proposition de loi, spécialement le fichier centralisant CNI et passeport, dont l'exploitation était jugée beaucoup trop ouverte et d’autre part l’introduction d’une puce de e-commerce, optionnelle (voir la décision). 

    Seulement, l’introduction obligatoire d’un composant électronique dans la carte nationale d'identité était passée entre les mailles de sa décision. Seul hic : les décrets n’ont jamais été publiés. La CNIL le déplore car cette puce « serait de nature à faciliter la lutte contre la fraude documentaire, tout en présentant moins de risques de détournement et d'atteintes au droit au respect de la vie privée ».

    Pourquoi ? Car « elle permettrait de conserver les données biométriques sur un support individuel exclusivement détenu par la personne concernée, qui conserverait donc la maîtrise de ses données, réduisant les risques d'une utilisation à son insu ». Plutôt que de laisser les individus maîtres de leurs données, le gouvernement Valls a donc préféré instaurer une base unique, centralisée, « présentant davantage de risques au regard de la protection des droits et libertés ».

    Publiée le 31/10/2016 à 10:33
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    Guerre contre Daech : l'armée irakienne

    est entrée dans Mossoul

    Guerre contre Daech : l'armée irakienne est entrée dans MossoulLes forces du service de contre-terrorisme irakien (CTS) dans la périphérie est de Mossoul, le 31 octobre 2016. (BULENT KILIC/AFP)

    Les forces irakiennes ont effectué une percée décisive ce mardi et ont mis le pied à l'intérieur de la seconde ville du pays, aux mains de l'Etat islamique depuis deux ans.

    L'armée irakienne a annoncé ce mardi 1er novembre l'entrée de ses forces à Mossoul, pour la première fois depuis la prise de cette ville par le groupe djihadiste Etat islamique en juin 2014. Les forces armées ont pénétré dans des secteurs "sur la rive gauche de la ville de Mossoul", a déclaré le centre de commandement conjoint des opérations chargé de l'offensive pour reprendre Mossoul, dernier bastion de Daech dans le pays.

    Deux semaines après le début de l'offensive, le 17 octobre, les forces d'élite ont pénétré dans l'est de la ville, prenant position dans le quartier de Judaidat Al-Mufti, selon le centre de commandement de l'armée. Quelques heures plus tôt, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi avait affiché son optimisme à la télévision publique :

    "Nous allons refermer notre étau sur l'EI de tous les côtés. [...] Ils n'ont pas d'échappatoire, ils peuvent soit mourir, soit se rendre". 

    Les forces irakiennes avaient déjà repris plus tôt dans la journée un village juxtaposé aux quartiers est de la cité, ainsi que le bâtiment d'une télévision, ont indiqué des commandants militaires.

    "Nous avons fini de nettoyer [le village de] Gogjali [voir carte ci-dessous, NDLR] et pris le contrôle du bâtiment de la chaîne de télévision de Mossoul", déclarait alors à l'AFP le général Abdelwahab al-Saadi, commandant des forces d'élite du contre-terrorisme.

     

    Les experts s'attendent à ce que les combattants de Daech, qui seraient entre 3.000 à 5.000 dans la ville selon des estimations américaines, défendent jusqu'au bout leur fief, où leur chef Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé un "califat" sur les territoires conquis en Irak et en Syrie en 2014. A l'est et au nord de la ville, les combattants kurdes ont eux consolidé leurs positions dans les villages récemment repris à l'EI.

    Les forces irakiennes sont désormais face à une alternative : soit attendre le renfort d'autres unités avant de mener une attaque concertée pour avancer vers le centre-ville ; soit avancer seules dans les quartiers orientaux, en partie désertés par les djihadistes qui se sont repliés à l'ouest du Tigre, où leurs positions sont plus solides.

    Les forces irakiennes devraient également tenter d'ouvrir des couloirs humanitaires pour que les civils puissent fuir la ville, peuplée d'environ 1,5 million d'habitants. Près de 18.000 personnes ont déjà fui leur foyer, selon l'OIM (Organisation internationale des migrations).

    La Turquie accélère

    Parallèlement à cette percée irakienne, un convoi militaire turc d'une trentaine de véhicules transportant notamment des chars et des pièces d'artillerie s'est mis en route ce mardi vers une zone proche de la frontière avec l'Irak, comme l'ont indiqué des responsables militaires à l'AFP.

    Le convoi a quitté Ankara en début d'après-midi pour prendre la direction de Silopi, ville-frontière à 150 km au nord-est de Mossoul. Confirmant à l'agence Anadolu qu'un déploiement était en cours, le ministre turc de la Défense a expliqué ce mouvement de troupes par des "développements régionaux importants", en référence à l'offensive irakienne et les opérations contre les rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie.

    "La Turquie doit être prête à faire face à toute situation et (ce déploiement) fait partie de ces préparatifs", affirme Firki Isik. 

    Turkish army deploys tanks from Ankara and Cankiri to southeastern Silopi district near Iraqi borderhttp://uk.reuters.com/article/uk-mideast-crisis-iraq-turkey-idUKKBN12W432?il=0 

    La Turquie souhaite être associée à l'offensive contre la ville de Mossoul, car elle dit redouter des affrontements confessionnels dans la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, que des milices chiites soutenues par l'Iran (le Hachd al-Chaabi) tentent d'enlever aux djihadistes. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu samedi ces milices chiites que des mesures seraient prises si elles "sèment la terreur" à Tal Afar, où vit une importante communauté turkmène.

    Des centaines de soldats turcs sont déjà stationnés sur une base à Bachiqa, dans le nord de l'Irak. Officiellement, ils sont envoyés pour entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul ; mais de leur côté, les autorités irakiennes dénoncent une "force d'occupation".

    T.V.

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  • Une consultante de CNN démissionne pour connivence avec Clinton

    La commentatrice politique Donna Brazile aurait fourni les questions d’un débat en avance à la candidate démocrate lors des primaires du parti.

    Le Monde.fr avec AFP et AP | 01.11.2016 à 02h14 • Mis à jour le 01.11.2016 à 03h11     LIEN

    Bernie Sanders, opposant à Hillary Clinton lors de la primaire démocrate, lors d’un débat arbitré par CNN le 6 mars 2016.

    CNN a annoncé lundi 31 octobre avoir cessé de collaborer avec Donna Brazile, présidente du Comité national démocrate et commentatrice politique, après la publication par WikiLeaks de courriels laissant entendre qu’elle a communiqué à l’équipe d’Hillary Clinton des questions prévues pour un débat.

    Un des emails rendus publics est particulièrement parlant: rédigé par l’actuelle présidente intérimaire du Parti démocrate, Donna Brazile, il est adressé à John Podesta, président de la campagne de Mme Clinton et Jennifer Palmieri, directrice de la communication de la candidate.

    Le message est daté du 5 mars, veille d’un débat qui s’est déroulé dans la ville septentrionale de Flint, devenue symbole des injustices sociales aux Etats-Unis en raison de son réseau d’eau gravement contaminé au plomb.

    Flint en question

    « Une des questions qui sera posée à HRC (Hillary Rodham Clinton, NDLR) proviendra d’une femme qui a une éruption cutanée », avertit Mme Brazile, qui officiait alors comme commentatrice sur la chaîne CNN.

    « Sa famille a été empoisonnée au plomb et elle demandera ce qu’Hillary pourrait faire pour les gens de Flint si elle devient présidente », précise Donna Brazile.

    Au débat le lendemain, Mme Clinton avait en effet été interrogée par une femme qui avait dénoncé les problèmes cutanés de sa famille, même si les termes de la question énoncée étaient sensiblement différents.

    Dans un message du 12 mars, veille d’un débat organisé par CNN, Mme Brazile promet à Mme Palmieri d’en « envoyer quelques-unes supplémentaires », en faisant très vraisemblablement référence à des questions de débat.

    Enfin, dans un autre email récemment révélé, Mme Brazile avait écrit: « De temps en temps j’obtiens les questions à l’avance ». Dans ce même message, la stratège du Parti démocrate sous-entendait que Mme Clinton se verrait poser une question sur la peine de mort.

    Après ces révélations, CNN a affirmé lundi que Mme Brazile avait donné sa démission de la chaîne.

    « Merci CNN. Honorée d’avoir été une politologue et commentatrice démocrate sur votre chaîne », a tweeté lundi Donna Brazile.

    Depuis des semaines le candidat républicain à la présidentielle, Donald Trump, répète que sa rivale a été avantagée dans la campagne de la primaire démocrate face à son principal concurrent Bernie Sanders, notamment en bénéficiant à l’avance des questions des débats.

    M. Trump n’a pas présenté de preuves à l’appui de ses affirmations mais les faits lui ont ici donné raison.

    Les emails rendus publics par WikiLeaks ont été piratés sur le compte de John Podesta, par des hackers proches du pouvoir russe, selon les services de renseignement américains. Le Parti démocrate n’a pas confirmé ni infirmé leur authenticité.

    Contacté par Reuters, un porte-parole de Hillary Clinton a dit ne pas vouloir faire le moindre commentaire sur « l’authenticité de courriels personnels qui auraient été piratés par le gouvernement russe ».

    Lire aussi :   Huma Abedin, la « seconde fille » embarrassante d’Hillary Clinton

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  • Luthériens et catholiques côte à côte pour commémorer

    les débuts de la Réforme

    A l’invitation de la Fédération luthérienne mondiale, le pape François a participé, lundi en Suède, au lancement de l’anniversaire des cinq cents ans de la Réforme.

    LE MONDE | 31.10.2016 à 20h26 • Mis à jour le 01.11.2016 à 13h01 | Par Cécile Chambraud (Lund, Malmö (Suède), envoyée spéciale)

    LIEN

    Le pape François, au Malmö Arena le 31 octobre. Le pape François, au Malmö Arena le 31 octobre. JONATHAN NACKSTRAND / AFP

    Martin Luther (1483-1546) aurait sans doute été le premier surpris d’apprendre qu’un pape participerait au coup d’envoi du cinquième centenaire de la naissance officielle de la Réforme, le mouvement religieux qui, à partir du XVIsiècle, allait bouleverser le christianisme d’Occident.

    L’excommunication par Rome du prédicateur allemand, qui, le 31 octobre 1517, avait affiché sur la porte de l’église de Wittenberg (Saxe-Anhalt) les quatre-vingt-quinze « thèses » qui allaient fonder le protestantisme, et provoquer, durant près de deux siècles, les sanglantes guerres de religions entre catholiques et protestants, a longtemps rendu ce rendez-vous improbable.

    Pourtant, à l’invitation de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), le pape François a participé, lundi 31 octobre, en Suède, au lancement de cette année commémorative. Un « voyage important » et « spécial » d’un point de vue ecclésial, a dit le pontife dans l’avion qui le conduisait en Suède, le matin.

    Dès son atterrissage à l’aéroport de Malmö, il a été confronté à l’un des sujets qui divisent aujourd’hui l’Eglise catholique et les Eglises luthériennes, à savoir l’ordination des femmes. Dans le comité d’accueil se tenait notamment le primat de l’Eglise luthérienne de Suède, Mme Antje Jackelén, archevêque d’Uppsala, vêtue de sa robe pastorale noire avec un rabat blanc. Deux heures plus tard, lors d’une cérémonie œcuménique à la cathédrale de Lund, ils se sont donné une chaleureuse accolade au moment du signe de paix.

    Lire aussi :   Le pape François ouvre les portes de sa résidence d’été aux visiteurs

    « Un geste unique et historique »

    Nonobstant cette question de l’ordination des femmes – le pape François a déjà eu l’occasion de dire qu’il n’entendait pas s’y attaquer –, en début d’après-midi, l’une des sept ministres de la cathédrale de Lund, Veronica Helm Andréasson, portant son col romain, jugeait « énorme » l’importance de cet événement œcuménique pour les cinq cents ans de la Réforme. « C’est une étape qui, j’espère, continuera à faire bouger nos Eglises », affirmait-elle, tout en veillant à la préparation des chœurs d’enfants, avant le début de la prière commune à la cathédrale.

    Pour Hans Syiglund, prêtre de la ville septentrionale de Lulea, la venue du pape « est un geste unique et historique, d’autant plus quand les conflits et les divisions déchirent si souvent la société et le monde. C’est une façon d’amener de l’espoir dans la vie des gens ».

    Le fait pour le pape de se rendre en Suède – où fut fondée en 1947 la Fédération luthérienne mondiale, qui regroupe aujourd’hui quelque cent quarante Eglises et environ soixante-dix millions de fidèles – plutôt qu’en Allemagne, est une façon de se tourner plus vers l’avenir que vers le passé tourmenté des deux confessions, de s’adresser aux fidèles d’aujourd’hui plutôt qu’à la figure historique et théologique de Luther, comme avait pu le faire le prédécesseur du pape François, Benoît XVI, en se rendant, en 2011, à l’ancien couvent du prédicateur, à Erfurt.

    Lire aussi :   Le pape François entrouvre la porte de l’Eglise aux femmes

    Des différends théologiques demeurent entre les deux Eglises, mais un demi-siècle de travail commun a défriché le terrain. Une déclaration conjointe sur « la doctrine de la justification », le 31 octobre 1999, avait aplani l’une des principales controverses entre les deux confessions et permis de lever des condamnations réciproques.

    En 2013, la commission luthéro-catholique pour l’unité était parvenue à publier une première lecture commune de leur histoire chahutée. Lundi, le chef de l’Eglise catholique et l’évêque palestinien Munib Younan, président de la FLM, ont en outre signé une déclaration commune préparée depuis trois ans. « Ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise, affirme le texte. Nous cherchons à lever les obstacles persistants qui nous empêchent d’atteindre la pleine unité. » Le texte fixe notamment comme objectif de permettre aux catholiques et aux luthériens de communier ensemble, ce qui est aujourd’hui impossible.

    image: http://s1.lemde.fr/image/2016/10/31/534x0/5023454_6_e050_munib-younan-eveque-palestinien_4f49a5489c6ef451e62d315c129f75fc.jpg

    Munib Younan, évêque palestinien et président de la Fédération luthérienne mondiale.

    Les « grandes fragmentations » de l’époque

    « C’est un chemin prometteur mais exigeant », tant l’époque est marquée par de « grandes fragmentations », a relevé Martin Junge, secrétaire général de la FLM, dans la cathédrale de Lund. « Nous ne pouvons nous résigner à la division et à l’éloignement que la séparation a provoqués entre nous, a affirmé le pape dans son homélie, en cette même cathédrale. Nous avons l’occasion de réparer un moment crucial de notre histoire, en surmontant les controverses et les malentendus qui souvent nous ont empêchés de nous comprendre. » Le chef de l’Eglise catholique a reconnu « avec gratitude » que la Réforme a contribué à réévaluer la place accordée aux textes dans la vie de l’Eglise.

    « L’unité entre chrétiens est une priorité », a insisté, en fin d’après-midi, le pape François, lors d’une rencontre œcuménique dans le palais omnisports Malmö Arena. Il a exhorté les chrétiens à miser sur l’action en commun pour faire avancer le rapprochement. Il a répété qu’aider les « rejetés et les marginalisés de notre monde » doit être une « priorité » pour des chrétiens.

    Lire aussi :   Conservateur en Argentine, progressiste au Vatican : qui est vraiment le pape François ?

    En filigrane de la rencontre, les situations de guerre et les tensions à composante religieuse ont été omniprésentes et citées par les intervenants, pour pousser à une plus grande union. « Notre réunion historique envoie au monde entier le message que des engagements religieux fermement tenus peuvent conduire à des réconciliations plutôt qu’à contribuer toujours à plus de conflits dans notre monde troublé », a ainsi affirmé Munib Younan.

    De son côté, le pape François a évoqué la situation de la ville syrienne d’Alep, « ravagée par la guerre, où l’on méprise et où on foule aux pieds même les droits les plus fondamentaux ». L’évêque chaldéen d’Alep, Antoine Audo, est venu témoigner de sa ville ravagée. « La guerre que nous endurons chaque jour en Syrie, en Irak et au Moyen-Orient, nous rend témoins de la destruction de notre maison commune », a-t-il déclaré.



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    Les forces spéciales irakiennes sont entrées dans Mossoul

     

    Les forces spéciales ont pénétré mardi dans la plus grande ville encore aux mains de l’organisation Etat islamique et pris position dans le quartier de Gogjali, dans l’est de Mossoul.

     

    Le Monde.fr avec AFP | 01.11.2016 à 16h04 • Mis à jour le 01.11.2016 à 16h16     LIEN

     

     

     

    Des civils sur les toits de Bazwaya se mettent en vue de la colonne des forces spéciales de Isof 1.

     

    Les soldats irakiens sont entrés, mardi 1er novembre, dans Mossoul, la plus grande ville conquise en juin 2014 par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI), au nord de l’Irak. C’est par l’est que les forces spéciales ont pénétré dans la ville, prenant position dans le quartier de Gogjali, selon les informations de notre envoyée spéciale à Mossoul.

     

    « C’est à présent le début de la véritable libération pour la ville de Mossoul », a annoncé le général Taleb Cheghati al-Kenani, commandant du service du contre-terrorisme irakien (CTS). « Notre objectif final est la libération » totale de Mossoul, a ajouté l’officier irakien.

     

    Ces soldats ont commencé par reprendre le bâtiment de la télévision de Mossoul. La station est le premier bâtiment d’importance repris par les forces irakiennes depuis le déclenchement, le 17 octobre, de la contre-offensive sur la ville.

     

    Les experts s’attendent à ce que les combattants de l’EI, qui seraient entre 3 000 à 5 000 dans la ville, selon des estimations américaines, défendent jusqu’au bout leur fief, où leur chef Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé un « califat » sur les territoires conquis en Irak et en Syrie en 2014.

     

    Lire aussi :   Bataille pour Mossoul : deux semaines de combats cartographiés jour par jour

     

    Bientôt rejoints par des dizaines de milliers d’autres combattants

     

    En entrant dans Mossoul, les forces du contre-terrorisme sont en avance sur les dizaines de milliers d’autres combattants convergeant à partir du nord et du sud avec le soutien des frappes aériennes de la coalition internationale antidjihadistes menée par les Etats-Unis.

     

    A l’est et au nord de la ville, les combattants kurdes ont consolidé leurs positions dans les villages récemment repris à l’EI. Au sud, les forces du gouvernement fédéral continuent à progresser mais restent à plusieurs kilomètres de la périphérie de Mossoul. Enfin à l’ouest, les forces paramilitaires du Hachd al-Chaabi, une coalition dominée par des milices chiites soutenues par l’Iran, tentent de couper les lignes de ravitaillement de l’EI avec la Syrie. Elles ont repris une série de villages sur la route de la ville stratégique de Tal Afar.

     

    Lire aussi :   Aux portes de Mossoul, les forces irakiennes cherchent à déboussoler celles de l’EI

     

    Craintes pour les civils

     

    Les forces irakiennes devraient tenter d’ouvrir des couloirs humanitaires pour que les civils puissent fuir la ville, peuplée d’environ 1,5 million d’habitants selon l’ONU. L’ONU a exprimé, mardi, ses « sérieuses inquiétudes » quant au sort de dizaines de milliers de civils qui pourraient être utilisés comme bouclier humain par l’EI.

     

    Les djihadistes auraient ainsi transporté lundi dans des camions et autocars « quelque 25 000 civils » d’une localité au sud de Mossoul, Hamam Al-Alil, pour les rapprocher de la deuxième ville d’Irak, selon des informations rassemblées par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Mais « la plupart des camions ont été empêchés de se rendre à Mossoul en raison de patrouilles aériennes de la coalition » internationale dirigée par les Etats-Unis, a expliqué Ravina Shamdasani, sa porte-parole.

     

    L’ONU a par ailleurs indiqué que plus de 40 anciens soldats des forces de sécurité irakiennes avaient été abattus par les djihadistes samedi et leurs corps jetés dans le fleuve Tigre.

     

    A ce jour, plus de 17 900 personnes ont fui leur foyer depuis le lancement de la bataille, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Mais les organisations humanitaires s’activent à élargir la capacité des camps d’accueil d’urgence pour les déplacés, l’ONU estimant que plus d’un million de personnes pourraient fuir Mossoul.

     

    Dans les villages libérés de l’EI aux alentours de Mossoul, les habitants reviennent voir leurs maisons mais ils ne pourront pas se réinstaller avant des mois, le temps que les bombes et mines disséminées par l’EI soient désactivées.

     

    Lire aussi :   Quel rôle tiennent les milices chiites dans la bataille de Mossoul ?

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  • Turquie: Cumhuriyet, la bête noire du président Erdogan

    Par Dominique Cettour Rose@GeopolisFTV | Publié le 01/11/2016 à 15H55

    Cumhuriyet dernier grand quotidien d'opposition turc.
    Cumhuriyet avait révélé dans une enquête que les services secrets turcs ont fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie. © ADEM ALTAN / AFP

    Cumhuriyet est dans le collimateur du président Recep Tayyip Erdogan, après plusieurs révélations embarrassantes pour le pouvoir. La police a arrêté des journalistes ou des responsables du quotidien d'opposition dans le cadre d'une vaste purge menée dans la presse et les médias. Après le putsch raté du 15 juillet 2016, la répression du pouvoir a commencé par l'armée, la justice et l'enseignement.


    Le dernier grand quotidien d'opposition turc Cumhuriyet dénonçait encore en Une, le 31 octobre 2016, la dérive autoritaire du pouvoir avec ce titre: «Un coup contre l'opposition». Deux jour plus tôt, le Journal officiel avait annoncé la fermeture de 15 quotidiens, magazines et agences de presse, basés pour la plupart dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie.

    Cette publication a donné lieu à plus d'une dizaine d'arrestations et de placement en garde à vue de dirigeants et journalistes de Cumhuriyet, dont son rédacteur en chef Murat Sabuncu. Au total, 14 mandats d'arrêt ont été délivrés, selon le quotidien.

    Gözaltına alınan Cumhuriyet yazarlarının köşeleri boş çıktıhttps://t.co/ns62SjOaLT pic.twitter.com/G1CYQElSp6

    Voir l'image sur Twitter

    Gözaltına alınan Cumhuriyet yazarlarının köşeleri boş çıktıhttp://t24.com.tr/haber/gozaltina-alinan-cumhuriyet-yazarlarinin-koseleri-bos-cikti,368324 


    Les forces de l'ordre ont également perquisitionné les domiciles de plusieurs personnalités du journal, dont Akin Atalay, président du directoire, le journaliste Güray Oz et le caricaturiste Musa Kart.

    Les autorités turques qui nient porter atteinte à la liberté de la presse, justifient ces actions destinées à démanteler des «activités terroristes» en lien avec Fettulah Gülen, l'ennemi juré du président Erdongan, et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    Une «purge sans limites»
    «C'est une opération politique, pas une opération judiciaire», a réagi Mahmut Tanal, député du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l'opposition. De son coté, Reporter Sans frontières (RSF) dénonce «une purge sans limites», comme l'a écrit sur Twitter son directeur général, Christophe Deloire.

    Ce n’est pas la première fois que les médias turcs font l’objet de mesures répressives de la part du régime. Le 19 juillet, le régulateur turc des médias audiovisuels a retiré leur licence à plusieurs chaînes de télévision et de radios, elles aussi accusées de liens avec le réseau güleniste.

    En mars, le quotidien Zaman et l’agence de presse Cihan ont été placés sous la tutelle de l’État. Deux mois plus tard, deux journalistes de Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été condamnés à cinq ans de prison par un tribunal, après avoir révélé, vidéo à l'appui, que les services secrets turcs ont fourni, en 2014, des armes à des rebelles islamistes en Syrie.

    La Turquie figure au 151e rang du classement mondial 2016 de la liberté de la presse, établi par RSF, derrière le Tadjikistan et juste devant la République démocratique du Congo.
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  • Au fin fond des Etats-Unis, le rêve américain s’est brisé

    #EuropeGoesUs  Douze reporters européens sillonnent le pays depuis deux mois. Partis à la rencontre d’une Amérique qu’on ne voit pas à la TV, ils nous livrent ici les témoignages d’un pays qui a perdu confiance.

    Local de vote à Washington D.C.

    Local de vote à Washington D.C. Image: EPA

    Huit ans après l’élection de Barack Obama, le rêve a tourné au cauchemar pour bon nombre d’Américains. «Désillusion, désenchantement, peur du lendemain», tels sont les termes que nos reporters de grands médias européens partenaires de l’Association des journaux leaders européens (LENA) utilisent pour qualifier le sentiment dominant dans le pays.

    Retrouvez tous les articles de notre opération #EuropeGoesUs

    Ils ont parcouru plus de 20 000 kilomètres d’est en ouest et du nord au sud. Ils ont mené un nombre incalculable d’interviews pour comprendre la réalité de cette autre Amérique, celle qu’on ne voit pas sur les écrans de télévision. Les dizaines de témoignages vidéo rassemblés en une sorte de galerie des portraits de l’Amérique d’aujourd’hui sont éloquents: des citoyens qui se sentent floués, impuissants. Ils ont perdu le contrôle de leur vie, de plus en plus difficile. Et voilà qu’on leur propose un non-choix, Trump ou Clinton, le «diable» ou le «démon», les deux candidats les plus mal aimés de l’histoire américaine.

    Que disent les Américains? Voir les témoignages vidéos

    Le rêve américain s’est brisé. La fortune à la portée de chacun quelles que soient ses origines, son éducation, sa couleur, son ascendance mobilise les Américains depuis des générations. Et certains ont réalisé leur rêve. Scénarisé pour la première fois par l’écrivain et historien James Adams en 1931, l'‹american dream› fut consubstantiel de l’épopée américaine dès ses origines. Il promet le progrès en continu, qu’il soit social, technologique, moral ou tout simplement évalué en dollars. Chaque génération doit pouvoir mieux vivre que la précédente. Un rêve chahuté à travers les décennies mais qui semble atteindre son apogée en 2008 avec la stupéfiante élection du premier président noir des Etats-Unis. Tout était donc possible.

    Y compris le pire. La configuration de cette campagne est unique, à la mesure de son ton. Vicieuse, agressive, destructrice, sans précédent. L’issue en est aussi terriblement incertaine, comme le montre le dernier rebondissement dans l’affaire des e-mails, qui fait reculer Hillary Clinton.

     

    Le plus grave pourtant dans cette bataille indigne est qu’elle reflète la perte de confiance des Américains dans leurs institutions et leur démocratie. Un dépit tel que près de la moitié des citoyens se rabattent sur Donald Trump, le nettoyeur, celui qui va tout changer, tout casser.

    L’idée de démocratie, dans ce pays qui s’en veut exemplaire, a perdu la cote comme le montre le «World Value Survey», un sondage répétitif de référence. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la démocratie était considérée comme la valeur phare par 72% des personnes interrogées. Dans le boom de l’après-guerre, le taux tombe à 50%, alors que seuls 30% de la population née dans les années 80 estiment encore que cette valeur est essentielle.

    Mais pas de conclusion hâtive. La démocratie américaine est malmenée mais pas en péril pour autant. Ce serait mal connaître les ressorts d’un pays qui aime flirter avec les extrêmes mais montre une capacité de changer et de rebondir hors du commun.


    Le rêve américain existe-t-il encore?

    Renoncer à devenir riche

    Le rêve américain s’affaiblit. La famille Burns, au Nebraska, en est un bon exemple. Les Burns vivent dans une petite maison à Mason City. Toutes les dix minutes déboule un train chargé de charbon. Sinon, rien ne se passe dans le village de 200 âmes. Jeans Burns travaille dans l’agriculture. Chaque dimanche, lui et sa femme vont à l’église. Son père et grand-père ont fait pareil. Mais les temps ont changé. Alors que leurs ancêtres pouvaient offrir à leurs familles une bonne vie grâce à l’agriculture, les Burns vivent maintenant modestement. Le prix du maïs a chuté en raison des importations. D’autres peuvent produire à bon marché, grâce à la main-d’œuvre étrangère. Les Burns travaillent dur. Mais ils ont renoncé à devenir riches. Dans les villes aussi, on voit le rêve américain disparaître. Chris est un sans-abri, dans les rues de Denver. Il avait des dettes et a perdu sa maison. Puis il a quitté sa femme. Aujourd’hui, il mendie avec un panneau en carton sur l’asphalte froid. Les restes d’un restaurant italien font son dîner.

    Les Burns et Chris savent qui est à blâmer: le gouvernement. Washington interviendrait trop dans le monde et devrait se concentrer sur sa propre terre. Ils veulent que tout soit comme avant. Ils choisiront donc Donald Trump. Lui ramènera le rêve américain. Fiona Endres

    Allier deux extrêmes

    «Un candidat qui permette à chacun de vivre le rêve américain.» C’est tout ce qu’Adel Mozip demande. En vain. Ce politicien n’existant pas, cet Américain d’adoption, Yéménite de naissance, était bien emprunté lorsque je lui ai demandé pour qui il allait voter. C’était à Dearborn, la ville natale de Henry Ford, en banlieue de Detroit. Pour cet ingénieur informaticien, comme pour beaucoup de ceux que j’ai croisés dans les cinq Etats que j’ai traversés, l’offre politique actuelle n’est pas à la hauteur des attentes des Américains.

    La question touche au système bipartisan: un Parti républicain qui s’est laissé glisser vers l’extrême d’un Tea Party et un Parti démocrate qui a choisi d’ignorer sa base populaire.

    Parmi ceux que j’ai rencontrés, beaucoup ont cité le fait que Trump est un outsider, qu’il n’obéit pas aux règles de Washington, comme un argument suffisant pour voter pour lui. La conversation menait vite à citer l’autre révélation de cette campagne: Bernie Sanders. Les prochains présidents devront notamment savoir concilier ces deux extrêmes pour faire perdurer le rêve américain. David Haeberli

    «On vous fait bien rire, non?»

    «Vous devez bien rire de nous, non?»: telle a été la rengaine de mes trois semaines de voyage en Californie, libérale et démocrate, et dans le Nevada, surnommé «l’anti-Californie»… Démocrates, républicains, indécis, non-inscrits… au fil de mes 3000 km parcourus et de la trentaine d’interviews réalisées, j’ai rencontré des électeurs désabusés par l’élection: «Avec tous les gens intelligents qu’on a dans ce pays, vous vous rendez compte du choix qui nous est donné?» m’ont dit plusieurs personnes à Las Vegas, en marge du dernier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump.

    Dans leurs propos, j’ai ressenti de l’amertume de vivre dans un pays qui fait moins rêver, comme tombé d’un piédestal, plus sévèrement qu’après la présidence de George W. Bush. La crise a fait des dégâts et revenait comme un leitmotiv dans les conversations, de même que la défiance vis-à-vis de Washington et des élites. Si les électeurs de Trump voient en lui une incarnation du rêve américain et l’assurance qu’il revivra avec leur champion, les partisans de Clinton n’avaient pas le même enthousiasme. Beaucoup résumaient leur vote à choisir «le moins pire des deux».

    Mais là où j’ai le plus ressenti la force du rêve américain, c’est en dehors du champ politique traditionnel: parmi des partisans de l’indépendance de la Californie ou auprès d’un jardinier qui veut révolutionner les quartiers défavorisés en leur apprenant à cultiver leurs propres produits.

    Et bien sûr, à la frontière avec le Mexique, où quel que soit le prochain président, l’eldorado américain fera toujours rêver. Julie Connan

    L’angoisse a pris place

    Le rêve américain se transforme en cauchemar: celui d’une nation qui ne reconnaît que la moitié d’elle-même. Où est passée cette ferme résolution à regarder au loin, qui avait toujours porté l’Amérique à transformer à son avantage les situations les plus conrraires? C’est un pays profondément divisé que j’ai parcouru durant mon voyage entre la Pennsylvanie et l’Etat de New York. Un pays où le racisme a trouvé une nouvelle légitimité grâce aux affirmations politiquement incorrectes de Donald Trump. Un pays où les classes sociales sont plus distantes que jamais, avec ce paradoxe: le cœur ouvrier de l’Amérique bat désormais pour Trump alors que les riches et les instruits misent sur Clinton.

    L’angoisse de l’incertitude a pris la place du rêve américain. L’angoisse née du fait que le travail garanti a disparu, comme me l’a raconté un des héros du 11 Septembre. L’angoisse liée au fait que le mariage ne procure plus aucune certitude, selon une femme de militaire républicain, vue aux chutes du Niagara. Celle de ne pas trouver de maison, comme le disait, à Harrisburg, un jeune barista qui, encore plein du rêve de la «révolution Sanders», attribuait aux «vieux» la création de «deux créatures diaboliques que sont Hillary et Trump». Ou encore la crainte d’étudiantes latinas, rencontrées à l’Université de Syracuse, de ne pas être acceptées socialement. Le rêve américain a toujours été le fruit et le signe d’une grande malléabilité. L’Amérique qui, au contraire, n’arrive plus à accepter sa face sombre, semble toujours plus destinée à générer des monstres. Anna Lombardi

    Un présent qui change

    Je crois que ce que l’on appelle le «rêve américain» existe encore mais, après mon voyage, ma conclusion est qu’il est bien moins optimiste. J’ai perçu de l’inquiétude chez la plupart des personnes que j’ai rencontrées dans les six Etats que j’ai traversés. Inquiétude pour l’avenir, inquiétude pour un présent qui change, moteur d’un soutien massif pour Donald Trump.

    Mon voyage m’a amené dans le sud des Etats-Unis, un fief conservateur. J’en retiens deux choses. La première est l’animosité envers le gouvernement fédéral, vu comme une autorité invasive, privative de droits. La seconde est le choc entre passé et présent à propos de sujets de société, comme la légalisation du mariage gay ou les relations entre personnes de couleur différente. Ces tensions font partie de la réalité de la vie dans le sud depuis des décennies, mais elles se sont intensifiées durant les années de présidence de Barack Obama.

    Deux étapes m’ont marqué. L’une est l’étendue de la pauvreté chez les Noirs de Selma, en Alabama, un lieu historique dans la lutte des Afro-Américains pour le droit de vote dans les années 60. Malgré les progrès réalisés ces dernières décennies, les difficultés économiques touchent toujours les Noirs de manière disproportionnée.

    L’autre est Elaine, dans l’Arkansas, une petite ville le long du fleuve Mississippi, complètement abandonnée suite à la mécanisation de l’agriculture. Là, la rhétorique de Donald Trump contre le libre-échange, ses promesses de restaurer la grandeur américaine, a un énorme écho. Joan Faus

    Le rêve américain est une blonde

    J’ai rencontré le rêve américain. Il vit en Floride. C’est une femme, blonde, la vingtaine et elle vient d’Allemagne. Comprenez-moi bien: il ne s’agit pas d’une rencontre amoureuse, je vous le promets. Cette histoire ne parle pas non plus de moi. Mais bien du rêve américain.

    «Contente de vous revoir», m’a dit une serveuse dans un bar de Boca Raton, alors que je prenais place avec une personne que j’allais interviewer. «Me revoir?» Je n’avais jamais mis les pieds dans cette ville. Une méprise sur la personne. «Ah, pardon!» dit-elle, sceptique. «Etes-vous prêts à commander?» Elle nous sert, nous mangeons et je lui tends ma carte de crédit pour payer. Elle revient et m’interpelle en allemand, cette fois: «Ma parole, Ansgar, c’est bien toi! Je savais que je t’avais déjà rencontré!» Honte à moi: elle avait habité à Washington DC il y a plusieurs années au pair chez des connaissances et avait fait du baby-sitting pour ma fille.

    «Je suis retournée en Niedersachsen, mais tout me semblait si petit et étriqué en Allemagne, m’a-t-elle raconté. Ici, aux Etats-Unis, non seulement ils ont plus de soleil mais aussi plus de liberté, de flexibilité, d’opportunités.»

    Elle étudie en Floride, travaille comme serveuse à temps partiel et a demandé sa green card. «L’Amérique, dit-elle, était mon rêve quand j’étais adolescente. Aujourd’hui, je vis mon rêve.» Lorsqu’elle me parlait, ses yeux étaient pleins de vie. Ansgar Graw (Die Welt)

    (TDG)

    (Créé: 01.11.2016, 10h01)

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