• Avec Cyrille Eldin, «Petit journal» et gros malaise

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    Avec Cyrille Eldin, «Petit journal»

    et gros malaise

    Par Jérôme Lefilliâtre 6 septembre 2016 à 09:22 (mis à jour à 09:32)     LIEN
     
     
    Capture d'écran du «Petit journal» du 5 septembre. DR

    On a regardé la première de la nouvelle version de l'émission de Canal+, lundi soir.

    Et Canal s’enfonça un peu plus. Comment qualifier la première du nouveau Petit Journal, avec le comédien Cyrille Eldin à la présentation et Flab à la production ? On hésite entre : sexiste, mal produit, connivent, égotique, pas drôle. Diffusé lundi soir, le numéro de rentrée, que l’équipe a pourtant eu le temps de préparer cet été, était tellement affligeant qu’il devenait gênant de rester devant sa télévision à la fin des vingt-deux longues minutes qu’il a duré.

    Avis à ceux qui détestent Eldin : surtout, ne regardez pas. Il est à l’image tout le temps, à chaque seconde ou presque, en plateau, sur le terrain ou dans des séquences enregistrées. Miroir, mon beau miroir. Lundi, cela a démarré avec un sketch où l’humoriste, filmé en plongée dans la pénombre, converse avec Dieu. Oui, Dieu, en toute simplicité. Dans cette discussion, Eldin évoque «un humour anglo-saxon pour mettre en avant une autodérision plus accessible, plus de gauche». Message adressé à Yann Barthès, repeint en élitiste de droite ? Plus tôt dans la journée, Eldin avait déjà saqué son prédécesseur dans le Monde, dont l’émission en arrivait selon lui à «stigmatiser, tourner en ridicule les uns, tenir à distance les autres».

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    Après cette drôle de profession de foi, l’émission s’ouvre en studio sur une grande scène, où derrière un pupitre l’animateur se met à discourir, façon candidat à la présidentielle. «Moi présentateur du Petit journal, je serai le présentateur de tous les Français, enfin de ceux qui regarderont... J’inverserai la tendance des audiences de Canal+ avant fin 2016, enfin si j’ai du bol... Je dirai du mal de mon prédécesseur, mais honnêtement il a un bilan très positif...» Au cas où on n’aurait pas compris, l’émission va traiter l’actualité politique avec (auto)dérision, mise en abyme du nouveau Canal incluse. Mais sans invité ce soir. «Ils ont tous refusé», concède Eldin, obligé d' avoir «recours aux bonnes vieilles méthodes». Magnéto, Serge.

    «Je suis tombé sous le charme»

    Sur le terrain, on retrouve Eldin, micro à la main, s’adressant à la caméra, dans le style qui lui est propre, attendant une personnalité politique dans un couloir. Lequel ? Enorme suspense... Voici Emmanuel Macron. Le chouchou d'Eldin, avec qui le comédien adore réciter du Molière devant Bercy. L’ex-ministre de l’Economie, chez qui Eldin est allé dîner avec Houellebecq, comme l’a révélé l’écrivain dans l’ancien Petit Journal, celui de Barthès. Dans la collusion, le nouveau poulain de Canal+ ? «Je suis pas très objectif avec lui, je suis tombé sous le charme», confesse Eldin. Clin d’oeil aux critiques. Autodérision et mise en abyme, on vous dit. Dans la même séquence, on retrouve Eldin s’adressant au public venu écouter Macron : «On se rapproche de vous, de la vraie vie des gens. Jusqu’à présent, on vous tenait à distance.» Décidément, l’anti-barthèsisme tourne à l'obsession. A croire que l’instruction vient de tout en haut, du bureau du grand patron.

    A ce moment de l’émission, on n’a pas encore ri. Mais on n’a pas non plus atteint le stade suprême de l’embarras. Celui-ci vient lorsque l’on retrouve Eldin assis dans le public. A sa droite, une jeune femme brune très jolie, Sandrine Calvayrac. A sa gauche, une jeune femme blonde très jolie, Mathilde Warnier. Voici les deux envoyées spéciales qui vont aider Eldin à faire du Eldin sur le terrain, car Eldin a beau converser avec Dieu, il n’a pas encore le don d’ubiquité. «La relève», comme il dit. «Vous manquez encore d’expérience, mais je compte sur votre fraîcheur, votre fausse candeur, votre curiosité mais surtout votre bon sens pour mettre les politiques face à leurs contradictions», explique-t-il.

    «Le fond de la piscine»

    Suit un reportage où l’on voit Eldin présenter, à l’occasion de plusieurs réunions de Républicains, ses deux nouvelles collègues à tous les pontes masculins de la droite, trop heureux de serrer la main et claquer la bise à ces charmantes et ingénues jeunes filles qui s’essayent à faire quelques blagues à la manière du mentor. Parfaitement dans son rôle, l’une des reporters -Sandrine- s’en va trouver NKM et commence à lui parler de «solidarité féminine». La même va voir François Baroin, encore plus gêné que le téléspectateur, pour lui dire qu’elle «adore» sa voix. Et à Juppé, Eldin explique que Mathilde a «des atouts» à faire valoir, sourire en coin. Super beauf.

    Au terme d’une émission sans rythme, sans idée et à la mise en scène indigente, Eldin lance enfin un sketch où il n’apparaît pas. Mais, finalement, on préférait peut-être quand il était là. C'est un détournement parodique d'une chanson d'Isabelle Adjani, «Pull Marine», datant de 1983, avec le comédien Michel Fau. Aussi bien filmée et produite qu’un téléfilm d’AB Productions, elle évoque apparemment le burkini mais franchement, on n'a pas bien compris le sens du truc, même après trois visionnages. Sauf les premières paroles : «J’ai touché le fond de la piscine...» Autodérision ou mise en abyme ? La catastrophe est totale, le malaise immense et le naufrage garanti. Le Petit Journal d’Eldin réussit à nous faire dire que, ouais, après tout, Hanouna, c’est pas si mal. Il est fort, Bolloré, quand même.

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