• Bachar el-Assad, État islamique... Quand la France et l'Arabie Saoudite sont sur la même longueur d'onde

    Bachar el-Assad, État islamique...

    Quand la France et l'Arabie Saoudite

    sont

    sur la même longueur d'onde

    Antoine Izambard

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    Publié le 06-03-2016 à 17h30   lien

    Le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir, a notamment affirmé samedi à certains médias, dont Challenges, que le méga-contrat militaire Donas signé par l'Arabie Saoudite, le Liban et la France va se poursuivre.

    Adel al-Jubeir, le chef de la diplomatie saoudienne le 18 février 2016 FAYEZ NURELDINE / AFP 
    Adel al-Jubeir, le chef de la diplomatie saoudienne le 18 février 2016 FAYEZ NURELDINE / AFP
     

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    La France et l'Arabie saoudite seraient-elles sur la même longueur d'onde? C'est ce qui est ressorti, samedi 5 mars, lors d'une rencontre à Paris entre le ministre des Affaires étrangères d'Arabie Saoudite, Adel al-Jubeir, et certains médias dont Challenges.  Un entretien qui intervenait 24 heures après que le ministre  de l'Intérieur saoudien, Mohammed ben Nayef, a été décoré de la  légion d'honneur par François Hollande à l'Élysée. Une décision vivement critiquée sur les réseaux sociaux alors que depuis le début de l'année le régime wahhabite a procédé à 70 exécutions.

    Voici les quatre dossiers principaux sur lesquels s'est exprimé le chef de la diplomatie saoudienne.

    Le départ de Bachar el-Assad

    Adel al-Jubeir a précisé les convergences de vues entre Riyad et Paris sur les problématiques liées à la Syrie et à l'EI. Le ministre de 54 ans, en poste depuis avril 2015, spécialiste de la communication, est notamment revenu sur les négociations autour d'un règlement politique du conflit syrien qui devraient reprendre le 10 mars, malgré les réticences de l'opposition qui réclame notamment des avancées sur le plan humanitaire. Et il s'est montré ferme concernant le cas Bachar el-Assad. Le dictateur syrien devra partir dès la mise en place d'une autorité de transition. "Un organe de transition (sera) mis en place, le pouvoir (passera) d'Assad à cet organe (...), et il s'en ira", a-t-il affirmé. Et d'ajouter : "A la fin, Bachar el-Assad doit partir, il n’y a aucun doute là-dessus. Un homme qui a fait tuer 400.000 personnes de son peuple, qui a fait déplacer 12 millions de personnes et détruit son pays n’est pas un homme qui a un futur en Syrie". Une position très proche de celle défendue par le Quai d'Orsay.

    Le chef de la diplomatie saoudienne a aussi précisé que Paris et Riyad cherchaient à obtenir "un cessez-le-feu plus efficace" en Syrie, accusant la Russie de "violer" ce cessez-le-feu conclu par Barack Obama et Vladimir Poutine, avec le soutien de l'ONU. "Il y a des violations de la trêve de la part de l'aviation russe et de l'aviation du régime syrien", a-t-il déclaré. Là encore, le Quai d'Orsay ne dit pas autre chose.

    La lutte face à l'État islamique

    "Daech disparaîtra de Syrie si Bachar el-Assad disparaît. Daech a aussi connu des succès en Irak, parce que le gouvernement de Bagdad n’a pas été équitable dans le traitement de tous ses citoyens, a jugé Adel al-Joubeir s'agissant de la lutte contre l'EI. Il n’y a pas de mystère, Daech profite de ces situations. Mais si vous avez un système équitable en Irak et un changement politique en Syrie, le terreau fertile sur lequel Daech a grandi n’existera plus. Il sera plus facile de lui infliger une défaite. (...). Mais cela prendra du temps".

    Il y a quelques semaines, lors d'un entretien au Spiegel, le chef de la diplomatie saoudienne avait affirmé au sujet des djihadistes. "Ces gens sont des criminels, des psychopathes. L’Etat islamique est autant une organisation islamique que le Ku Klux Klan en Amérique est une organisation chrétienne. Ils ont brûlé les gens d’origine africaine sur des croix et disaient le faire au nom de Jésus-Christ".

    L'arrêt de l'aide à l'armée libanaise... mais qui ne pénalisera pas la France

    L'Arabie Saoudite, qui a interrompu le mois dernier un programme d'aide de trois milliards de dollars à l'armée libanaise impliquant des armes françaises, récupèrera les équipements prévus par le contrat (Donas), a annoncé Adel al-Jubeir. "Nous n'avons pas interrompu le contrat. Il sera mis en oeuvre mais le client sera l'armée saoudienne (...). Nous avons décidé que les trois milliards de dollars (d'équipements) cesseraient d'être livrés à l'armée libanaise et seraient redirigés vers l'armée saoudienne", a-t-il dit.

    Ryad a interrompu le mois dernier son programme d'aide de trois milliards de dollars à l'armée libanaise pour protester contre les prises de position jugées hostiles à son égard inspirées par le Hezbollah libanais. "Nous sommes face à une situation où les décisions du Liban sont captées par le Hezbollah. (Les armes) iront à l'Arabie saoudite, pas au Hezbollah", le mouvement chiite favorable à l'Iran, a ajouté le ministre saoudien.

    Entre Paris et Ryad, il y avait eu ces dernières semaines plusieurs rencontres à ce sujet. La décision unilatérale de Ryad de mettre au fin au contrat avait notamment suscité un certain agacement côté français. Paris estimant être la victime collatérale de cette décision et surtout avoir été quelque peu maltraité par le royaume wahhabite, compte-tenu du rapprochement opéré entre les deux pays depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande. L'Élysée peut être soulagée.

    A lire: l'Arabie Saoudite torpille le méga contrat d'armement Donas

    La faiblesse des prix du pétrole

    Il ne faut pas s'attendre à une baisse prochaine de la production pétrolière du royaume saoudien. Les prix du brut, qui ont perdu 70% de leur valeur depuis la mi-2014, "seront déterminés par l'offre et la demande, et par les forces sur le marché (...). L'Arabie saoudite n'est pas prête à réduire sa production de pétrole" a déclaré Adel al-Jubeir.

    Rien ne semble donc pouvoir entraver la stratégie agressive de Ryad qui maintient coûte que coûte la production du royaume pour affaiblir les pays concurrents et conserver ses parts de marché. Il y a deux semaines, le ministre du Pétrole Ali al-Naïmi, avait même fait savoir que le royaume wahhabite "peut tout à fait s’accommoder d’un baril qui descendrait même à 20 dollars". Un coup de menton qui intervenait quelques jours après l'annonce de l'accord entre l'Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela, surle gel de la production à son niveau de janvier, à condition que les grands pays exportateurs fassent de même. Une proposition que Téhéran avait jugé "risible". "Si les autres producteurs veulent limiter ou s'accordent à geler (...), cela peut avoir un impact sur le marché mais l'Arabie saoudite n'est pas prête à réduire sa production", a appuyé le ministre saoudien des Affaires étrangères, réaffirmant la politique pétrolière suivie par Ryad depuis plus d'un an et demi.

    C'est sous la pression de l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, que les pays du cartel ont décidé en novembre 2014 de ne pas réduire l'offre pour soutenir le marché. La surabondance de l'offre, recensée depuis la mi-2014, a provoqué une spirale de baisses des cours, qui ont atteint un plus bas en 13 ans.

     

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