La première banque allemande perdait près de 8 % à l’ouverture des marchés après des retraits d’une dizaine de hedge funds. L’annonce d’une amende de 5,4 milliards de dollars et non plus de 14 milliards a fait bondir l’action.

La tension sur Deutsche Bank est retombée d'un coup. L'Agence France Presse a annoncé que Deutsche Bank devrait finalement payer une amende de 5,4 milliards de dollars contre 14 milliards réclamés au départ par le Département américain de la Justice (DoJ). L'AFP cite une source proche du dossier. Dans la foulée, le titre s'est envolé de plus de 7% pour flirter avec les 12 euros.

Dans la matinée l'action était tombée comme une pierre: -8% à l'ouverture des marchés et était passée ainsi pour la première fois sous la barre des 10 euros. Ce mouvement faisait suite à une dépêche de Bloomberg jeudi soir selon laquelle dix « hedge funds » ont réduit leur exposition à l'établissement . C'est le signe que certaines contreparties commencent à redouter une défaillance de l'établissement allemand, ce qui les empêcherait de faire compenser leurs transactions ou de récupérer leurs actifs. Dans la soirée, le titre coté à Wall Street -l'ADR de Deutsche Bank - a perdu 8 % en séance.

 

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Le directeur général de l'établissement, John Cryan, rappelait ce vendredi matin dans une lettre aux salariés que « les fondations de la banque sont solides. Il faut faire en sorte que la perception déformée de la banque n'affecte pas nos activités au quotidien. » Et met en garde contre « les forces du marché [qui] sont en action pour saper la confiance en nous ».

« La santé financière de la Deutsche Bank [est] devenue une des principales sources de stress des investisseurs. L'épisode Lehman Brothers et les risques systémiques liés à une hausse des craintes sur un établissement bancaire, tel que la Deutsche Bank, reviennent très rapidement à la mémoire », commentaient ce vendredi matin les analystes d'Aurel BGC. En effet, Lehman Brothers a commencé à vaciller quand des fonds se sont retirés.

Deutsche Bank un nouveau Lehman ?

Mais, rappelle le Wall Street Journal , la banque américaine était beaucoup moins diversifiée que Deutsche Bank et trop dépendante des fonds et du marché du repo pour se financer. De plus, du fait de la réglementation instaurée après la crise de 2008, l'établissement allemand dispose de 220 milliards d'euros de liquidité contre seulement 45 milliards de dollars pour Lehman un mois avant sa faillite retentissante.

Les spéculations autour d'un sauvetage de Deutsche Bank circulent depuis le début de la semaine, ce qui a entraîné le cours de l'établissement en Bourse au plus bas depuis 1983. Selon un article de l'hebdomadaire « Die Zeit », Berlin échafauderait un plan en cas de graves difficultés pour Deutsche Bank. Le ministère allemand des Finances a démenti les informations de l'hebdomadaire. Une aide de l'Etat « n'est pas un sujet pour nous », a martelé mercredi John Cryan, le patron de Deutsche Bank dans une interview à « Bild ». Plus tôt dans le week-end, un article du magazine « Focus » affirmait qu'Angela Merkel avait refusé toute aide d'Etat pour renflouer la banque.

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.en a remis une couche ce vendredi. Selon lui, Deutsche Bank doit trouver les moyens de survivre « par elle-même », donc sans le soutien de l'Etat allemand.