Le Parlement européen a choisi d’attribuer son prix Sakharov 2016 «pour la liberté de l’esprit» à deux femmes yézidies d’Irak rescapées du groupe Etat islamique (EI).

Nadia Murad et Lamia Haji Bachar sont devenues des figures de la défense de la communauté yézidie, après avoir vécu un cauchemar comme des milliers de nombreuses jeunes filles enlevées et forcées à l’esclavage sexuel. Lamia Haji Bachar a été défigurée par une explosion lorsqu'elle est parvenue à s'échapper définitivement du groupe, à sa cinquième tentative. «Je suis très heureuse de ce prix parce que je l’ai remporté au nom des victimes yézidies», a-t-elle réagi dans un message en kurde adressé à l’organisation humanitaire Air Bridge Iraq, qui s’occupe de la jeune fille depuis son arrivée en Allemagne cette année, et qui a traduit son message.

«Il est important que le monde n’oublie pas les femmes et les enfants emprisonnés par l’EI et que de tels crimes ne soient plus perpétrés contre quiconque», a estimé la jeune femme de 18 ans.

Nadia Murad, 23 ans, est depuis le mois de septembre ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains. Elle milite pour que les persécutions commises en 2014 contre les Yézidis soient considérées comme un génocide.

Selon des experts de l’ONU, environ 3 200 Yézidis sont actuellement entre les mains de l’EI, la majorité en Syrie. «Le prix attribué jeudi doit aussi servir à mettre un coup de projecteur sur la situation des minorités religieuses dans la région», a jugé le chef de file des eurodéputés socialistes, Gianni Pittella, dont le groupe avait proposé le nom des deux jeunes femmes, conjointement avec le groupe des libéraux ALDE.

Deux autres personnalités étaient aussi en lice pour le choix final du Parlement européen : le journaliste d’opposition turc Can Dündar et le leader historique des Tatars de Crimée Moustafa Djemilev.

Décernée chaque année par les eurodéputés, la récompense tire son nom du scientifique soviétique dissident Andreï Sakharov, décédé en 1989, et distingue des personnes qui se sont illustrées dans la défense des droits de l’homme. Le prix a été attribué l’an dernier au blogueur saoudien Raef Badaoui, emprisonné pour «insulte à l’islam». En 2014, c’est le médecin congolais Denis Mukwege qui a été honoré pour son action pour les femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC).

LIBERATION avec AFP