• 49.3, la fracture sociale au PS

    Par Sylvain Mouillard , Lilian Alemagna et Noémie Rousseau 10 mai 2016 à 20:31 (mis à jour à 21:19) Lien
     
     
    Manuel Valls, à l'Assemblée, le 10 mai. Photo Albert Facelly pour Libération

    L’enlisement avait commencé la veille à l’Assemblée : après une rencontre mardi avec les «frondeurs», l’exécutif a acté l’absence de majorité sur le texte et choisi de passer en force.

    Drôle d’anniversaire. Trente-cinq ans, jour pour jour, après l’accession de François Mitterrand à l’Elysée, François Hollande et Manuel Valls ont constaté, mardi, qu’ils n’avaient plus de majorité à l’Assemblée nationale sur les grands textes économiques et sociaux. Fustigeant une «opposition des contraires», le Premier ministre a engagé, en fin d’après-midi, la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi réformant le code du travail, en ayant recours pour la quatrième fois (dont trois pour la loi Macron) du quinquennat à l’article 49.3 de la Constitution. «Poursuivre le débat parlementaire fait courir le risque de revenir sur l’ambition du projet de loi, de renoncer à sa cohérence, d’abandonner le compromis que nous avons construit, et d’offrir le spectacle désolant de la division et des postures politiciennes dues à une minorité de blocage», a justifié Valls à la tribune de l’Assemblée nationale.

    Un an après avoir fait passer la loi Macron en force, voilà donc l’exécutif contraint d’user à nouveau de cette arme constitutionnelle. La menace brandie dès la présentation du texte par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, et Manuel Valls avait déjà mis le feu à la plaine socialiste et alimenté le mouvement social. «Si on en est arrivé là, c’est à cause de la manière dont le débat a débuté, regrette un membre du gouvernement. Il était impossible de revenir à de vrais débats sur le fond. Cela ne pouvait que finir comme ça, en accentuant l’idée de gauches irréconciliables. C’est mortifère.» Retour sur une journée qui, à tout juste un an de l’élection présidentielle, a fracturé davantage la gauche.

    9h40. Dernière chance à Matignon

    Dur réveil pour la majorité. Lundi soir, les débats dans l’hémicycle ont viré à l’affrontement gauche-gauche. Les députés n’en sont même pas encore à l’article 2 que, déjà, le gouvernement utilise un artifice réglementaire pour repousser les votes sur les amendements. «Ils n’ont pas été capables de trouver 25 députés légitimistes pour voter l’article 1! Les types étaient tous planqués», fait remarquer un député francilien. La veille, dimanche, lors d’une réunion à l’Elysée autour de François Hollande, l’idée avait été arrêtée d’ajouter des journées à la discussion parlementaire et de proposer, dans la semaine, par l’intermédiaire du rapporteur Christophe Sirugue, une nouvelle rédaction de l’article 2 sur l’inversion de la hiérarchie des normes (lire ci-contre). Un compromis présenté mardi matin à Matignon, lors d’une nouvelle réunion avec des députés légitimistes, mais aussi des frondeurs, reçus pour la première fois sur ce texte par Valls. «Cette mise en scène était cousue de fil blanc, raconte l’ex-ministre de Benoît Hamon. A partir du moment où on refusait la proposition de Sirugue, une usine à gaz, on était présenté comme les méchants.»

    11h05. Compromis impossible

    La réunion à Matignon est terminée. Rendez-vous au groupe socialiste à l’Assemblée natioanle, trois rues plus loin. Les voitures aux vitres teintées filent. L’un des porte-voix des frondeurs, Christian Paul, s’attarde devant les micros : «Les propositions de compromis sincères pour sortir de la crise sociale par le haut n’ont pas été retenues par le gouvernement», lâche-t-il. «Sans réécrire le texte», le député de la Nièvre plaidait pour un principe simple : «Quand l’accord d’entreprise est moins favorable au salarié, c’est l’accord de branche qui prévaut.» Avant de s’exprimer devant les députés, Valls échange au téléphone avec Hollande qui doit, lui, participer aux commémorations en hommage aux victimes de l’esclavage. Décision est prise de convoquer un Conseil des ministres extraordinaire dès l’après-midi pour autoriser Valls à utiliser le 49.3, sans attendre celui - ordinaire - de ce mercredi matin.

    12h33. Valls fait porter le chapeau aux frondeurs

    «Projet de loi travail : Conseil des ministres extraordinaire convoqué mardi à 14 h 30 en vue du 49.3.» La dépêche AFP tombe en pleine réunion du groupe socialiste. Laquelle ne tourne pas à l’avantage des frondeurs. Christian Paul est interrompu dans son intervention par des camarades légitimistes agacés de le voir occuper le devant de la scène. «Les faucons veulent du passage en force», sourit le député, croisé juste avant la pause déjeuner. La stratégie du gouvernement et de la majorité du groupe PS est limpide : faire porter la responsabilité de ce passage en force à son aile gauche. «Ce matin, il y avait encore un compromis possible sur la base du travail du rapporteur, lance Valls devant le groupe. Le gouvernement l’accepte ! […] On ne peut pas dire que le gouvernement n’a pas cherché le compromis.» Problème : ce n’est pas la vingtaine de frondeurs qui empêchent l’exécutif d’avoir une majorité, mais tout un ventre mou de députés qui, soit y sont publiquement opposés, soit traînent désormais des pieds pour venir voter. D’ordinaire proche de Valls, le député des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci est contre, comme «une très grande majorité du parti est opposée à la loi en l’état», dit-il. «Que chacun prenne ses responsabilités d’ici à 16 heures !» lance de son côté Bruno Le Roux, patron des députés PS. «On a à peine commencé la discussion qu’on nous dit : "Fermez le ban !" C’est une fuite en avant dans le césarisme aux petits pieds», balance Pascal Cherki, opposé au texte.

    15 heures. Le gouvernement moqué par la droite

    Bien installés sur la droite de l’hémicycle, les députés LR chambrent, en attendant le début des questions d’actualité au gouvernement : «Et ils sont où ? Et ils sont où… ?» Les ministres sont en retard, de retour de l’Elysée, où ils ont autorisé Valls à user du 49.3 quand il le souhaite. A l’Assemblée, Sirugue demande à Valls : «Qu’allez vous faire maintenant ?» Le Premier ministre, le nez dans ses notes, vante les mérites d’un texte, «fruit […] d’un accord avec l’ensemble des organisations syndicales réformistes». Sans hausser le ton, il confirme qu’il fera usage du 49.3. «La représentation nationale est privée de son rôle législatif, elle est humiliée par cette manœuvre grossière !» s’insurge, le patron des députés Front de gauche, André Chassaigne. «Le 49.3 ne peut qu’exacerber les tensions alors que les violences ne font que croître», prévient l’ancien président LR de l’Assemblée, Bernard Accoyer. Philippe Vigier, président du groupe UDI, dénonce, lui, «l’immobilisme» comme «seul horizon» du gouvernement et «le renoncement» comme «seule issue». Salle des Quatre-Colonnes, c’est la cohue. Les parlementaires oscillent entre colère et embarras. L’étape d’après, c’est la motion de censure. A droite, elle est déjà prête : «C’est la deuxième fois en un an que le gouvernement […] sort l’arme atomique pour un texte creux, vidé de sa substance», jubile la LR Nathalie Kosciusko-Morizet.

    Les frondeurs socialistes, de leurs côtés, réfléchissent à un «acte collectif» qu’ils détermineront lors de réunions prévues ce mercredi. Dès la mi-journée, l’ex-PS Pouria Amirshahi a annoncé qu’il allait faire le tour des «députés de gauche» pour une motion de censure de gauche. «Je prévois d’échanger avec de nombreux députés sur l’attitude à adopter», confirme Hamon. En coulisse, l’ex-ministre est à la manœuvre pour trouver près de quarante de ses camarades pour leur propre motion. «C’est mal engagé, plaisante un pilier de l’Assemblée. La vie est longue en politique. Certains ont des circonscriptions à garder…» D’autant que les aubrystes ne veulent pas être embringués dans un renversement du gouvernement.

    16h25. Valls dégaine

    A la tribune, Valls confirme dans une courte allocution qu’il engage, dès la reprise des débats, la responsabilité du gouvernement sur ce projet : «Avec la ministre du Travail […], nous nous sommes battus pour convaincre», répète-t-il, confirmant que le texte reprendrait «469 amendements» apportés par les députés PS. Le Premier ministre dénonce une «sorte d’alliance des contraires, des conservatismes». L’argument agace un socialiste : «Ce n’est pas nous qui avons voté la déchéance de nationalité avec la droite…» Le Premier ministre en termine, suspendant de fait les débats jusqu’à l’examen, jeudi, de la motion de censure déposée par la droite : «Nous avons le devoir d’aller de l’avant, de dépasser les blocages, nos vieux réflexes, pour consolider la reprise de la croissance et pour amener notre pays vers demain. C’est cette exigence qui m’amène, en conscience dans l’intérêt supérieur des Français à engager la responsabilité de mon gouvernement.»

    18 heures. Nuit debout devant l’hémicycle

    «49.3 on n’en veut pas», «Assemblée nationale, assemblée du capital» : c’est au son de ces slogans que plusieurs centaines de manifestants commencent à se rassembler devant le Palais-Bourbon, sous des trombes d’eau. Rapidement entourés de très nombreux CRS, les militants de Nuit debout et de plusieurs organisations syndicales sont contenus sur le pont de la Concorde. En début de soirée, ils faisaient encore face aux forces de l’ordre, déterminés à dénoncer ce qu’ils considèrent comme un coup de force du gouvernement.

    Sylvain Mouillard , Lilian Alemagna , Noémie Rousseau

     

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  • 8 mai 1945

    Fin de la guerre en Europe

     

    La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01 (heure allemande), au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims.     LIEN

    Elle laisse un bilan sans équivalent dans l'Histoire avec plus de cinquante millions de morts militaires et majoritairement civils (400.000 Américains, autant de Britanniques, 600.000 Français, huit millions d'Allemands, dix à vingt millions de Soviétiques etc).

    Capitulation du IIIe Reich à Berlin : les plénipotentiaires allemands (le général Hans Juergen Stumpff, commandant en chef de la Luftwaffe, le maréchal Wilhelm Keitel, chef d'état-major de la Wehrmacht, l'amiral Hans Georg Von Friedebourg, Kriegsmarine, source : ECPAD)

    Défaite totale de l'Allemagne nazie

    Le tournant de la guerre s'est produit lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942.

    À partir de cette date, les armées allemandes subissent défaite sur défaite et reculent sur tous les fronts. En février 1945, Dresde est écrasée sous les bombes. La jonction des troupes soviétiques et anglo-américaines a lieu le 25 avril 1945 au milieu de l'Allemagne, sur l'Elbe.

    Le 30 avril, le suicide de Hitler, terré dans son bunker de Berlin avec son dernier carré de fidèles, sonne le glas des espoirs allemands.

    Il revient à son successeur, l'amiral Dönitz, de demander la cessation des combats aux puissances alliées. Celui-ci envoie le général Alfred Jodl, chef d'état-major de la Wehrmacht, à Reims, au quartier général des forces alliées du général Dwight Eisenhower.

    Signature de la capitulation à Reims (7 mai)

    Capitulation du IIIe Reich à Reims : on  voit de dos le général Alfred JodlLe général Alfred Jodl signe dans la nuit du 6 au 7 mai, à 2h41 du matin, la capitulation sans condition de l'Allemagne. Quelques mois plus tard, il sera condamné à mort par le Tribunal de Nuremberg pour avoir contresigné des ordres d'exécution d'otages ou de prisonniers.

    Le chef d'état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov signent l'acte de capitulation au nom des vainqueurs. Le général français François Sevez, chef d'état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin.

    La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01.

    Ratification de la capitulation à Berlin (8 mai)

    Pour Staline, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu'elle soit ratifiée à Berlin, au coeur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d'occupation soviétique.

    Bien que la France se fût officiellement retirée de la guerre avec l'armistice du 22 juin 1940, le gouvernement du général de Gaulle obtient de Staline de se faire représenter par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny.

    Cette formalité se tient au quartier général des forces soviétiques, sous la présidence du maréchal Gueorgui Joukov. Après que le maréchal Wilhelm Keitel, chef d'état-major de la Wehrmacht, a signé les protocoles de la capitulation, la délégation allemande est poussée vers la sortie et les vainqueurs donnent libre cours à leur joie dans un banquet qui se prolonge jusqu'au matin.

    NB : la ratification de la capitulation à Berlin ayant été enregistrée en URSS le lendemain, à 00h01 (heure de Moscou), c'est le 9 mai que, depuis lors, Soviétiques et Russes commémorent leur victoire dans la « Grande Guerre patriotique ».

    La capitulation n'est pas la paix

    Les chefs d'État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe.

    Mais malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour le contraindre à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne.

    La Capitulation vue de Paris

    Les Français n'ayant eu aucune part à la capitulation militaire de l'Allemagne, à Reims, le 7 mai 1945, ils ont choisi par la suite de commémorer exclusivement la fin des combats, le 8 mai 1945.

    En 1975, le président Giscard d'Estaing a souhaité mettre un terme à cette commémoration dans le désir de se réconcilier avec les Allemands... mais au grand scandale des associations d'anciens combattants.

    En 1981, le président Mitterrand a voulu prendre le contrepied de son prédécesseur. Il ne s'est pas contenté de refaire du 8 mai un jour férié. Il en a aussi fait un jour chômé... sans rencontrer d'objections chez les citoyens (faut-il s'en étonner ? un jour de congé supplémentaire, ça ne se refuse pas). Cela fait, avec le 11 novembre, deux jours chômés pour autant de victoires sur nos « amis allemands » ! L'attention portée à cette célébration paraît d'autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est aussi marqué par la répression sanglante de Sétif.

    À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu'ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, rappelons-le, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire.

    Notons enfin que cette date du 8 mai 1945 marque avant tout une victoire militaire. Le nazisme proprement dit est mort avec son fondateur dans le bunker de Berlin, le 25 avril précédent.

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  • Election présidentielle : les deux tours fixés

    au 23 avril et au 7 mai

    Mis à jour : 04-05-2016 13:57
    - Créé : 04-05-2016 12:38        Lien

    A VOS AGENDAS – L'élection présidentielle de 2017 se déroulera les 23 avril et 7 mai, a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, à l'issue du conseil des minsitres.

    Election présidentielle : les deux tours fixés au 23 avril et au 7 mai

     

    AFP/ Illustration

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  • Loi Travail: cinq points qui vont coincer à l'Assemblée nationale

    La ministre du Travail Myriam El Khomri défend son texte de loi à l'Assemblée nationale à partir du mardi 3 mai.

    La ministre du Travail Myriam El Khomri défend son texte de loi à l'Assemblée nationale

    à partir du mardi 3 mai.

    afp.com/DOMINIQUE FAGET

    C'est aujourd'hui que débute l'examen par les députés de la loi portée par Myriam El Khomri. Les débats s'annoncent longs - près de 5 000 amendements ont été déposés-, et de nombreuses mesures phares du texte divisent. Le gouvernement devra-t-il recourir au 49.3 pour imposer son texte?

    C'est une bataille parlementaire aussi dense qu'interminable qui s'annonce. Mardi 3 mai, la très décriée loi Travail portée par Myriam El Khomri arrive en première lecture devant les députés. Des élus bien décidés à infléchir la ligne, pourtant déjà fortement remaniée, de ce texte. 

    EN DIRECT >> La loi Travail d'El Khomri à l'épreuve de l'Assemblée  

    Près de 5 000 amendements ont ainsi été déposés, notamment par des élus de la majorité, sur les différents articles de la loi. Même si Myriam El Khomri s'en défend, l'ombre du 49.3 pèse sur ces débats qui ne devraient pas manquer d'être houleux entre un gouvernement décidé à faire passer l'un de ses derniers texte économiques, des frondeurs ulcérés par la tournure des mesures avancées, une opposition déçue des modifications apportées et un patronat qui menace toujours de boycotter les négociations sur l'assurance-chômage. "En l'état", le texte "nous fait très peur", a déclaré Pierre Gattaz ce matin sur RTL... "J'attends vraiment des députés qu'ils reviennent à l'esprit initial de la loi", a répété le chef de file du Medef. 

    DECRYPTAGE >> Après la fronde de la rue, le texte à l'épreuve de l'Assemblée 

    Le rapporteur du texte lui-même ne cache pas ses multiples désaccords avec Manuel Valls et Myriam El Khomri. Tour d'horizon du menu parlementaire des jours à venir.  

    1. Refondation du code du travail

    Ce que prévoyait la version initiale du projet de loi: entamer un travail de refonte du code du travail à moyen terme en le confiant à une commission d'experts. Le texte (dans ses articles 1 et 2) prévoyait également la présence des "principes essentiels du droit du travail" au début du texte, tels que définis par la commission Badinter.  

    Ce qui a changé lors de l'examen du texte en commission. Pour les députés de la commission des affaires sociales, la référence aux "grandes principes" n'a pas sa place dans le texte. Exit donc.  

    Concernant la grande refonte du droit, ils ont précisé qu'elle devait se faire "à droit constant", c'est-à-dire avec des règles supplétives identiques à la loi actuelle. Ils souhaitent également que cette future commission soit paritaire et rende ses travaux dans les deux années à venir.  

    Les amendements déposés à l'Assemblée nationale. Plus d'une centaine de députés de tous bords souhaite la suppression des articles 1 et 2 de la loi Travail et ont déposé des amendements dans ce sens.  

    2. Licenciements économiques

    Ce que prévoyait la version initiale du projet de loi. Le texte a introduit une nouvelle appréciation des motifs permettant le licenciement économique. Ainsi, une entreprise devra justifier de quatre trimestres de baisse de chiffre d'affaires consécutifs pour procéder à des licenciements économiques. Autre changement: la possibilité de considérer la santé économique d'une entreprise internationale du seul point de vue français (et non plus global). 

    Ce qui a changé lors de l'examen du texte en commission. La commission a fixé des règles différentes pour les PME en simplifiant la procédure pour les plus petites entreprises. Il s'agit de tenir compte de la fragilité des TPE et PME. Pour les moins de 11 salariés, c'est une baisse de commandes d'un trimestre, pour celles entre 11 et 49 salariés, deux trimestres suffiront. Seules celles de plus de 300 salariés restent sur les quatre trimestres. 

    Les amendements déposés à l'Assemblée nationale. Le rapporteur Sirugue lui même est opposé à ce périmètre géographique national et veut un retour au périmètre international ou européen. Il devrait déposer un amendement en ce sens. 

    3. Taxation des CDD

    Ce que prévoyait la version initiale du projet de loi. Ce n'était pas dans le texte initial, mais Manuel Valls a promis d'agir sur les CDD après sa rencontre avec les syndicats étudiants, le pressant d'agir en faveur de la jeunesse.  

    Ce qui a changé lors de l'examen du texte en commission. Rien n'a été discuté en commission à ce sujet.  

    Les amendements déposés à l'Assemblée nationale. Le gouvernement doit fixer cette proposition via un amendement. Il devrait simplement préciser l'obligation pour les partenaires sociaux de se pencher sur une surtaxation, les laissant en fixer le montant. Le patronat a déjà prévenu qu'il boycotterait les dernières réunions de l'assurance-chômage si tel était le cas. De son côté, Christophe Sirugue a déjà prévenu qu'il ne soutiendrait pas cette mesure.  

    4. Accords d'entreprises

    Ce que prévoyait la version initiale du projet de loi. Le texte prévoyait de donner plus de souplesse aux accords collectifs (à condition qu'ils aient recueilli la majorité des suffrages). 

    Ce qui a changé lors de l'examen du texte en commission. Les députés réunis en commission ont reporté l'entrée en vigueur des nouvelles règles de validité des accords au 1er janvier 2017. Ils ont également fixé une obligation de bilan et d'évaluation de ce nouveau cadre au bout de deux ans et ce afin de juger s'il faut ou non les étendre.  

    Les amendements déposés à l'Assemblée nationale. Craignant "un dumping social" entre les entreprises, le rapporteur Sirugue a déposé un amendement permettant de veiller "à ce que la conclusion d'accords collectifs d'entreprise dans certains domaines n'entraîne pas des effets néfastes, en particulier sur les conditions de travail des salariés et sur les conditions d'une concurrence loyale entre les entreprises d'un même secteur d'activité." Le rapporteur propose ainsi que les branches - via des commissions paritaires - dressent un bilan annuel de la bonne utilisation de ces accords. 

    5. Accords offensifs

    Ce que prévoyait le projet de loi. Le texte introduisait des accords dits offensifs dans les entreprises leur permettant d'ajuster leur organisation pour répondre à des objectifs de "préservation ou de développement de l'emploi". Cet accord majoritaire primait le contrat, y compris en matière de rémunération et durée du travail. Le projet de loi prévoyait qu'en cas de refus du salarié, ce dernier pourrait être licencié pour motif personnel. 

    Ce qui a changé lors de l'examen du texte en commission. La commission a modifié le texte et introduit - via un amendement porté par Christophe Sirugue - que les salariés refusant de se soumettre à cet accord ne seraient plus licenciés pour motif personnel, mais pour motif économique. 

    Les amendements déposés à l'Assemblée nationale. Christophe Sirugue a assuré jeudi 29 avril que de nouvelles précisions devaient être apportées à cet amendement initial.  

     
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  • Social

    La Loi Travail à l’Assemblée dès mardi, l’intersyndicale mobilisée

     

    A La Réunion, plusieurs manifestations ont mobilisé des milliers de personnes pour le retrait de la loi El-Khomri. (Photo : JCF)

     
     

    C’est à compter de demain mardi 3 mai que la loi travail sera discutée à l’Assemblée nationale, durant deux semaines. Une épreuve à risque entre contestation d’une partie de la gauche, critiques à droite, et mobilisation de la rue depuis deux mois. A La Réunion, l’intersyndicale a appelé à la "mobilisation de tous les salariés (...) pour amplifier la lutte et obtenir le retrait de ce texte de loi.

    C’est ce mardi que débutent les débats parlementaires sur la loi travail, dite "El Khomri", à l’Assemblée nationale. Avant ce démarrage, l’intersyndicale CGTR/F.O/FSU/ SOLIDAIRES/UNEF ne baisse pas les bras, et tient au contraire à poursuivre son combat.

    "Au cours des dernières mobilisations, les travailleurs ont manifesté par centaines de milliers leur opposition à cette réforme inique qui remet violemment en cause les garanties sociales des salariés par la casse du code du travail, facilite le licenciement et pérennise la précarité", écrit-elle dans un communiqué ce lundi.

    C’est pour continuer sur cette lancée que l’intersyndicale tient à appeler à la mobilisation "de tous les salariés des secteurs publics et privés, chômeurs et retraités pour amplifier la lutte et obtenir le retrait de ce texte de loi".

    Le texte, défendu par la ministre du Travail Myriam El Khomri, avait été revu et corrigé par le gouvernement face aux critiques avant même d’être présenté en Conseil des ministres le 24 mars, deux semaines plus tard que prévu initialement. Il a encore bougé de façon "assez substantielle" entre les mains des députés en commission, selon son rapporteur Christophe Sirugue (PS).

    Si les débats, début avril, y ont été, plutôt apaisés, la présidente de la commission des Affaires sociales Catherine Lemorton a prévenu que les députés favorables à un retrait - certains "frondeurs" socialistes, écologistes contestataires et Front de gauche-, se réservaient pour la séance où "ce sera le grand spectacle". La droite, qui regrette la version initiale, à l’unisson du patronat, ne devrait pas être en reste.

    Et les débats promettent d’être longs, même si les travaux seront interrompus pour le pont de l’Ascension : 4.983 amendements ont été déposés sur ce texte de quelque 50 articles.

    Depuis le 9 mars, le projet est vivement contesté dans la rue. Encore jeudi, la quatrième journée d’action unitaire à l’appel de sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl), émaillée de violences, a réuni 170.000 à 500.000 personnes. Outre le 1er mai, les opposants prévoient "un nouveau temps fort de mobilisation" mardi "pour exiger des parlementaires le rejet du projet".

    A cette contestation s’est ajouté le mouvement "Nuit debout", dont certains participants, comme la militante féministe Caroline De Haas et un ancien conseiller de la ministre du Travail, ont passé cette semaine des coups de fil aux permanences de députés.

    Assurant que cette loi "ne sera pas retirée" même s’il peut y avoir des "corrections" au Parlement, François Hollande a vanté mi-avril une réforme faite notamment pour "clarifier les règles" pour les salariés et les employeurs.

    Mais les inquiétudes demeurent, malgré le retrait d’une partie des mesures très décriées, comme le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement jugé abusif. Et en dépit de gestes faits en commission, comme le fait d’atténuer les conséquences pour les salariés du refus d’un accord dit "offensif", dans les entreprises en bonne santé.

    - Débat de fond ou posture ? -

    Le rapporteur, hostile au projet initial, met désormais en avant ses avancées comme le Compte personnel d’activité (CPA), la lutte contre le travail détaché illégal ou l’évolution numérique (droit à la déconnexion).

    Mais il souligne que des points restent à "clarifier", évoquant la question du périmètre d’appréciation des difficultés des groupes pour les licenciements économiques, le référendum d’entreprise, les accords "offensifs" ou le rôle des branches.

    Dans l’hémicycle, M. Sirugue se demande lequel "prendra le pas sur l’autre" entre "débat de fond" et "posture".

    Les "frondeurs" sont décidés, selon Laurent Baumel, à "mettre le paquet" sur des mesures clefs comme la primauté donnée aux accords d’entreprise en matière de durée du travail, les licenciements ou les accords "offensifs".

    Mais le gouvernement, à l’instar du secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen, estime qu’"il y aura une majorité" sur le texte et qu’il ne sera pas nécessaire de recourir à l’arme constitutionnelle du 49-3, conviction partagée par le chef de file des députés socialistes et le rapporteur.

    Face au risque que "trop de députés" PS ne veuillent pas voter ce texte, Bruno Le Roux a indiqué vendredi qu’il "essaye de réduire ce nombre".

    Pas de soutien à attendre de la droite, qui, comme le patronat, regrette la première mouture. Côté LR, on juge le texte pas "votable" sans retour des dispositions supprimées, notamment sur les indemnités prud’homales, l’UDI dénonçant un projet "nuisible", à "abandonner", et proposant un contre-projet.

    Le vote solennel sur l’ensemble du texte est prévu le 17 mai.

    (avec AFP)

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  •  

    1er mai : mobilisation renforcée

    contre la loi travail

    Au delà des incidents ayant émaillé le cortège, la mobilisation pour cette manifestation du 1er mai à Paris était beaucoup plus importante que l'année dernière : 70 000 manisfestants selon la CGT contre 9000 à 12 000 en 2015. 

    • France 3 Paris avec AFP
    • Publié le 01 mai 2016 à 18:26, mis à jour le 01 mai 2016 à 18:35   Lien
    Quelque 70.000 personnes ont participé dimanche à Paris à la Journée internationale des travailleurs, dont le mot d'ordre était, cette année, le retrait du projet de loi travail, a indiqué la CGT à l'AFP.

    La CGT avait précédemment annoncé dans un communiqué que des "dizaines de milliers" de personnes avaient manifesté dans toute la France. L'année dernière, le 1er Mai avait réuni 110.000 personnes selon la CGT, 76.000 selon la police un peu partout en France, dont 9.000 à 12.000 à Paris.

    La Préfecture de Police de son côté annonce le chiffre 16.000 à 17.000 manifestants à Paris pour ce 1er Mai. 
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  • L’« Orchestre debout » célèbre en musique le premier mois d’existence de Nuit debout

    Le Monde.fr avec AFP | 01.05.2016 à 00h04   Lien

    Un "Orchestre debout" de 300 musiciens et 150 choristes a célébré samedi le premier mois d'existence du mouvement.

    Un orchestre de 300 musiciens et 150 choristes a célébré en musique samedi 30 avril le premier mois d’existence du mouvement Nuit debout. Partitions éclairées au portable et doigts des violonistes engourdis par le froid : l’« Orchestre debout » a joué devant un public enthousiaste de quelques

    milliers de personnes réuni place de la République à Paris.

     

    Lire aussi :   Un mois après, Nuit debout est toujours dans la place

    Cet « Orchestre debout », surnom que se sont donné ces musiciens réunis via les réseaux sociaux, faisait son retour à République dix jours après une première prestation au soir du 20 avril, quand il avait remporté un franc succès avec son interprétation de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak.

    Samedi, ils ont étoffé leur répertoire et reçu le renfort de choristes pour jouer l’Hymne à la joie de la symphonie n°9 de Ludwig van Beethoven, puis le Chœur des esclaves du Nabucco de Giuseppe Verdi, avant de reprendre leur succès fondateur du Nouveau Monde. Une demi-heure de concert, saluée spontanément par un Bella ciao improvisé.

    Lire aussi :   Un orchestre amateur interprète la « Symphonie du Nouveau Monde » devant la Nuit debout à Paris

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     La France au bord de l’explosion sociale?

    Trois policiers ont été grièvement blessés. Les manifestants ont défilé dans une quarantaine de villes.
    Trois policiers ont été grièvement blessés. Les manifestants ont défilé dans une quarantaine de villes.-AFP

            

     

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    Najat Vallaud-Belkacem : "Oui, les enseignants du premier degré seront augmentés"

    Najat Vallaud-Belkacem : "Oui, les enseignants du premier degré seront augmentés"La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem le 22 avril à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

    Le Premier ministre Manuel Valls devrait annoncer "la forme et le calendrier prévisionnel" de cette augmentation mardi prochain.       Lien

     

    C’est la saison des cadeaux. Comme elle l’avait déjà confié à "l’Obs", la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem s’apprête à annoncer un coup de pouce salarial pour les enseignants. La nouvelle devrait avoir lieu lors des Journées de la refondation, qui réuniront 2.000 représentants de la communauté éducative (enseignants, parents, élus, experts…) lundi et mardi au Palais Brogniard à Paris.

    Les syndicats réclament l’alignement de la prime des enseignants du premier degré sur celle du second degré, ce qui représente 800 euros nets de plus par an. Dans le "Journal du Dimanche", la ministre confirme :

    "Nous travaillons avec les syndicats à un alignement de ces deux primes dans le temps. Donc oui, les enseignants du premier degré vont être augmentés."

    Elle rappelle à l'occasion qu'en 2013, "Vincent Peillon avait commencé un rééquilibrage avec une indemnité de 400 euros pour les enseignants du primaire. C’était un premier pas que j’ai jugé insuffisant."

    Le Premier ministre en devrait préciser "la forme et le calendrier prévisionnel" de cette augmentation mardi.


     

    Et si on payait les profs 4.000 euros par mois, comme en Allemagne ?

    Les instits français moins payés

    Selon une étude de l’OCDE que les syndicats rappellent à l’envi, les professeurs du premier degré sont payés 800 euros de moins que leurs collègues allemands.

    Combien sont vraiment payés les profs ?

    Prenant acte de cet écart, la ministre de l’Education nationale défend tout de même les premiers pas faits depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir :

    "L’écart était encore plus important en 2012. Car pendant les dix années de diète éducative, la revalorisation de leur rémunération n’a évidemment jamais été au rendez-vous non plus."

    Et de rappeler les "efforts" fait par le gouvernement ces dernières années : en 2013, "une indemnité de 400 euros annuels" et en 2014, une prime pour les enseignants de l’éducation prioritaire : "110.000 enseignants perçoivent aujourd’hui entre 1.700 et 2.400 euros d’indemnité annuelle supplémentaire."

    La ministre souligne également "qu’avec le retour de la formation initiale dont la deuxième année est rémunérée, les enseignants gagnent aujourd’hui une année de rémunération supplémentaire." Résultat : 

    "Sur l’ensemble de sa carrière, un enseignant dans les quartiers sensibles percevra déjà, du fait de nos réformes, 85.000 euros de plus que ce qu’il pouvait espérer en 2012."

    Inégalités à l'école : "Si on tente de modifier le système, tout le monde hurle !"

    François Hollande doit intervenir lundi soir au Palais Brogniard. Il devra convaincre la communauté éducative, dont l’adhésion lui est indispensable en cas de candidature à la présidentielle en 2017, de la réussite des réformes portées depuis 2012 par ses ministres de l'Education successifs : Vincent Peillon, Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem. Tous trois seront présents à ses côté.

     M.B.

    L'Obs

    L'Obs

     

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  • Consommation et investissement, moteurs de la croissance française

    LE MONDE | 29.04.2016 à 07h44 • Mis à jour le 29.04.2016 à 11h13 | Par Patrick Roger

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    La prévision officielle de la France pour 2015, celle sur laquelle repose le budget, était de 1 % de croissance.

    Après les bons chiffres du chômage, ceux de la croissance au premier trimestre confirment l’embellie. Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) augmente de 0,5 %, après + 0,3 % au quatrième trimestre 2015, selon la première estimation publiée vendredi 29 avril par l’Insee. Un résultat légèrement supérieur aux dernières prévisions de l’institut ou de la Banque de France, qui envisageaient 0,4 %.

    L’acquis de croissance pour 2016 – soit la progression du PIB en cas de croissance nulle le reste de l’année – s’établit ainsi à 1 %, alors que la loi de finances prévoit une croissance de 1,5 % à la fin de l’année. Un chiffre supérieur à celui de la Commission européenne, qui table sur une hausse de l’activité de 1,3 %, et à celui du FMI, qui a abaissé sa prévision à 1,1 %, en raison du ralentissement de l’économie mondiale.« L’économie de la France continue à s’améliorer, s’est immédiatement félicité le ministre des finances, Michel Sapin, dans un communiqué. C’est une croissance solide qui est enclenchée. (…) Notre action porte ses fruits, nous la poursuivrons avec détermination dans les prochains mois. »

    Lire :   « Oui ça va mieux » : les déclarations de Hollande sur l’économie française vérifiées

    Consommation des ménages en hausse

    Cette croissance solide est principalement due à deux moteurs : la consommation des ménages et l’investissement, tandis que le commerce extérieur et les variations de stocks pèsent négativement. La consommation des ménages, tout d’abord, se redresse fortement : + 1,2 % après – 0,1 % au dernier trimestre 2015, marqué par les attentats de Paris. Il s’agit de la plus forte hausse depuis fin 2004.

    Elle est notamment portée par un vif rebond des dépenses en biens (+ 1,7 %) et, dans une moindre mesure, par une accélération de la consommation de services (+ 0,6 % après + 0,2 %). Grâce aux effets conjugués de l’inflation zéro – en avril, les prix à la consommation ont encore baissé de 0,2 % sur un an – et des allégements d’impôts des ménages intégrés dans le pacte de responsabilité, la progression du pouvoir d’achat, + 1,7 % en 2015, soit la plus forte hausse depuis 2007, selon l’Insee, tire la consommation des ménages vers le haut.

    Redressement de l’investissement

    L’autre facteur déterminant est celui de l’investissement. Au premier trimestre, il a globalement progressé de 0,9 %, ce qui indique un redressement continu depuis un an : il était de 0 % au deuxième trimestre 2015, 0,1 % au troisième trimestre, 0,7 % au quatrième trimestre. Le rebond est encore plus significatif en ce qui concerne l’investissement des entreprises, qui enregistre une hausse de 1,6 % au premier trimestre, contre respectivement 0,5 %, 0,4 % et 1 % les trois trimestres précédents. L’acquis de croissance pour l’investissement des entreprises s’élève d’ores et déjà à 2,8 %.

    La production totale de biens et services a continué de progresser au premier trimestre : + 0,6 %, comme le trimestre précédent. Elle est principalement portée par les secteurs de l’énergie et des services. La production manufacturière, en revanche, enregistre un ralentissement, avec + 0,3 % contre + 0,9 %, tandis que le secteur de la construction stagne.

    Un solde extérieur négatif

    Le solde extérieur, lui, est toujours négatif : – 0,2 % après – 0,6 % et – 0,4 % les deux trimestres précédents. Les importations ralentissent fortement (+ 0,5 % après + 2,1 %) mais les exportations se replient également (– 0,2 % après + 1 %).

    Enfin, la croissance, lors des deux trimestres précédents, avait été portée par une évolution positive des variations de stocks (respectivement + 0,7 % et + 0,5 %), ce qui laissait craindre un contrecoup. C’est effectivement le cas puisqu’elles enregistrent au premier trimestre un repli de 0,2 %, notamment sur les produits pétroliers raffinés et les biens d’équipement.

    La publication de cette première estimation de la croissance au premier trimestre vient clore une semaine qui, pour le gouvernement, aura apporté une série de nouvelles réconfortantes dans un climat politique qui, lui, ne s’améliore pas. Entre les succès enregistrés par l’industrie navale à l’étranger, la forte baisse du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi au mois de mars et le dynamisme de la croissance, le gouvernement veut y voir la justification de sa politique économique.

    Lire :   Baisse du chômage en mars : un bon résultat qui reste à consolider

    « Il y a vraiment un ensemble d’éléments cohérents et convergents pour dire que la croissance a repris, qu’elle est continue, qu’elle produit de l’emploi et qu’elle peut même faire reculer le chômage », souligne M. Sapin. Encore faut-il que ces bons résultats sur le plan économique soient confirmés sur la durée.


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2016/04/29/0-5-de-croissance-au-premier-trimestre_4910730_1656968.html#RBWcLpGw7qvLKua1.99
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