Les intermittents du spectacle occupent leTheatre National de Strasbourg (TNS) le 27 avril 2016. Crédit Frederick Florin/AFP
L’accord signé dans la nuit de mercredi 27 à jeudi 28 avril entre les organisations de salariés et d’employeurs du spectacle devrait entraîner « entre 80 et 100 millions » d’économies par an pour le régime d’assurance chômage spécifique aux intermittents, selon Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle, majoritaire dans le secteur.
Le syndicat évoque les « avancées importantes » d’un accord dont se sont aussi félicités le premier ministre Manuel Valls, la ministre de la culture, Audrey Azoulay, mais aussi Olivier Py, directeur du festival d’Avignon.
Une procédure assez floue
Selon une source patronale, cet accord est « acceptable pour les parties ». Il comprend « de nettes améliorations pour la protection des travailleurs » et « des efforts réciproques », avec notamment « une hausse des cotisations patronales ».
La suite de la procédure est plus floue : décidée par Manuel Valls à l’été 2014, elle s’applique pour la première fois cette année.
Pour entrer en application, l’accord doit encore être accepté par les partenaires sociaux qui participent aux négociations au sein de l’Unédic sur le régime général de l’assurance-chômage. Or les économies générées par l’accord sont loin des 185 millions d’euros par an, exigés d’ici à 2018 dans une lettre de cadrage signée en mars par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC.
« La loi a prévu qu’un comité d’expertise dispose de trois semaines pour affiner les chiffres de l’accord de branche et décide si le texte entre ou non dans ce cadrage », explique une source proche du dossier. Selon Éric Aubin, qui participait hier pour la CGT à une séance de négociations au sein de l’Unédic, cela signifie que le sujet ne sera pas sans doute pas abordé avant la rencontre suivante, prévue le 12 mai.
« Selon la loi, si l’accord respecte le cadrage financier, il s’applique de facto », précise Jean Patrick Gilles, député (PS) et ancien médiateur du conflit des intermittents en 2014. « L’application automatique ne va pas de soi pour le Medef », conteste une source proche des débats.
Sans acceptation de l’accord, les partenaires sociaux interprofessionnels devront fixer eux-mêmes les règles d’indemnisation spécifiques.
L’enjeu des festivals de l’été
Le 28 avril, le premier ministre Manuel Valls a annoncé que le « fonds de soutien à l’emploi » pour les intermittents du spectacle, annoncé en 2014, allait être « mis en œuvre » et qu’il serait financé par l’État « à hauteur 90 millions d’euros ». Pour autant, cette somme ne serait pas destinée à compenser une partie des économies de 185 millions d’euros exigées par l’assurance-chômage, a précisé Matignon.
L’Unédic peut-il bloquer l’accord ? « Le gouvernement peut vouloir peser sur le Medef et la CFDT car il ne veut surtout pas mettre en péril le bon déroulement des festivals cet été », affirme Mathieu Grégoire, sociologue et spécialiste des intermittents à l’Université de Nanterre. L’État pourrait même refuser de donner son agrément à la convention sur l’assurance-chômage en cas de refus de l’accord.
Mathieu Grégoire rappelle aussi que si le régime spécifique des intermittents disparaissait, une étude de l’Unédic en 2013 avait estimé les économies réalisées à quelque 300 millions d’euros par an. Et non pas au milliard d’euros que représente, sur le papier, le solde négatif pour cette catégorie de chômeurs.
Les partenaires sociaux se sont réunis le 28 avril au siège du Medef, à Paris, pour la cinquième séance de négociations sur la réforme du régime général d’indemnisation chômage. Le patronat a transmis mardi aux syndicats des « pistes d’évolution » pour un régime au déficit évalué à 4,2 milliards d’euros en 2016. Des dizaines de milliers de salariés et d’étudiants ont manifesté à travers la France contre la loi sur le travail. Une prochaine réunion est prévue le 12 mai, voire fin juin.
L’actuelle convention Unédic arrive à échéance le 1er juillet. Si les négociations n’aboutissent pas avant, l’actuelle convention pourrait être prolongée de quelques mois, jusqu’à l’obtention d’un accord.
Entre 170.000 personnes, selon les autorités, et 500.000, selon la CGT, ont manifesté en France contre le projet de loi Travail, ce jeudi 28 avril. Une journée marquée par de nombreux affrontements dans tout le pays. Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "24 policiers et gendarmes ont été blessés, dont trois très grièvement à Paris", dans les violences survenues en marge des manifestations.
Il a ajouté que "124 interpellations" avaient eu lieu en France et qu'elles "donneraient lieu à des actions en justice", lors d'un déplacement à Lyon. Il a demandé aux organisateurs de "condamner avec la même fermeté" que lui "ces débordements de la part de cette poignée de casseurs qui n'ont en partage que la violence". Depuis le début du mouvement contre le projet de loi travail, il a précisé que "382 interpellations" étaient intervenues dans l'ensemble du pays.
Des affrontements ont opposé cet après-midi la police à des manifestants à Paris, au niveau du pont d'Austerlitz. Sur la rive gauche de la Seine, à l'entrée du pont, plusieurs dizaines de manifestants ont lancé des bouteilles, des pavés et des extincteurs en direction des forces de l'ordre, qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes. Ces incidents ont interrompu la progression du cortège, qui n'avait pas encore passé le pont, et provoqué l'arrivée de CRS en renfort.
Un jeune blessé à l'oeil
A Rennes, des affrontements ont également éclaté quand des jeunes ont tenté de gagner le centre historique bloqué par les forces de l'ordre, après la dispersion de la manifestation qui s'était déroulée dans le calme.
Un jeune de 20 ans a été blessé à la tête par "un tir de projectile", selon la préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui n'a donné aucun détail sur la gravité de ses blessures.
"C’est un gamin de 20 ans et il va peut-être finir sa vie borgne. Ça n’arrêtait pas de saigner. Il va peut-être perdre son œil", déplore de son côté Hugo Poidevin, membre de l’équipe médicale des manifestants et organisateur du mouvement étudiant, cité par "20 Minutes". Selon les manifestants cités par le site internet, il aurait été atteint par un tir de flashball.
Echauffourées à Saint-Denis
En banlieue parisienne, entre 60 et 100 jeunes, qualifiés d'"anarchistes" par la police, s'étaient regroupés vers 6h30 à Gennevilliers pour tenter de bloquer le plus important port fluvial de la région parisienne. Ils ont incendié des pneus, avant de prendre le métro en direction de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour essayer cette fois de bloquer le dépôt de bus, selon la police.
C'est là qu'ont éclaté les échauffourées qui ont débouché sur deux gardes à vue, une pour violences et l'autre pour port d'un couteau, selon une source policière. Un membre des forces de l'ordre a été légèrement blessé.
Le groupe, qui comptait des étudiants, selon les comptes Twitter des organisations étudiantes, voulait se rendre vers Paris, mais la police, qui a effectué quelque 150 contrôles d'identité, a amené ses membres en bus dans un centre de traitement judiciaire parisien.
L'action a été revendiquée par l'assemblée générale interprofessionnelle de Saint-Denis, composée d'"étudiants, de chômeurs et de salariés", "déterminés à obtenir le retrait de la loi travail".
Une Porsche incendiée
A Nantes, dix minutes à peine après le départ à 11h15 du cortège qui réunissait 8.500 personnes selon la police et plus de 20.000 selon l'intersyndicale, des jeunes gens cagoulés s'en sont pris à coups de projectiles aux forces de l'ordre, qui bloquaient les accès au centre-ville à l'aide d'un camion lanceur d'eau. Dans un ballet devenu presque courant dans la cité des bords de Loire, les forces de l'ordre ont répliqué avec des grenades lacrymogènes face aux manifestants qui criaient "Nique la BAC" et "Tout le monde déteste la police".
Un peu plus tard, la Brigade anti-criminalité (BAC) a chargé cours Saint-Pierre, derrière la cathédrale, interpellant au moins une manifestante qui a été traînée au sol sur plusieurs mètres.
Sur le parcours de la manifestation, censé avoir été choisi justement pour éviter la casse, des abribus et des caméras de vidéosurveillance ont été brisés. Des commerces, mais aussi des établissements bancaires et des agences d'intérim arboraient des panneaux de bois pour protéger leurs vitrines après les dégradations commises lors des précédentes manifestations.
Un autre groupe parvient à gagner les abords de la préfecture de Loire-Atlantique, où de nouveaux échanges de projectiles ont lieu avec les forces de l'ordre. Une Porsche de couleur grise a été incendiée près de la préfecture.
Nouvelle zone de turbulences près du siège du PS départemental, qui a le rideau baissé. Sa façade a été taguée par un message qui promet "Ça va être chaud. Nantes août 2016 PS université d'été".
Certains manifestants crient "la police avec nous", fleurs à la main, d'autres "meurtriers", "assassins", notamment après avoir vu des tirs en direction des balcons sur le cours des Cinquante-otages ou des manifestants.
57 interpellations à Marseille
A Lyon, quelque 150 jeunes qui progressaient vers le centre-ville dans la matinée ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, selon la préfecture. Les policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Trois fonctionnaires ont été blessés et deux manifestants interpellés.
57 personnes ont aussi été interpellées à Marseille, lors de divers incidents qui ont éclaté dans la ville à la fin de la manifestation contre la loi travail, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez.
La plupart ont été arrêtées à la gare Saint-Charles où des voies ont été envahies. Des incidents ont aussi eu lieu près de la place Castellane, point de rassemblement final des différents cortèges marseillais, avec des jets de projectiles de manifestants en direction des forces de l'ordre et des incendies de poubelles. La manifestation a réuni 4.800 manifestants selon le préfet de police, mais 75.000 selon la CGT et 30.000 selon FO.
Une quinzaine de lycées bloqués
Par ailleurs, les préfectures font état de plus d'une quinzaine de lycées bloqués, totalement ou partiellement, à travers le pays : cinq à Nantes, cinq dans l'académie d'Aix-Marseille, cinq à Lyon, et un à Strasbourg, où des blocages d'établissement étaient prévus à la mi-journée pour "inciter" les jeunes à se joindre à la manifestation, selon Colin Jude, porte-parole du syndicat étudiants Unef dans ce département.
A Nancy, une cinquantaine de lycéens se sont regroupés, avant la manifestation. "C'est un tour de chauffe avant le 3 mai", nouvelle journée annoncée de mobilisation, explique Félix Le Roux, de l'UNL (l'Union nationale lycéenne).
Plusieurs zones sont encore en vacances scolaires : Paris, Toulouse et Montpellier. Les lycées y sont fermés et les universités sont en période de vacances (pour les révisions) ou d'examens.
(Boursier.com) — Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A, c'est-à-dire sans aucune activité en mars, a diminué de 60.000 par rapport au mois de février, soit une baisse de 1,7% a annoncé ce soir le gouvernement qui souligne que, depuis le début de l'année, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a reculé de près de 50.000 (-1,4 %). "Il s'agit de la première baisse trimestrielle significative depuis le dernier épisode de reprise de 2010/2011". Elle suit une période de stabilisation, marquée par l'alternance de hausses et de baisses mensuelles fortes, depuis l'été dernier...
L'amélioration de la situation des jeunes se poursuit et s'accélère, note encore Bercy... Le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans inscrits en catégorie A diminue ainsi de 8.700 en mars (soit -1,7 %), portant la baisse à 36.000 depuis fin 2014.
Reprise des créations d'emploi
Cette baisse du nombre de demandeurs d'emploi sans activité est le résultat de l'amélioration graduelle de l'activité économique qui s'est déjà traduite par une reprise des créations d'emploi en 2015, grâce notamment aux effets du Pacte de responsabilité et de solidarité.
L'aide "Embauche PME" monte en charge et accélère les effets de la reprise économique : au total, 225.000 aides ont été demandées depuis le mois de janvier. Les déclarations d'embauche ont enregistré un net rebond au premier trimestre, particulièrement dans les entreprises de moins de 250 salariés : elles ont progressé de 4,7% pour les embauches en CDI et de 20,5% pour celles en CDD de plus de 6 mois. Le second volet du Plan d'urgence pour l'emploi, qui se traduira par un doublement du nombre d'actions de formations ouvertes aux demandeurs d'emploi, se déploie progressivement : douze conventions ont d'ores et déjà été signées avec les régions.
Les 500.000 formations supplémentaires permettront aux demandeurs d'emploi de saisir les opportunités offertes dans les métiers qui peinent aujourd'hui à recruter et dans les secteurs d'avenir... Le projet de loi qui sera débattu au Parlement à compter du 3 mai complétera ces actions conjoncturelles par des mesures structurelles favorisant le développement de l'emploi durable, en améliorant la compétitivité des entreprises et en créant de nouveaux droits pour les salariés, explique encore Bercy.
Le Medef appelle à accélérer les réforme
Pour le Medef, il faut capitaliser d'urgence sur l'éclaircie temporaire. La baisse du chômage est une bonne nouvelle qu'il convient de saluer. Mais au-delà de ce chiffre mensuel, il faut désormais accélérer les réformes du marché du travail et prendre nos responsabilités, comme l'ont fait nos voisins, notamment allemands et italiens. La situation reste en effet dramatique et ce premier signe positif doit être durablement conforté par des réformes indispensables qui restent à mener...
"L'ambition de la loi El Kohmri doit donc être rétablie pour espérer recréer une dynamique positive de création d'emplois en CDI". Le Medef appelle donc les parlementaires et le gouvernement à prendre leurs responsabilités et à donner aux entreprises, notamment les TPE, PME et ETI, les outils indispensables à leur agilité et leur compétitivité. Ne faisons pas une nouvelle loi "pour rien" ...
Trois aspects doivent impérativement être corrigés dans la loi El Kohmri selon l'organisation patronale : le mandatement syndical obligatoire doit être retiré, le compte personnel d'activité doit revenir dans sa proposition initiale et la surtaxation des CDD ne doit pas être introduite. Mais de nombreux autres aspects doivent également être corrigés et simplifiés pour libérer les capacités d'emploi des TPE, PME et ETI...
"Il faut cesser le surplace mortifère"
Pour Pierre Gattaz, président du Medef, "il faut cesser le surplace mortifère de ces dernières semaines. Dans la situation actuelle, les demi-réformes et les pseudo-équilibres ne servent qu'à faire du sur place. Il faut libérer enfin la capacité d'emploi de toutes les entreprises, quelles que soient leurs tailles. Avançons résolument et menons une première réforme. Le chômage est la conséquence de nos politiques suivies depuis des années. Rétablir la situation demandera du temps et des réformes courageuses. La loi El Khomri aurait pu être une première étape importante. Ce n'est malheureusement plus le cas actuellement - il faut revenir à l'ambition initiale.
Un nombre record de pays, dont les Etats-Unis et la Chine, ont signé vendredi à l'ONU l'accord destiné à ralentir le réchauffement de la planète, négocié en décembre dernier à Paris. Le président français François Hollande a été le premier à signer l'accord.
"Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n'avait signé un accord international en une seule journée", s'est réjoui le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en saluant un "moment d'histoire".
La Chine et les Etats-Unis étaient représentés respectivement par le vice-Premier ministre Zhang Gaoli, et le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Ce dernier est venu signer avec sa petite-fille dans les bras, et a été très applaudi.
Les pays signataires vendredi représentent plus de 93% des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, selon l'ONG World Ressources Institute.
"Déjà l'année dernière, les investissements en matière d'énergie renouvelable étaient à un plus haut historique, presque 330 milliards. Et il est prévu que nous investirons des milliers de milliards de dollars d'ici à la fin du siècle", a déclaré vendredi M. Kerry.
Aller vite
La signature n'est qu'une première étape. L'accord n'entrera en vigueur que lorsque 55 pays responsables d'au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre l'auront ratifié.
Avant de signer, M. Hollande a appelé le monde à traduire l'accord en "actes", et souhaité que l'Union européenne "donne l'exemple" en ratifiant l'accord de Paris "d'ici la fin de l'année". "Il faut aller vite, encore plus vite", a-t-il insisté.
"Le monde nous regarde (...) plus de beaux discours, plus d'excuses, plus de manipulation de la science et des politiques par les entreprises liées aux énergies fossiles" comme le pétrole ou la charbon, a pour sa part insisté à la tribune l'acteur et défenseur de l'environnement Leonardo DiCaprio.
Un moment historique
Une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement étaient présents au siège de l'ONU pour cette signature.
La présidente du Brésil Dilma Rousseff, menacée de destitution, a brièvement évoqué, à la fin de son discours, la crise politique dans son pays, exprimant l'espoir que les Brésiliens sauraient empêcher tout "recul" de la démocratie.
La société civile s'est réjouie du bon départ donné à l'accord. "C'est un moment qui restera dans les livres d'histoire, un tournant pour l'humanité pour qu'elle s'oriente vers une économie propre à 100%", a affirmé Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club dans un communiqué.
Mars le plus chaud
Le nombre d'au moins 171 pays signataires en une journée est un record. Le précédent datait de 1982, quand 119 pays avaient paraphé la Convention de l'ONU sur le droit de la mer.
M. Ban Ki-moon a souhaité que les pays s'engagent dès vendredi à ratifier rapidement l'accord, afin de "faire comprendre aux gouvernements et au monde des affaires qu'il est temps d'intensifier l'action sur le climat".
Car le temps presse. Le mois dernier a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré, selon les météorologues américains. Depuis 11 mois, chaque mois a battu un record de chaleur, une série inédite en 137 ans de relevés.
Un an pour signer
L'accord de Paris engage ses signataires à limiter la hausse de température "bien en deçà de 2°C" et à "poursuivre leurs efforts" pour limiter cette hausse à 1,5°C. Cet objectif très ambitieux demandera une volonté soutenue et des centaines de milliards de dollars pour assurer la transition vers des énergies propres.
L'accord reste ouvert pendant un an à la signature des 195 pays qui l'ont négocié.
Les mots ont beau être prudemment choisis, l’effet n’en est pas moins explosif. Emmanuel Macron a allumé une nouvelle mèche en s’attaquant à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dans un entretien au magazine Risques. « Je pense que la fiscalité sur le capital actuelle n’est pas optimale », assure-t-il en préambule, avant de lâcher le fond de sa pensée : « Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF. »
La phrase, prononcée dans cette revue confidentielle réservée aux professionnels de l’assurance, aurait pu rester sans lendemain, si Le Figaro ne l’avait pas repérée.
Interrogé par France Info sur les propos de son ministre de l’économie, Manuel Valls a eu un soupir agacé : « Supprimer l’impôt sur la fortune, qu’on peut toujours améliorer, rendre plus efficace d’un point de vue économique, serait une faute. »
Et le premier ministre d’ajouter, en guise d’énième avertissement à Emmanuel Macron : « Je demande à chaque ministre, puisqu’il reste encore un an, d’être pleinement attelé à sa fonction, à sa mission. »
Si la suppression de l’ISF n’est pas à l’ordre du jour du côté de l’exécutif, elle figure bien au programme de tous les candidats de la primaire de droite, qui font une campagne active sur ce thème. Le patron du Medef, Pierre Gattaz, appelle, lui, à en finir avec cet impôt depuis 2014.
Pour Emmanuel Macron, cette sortie vient s’ajouter à une longue liste d’initiatives qui bousculent son camp à un an de la présidentielle. Dernière en date, cette interview, mardi 19 avril, au quotidien belge Le Soir, dans laquelle le ministre de l’économie reconnaît que son mouvement politique En Marche !, positionné « ni à gauche ni à droite », veut « nourrir un projet présidentiel ».
«Mais c’est seulement après avoir établi un diagnostic et proposé un plan d’action que se posera la question de la personne », précise-t-il, pour évacuer la question de sa candidature.
Autonomie
Chaque semaine qui passe, le ministre de l’économie semble gagner en autonomie vis-à-vis du chef de l’Etat. Après avoir créé son parti, il s’était rendu à Londres jeudi 14 avril, le soir de l’intervention télévisée de François Hollande sur France 2, pour y tenir un discours bien différent de celui du président.
Il avait notamment estimé qu’il était « compliqué de lancer des réformes à un an de la fin du quinquennat », manière de dire que la partie était déjà jouée. Au même moment, François Hollande assurait de son côté qu’il réformerait jusqu’au bout.
Plus surprenante encore est son intention de présider les fêtes de Jeanne d’Arc, à Orléans le 8 mai prochain, à l’invitation du maire Les Républicains de la ville, Olivier Carré. Au programme : une déambulation dans la ville et un bain de foule risqué en cette période de très faible popularité gouvernementale. Rien de tel pour vérifier que sa cote personnelle dépasse elle aussi « les clivages gauche-droite ».
Invité de France Info ce mercredi, Manuel Valls, le Premier ministre a jugé l'attitude de Pierre Gattaz, président du Medef, "pas à la hauteur des responsabilités". Il a par ailleurs confirmé le prolongement de deux mois de l'état d'urgence.
Invité de France Info ce mercredi matin, Manuel Valls, le Premier ministre a répondu à l'ultimatum lancé mardi par Pierre Gattaz pour obtenir une sérieuse modification de la loi travail. Pierre Gattaz "ne peut pas prendre en otage la négociation sur l'assurance chômage" a lancé Manuel Valls. Ajoutant, "ce n'est pas à la hauteur des responsabilités en tant que partenaire social". Pour lui, "quand on discute, quand on négocie, on ne pose pas des ultimatums" a-t-il ajouté. "Il faut, par ailleurs, respecter le Parlement qui aujourd'hui s'est saisi de cette loi (NDLR loi Travail), l'enrichie, l'amende et est à l'écoute de l'ensemble de partenaires sociaux" a expliqué Manuel valls.
Au cours de cette interview, Manuel Valls a également confirmé que l'état d'urgence allait être prolongé de deux mois, jusqu'à la fin de l'Euro 2016, confirmant ainsi une information révélée par Louise Bodet du service politique de France Info. Pour le Premier ministre, l'Euro 2016 "doit se tenir dans la sécurité", mais en même temps il "doit être une fête avec des stades remplis, des fan-zones remplies, avec un engouement, je l'espère, autour de l'équipe de France de football".
"J'en appelle à une mobilisation de la gauche"
Manuel Valls a, par ailleurs, "appelé à une mobilisation de la gauche, "qu'elle soit fière de ce qu'elle a fait" depuis 2012. "J'en appelle à une mobilisation de la gauche (...) pour qu'elle s'engage pleinement dans le soutien à l'action qui est la nôtre", a notamment expliqué le Premier ministre.
Supprimer l'impôt sur la fortune ? "Ça serait une faute"
La proposition d'Emmanuel Macron de supprimer l'impôt sur la fortune ? "Ça serait une faute" a rétorqué Manuel Valls sur France Info. "Au moment où nous créons cette prime d'activité, (au moment) où nous nous attaquons pleinement à ce fléau que représente la pauvreté (...) au nom même de la justice, supprimer l'impôt sur la fortune serait une faute", a déclaré Manuel Valls. Le Premier ministre estime toutefois qu'il est toujours possible "d'améliorer et de rendre plus efficace (NDLR la prime d'activité) d'un point de vue économique".
Christophe Sirugue en 2013.Photo Jacques Demarthon. AFP lien
Auteur d'un rapport qu'il remet lundi au Premier ministre, le député PS Christophe Sirugue propose une sorte de revenu minimum d'existence.
Minima sociaux : «Ce n’est pas de l’assistanat mais de l’investissement»
Le député PS de Saône-et-Loire et ancien maire de Chalon-sur-Saône Christophe Sirugue propose une restructuration des aides.
Pourquoi vouloir, aujourd’hui, réformer les minima sociaux ?
Parce qu’il existe un réel besoin de lisibilité de nos dispositifs, de plus d’équité, et de favoriser l’accès aux droits sociaux. Il est essentiel de remettre de la cohérence dans un système où, parfois, à ressources équivalentes, on constate des situations très différentes.
Quelles sont vos pistes ?
Je propose tout d’abord de supprimer la barrière d’âge pour les jeunes. Que toute personne puisse, dès ses 18 ans, bénéficier de ces allocations sans attendre ses 25 ans. Ensuite, je soumets au gouvernement trois scénarios possibles. Le premier est le maintien des dispositifs existants, corrigés dans leurs paramètres, en allongeant par exemple certaines durées selon les allocations. Le deuxième propose de fusionner plusieurs dispositifs pour n’en garder que cinq : un RSA conforté, l’allocation de solidarité spécifique (ASS), verrait son montant augmenté mais sa durée limitée à deux ans, l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI) serait regroupée avec celle pour les adultes handicapés (AAH). On ne toucherait ni à l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) ni à celle destinée aux demandeurs d’asile. Enfin, la troisième piste – celle que je recommande – propose de fusionner tous les minima sociaux dans une couverture-socle avec deux compléments : une personne âgée de plus de 18 ans en situation de précarité bénéficierait ainsi d’une allocation de 400 euros, complétée selon si c’est une personne âgée et/ou en situation de handicap, ou qu’elle se trouve en situation d’insertion professionnelle. Cette solution apporte plus de clarté, de cohérence et d’égalité.
C’est l’idée d’un revenu minimum d’existence ?
En quelque sorte. Tout le monde aurait ainsi une couverture-socle commune et une aide pour s’en sortir. On ne peut pas traiter la question des minima sociaux sans aborder la question de l’insertion, malheureusement mise à mal ces dernières années. Pour que les départements poursuivent leurs politiques d’insertion, je préconise une recentralisation du RSA à 80% [non à 100% comme laissé entendre par le gouvernement, ndlr], l’obligation d’une certaine proportion de crédits destinés à l’insertion et je formule l’idée d’un droit opposable à l’accompagnement.
Ne craignez-vous pas d’être attaqué par l’opposition qui, dès qu’on parle «allocations», répond «assistanat» ?
On entend cet argument depuis vingt ans… Pour quel résultat ? Aujourd’hui, des personnes se retrouvent totalement exclues, en situation d’extrême précarité et personne n’a apporté la preuve que l’économie, toute seule, était capable de surmonter ces difficultés sociales. Ce discours convenu de la droite ne correspond pas à la réalité, notamment chez les plus jeunes dont l’obtention d’un diplôme, lorsqu’il y a une situation de rupture familiale, n’est plus une garantie contre la précarité.
Supprimer la barrière d’âge de 25 ans pour la ramener à 18 ans, cela risque de coûter cher, non ?
De l’ordre de 3,5 milliards d’euros. C’est pour cela que je ne demande pas à ce que ces mesures s’appliquent au 1er janvier 2017. Il faut d’abord étudier les choses. Mais c’est aujourd’hui indispensable : acceptons à gauche de dire qu’empêcher de voir un jeune commencer sa vie dans la précarité, ce n’est pas de l’assistanat mais de l’investissement.
Hollande : « il n’y aura pas d’interdiction » du voile à l’université
LE MONDE | 14.04.2016 à 23h40 | Par Le Monde.fr Lien
Après avoircontredit Emmanuel Macron sur la poursuite des réformes en France, François Hollande a pris aussi le contre-pied de son premier ministre, jeudi 14 avril. Sur France 2, dans l’émission « Dialogues citoyens », le chef de l’Etat a assuré qu’« il n’y aura pas d’interdiction du voile dans l’université », contrairement à ce que proposait Manuel Valls dans une interview publiée dans Libération, mercredi 13 avril.
Le quotidien lui demandant s’il était favorable à une loi pour interdire le voile musulman à l’université, Manuel Valls a répondu qu’« il faudrait le faire ». Tout en reconnaissant qu’« il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile ».
« Aucune règle constitutionnelle ne le permettrait »
Pour François Hollande, « il n’y aura pas d’interdiction à l’université ». « Aucune règle constitutionnelle ne le permettrait », d’après lui.
« L’université est un lieu de liberté religieuse, politique, syndicale. En revanche, on ne peut avoir du prosélytisme, de l’intrusion dans les cours, de la pression sur certains enseignants. »
Relancé sur la question de savoir si le voile était forcément un « asservissement de la femme », il a répondu : « Ça dépend comment il est porté dans l’espace public. »
Avant François Hollande, plusieurs membres du gouvernement avaient pris leurs distances avec l’idée du premier ministre d’interdire le port du voile à l’université. Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, déclarait mardi 12 avril sur RMC qu’elle n’était « pas pour l’interdiction par la loi. On a affaire à des adultes ». Mercredi 13 avril, Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, disait sur RTL qu’« il n’y a pas besoin de loi sur le voile à l’université ».
La conformité à la Constitution d’une telle loi paraît, de fait, incertaine. Par ailleurs, les universités sont dotées d’un statut d’autonomie par rapport aux autres services publics, en vertu de la « franchise universitaire » héritée du Moyen Age.
Le code de l’éducation consacre la liberté d’expression des usagers de l’enseignement supérieur, sous réserve du respect de l’ordre public. Concernant le voile musulman, seules ses déclinaisons intégrales, de types niqab ou burqa, sont proscrites, comme c’est le cas depuis 2011 dans la rue ou tout bâtiment recevant du public.
La grosse erreur de François Hollande sur le chômage des jeunes
Interrogé par les journalistes de l’émission « Dialogues citoyens » sur le chômage, au plus haut en France, François Hollande a affirmé que « le taux de chômage en France [était] dans la moyenne européenne et celui des jeunes sous la moyenne européenne ».
Pourquoi c’est faux
Or, comme l’a aussitôt souligné la journaliste Léa Salamé, le taux de chômage des moins de 25 ans était, en février 2016, de 24,6 % en France, alors que la moyenne est de 19,4 % dans l’Union européenne, selon Eurostat. Cet écart de cinq points est bien plus important que pour le taux de chômage, où la France est se situe à 1,3 point au-dessus de la moyenne européenne.
Relancé en fin d’émission sur cette question, le président de la République s’est justifié avec une défense peu convaincante : « Nous avons une population active beaucoup plus jeune [que nos voisins]. » Sous-entendu : il est normal qu’il y ait plus de jeunes chômeurs en France, car il y a plus de jeunes tout court. Or, le taux de chômage est un pourcentage, et non une valeur absolue.
100 000 créations d’emploi net de plus en 2015 ? C’est vrai
Interpellé sur l’efficacité des baisses de charges consenties aux entreprises depuis le début du quinquennat, François Hollande a invoqué une bonne nouvelle : « En 2015, nous avons créé cent mille emplois net de plus. Pour la première fois depuis cinq ans, l’économie française a créé davantage d’emplois qu’elle n’en a supprimé. »
Pourquoi c’est plutôt vrai
Ce constat peut paraître surprenant dans un pays où le chômage augmente, mais il est dans l’ensemble juste. La France a bien connu un solde positif de 102 100 créations d’emploi en 2015, et ce n’était pas arrivé depuis quatre ans (et non cinq)
Ces créations d’emplois n’empêchent pas le chômage d’augmenter car elles ne compensent pas forcément les entrées dans la population active et peuvent concerner des temps partiels qu’occuperont des personnes continuant parallèlement à chercher un autre emploi. C’est ce qui a conduit Michel Sapin à déclarer le 10 mars que « pour que le chômage baisse, il faut créer un peu plus de 100 000 emplois. Nous ne sommes pas loin de créer le nombre d’emplois suffisants pour stabiliser le chômage, et même le faire baisser ».
Petit détail : cette statistique avancée par François Hollande se cantonne à l’emploi salarié. Le chiffre total de l’emploi pour 2015 (salarié et non salarié) n’a pas encore été publié par l’Insee, mais il devrait suivre la même tendance, car l’emploi non salarié est très marginal par rapport à l’emploi salarié.
La mosquée de Brest fermée ? Pas vraiment
Le cas de Rachid Abou Houdeyfa, l’imam controversé de la mosquée Sunna de Brest, a été longuement évoqué jeudi 14 avril au cours de l’émission « Dialogues citoyens ». « Celui-là est français et ne peut pas être expulsé, mais son lieu de prière — je ne veux même pas utiliser ce mot — ce lieu de haine a été fermé », a affirmé François Hollande.
Interpellé par Léa Salamé, qui lui a demandé s’il était normal que l’intéressé ne soit pas inquiété, le président a rétorqué ceci : « Il est inquiété, il est poursuivi et il est dans une procédure judiciaire. Donc nous devons lutter contre ces prêcheurs, ces partisans de la haine qui induisent la radicalisation. »
François Hollande affirme à tort que la mosquée de l’imam salafiste de Brest a été fermée.
Pourquoi c’est faux
Contrairement à ce qu’a dit François Hollande, la mosquée Sunna est toujours ouverte et active. Elle a récemment appelé ses fidèles aux dons pour financer la construction d’une école coranique.
La mère de la policière municipale tuée en mai 2010 à Villiers-sur-Marne revient pour francetv info sur le verdict prononcé par le cour d'assises de Paris mercredi et évoque le cas d'un dixième suspect qui a fui en Algérie.
Elisabeth Fouquet (au centre), la mère d'Aurélie, policière tuée le 20 mai 2010, au premier jour du procès, le 1er mars 2016 au palais de justice de Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)
Mis à jour le 14/04/2016 | 08:02, publié le 14/04/2016 | 07:38
Huit accusés sur neuf ont été reconnus coupables au procès du meurtre de la policière municipale Aurélie Fouquet, mercredi 13 avril. Des peines de 1 à 30 ans de prison ont été prononcées par la cour d'assises de Paris. La mère de la victime, Aurélie Fouquet, revient sur ce verdict pour francev info.
Elle regrette notamment ne pas avoir de réponses concernant un des grands absents du procès, Fisal Faïd. Le frère de Redoine Faïd se trouve actuellement en Algérie, où il s'est enfui au lendemain de la fusillade de Villiers-sur-Marne en 2010.
Francetv info : Qu'avez-vous ressenti après l'énoncé du verdict ?
Elisabeth Fouquet : J'étais submergée par tout, je n'étais plus capable d'aligner deux mots. C'était trop pour moi, trop de tension, trop d'attente. Tout un tas de choses se mêlent. Je n'ai dormi que deux petites heures cette nuit.
Deux hommes ont été condamnés pour le meurtre de votre fille. Repartez-vous avec une réponse ?
Cela nous a permis de nous approprier une partie de nos réponses. Mais il nous manque quand même des éléments importants à nos yeux. Je reste frustrée de ne pas avoir le nom de l'assassin de ma fille, ni de réponses concernant un accusé absent dans le box, Fisal Faïd.
Pour vous, Fisal Faïd est le grand absent de ce procès, au même titre qu'Olivier Tracoulat (condamné par défaut à 30 ans de prison) ?
Oui. La BRB a mené une enquête remarquable, arrêtant les coupables, dont faisait partie Fisal Faïd. Ce dernier a fui en Algérie au lendemain de la fusillade. Nous souhaitons que la justice algérienne fasse son travail et que l'on puisse être associés au futur procès du frère de Redoine Faïd puisqu'il a été incarcéré en mars 2016.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
Nous avons reçu le soutien de plusieurs membres du gouvernement à l'époque des faits puis lors des commémorations pour Aurélie. Manuel Valls avait déclaré qu'il fallait que "la justice condamne les coupables avec la plus grande sévérité". Bernard Cazeneuve nous a assurés, en mai 2015, que le gouvernement serait à nos côtés. Nous attendons aujourd'hui qu'ils mettent en pratique ces engagements.
Vous avez l'impression qu'il vous manque un morceau du puzzle ?
Il y a des choses évidentes qui m'apparaissent aujourd'hui et Fisal Faïd en fait partie, pour aller au bout de ce jugement.
Comment reprendre votre vie dans la perspective de ce nouveau combat judiciaire ?
Ce combat va être la priorité de ma vie. Je trouverai l'énergie, je ne peux pas faire autrement. C'était le premier round, mais j'ai l'impression de n'avoir remporté qu'une partie de la bataille pour Aurélie.