Emmanuel Macron peaufine son image de briseur de tabous. Le ministre de l’Economie, qui peine à exister depuis que les attentats de juillet ont remis l’enjeu sécuritaire en tête de liste des préoccupations des Français, a trouvé le moyen de braquer de nouveau les caméras sur lui : après avoir fait la une de Paris Match, il poursuit son offensive médiatique en rendant visite vendredi au créateur du Puy du fou (Vendée), le souverainiste Philippe de Villiers. Jamais depuis la création du parc de loisirs en 1978, ministre socialiste ne s’y était rendu. Pour Macron, c’est pain bénit, lui qui revendique son indépendance et le positionnement «ni de droite ni de gauche» de son mouvement, En marche. Devant les journalistes, il a d'ailleurs pour la première fois enfoncé le clou:«L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste», donnant raison après coup au premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis qui, dans la foulée de ses multiples provocations à l'endroit de la gauche (sur les 35 heures, les fonctionnaires, la réforme du marché du travail...) l'avait qualifié de "ministre d'ouverture". Pour atténuer l'ire prévisible que risque de déclencher en haut lieu ce qui ne manquera pas d'apparaitre comme une nouvelle provocation, Macron a cru bon de préciser qu'il appartenait à un «gouvernement de gauche», et était avant tout un «ministre de la République» qui se doit de «servir l’intérêt général».  Mais après sa célébration de Jeanne d’Arc à Orléans, sa présence dans les tribunes d’un spectacle célèbre pour mettre en scène les camps royalistes et républicains durant les guerres de Vendée pourrait finir d’indisposer le couple exécutif.

Pour éviter un recadrage susceptible de ternir cette visite vendéenne, l’entourage de Macron avaitd'ailleurs pris grand soin de l’inscrire dans l’agenda gouvernemental : «Le ministre va aller à la rencontre d’entreprises en Charente-Maritime et en Vendée pendant deux jours. Son passage au Puy du fou vise à valoriser la réussite de ce parc, dans un contexte de fréquentation touristique en berne après les attentats.»

Une escale à caractère économique, donc. Ce qui n’exclut pas de possibles retombées politiques. Son hôte et fondateur du Mouvement pour la France a déjà confessé sa sympathie pour un ministre dont il avait jugé l’hommage à la Pucelle d’Orléans «élégant, très agréable et pas sectaire». Sa visite au Puy du fou est ainsi, pour Macron, l’occasion de rester dans les bonnes grâces d’un public réputé plus catholique que la moyenne. Façon de prendre date, si d’aventure le leader d’En marche devait affronter François Bayrou sur la route de l’Elysée. 

 

Nathalie Raulin