• Monsanto traduit devant un tribunal

    international citoyen à La Haye

    La firme américaine est accusée par des associations d’avoir commercialisé des produits toxiques responsables de la mort de milliers de personnes.

    LE MONDE | 14.10.2016 à 11h17 • Mis à jour le 14.10.2016 à 16h25 | Par Rémi Barroux

    Opération d’activiste anti-OGM dans une usine Monsanto en 2014 à Trebes.

    Les charges retenues contre la multinationale Monsanto sont lourdes et lui valent d’être poursuivie devant un tribunal international qui se réunit à La Haye (Pays-Bas) les samedi 15 et dimanche 16 octobre. Accusée de « violations des droits humains, crimes contre l’humanité et écocide », la firme américaine se voit notamment reprocher la commercialisation de produits toxiques qui ont causé la mort de milliers de personnes, comme les polychlorobiphényles (PCB), le glyphosate – herbicide connu sous la marque Roundup – ou encore l’acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (ou 2,4,5-T), constituant de l’« agent orange », herbicide pulvérisé par avion au-dessus des forêts par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam.

    La société, née aux Etats-Unis en 1901 – son créateur John F. Queeny l’avait baptisée ainsi en hommage à son épouse Olga Monsanto – se voit aussi traînée sur le banc des accusés pour un modèle d’agriculture industrielle générateur de fortes émissions de gaz à effet de serre, pour la dépendance du monde paysan à ses semences et leurs brevets, pour le « lobbying auprès des agences de réglementation et des autorités gouvernementales »en bref, pour l’ensemble de son œuvre.

    Lire aussi :   La discrète influence de Monsanto

    Le procès est symbolique : il est organisé par un réseau associatif et militant, mais ce sont bien cinq juges de renommée internationale qui vont avoir la charge d’évaluer les faits reprochés à Monsanto et de juger des dégâts causés par la multinationale. La Sénégalaise Dior Fall Sow est consultante pour la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, et ex-avocate générale du Tribunal pénal international pour le Rwanda. L’Australienne Gwynn MacCarrick a travaillé, elle, auprès du bureau du procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Quant au Mexicain Jorge Abraham Fernandez Souza, il a notamment été rapporteur au tribunal Russell sur la répression en Amérique latine et est conseiller auprès de la commission nationale d’arbitrage entre l’Armée zapatiste de libération nationale et le gouvernement mexicain.

    « Une mascarade » pour Monsanto

    Vingt plaignants venus des Amériques, d’Afrique, d’Asie et d’Europe, leurs avocats et trente témoins et experts des cinq continents complètent le dispositif de ce rendez-vous qui a été annoncé durant la conférence de Paris sur le climat, la COP21, début décembre 2015

    Dans le comité d’organisation de ce Tribunal Monsanto, se retrouvent l’Indienne Vandana Shiva, ardente défenseure des causes environnementales et féministes, l’avocate française Corinne Lepage, Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, la juriste en droit international Valérie Cabanes ou encore Ronnie Cummins, directeur international de la puissante organisation de consommateurs aux Etats-Unis, l’Organic Consumers Association (OCA).

     

    Lire l’entretien avec la juriste Valérie Cabanes :   Procès de Monsanto : « Porter atteinte à l’écosystème Terre, c’est menacer la paix, l’humanité »

    Ce procès se veut « exemplaire contre les entreprises transnationales et leurs dirigeants qui contribuent au dérèglement du climat et de la biosphère, menaçant la sûreté de la planète », et il dépasse le seul cas de Monsanto. La multinationale a d’ailleurs sans surprise décliné l’invitation à participer à cette mise au pilori. Pour Monsanto, ce procès est « une parodie » qui « détourne l’attention de discussions essentielles sur les besoins en alimentation et en agriculture du monde entier ». Il n’était donc pas question d’y participer.

    Pour Monsanto cette « mascarade » est orchestrée par la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique, « une instance qui chapeaute les organisations d’agriculture bio et leurs associés (…) et bien d’autres qui s’opposent fondamentalement à l’agriculture moderne ».

    De leur côté, les organisateurs du Tribunal Monsanto font valoir que l’ensemble de l’initiative représente un coût total d’environ 500 000 euros, financés par une levée de fond sur Internet et, pour moitié, par des sociétés comme Biocoop, des fondations comme celles de Léa Nature, Lehmann Natur (enseigne bio allemande) ou encore l’organisation OCA.

    Faire évoluer le cadre du droit international

    Mais le rendez-vous de La Haye ne se résume pas à une confrontation, médiatisée, entre des organisations écologiques et une multinationale spécialisée dans les biotechnologies agricoles, dont le jugement ne sera pas communiqué avant décembre. Outre la condamnation d’un système agro-industriel, l’enjeu est de faire évoluer le cadre du droit international, en y intégrant le crime d’écocide, c’est-à-dire toute attaque contre l’environnement, destruction ou altération durable des écosystèmes dont dépendent les populations.

    En organisant le procès Monsanto, ainsi que l’Assemblée des peuples qui se tiendra en parallèle – six cents personnes se sont inscrites pour ces deux événements –, à quelques centaines de mètres du siège de la Cour pénale internationale (CPI), le message est clair. « Il faut amender le statut de Rome [celui de la CPI] pour y intégrer le crime d’écocide, aux côtés de ceux de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité », professe ainsi Valérie Cabanes. Et de rappeler qu’il a fallu plus d’une cinquantaine d’années – après le tribunal de Nuremberg, en 1945 – pour qu’une institution juridique internationale vouée à juger les crimes internationaux les plus graves, la CPI, ne voie le jour en juillet 1998.

    Le débat avance : le 15 septembre, la CPI a annoncé qu’elle allait se pencher sur les crimes contre l’environnement (destruction environnementale, exploitation illégale des ressources naturelles et dépossessions foncières illicites).

    Pour les plaignants et les organisateurs de ce tribunal, l’enjeu est, au-delà du cas Monsanto, de faire en sorte que les dirigeants d’entreprises et les responsables politiques puissent être jugés et condamnés pour des destructions de terres, des pollutions d’océan ou encore de sources d’eau potable.

    Lire aussi :   Pourquoi Bayer rachète Monsanto

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  • INFO OBS. 55% des réacteurs nucléaires français défectueux selon un rapport

    INFO OBS. 55% des réacteurs nucléaires français défectueux selon un rapportnucleaire (mbenyezzar)

    Un expert indépendant tire la sonnette d’alarme : 32 réacteurs sur 58 ont été mal usinés et ne résisteraient pas en cas de surchauffe. 

    "Je n’ai jamais vu de problèmes aussi graves à une échelle nationale." La confidence émane d’un homme qui en a pourtant vu d’autres, le Britannique John Large. Cet expert internationalement reconnu pour les questions de sécurité nucléaire a déjà été réquisitionné par le passé pour enquêter sur les sous-marins russes ou sur les survols des centrales françaises par des drones. Cette fois, c’est sur les cuves des réacteurs et générateurs de vapeur des centrales qu’il s’est penché pour le compte de l’ONG Greenpeace, et le résultat est, comme il le dit, "pas seulement inquiétant, mais franchement préoccupant".

    Qu’indique son rapport, rendu public ce jeudi 29 septembre, et que "l’Obs" a pu se procurer en exclusivité ? Qu'une bonne moitié (55%) au moins des réacteurs nucléaires français – peut-être davantage - comportent des pièces défectueuses.

    On savait certes, grâce à un document rendu public par l’ASN le 23 septembre dernier, que les centrales tricolores comptaient 87 pièces irrégulières. Mais le rapport Large enfonce le clou : il en a déniché 107, et n’a probablement pas terminé son travail. Ces pièces ont été commandées par Areva et fondues par l’entreprise Creusot Forge ces dernières décennies.

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    Des Fukushima possibles

    Leur grande faiblesse porte un nom : "anomalie de la teneur en carbone". C’est-à-dire qu’elles ont été fondues en laissant une trop grande teneur en carbone dans certaines zones. En cas de choc thermique (c’est-à-dire à l’envoi d’eau glacée pour refroidir l’emballement d’un réacteur, action déployée en cas de surchauffe), ce trop-plein de carbone rend l’acier cassant, donc vulnérable à la fissuration, voire à la déchirure.

    Autrement dit, elles ne résisteraient pas et les conséquences en seraient évidemment catastrophiques. John Large alerte : 

    "Ce sont autant de Fukushima possibles !"

    Il n’est pas allé par lui-même vérifier toutes ces pièces, mais s’est plongé pendant plusieurs mois dans la volumineuse documentation technique fournie par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme français de l’atome. L'expert déplore : 

    "Faute de moyens légaux, et peut-être humains, l’ASN n’est pas allée enquêter trop profondément sur ces dysfonctionnements. Elle a dû attendre qu’Areva lui signale les anomalies, au cas par cas. On ne sait donc probablement pas tout !"

    Malfaçons

    A l’heure actuelle, au moins 32 réacteurs dans 14 centrales françaises sont concernés par ces anomalies, qui affectent les fonds et les calottes des cuves des réacteurs - c’est le cas, par exemple, à l’EPR de Flamanville, sur lequel John Large a longuement enquêté – mais aussi des générateurs de vapeur et des pressuriseurs.

    Et ces anomalies ne datent pas d’aujourd’hui. John Large explique : 

    "Même si l’on dispose d’informations précises, on constate que les pièces fabriquées depuis 1965 au Creusot souffrent de ces irrégularités. Et que les vérifications techniques effectuées par Areva ne sont pas fiables, pas plus que les certifications de l’ASN."

    Pour autant, les malfaçons ne sont pas réservées aux réacteurs les plus anciens, puisqu’une dizaine, soit un petit tiers d’entre eux, sont de fabrication récente. Pour Cyrille Cormier, chargé de campagne chez Greenpeace :

    "C’est toute la chaîne du nucléaire français, de la fabrication à la vérification, qui est discréditée par le travail du cabinet Large. Et nous ne sommes pas au bout de nos découvertes, il en reste probablement beaucoup à connaître ! C’est le signe qu’il est urgent de mettre hors d’état de nuire un grand nombre de ces centrales."

    EDF n’a pas encore réagi au rapport Large, mais l’énergéticien a déjà relativisé la portée des accusations portées par l’ASN sur la cuve du réacteur de Flamanville le 23 septembre dernier. EDF a tranché :

    "Aucune pièce n'est affectée par des problèmes de teneur en carbone."

    Une allégation que conteste aujourd’hui John Large, preuves à l'appui.

    Arnaud Gonzague

    Arnaud Gonzague

    Arnaud Gonzague

     

     

     
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  •  

    Le Conseil de Paris valide la piétonisation des berges de la rive droite

    Publication: 26/09/2016 14h02 CEST Mis à jour: il y a 3 heures

     

     
     
     

    PARIS - Malgré les critiques, le conseil de Paris a définitivement approuvé ce lundi 26 septembre la piétonisation des berges de Seine rive droite au coeur de Paris, projet porté par Anne Hidalgo (PS) et contesté à droite. La maire de la capitale a salué une "décision historique, la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine".

    Le conseil a approuvé la "déclaration de projet de piétonisation définitive" des berges, avec toutes les voix des partis de gauche (PS-PCF, PRG, PG) et des écologistes. A droite, LR et UDI ont voté contre, le MoDem s'est abstenu, lors de débats pugnaces mais courtois dans l'ensemble.

    Décision historique au : la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine.

    Le projet ferme donc définitivement la voie Georges-Pompidou à la circulation automobile sur 3,3 km du quai bas, de l'entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe arrondissement). Quelque 43.000 véhicules circulaient chaque jour sur ces berges classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    Un arrêté municipal définitif suivra le vote dans quelques semaines. Il doit recevoir l'avis conforme du préfet de police de Paris, qui a voix au chapitre en matière de circulation dans la capitale. Dans un entretien accordé au Parisien le 5 septembre dernier, le préfet de police Michel Cadot s'était prononcé en faveur d'une période de test de 6 mois.

    Des diminutions de la circulation déjà constatées, selon Anne HIdalgo

    A l'antenne de RTL quelques heures avant le vote du Conseil de Paris, Anne Hidalgo avait déjà fait valoir des "diminutions de la circulation", "de l'ordre de 10%", depuis la fermeture des quais le 20 juillet dernier. "Il y a déjà eu une adaptation des automobilistes", a-t-elle affirmé, estimant que "ceux qui disent que la méthode est brutale voudraient qu’on n’agisse pas, qu’on ne bouge pas."

    "C’est un projet qu’on porte depuis 15 ans. Je ne sais pas si au bout de 15 ans on peut considérer que la démarche est brutale, mais il y a un enjeu de santé publique", a plaidé Anne Hidalgo. "Paris est une ville qui est trop polluée, une ville dans laquelle il y a des morts liés à la pollution. Sur la métropole du Grand Paris ce sont environ 6500 décès par an supplémentaires. Donc il faut agir maintenant". Le trafic "génère aujourd’hui deux-tiers des émissions de dioxyde d’azote et 56% des particules fines dans Paris", a-t-elle dit.

    Avant les débats, la maire de Paris avait affirmé que cette décision était "souhaitée par les Parisiens, bénéfique sur les plans urbain et culturel et absolument indispensable sur le plan sanitaire et environnemental".

    L'enjeu du débat au ce matin : la pollution tue 6500 personnes par an dans la métropole du

    "Il faut respecter l'enquête publique!"

    Côté opposition, Nathalie Kosciusko-Morizet, cheffe du groupe Les Républicains, a dénoncé un projet "conduit en force" sans concertation et qui "ne pouvait se concevoir qu'à l'échelle de la métropole". C'est aussi "un projet mal préparé, aux effets sur la qualité de l'air bien incertains". Pour le président du groupe UDI-MoDem, Eric Azière, ce projet a été exécuté trop rapidement car il "prend en compte un calendrier politique", en l'occurrence avant l'élection présidentielle.

    Pendant les débats, dans la tribune du public, quelques élus LR venus notamment du Val-de-Marne, et vêtus de leur écharpe tricolore, ont chahuté à plusieurs reprises la séance. "Il faut respecter l'enquête publique !", a lancé Sylvain Berrios, député-maire de Saint-Maur-des-Fossés, en référence à l'avis défavorable de cette enquête que la maire de Paris n'a pas pris en compte. Parmi les ponts pointés par le rapport en août dernier, le périmètre restreint de l'enquête publique, limitée à quelques arrondissements parisiens, et que ne tiendrait pas compte des répercussions engendrées par la fermeture des berges de la rive droite sur la petite couronne parisienne.

    Le député-maire LR du VIIIe arrondissement Pierre Lellouche a de son côté lancé que "Paris (n'était) pas le Bucarest de Mme Ceausescu" en comparant la gestion de Mme Hidalgo avec la dictature roumaine dans les années 1970 et 1980. Le projet est en effet critiqué depuis des mois, principalement à droite et en banlieue, qui crient à la "thrombose" annoncée pour le trafic.

    Pour la Ville au contraire, les effets seront "concentrés et temporaires" dans l'hyper-centre, avec des reports en banlieue "extrêmement mineurs". Une étude de la Ville dévoilée dimanche pour les trois premières semaines de septembre a montré une hausse du trafic sur les quais hauts entre 13% et 73% selon les heures. La situation est par ailleurs "tendue" en terme de temps de parcours par exemple sur le boulevard Saint-Germain. Les chiffres sont "conformes voire inférieurs aux prévisions", s'est félicité l'exécutif.

    La piétonisation a été mise sous surveillance avec la mise en place de divers observatoires de la Région et la Métropole du Grand Paris (MGP). La présidente de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) a aussi décrété les berges "d'intérêt régional".

    En séance lundi, le préfet de police de Paris Michel Cadot, rappelant son devoir de s'assurer de la "fluidité" de la circulation dans la capitale, a annoncé un "comité technique de suivi" qui se réunira pour la première fois le 3 octobre et tous les deux mois. Il réunira Etat, collectivités, organismes de transports et d'études de qualité de l'air, associations d'usagers. La décision prévoit également un principe de réversibilité "si les perturbations étaient jugées trop importantes", avec un bilan à six mois et un an.

    Lire aussi :

    • BLOG - Oui à la piétonisation des berges

    • BLOG - La chance d'une Région exemplaire en matière écologique

     

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  • Les algues vertes ont-elles tué un joggeur dans les Côtes-d'Armor ?

    Les algues vertes ont-elles tué un joggeur dans les Côtes-d'Armor ?Des algues vertes sur une plage d'Asserac, en Loire-Atlantique. (SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA)

    Un homme de 50 ans a été retrouvé mort, face contre terre, dans les algues. Deux associations portent plainte.

     

    Deux associations ont déposé plainte vendredi 23 septembre contre le préfet de la région Bretagne et celui des Côtes-d'Armor : elles estiment que la mort, il y a deux semaines, d'un joggeur de 50 ans, est directement liée à la présence d'algues vertes à l'embouchure du Gouessant, dans les Côtes-d'Armor.

    "C'est tout à fait délibérément" que les préfets de Bretagne et des Côtes-d'Armor "ont mis en danger la vie [...] de tous les usagers du littoral", écrivent les associations Halte aux marées vertes et Sauvegarde du Trégor. Elles souhaitent "se porter partie civile".

    # Que s'est-il passé ?

    Le 8 septembre, un joggeur de 50 ans parti courir avec son chien sur un parcours qu'il connaissait bien, a été retrouvé mort sur les bords de l'estuaire de la rivière à Hillion. La vase qui s'y trouve est imprégnée d'algues vertes en putréfaction.

    Dans un premier temps, le parquet de Saint-Brieuc a écarté tout lien avec les algues vertes : d'après le procureur, le sportif se serait "enlisé jusqu'à la taille et y était décédé, vraisemblablement d'un infarctus, en s'épuisant pour tenter de s'extraire".

     

    Cette version a ensuite été mise en cause par le témoignage d'un pompier, qui a déclaré que le joggeur avait été retrouvé non pas enlisé jusqu'à la taille mais "allongé face contre terre sur la vase"

    Le parquet a donc ordonné le 22 septembre l'exhumation du corps afin de procéder à une autopsie et à des analyses complémentaires.

    # Les algues vertes peuvent-elles tuer ?

    C'est ce que soutiennent les associations à l'origine de la plainte. Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor explique à franceinfo que la toxicité des algues vertes en putréfaction est telle qu'elle a pu être fatale au coureur : 

    "S'il a respiré ce gaz ne serait-ce que dix minutes, c'est amplement suffisant pour mourir."

    Les associations rappellent que la toxicité des algues vertes en décomposition est établie depuis 2010, en particulier à travers des rapports d'agences sanitaires d'Etat, dont l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) et l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques).

    # Y a-t-il des précédents ?

    A l'été 2011, 36 sangliers étaient morts dans le secteur où le coureur a été retrouvé.

    Un rapport de l'Anses avait alors mis en avant de fortes présomptions quant à la responsabilité des émissions d'hydrogène sulfuré provenant des algues en décomposition dans ces morts successives.

    # Vers des recherches complémentaires ?

    L'association Eau et Rivières de Bretagne a demandé ce vendredi aux ministres de la Santé Marisol Touraine et de l'Environnement Ségolène Royal de saisir l'Anses pour mener des recherches complémentaires après le décès du joggeur.

    Dans des avis rendus en 2010 et 2011, l'Anses pointait les risques liés aux émissions gazeuses provenant des algues vertes en décomposition pour la santé des populations, ainsi que la toxicité de ces émissions chez l'animal.

    "Les recommandations émises par l'Anses dans ces deux avis soulignaient la nécessité de recherches complémentaires", rappelle Eau et Rivières de Bretagne. L'agence écrivait :

    "Les enjeux sanitaires associés à la décomposition d'algues vertes [...] pourraient également, le cas échéant, concerner les fonds d'estuaires et les lits de certains rivières ; cette hypothèse restant à explorer."

    C'est justement dans de telles circonstances qu'est décédé le joggeur, souligne l'association.

    A.R. avec agences

    L'Obs

    L'Obs

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    Des investisseurs réclament 8 milliards à Volkswagen suite au "Dieselgate"

    Un logo de la marque Volkswagen sur le bâtiment d'un revendeur de la marque allemande à Berlin.
    Un logo de la marque Volkswagen sur le bâtiment d'un revendeur de la marque allemande à Berlin. [Markus Schreiber - Keystone]
     
     
    Des actionnaires de Volkswagen réclament au constructeur automobile un total de 8,2 milliards d'euros (8,85 milliards de francs) pour dommages liés au scandale des émissions polluantes, a annoncé mercredi un tribunal allemand.

    Le tribunal régional de Brunswick, dans le Land de Basse-Saxe, où se trouve le siège de Volkswagen à Wolfsburg, a dit avoir reçu au total 1400 plaintes, dont 750 pour la seule journée de lundi, les investisseurs redoutant que leurs réclamations ne tombent sous le coup d'un éventuel délai de prescription un an tout juste après le début du "Dieselgate".

    Etats allemands et privés

    Sur les 8,2 milliards réclamés, deux concernent des investisseurs institutionnels (les Etats régionaux allemands de Bavière, Bade-Wurtemberg et Hesse notamment), le gros des plaintes venant d'investisseurs privés.

    Les actionnaires s'estiment lésés, car le titre de VW avait dévissé de 40% en deux jours après l'éclatement du scandale du diesel le 18 septembre 2015. Les autorités américaines avaient alors accusé le groupe allemand d'avoir utilisé un logiciel fraudeur pour faire passer ses véhicules pour moins polluantes qu'ils n'étaient vraiment.

    >> Lire aussi: Premières actions en justice civile en Suisse contre AMAG et Volkswagen

    agences/cab

    Publié à 11:18 - Modifié à 14:13

    De nombreux véhicules VW pas encore aux normes

    Volkswagen a déclaré lundi n'avoir pour l'instant mis en conformité que moins de 10% des 8,5 millions de véhicules diesel affectés en Europe par le scandale des tests d'émissions truqués.

    La KBA, l'autorité de régulation du secteur de l'automobile en Allemagne, a donné son feu vert à des modifications concernant 5,1 millions de véhicules. Quelque 11 millions de véhicules sont concernés dans le monde.

    En Suisse, seulement 16'000 voitures ont pu être réadaptées à mi-septembre 2016, selon la Fondation alémanique des consommateurs (SKS). Au total, 175'000 véhicules sont concernés.

    Près de 30 millions de véhicules diesel trop polluants

    Environ 29 millions de véhicules diesel circulant dans l'UE émettent beaucoup plus de gaz polluant NOx (oxydes d'azote) que la limite autorisée, a affirmé l'ONG Transport & Environment lundi, à l'occasion du premier anniversaire du scandale Volkswagen.

    Plus de quatre engins sur cinq aux normes Euro 5, vendus entre 2010 et 2014, et deux tiers des Euro 6, vendus depuis 2015, sont concernés.

    Ces véhicules circulent surtout en France (5,5 millions), en Allemagne (5,3 mio), au Royaume-Uni (4,3 mio) et en Italie (3,1 mio).

    Renault-Dacia (pour Euro 5) et Fiat (pour Euro 6) ont les pires moteurs. Dans les deux cas, VW figure parmi les moins mauvais élèves.
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    Diesel : la France championne d'Europe des véhicules "sales"

    Diesel : la France championne d'Europe des véhicules "sales"Selon l'ONG Transport & Environment, près de 30 millions de véhicules diesel "sales" circulent sur les routes d'Europe, dont 5,5 millions en France. (PATRICK PLEUL / DPA / AFP)

    LIEN

    Selon l'ONG Transport & Environment, près de 30 millions de véhicules diesel "sales" circulent sur les routes d'Europe, dont 5,5 millions en France.

     

    Un an après le "dieselgate" qui avait fortement ébranlé le groupe Volkswagen, les véhicules circulant en France et en Europe sont-ils plus propres ? Pas vraiment ! Environ 29 millions de véhicules équipés de moteurs diesel circulant dans l'UE émettent beaucoup plus de gaz polluants que la limite autorisée, affirme une étude de l'ONG Transport & Environment (T&E), publiée ce lundi 19 septembre. Et encore, il ne s'agit que de la "partie émergée de l'iceberg", selon l’association, qui cherche avec cette étude à "exposer le nombre choquant de voitures diesel sales sur les routes de l'UE et la faible régulation des véhicules par les autorités nationales".

    La France arrive en tête du nombre de véhicules pollueurs : les véhicules les plus polluants, notamment en termes d’émissions de NOx (oxydes d'azote), se retrouvent principalement sur les routes de France (5,5 millions) et d'Allemagne (5,3 millions), au Royaume-Uni (4,3 millions) et en Italie (3,1 millions). Viennent ensuite l’Espagne (1,9 million) et la Belgique (1,4 millions).

    Renault-Nissan, Fiat et Suzuki les plus polluants

    T&E a analysé les données portant sur 230 modèles, issues des enquêtes réalisées par les gouvernements français, britannique et italien dans le sillage du "Dieselgate", ainsi que certaines bases de données publiques. Plus de quatre véhicules sur cinq répondants aux normes Euro 5, vendus entre 2010 et 2014, produisent plus de trois fois la norme fixée pour les émissions de NOx (oxydes d'azote) lors des tests en laboratoire, a calculé l'ONG. Et pour les véhicules Euro 6, vendus depuis 2015, deux tiers d'entre eux émettent jusqu'à plus de trois fois la limite fixée.

    Au palmarès des pires pollueurs, Renault-Dacia se voit décerner le titre des moteurs diesel les plus "sales" pour la norme Euro 5, avec des émissions sur routes près de huit fois supérieures à la limite fixée pour les tests en laboratoire. Suivent Land Rover, Hyundai, Opel-Vauxhall (dont Chevrolet, autre marque du groupe GM) et Nissan.

    Pour les véhicules Euro 6, Fiat (y compris de marques Alfa Romeo, ainsi que Suzuki à qui il fournit des moteurs) ravit la première marche du podium : ses véhicules émettent jusqu'à 15 fois plus de gaz polluants que la limite fixée en laboratoire. Renault-Dacia-Nissan suit (14 fois plus d'émissions), puis Opel-Vauxhall et Hyundai.

    "Connivence" avec les constructeurs

    Greg Archer, en charge des véhicules propres pour T&E, déplore la "connivence" des gouvernements avec les constructeurs. "L'industrie automobile a pris en otage ses régulateurs, et les Etats européens doivent maintenant résister au nom de leurs citoyens et arrêter de scandaleusement étouffer" la situation, déclare-t-il dans un communiqué.

    Dans l'UE, il revient aux Etats membres d'assurer l'homologation des modèles de voiture qui, une fois accordée, est valable dans l'ensemble des 28 pays, mais aussi d'assurer la surveillance du marché et d'infliger des pénalités si nécessaire. Mais après le scandale Volkswagen, la Commission européenne a proposé une réforme de la législation pour se donner plus de pouvoir de contrôle et de sanctions.

    Les plaintes s’accumulent contre Volkswagen
    Le 18 septembre 2015, l'agence environnementale américaine (EPA) avait accusé le constructeur automobile allemand d'avoir enfreint des règlementations anti-pollution à l'aide d'un logiciel truqueur installé sur environ 482.000 véhicules diesel fabriqués à partir de 2009. Le chiffre grimpera à près de 600.000 véhicules.
    La semaine dernière, les Etats régionaux allemands de Hesse (ouest) et du Bade-Wurtenberg (sud-ouest) ont annoncé qu'ils portaient plainte contre Volkswagen, comme l'a déjà fait la Bavière (sud). Ils reprochent au groupe d'avoir manqué à ses obligations de publication d'informations. Pour le même motif, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, l'américain Blackrock, a décidé de se joindre à 160 investisseurs pour poursuivre en justice Volkswagen. Les plaignants réclament 2 milliards d'euros de dédommagement, selon la presse.

    "Le scandale est loin d'être fini pour Volkswagen", observe Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Centre de recherche automobile CAR.

    Australie, Espagne, France, Italie, Corée du Sud... La liste des pays où Volkswagen fait l'objet de procédures est longue. Aux Etats-Unis, le groupe a accepté de verser environ 15 milliards de dollars, notamment pour indemniser généreusement les propriétaires de 480.000 voitures. Mais il fait encore l'objet d'une enquête pénale et n'a pas apporté de solution pour tous les véhicules truqués. En Allemagne, la justice enquête sur les responsabilités de 30 personnes, dont Martin Winterkorn. Déjà près de 400 plaintes d'investisseurs, d'un montant d'environ 4 milliards d'euros, visent Volkswagen dans le pays.

    A l'échelle européenne, la grogne monte contre l'inégalité de traitement entre consommateurs américains et européens. Volkswagen refuse d'indemniser ces derniers, se contentant de procéder au rappel de 8,5 millions de véhicules pour une mise aux normes. La facture totale pour le groupe pourrait être de 25 à 35 milliards d'euros et obliger Volkswagen à remettre au pot.

    V.G. avec AFP

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  • Bayer rachète Monsanto

    et cela pourrait se voir dans nos assiettes

    dans nos assiettes

      18h59, le 15 septembre 2016, modifié à 19h12, le 15 septembre 2016 LIEN
    Bayer rachète Monsanto et cela pourrait se voir dans nos assiettes
    @ ARMIN WEIGEL / DPA / AFP
     

    Les deux géants de l’agrochimie ont annoncé mercredi leurs futures fiançailles,

    une fusion qui ne serait anodine ni pour les agriculteurs ni pour les consommateurs.

    Le secteur de l’agrochimie est en pleine ébullition depuis que l’Allemand Bayer a annoncé jeudi le rachat de son concurrent américain Monsanto pour 59 milliards d’euros. Les deux entreprises devraient former un mastodonte dans le secteur des semences et des pesticides. A première vue, cette opération peut sembler très éloignée des préoccupations du consommateur moyen. Pourtant, si cette fusion se confirme, elle pourrait avoir des conséquences bien concrètes dans la vie de chacun d’entre nous.

    Un mariage de titans dans l’agrochimie. Un petit rappel sur l’identité des fiancés s’impose. L’Allemand Bayer est connu du grand public pour ses médicaments (il a inventé l’aspirine), son club de football (Leverkusen) et ses erreurs passées (il a mis au point le Zyklon B utilisé par les nazis). Mais il est aussi un géant mondial de la chimie qui produit notamment des pesticides. L’Américain Monsanto est, lui, plus spécialisé sur les semences et les OGM. Il domine par exemple le marché des semences OGM de maïs, blé et soja, et possède également une marque connue de la plupart des jardiniers : le désherbant Roundup. La réunion de ces deux entreprises en ferait le leader mondial de l’agrochimie.

     
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    Moins de choix pour les agriculteurs ? Les premiers à s’inquiéter de ce rapprochement sont les agriculteurs, dont beaucoup ont cessé de planter leurs propres semences pour s’alimenter auprès de l’industrie agrochimique dans l’espoir d’avoir de meilleurs rendements. Or, ce secteur est en pleine recomposition : outre le mariage Bayer-Monsanto, DuPont a fusionné avec Dow Chemical et ChemChina avec Syngenta. A court terme, trois entreprises vont donc contrôler les deux tiers du marché mondial des semences et des pesticides.

    Il y a donc de moins en moins d’entreprises et ces dernières sont de plus en plus grosses, ce qui fait craindre aux agriculteurs un moindre choix et, surtout, des prix en hausse. Ces derniers redoutent des négociations encore plus difficiles avec leurs fournisseurs alors qu’eux-mêmes vendent leur production à des tarifs au plus bas depuis 2010. La Confédération paysanne redoute ainsi un "monopole prédateur" qui aboutirait à ce que les paysans n'aient à terme "plus d'autres choix que d'acheter les produits de ce nouveau monstre". Réunis, Monsanto et Bayer contrôleraient par exemple 24% du marché des pesticides dans le monde et 30% des semences.

    Une recherche scientifique moins prioritaire ? L’autre crainte est technologique : plus puissante, la future entreprise continuera-t-elle à innover autant qu’aujourd’hui ? D’un côté, Bayer et Monsanto assurent qu’ensemble, leurs travaux de recherches seront plus efficaces et mieux financés. De l’autre, on suppose que dans un secteur passé de six à trois poids lourds, la concurrence sera moins féroce et l’innovation moins prioritaire. "Les travaux académiques montre que les fusions réalisées dans le secteur de l’agrochimie au cours de la fin du 20eme siècle ont augmenté le risque d’une moindre innovation", souligne par exemple une note du cabinet américain Stratfor, spécialisé dans l’analyse stratégique et le renseignement.

    Une facture plus lourde et enrichie en OGM pour les consommateurs ? In fine, les agriculteurs pourraient ne pas avoir d’autres choix que de répercuter sur leurs prix la hausse des tarifs des semences, des engrais et des pesticides. Mais le risque n’est pas que financier pour le consommateur.

    Monsanto est en effet le champion des OGM mais il peine à les commercialiser en Europe : l’opinion publique y est opposée et de nombreux pays ont adopté des moratoires pour interdire leur culture et leur consommation humaine. Son alliance avec Bayer pourrait néanmoins changer la donne car l’Allemand, également producteur d’OGM, est bien plus influent sur le Vieux continent : fondé il y a 150 ans et membre indéboulonnable du Dax (l’équivalent allemand du CAC 40), Bayer est incontournable en Allemagne et a l’oreille du gouvernement. Il dispose également de nombreux relais à Bruxelles pour peser sur les projets de réglementations. Devenu numéro des OGM, il pourrait alors lancer un intense lobbying auprès des institutions de l’UE pour changer la donne. "L'acquisition de Monsanto signifie davantage d'OGM et de glyphosate (principal ingrédient du Roundup) dans les campagnes", a ainsi alerté mercredi l'ONG allemande Campact.

    Une opération XXL qui reste à valider. Conscientes de ces risques, les autorités de régulation européenne et américaine vont étudier cette fusion, qui ne pourra se faire que s’ils la valident. La commissaire européenne à la Concurrence a d’ailleurs évoqué le sujet jeudi et déclaré vouloir que "les agriculteurs et les consommateurs aient le choix entre différentes sortes de semences, qu'ils ne soient pas coincés par un seul producteur et un seul genre de pesticides". Les autorités américaines redoutent également la formation d’un oligopole, et il y a de quoi : selon un calcul de Bloomberg, les deux entreprises contrôleraient 70% des semences de coton aux Etats-Unis. Pour que leur mariage soit validée, Bayer et Monsanto pourraient donc être obligés par l’UE et les Etats-Unis de vendre certaines de leurs filiales pour réintroduire un minimum de concurrence. 

    Europe1
    Par Gabriel Vedrenne
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  • La pollution de l’air coûte 225 milliards

    de dollars à l’économie mondiale

    LE MONDE | 08.09.2016 à 16h33 • Mis à jour le 08.09.2016 à 17h14 | Par Laetitia Van Eeckhout

    LIEN

     
    Des enfants et leurs parents portant des masques, dans une rue de Harbin, ville de la province de Heilongjiang en Chine, le 3 novembre 2015, un jour de pollution sévère.

    La pollution atmosphérique est responsable d’un décès sur dix dans le monde, six fois plus que le paludisme. Un fléau sanitaire qui entraîne un colossal manque à gagner pour l’économie mondiale : 225 milliards de dollars (199 milliards d’euros) de pertes de revenus par an. En publiant, jeudi 8 septembre, une évaluation du fardeau financier que fait peser la mauvaise qualité de l’air, la Banque mondiale cherche à susciter un sursaut.

    La pollution de l’air extérieur, notamment due aux particules fines, a tué 2,9 millions de personnes en 2013, selon les derniers chiffres publiés, jeudi, par l’institution internationale, en collaboration avec l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). Si l’on y ajoute les effets de la pollution dans les foyers – notamment ceux de l’utilisation de combustibles solides pour se chauffer et cuisiner –, le nombre de morts s’élève à 5,5 millions. Au final, la pollution est le quatrième facteur de décès prématuré dans le monde, et 87 % de la population sur la planète est plus ou moins exposée aux pathologies qu’elle entraîne (maladies cardiovasculaires, cancers des poumons, maladies pulmonaires chroniques, infections respiratoires).

    Lire aussi :   La pollution de l’air touche huit citadins sur dix dans le monde

    « Le coût économique de la mortalité prématurée lié à ce fléau appelle à agir vite », martèle la Banque mondiale dans son rapport. D’autant que depuis 1990, ce coût n’a cessé de croître, en dépit du développement économique des pays et des progrès réalisés en matière de santé. Si les jeunes enfants et les personnes âgées en sont les premières victimes, les effets délétères de la pollution n’épargnent aujourd’hui pas la population en âge de travailler et ont dès lors aussi de lourdes retombées en termes de pertes de revenus du travail, qui se sont accrues de 40 % entre 1990 et 2013.

    Lire aussi :   En 2060, la pollution de l’air pourrait tuer 6 à 9 millions de personnes dans le monde

    Un coût plus lourd pour les pays jeunes

    Ce coût est d’ailleurs plus élevé dans les pays ayant une population jeune, les conséquences de la pollution venant diminuer la capacité de gains de celle-ci. Ainsi en Afrique subsaharienne, les pertes de revenus du travail représentent chaque année l’équivalent de 0,61 % du produit intérieur brut (PIB), et en Asie du Sud-Est, 0,83 %. Tandis qu’en Europe ou en Amérique du Nord, régions confrontées au vieillissement de leur population, ces pertes représentent respectivement 0,13 % et 0,11 % du PIB.

    Pour marquer encore davantage les esprits, la Banque mondiale a aussi cherché à mesurer le coût des impacts de la pollution en termes de bien-être. Elle a pour cela évalué le coût des compromis que les individus sont prêts à réaliser pour réduire le risque de mourir prématurément. Comme, par exemple, la réduction des activités sportives ou de la consommation, qui se traduit par autant de recettes en moins pour l’économie des pays. Au final, ce coût de la pollution de l’air s’élèverait à 5 110 milliards de dollars (4 543 milliards d’euros) par an.

    Efforts insuffisants

    En Asie orientale-Pacifique et en Asie du Sud, ces pertes en termes de bien-être se sont fortement accrues (de près de 80 %) depuis 1990 et atteignent aujourd’hui respectivement l’équivalent de 7,5 % et 7,4 % du PIB. En Europe-Asie centrale et en Amérique du Nord, bien que légèrement en recul, elles représentent encore l’équivalent de 5 % et 3 % du PIB. C’est en Amérique latine et en Afrique du Nord qu’elles se révèlent en fait les moins lourdes, s’élevant respectivement à 2,4 % et 2,5 % du PIB.

    « Il est difficile de dire précisément pourquoi ces coûts sont plus bas dans telle ou telle région. Mais une chose est sûre, relève Urvashi Narain, économiste de l’environnement au sein de la Banque qui a coordonné l’étude. En Amérique latine comme dans la région Afrique du Nord - Moyen-Orient, on a constaté de grands progrès dans la lutte contre la pollution intérieure, avec notamment des efforts pour favoriser l’accès à des combustibles plus propres pour cuisiner. »

    A ce coût, déjà colossal, s’ajoutent encore les coûts de la maladie (1 400 milliards d’euros en Europe chaque année), les pertes de compétitivité, la baisse de la productivité agricole… « Ces coûts additionnels, non pris en compte dans cette étude, rendent d’autant plus urgente la nécessité d’agir pour réduire la pollution », relève la Banque mondiale. Et d’insister : « La persistance des effets délétères de la pollution montre que les efforts pour améliorer la qualité de l’air n’ont pas été suffisants et que réduire les coûts de ce fléau exige une action plus ambitieuse. »

    Lire aussi :   L’impact sanitaire de la pollution de l’air coûte chaque année 1 400 milliards d’euros à l’Europe

    Laetitia Van Eeckhout

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      Faits divers - Justice
     Martigues : l'enfer aux portes de la ville
    Jeudi 11/08/2016 à 08H50   Martigues
      LIEN 

    Deux feux ont aussi fait rage dans le vallon du Pauvre Homme à Martigues, et à l'Aupierre sur les hauteurs d'Istres

    Faits divers - Justice - Martigues : l'enfer aux portes de la ville
    Plusieurs voitures, ainsi qu'un deux-roues et un engin agricole, ont été détruits par les flammes dans le jardin de cette maison, investi rapidement par les pompiers qui ont enfoncé les portails pour sauver les habitations menacées. Photos F.B.
     

    La coïncidence est pour le moins troublante. Hier matin, peu après 11h, un incendie s'est à nouveau déclaré dans le quartier du Vallon du Pauvre Homme, entre Martigues et Port-de-Bouc.

    Un départ de feu situé quasiment au même endroit, à quelques mètres près, de l'incendie qui s'était déclaré lundi après-midi, parcourant 8000 m² de broussailles et de canniers.

    La voie rapide coupée

    Mais cette fois, les conditions n'étaient plus les mêmes. Pas de légère brise du sud, mais un mistral à décorner les boeufs qui a poussé les flammes en direction de la N568.

    En quelques minutes, la voie rapide a été envahie par une épaisse fumée, et comme on pouvait s'y attendre, le feu a "sauté", suivant le chemin du Vallon du Pauvre Homme, en menaçant maintenant les habitations.

    Plus de cinquante sapeurs-pompiers ont été déployés pour lutter contre ce qui est vite devenu un feu urbain. Tandis que la voie rapide était coupée et la circulation déviée par Istres, les secours, sans l'aide des moyens aériens ont dû lutter contre les flammes maison par maison.

    Plusieurs engins ont été positionnés sur la route de Port-de-Bouc, mais devant eux, en contrebas de la voie rapide, le feu a tout de même fait des dégâts.

    Plusieurs véhicules détruits par les flammes

    Les sapeurs-pompiers ont dû enfoncer un portail pour accéder à un jardin dans lequel plusieurs véhicules étaient en train de brûler.

    Une caravane a également été détruite ainsi qu'un petit engin agricole, mais la maison a toutefois pu être sauvée et la progression du feu stoppée avant qu'il ne dégénère.

    À peine plus d'une demi-heure après l'arrivée des secours, le feu était maîtrisé après avoir parcouru deux hectares.

    Restait à noyer le site pour éviter les reprises, attisées par le fort mistral. Mais à peine les pompiers avaient-ils terminé qu'un autre départ était signalé à Fos-sur-Mer.

    Feux dans les Bouches-du-Rhône : 3300 hectares brûlés, retrouvez toutes les informations en direct.

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    Dérèglement climatique : Anne Hidalgo élue à la tête du réseau de villes mondiales C40

    Le Monde.fr avec AFP | 08.08.2016 à 18h50       LIEN

    Anne Hidalgo à Rio de Janeiro le 5 août.

    La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a été élue lundi 8 août à Rio présidente du Cities 40 (C40), le plus grand réseau de villes mondiales, dont l’objectif est de lutter contre le dérèglement climatique.

    En succédant à Eduardo Paes, maire de Rio de Janeiro, elle devient la première femme « leader mondiale des maires les plus influents, représentant ensemble 650 millions de citoyens et dont les territoires génèrent 25 % du PIB mondial », souligne un communiqué de la Ville de Paris.

    Appel à projets d’urbanisme innovants C40

    Le Cities Climate Leadership Group est un réseau de villes créé en 2005, qui rassemble 85 métropoles mondiales (New York, San Francisco, Vancouver, Londres, Moscou, Rome, Milan, Athènes, Séoul, Bombay, Djakarta, Melbourne, Hongkong, Pékin, Sao Paulo, Buenos Aires, Le Cap, Le Caire, etc.). Son siège est à Londres.

    Mme Hidalgo, citée dans le communiqué de la Ville de Paris, explique qu’elle lancera notamment « un appel à projets d’urbanisme innovants à l’échelle des villes du C40 », qu’elle travaillera « avec les meilleures start-up des villes du C40 pour généraliser les solutions les plus pertinentes en matière de qualité de vie en ville » et qu’elle favorisera « de nouveaux investissements pour financer l’action des villes durables et résilientes ».

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