• Etat islamique : la stratégie dévastatrice des attentats-suicides

    Etat islamique : la stratégie dévastatrice des attentats-suicides

    LE MONDE | 04.06.2015 à 11h53 • Mis à jour le 18.02.2016 à 14h09 | Par Madjid Zerrouky

    Ramadi, le 15 mai. Un bulldozer chargé d'explosifs attaque le centre administratif de la ville.

    « La ville Ramadi est tombée parce que des forces irakiennes fatiguées ont notamment fait face à un groupe de militants particulièrement compétents. » Plus qu’un hommage aux djihadistes de l’Etat islamique, le général John Allen, émissaire spécial de Barack Obama auprès de la coalition anti-EI, a sans doute voulu atténuer, jeudi 28 mai, les critiques américaines à l’égard de Bagdad. Le Pentagone avait estimé que les forces irakiennes, mises en déroute deux semaines plus tôt, avaient fui sans combattre. Leur pire échec depuis la prise de Mossoul par l’EI en juin 2014.

    Ce vendredi 15 mai, le ciel a beau être bleu, il ne présage rien de bon pour l’unité qui défend le siège administratif de la province d’Al-Anbar, à 120 km de Bagdad : un quadrilatère qui se dresse sur « l’île » de la ville de Ramadi, entre deux bras de l’Euphrate. Les deux jours précédents, une tempête de sable a réduit la visibilité. Les avions de la coalition ont quitté le ciel et l’EI s’est encore rapproché dans la nuit après une série d’attaques-suicides.

    Déjà soumis à un barrage de mortiers, les défenseurs voient surgir un bulldozer blindé qui, pataud mais insensible aux tirs, s’attaque méthodiquement aux blocs en béton qui protègent le complexe.

    Arrivé au deuxième rideau défensif, il explose et pulvérise le commandement de la police. Quelques instants plus tard, c’est un camion qui se présente. La cabine, sur laquelle ont été apposées des plaques de blindage, protège le conducteur, qui crée une nouvelle brèche en actionnant sa charge. Le troisième kamikaze détruit la direction de l’éducation, transformée en fortin défensif. Le QG provincial essuie trois attaques kamikazes.

    800 assaillants

    Sonnés, les survivants sont surpris par des tirs d’armes légères. Des sarayas de l’EI (l’unité de base du groupe djihadiste, qui compte une douzaine d’hommes) ont commencé à s’infiltrer et attaquent les bâtiments encore debout. Le centre administratif vit ses dernières heures.

    Selon John Allen, jusqu’à 800 assaillants ont ainsi précipité trente véhicules sur les positions gouvernementales, tenues par 2 000 soldats, policiers et miliciens. Dans un scénario rodé, baptisé « iqtiham » (« assaut »), un, deux, voir trois kamikazes peuvent viser un même lieu avant que des petits groupes l’attaquent depuis plusieurs directions en laissant parfois un « itinéraire de sortie » aux assiégés pour provoquer leur fuite ; l’objectif étant d’avancer le plus rapidement possible. Avec pour effet de déstabiliser d’autant plus le dispositif adverse, gagné par la peur.

    Les témoignages et les images diffusées sur les réseaux sociaux évoquent l’anarchie généralisée qui semble s’être emparée des défenseurs de la ville entre les 15 et 18 mai : une colonne de renforts montant vers Ramadi en croise une autre qui la fuie ; des membres des forces spéciales assistent médusés à la débandade de la police qui abandonne armes et bagages… Le centre-ville tombe en quatre jours.

    Une impression de déjà-vu. L’EI a capturé des dizaines de blindés en Irak et en Syrie. Plutôt que les aligner de façon conventionnelle et les exposer aux frappes aériennes, les djihadistes préfèrent les utiliser en petit nombre après les avoir transformés en armes de guerre asymétriques : des bombes roulantes. Avantages : leur blindage les protège des tirs d’armes légères et leur mobilité laisse peu de temps à l’adversaire pour réagir. « Entre le moment où tu le repères et le moment où il est sur toi, c’est une minute maximum », témoigne un milicien chiite membre de la Mobilisation populaire.

    Au début de l’année, le Pentagone espérait que les forces de Bagdad seraient en mesure de reprendre Mossoul – « capitale » de l’EI en Irak –, cet été. Fin mai, l’objectif est de livrer en urgence un millier d’armes antichars pour combattre des kamikazes.

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