• Euro 2016 : l’Espagne écœure la Turquie et fonce en huitièmes de finale

    Euro 2016 : l’Espagne écœure la Turquie

    et fonce en huitièmes de finale

    LE MONDE | 17.06.2016 à 23h15 • Mis à jour le 17.06.2016 à 23h34 | Par Gilles Rof      LIEN

    Alvaro Morata a inscrit un doublé contre la Turquie, à Nice.

     
     
     

    Double tenante du titre, l’Espagne s’est déjà frayé un chemin jusqu’aux huitièmes de finale de l’Euro 2016 en écœurant la Turquie vendredi 17 juin sur la pelouse de l’Allianz Riviera de Nice (3-0). Un doublé d’Alvaro Morata, complété d’un but de Nolito, marqués en moins d’un quart d’heure autour de la mi-temps, ont plié un match privé de tout suspens. Après sa victoire sur la République tchèque (1-0), la Roja peut attendre tranquillement son affrontement avec la Croatie, seule équipe qui peut encore l’empêcher de finir première de ce groupe D. La Turquie, elle, battue deux fois en deux matches, est déjà presque éliminée.

    Tout au long de la semaine, la presse ibérique a loué la sérénité de la sélection espagnole, après son entrée victorieuse dans le tournoi. La composition alignée par Vincente Del Bosque illustre ce calme plat : pas un titulaire du premier match ne manque à l’appel. Même le décevant Alvaro Morata, moins brillant en sélection qu’avec la Juventus de Turin, garde les faveurs de la plus belle moustache de l’Euro. Le boulot qu’on lui confie n’est pas franchement enviable. Attaquant de pointe dans une sélection si portée vers l’offensive qu’elle n’a jamais eu besoin d’avant-centre pour marquer… Un sacré défi que Morata, 23 ans et une hargne très turinoise, va relever avec brio.

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    Côté turc, l’échec contre la Croatie (0-1) a coûté sa place à Cenk Tosun, le jeune attaquant du Besiktas, 23 ans lui aussi. Aux expériences, Terim préfère l’expérience : celle du trentenaire Burak Yilmaz, parti chasser les primes de matches à Pékin après avoir marqué des buts pour tout ce qu’Istanbul compte de grands clubs. La présence du colosse se remarque vite. Le capitaine espagnol Sergio Ramos le stoppe illégalement sur sa première intervention. Carton jaune pour la star madrilène (2e). Les aventures d’Yilmaz reprennent dix minutes plus tard. Coup de coude sur Busquets, qui va au tapis pour l’occasion. Un avertissement partout (9e).

    Est-ce en raison de son perturbant maillot dégradé qui va du bleu azur au blanc ? La Turquie enquiquine la grande Espagne. Cela fait 52 ans qu’elle n’a plus battu la Roja dans un tournoi officiel, mais l’organisation mise en place par Terim gêne un temps le double champion d’Europe en titre.

    Compacte, attendant la sélection ibérique dans sa partie de terrain avant d’exploser vers l’avant, la Turquie grippe le milieu de terrain le plus technique d’Europe. Iniesta, si éclatant contre les Tchèques, passe des minutes discrètes. Busquets travaille dans l’ombre. Et Fabregas, lui, est encore moins visible que ses deux ex-coéquipiers du FC Barcelone. Heureusement pour l’Espagne, David Silva, toujours fourré entre attaque et milieu, fait lui la différence. Après un slalom, le joueur de Manchester City glisse une merveille de ballon à Iniesta, dont le tir, placé mais mollasson, est contré (14e).

    Même embarrassée, l’Espagne se crée des occasions. Au terme d’un déboulé, le latéral gauche de Barcelone, Jordi Alba, centre pour Morata. La reprise de l’attaquant est déviée sur le poteau turc par Topal (11e). Sur le corner, Silva dépose le ballon sur l’élégant brushing de Piqué qui… pique trop sa tête.

    Morata trouve la brèche

    Juste avant le coup d’envoi, le rocambolesque match nul entre la Croatie et la République tchèque (2-2) dans l’autre rencontre du groupe D a redonné foi au public turc. Un bon tiers des sièges de l’Allianz Riviera, dans lequel il est installé, a été tapissé de drapeaux rouges marqué du croissant blanc et de l’étoile. Quand Calhanoglu frappe vers le but de De Gea au terme d’un bon mouvement collectif, à la 23e minute, les supporters les agitent frénétiquement aux cris de « Turke-ye, Turke-ye ». Deux minutes plus tard, une faute de Juanfran, l’arrière de l’Atletico Madrid, plus pataud qu’à l’accoutumé, leur offre un nouveau frisson. A 35 mètres, Calhanoglu frappe, mais son ballon enroulé vient frôler les buts espagnols.

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    L’Espagne semble bousculée mais va remettre la hiérarchie à sa place. Une ouverture supersonique de Busquets vient trouver Nolito plein axe (27e). Volkan Babacan, le gardien turc, a juste le temps de voir l’attaquant de Vigo frapper à côté, que la pression remonte sur ses buts. D’un seul coup, les joueurs de la Roja courent plus, passent plus, accélèrent. La Turquie cherche la balle et finit par la retrouver au fond de ses filets. Iniesta allonge un ballon pour Jordi Alba, qui remise derrière lui pour Nolito. Le centre parfait de l’ailier espagnol trouve Morata (1-0, 34e).

    Dans cette fin de première période, la Turquie s’effrite. La densité espagnole l’asphyxie. Ylmaz tente bien la manière forte en bousculant en l’air Piqué, qui retombe sur Busquets… Coup double mais la méthode n’est pas suffisante. Les deux Barcelonais se relèvent et l’Espagne reprend sa marche. Un bijou de ballon en cloche de Fabregas oblige Topal à rater sa tête. Nolito est au point de chute et assomme la Turquie (2-0).

    Un orchestre de cuivres résonne encore dans le virage turc, mais ce sont surtout les premiers « Eviva España » qui s’imposent dans l’Allianz Riviera. Le public espagnol, venu du pays mais aussi de tout le sud de la France, chambre un adversaire foudroyé. Il scande aussi sa prière préférée « I-nies-ta, I-nies-ta » en l’honneur du génie catalan, maître du terrain. Un de ses doubles démarrages casse les reins d’Ozan Tufan, obligé de le retenir par le maillot à l’entrée de la surface de réparation (39e).

     

    Dégarni comme Zidane à sa meilleure époque, Iniesta a survolé la rencontre.

    Passe géniale

    Puis, à peine revenu du vestiaire, Iniesta, désormais dégarni comme le Zidane meilleur époque, fait ce qu’il sait faire de mieux. Il met le pied sur le ballon à quarante mètres des buts turcs, s’enfonce soudain entre les lignes et, du plat du pied, trouve une passe géniale pour son copain Jordi Alba. Le Barcelonais a bien l’air hors-jeu mais l’arbitre le laisse offrir à Morata, le ballon du doublé (48e). 3-0 en quatorze minutes de jeu collectif d’exception… L’Espagne envoie un message clair à ses futurs adversaires : il faudra être fort pour l’empêcher de gagner l’Euro trois fois d’affilée.

    Alors que Morata est tout prêt de signer un triplé de la tête (49e), Vincente Del Bosque profite de la marge pour offrir à Bruno Soriano de Villareal, et César Azpilicueta, l’ancien Marseillais passé à Chelsea, un peu de temps de jeu. David Silva et Jordi Alba, les sortants, y gagnent une ovation à la hauteur de leur match.

    Et la Turquie dans tout ça ? Elle tente jusqu’au bout de sauver l’honneur. Olcay Sahan, rentré à la place d’Ozyakup, échoue à quelques mètres du but d’un De Gea, tout surpris de voir un attaquant si près de lui (85e). Le score ne bougera plus, mais les supporters turcs boucleront la partie en allumant fumigènes et en faisant exploser quelques pétards. Baroud qui ne devrait pas trop plaire à l’UEFA.

    • Gilles Rof
      Journaliste au Monde
    « Douze arrestations dans un vaste coup de filet antiterroriste en Belgique Volence L'UEFA poursuit la Turquie et la Croatie »
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