• Turquie: Erdogan presse l’Europe de renoncer à sa complaisance envers la rébellion kurde

    Par AFP 18 mars 2016 à 10:37 (mis à jour à 14:26) Lien

    Le président turc Recep Tayyip Erdogan, lors d'un discours à Ankara, le 16 mars 2016 Photo ADEM ALTAN. AFP

    Le président turc Recep Tayyip Erdogan a choisi vendredi le moment délicat où son pays négocie à Bruxelles un accord sur les migrants pour lancer une nouvelle attaque contre l’Europe, l’accusant cette fois de complaisance pour la rébellion kurde.

    Cinq jours après l’attentat meurtrier d’Ankara, M. Erdogan a saisi l’occasion d’un discours commémorant la bataille de Gallipoli (1915) pour accuser sans détour les pays de l’Union européenne (UE) de ne pas le soutenir dans sa lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), pourtant considéré par eux comme un groupe «terroriste».

    «Il n’y a pas de raison que la bombe qui a explosé à Ankara (...) n’explose par un jour dans une autre ville en Europe», a-t-il dit, «malgré cette réalité, les pays européens ne font pas attention, comme s’ils dansaient dans un champ de mines».

    A titre d’exemple, l’homme fort de Turquie a affirmé que des partisans du PKK avaient été autorisés à arborer ses drapeaux près du bâtiment de la Commission européenne.

    «Ce n’est pas honnête (...) ils ont capitulé face à la terreur», a-t-il fulminé. «Une nouvelle fois, j’en appelle aux pays qui soutiennent directement ou indirectement les organisations terroristes: vous nourrissez une vipère en votre sein».

    Cette énième sortie anti-européenne de M. Erdogan est intervenue alors que son Premier ministre Ahmet Davutoglu négociait avec l’UE un plan d’action sur les migrants.

    En échange de son aide pour ralentir leur flot vers l’Europe, Ankara a placé la barre très haut: relance des discussions d’adhésion, doublement de l’aide financière, suppression des visas européens pour ses citoyens.

    Mais certains des 28 rechignent à satisfaire les Turquie en s’inquiétant de la dégradation de la situation des droits de l’Homme, notamment en lien avec le conflit kurde. La chancelière allemande Angela Merkel lui a reconnu le droit à une réponse armée «proportionnée» face au PKK mais s’est aussi inquiétée du «traitement des Kurdes».

    Dimanche soir, Ankara a été frappée par son deuxième attentat suicide en moins d’un mois. Une voiture piégée a foncé sur un arrêt de bus de la très fréquentée place Kizilay d’Ankara, faisant 35 morts et plus de 120 blessés.

    - 'Deux poids, deux mesures' -

    Comme celui du 17 février (29 morts), il a été revendiqué par un groupe radical dissident mais proche du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), en représailles à la mort de civils pendant les opérations de l’armée et la police contre la rébellion dans plusieurs villes du sud-est anatolien.

    Les capitales occidentales ont toutes condamné l’attaque mais le ministre de la justice turc les a accusées vendredi d’avoir «deux poids, deux mesures».

    «Ceux qui se lèvent contre le terrorisme lorsqu’il frappe l’Europe ne le font pas quand il s’agit de la Turquie», a déploré Bekir Bozdag, «nous recevons des messages de condoléances mais il n’y a pas d’opération contre ceux qui mènent ces attaques».

    La diaspora kurde est importante en France, en Belgique ou en Allemagne.

    Moins d’une semaine après l’attentat d’Ankara, la menace reste au plus haut en Turquie, où les TAK ont annoncé de nouvelles opérations.

    Jeudi soir, la police a neutralisé une voiture bourrée de 150 kg d’explosifs stationnée près d’un bâtiment officiel dans la province de Diyarbakir (sud-est).

    L’Allemagne a fermé jeudi son ambassade à Ankara, son consulat général à Istanbul et ses écoles dans les deux villes en raison d’un risque d’attentat. Le consulat et les deux établissements scolaires sont restés fermés vendredi.

    L’ambassade des Etats-Unis à Ankara a mis en garde ses ressortissants en Turquie contre de possibles attentats et leur a recommandé d'«éviter tout rassemblement politique ou manifestation» lors du fêtes du Nouvel an kurde prévues dimanche et lundi.

    Embarrassé par les critiques qui dénoncent les ratés de ses services de sécurité, M. Erdogan a réagi en relançant la guerre contre les «complices» des «terroristes» kurdes, élus, intellectuels ou journalistes.

    Depuis plusieurs jours, il presse le Parlement de lever l’immunité de députés prokurdes poursuivis pour «propagande terroriste» et la police multiplie les arrestations de partisans de la cause kurde, suscitant de nouvelles réactions indignées en Europe.

    AFP
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    L’UE et la Turquie s’accordent pour ralentir l’afflux de migrants

    Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 18.03.2016 à 17h10      Lien

     
    Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a présenté le projet vendredi au premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.

    Les 28 pays membres de l’Union européenne ont approuvé un accord négocié toute la matinée à Bruxelles entre le président du Conseil européen et le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

    Les dirigeants de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une série de propositions visant à trouver avec la Turquie une solution pérenne pour tarir le flux de migrants qui frappe à la porte de l’Europe. Celles-ci ont été présentées par le président du Conseil européen, Donald Tusk, au premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.

    Ce texte prévoit que tous les migrants arrivant dans les îles grecques à compter de dimanche seront renvoyés vers la Turquie. Confrontée à la plus grave crise migratoire depuis 1945, l’UE sollicitait depuis six mois la Turquie pour qu’elle l’aide à endiguer les flux en Mer Egée. La mesure phare de ce texte prévoir le renvoi de tous les nouveaux migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie, y compris les demandeurs d’asile.

    L’ONU s’inquiète des risque d’explusions arbitraires

    Au terme d’une première séance de travail jeudi les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 s’étaient entendus sur une « position commune » intégrant les « lignes rouges » posées par les uns et les autres à un premier projet d’accord ébauché le 7 mars.

    L’ONU a relevé un « risque de possibles expulsions collectives et arbitraires », mais les Européens assurent rester dans les clous du droit international en promettant à chaque demandeur d’asile, qui arrivera sur les côtes grecques à partir de dimanche, un examen individualisé de sa requête et le droit de faire appel de la décision de renvoi. « Construire des murs, discriminer des gens ou les renvoyer n’est pas une réponse au problème », avait encore insisté vendredi matin le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

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  • Migrants: la Turquie ne "marchandera pas", difficiles négociations avec l'UE

    Migrants: la Turquie ne "marchandera pas", difficiles négociations avec l'UELe président de la République, François Hollande (g), rencontre le 17 mars 2016 le Premier ministre grec,

    Alexis Tsipras, et la chancelière allemande, Angela Merkel, à Bruxelles ((c) Afp)

     
     

    Bruxelles (AFP) - Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a mis vendredi en garde l'UE contre tout "marchandage" sur la question des réfugiés, en arrivant à Bruxelles pour des négociations difficiles sur un accord pour stopper l'afflux de migrants vers l'Europe.

    "Pour nous, pour la Turquie, la question des réfugiés n'est pas une question de marchandage, mais une question de valeurs humanitaires, ainsi que de valeurs européennes", a averti M. Davutoglu à son arrivée à un sommet crucial de l'Union européenne.

    La Turquie répète à l'envi que l'accord sur la crise migratoire qu'elle a proposé aux dirigeants européens le 7 mars --offrant de reprendre tous les migrants débarquant sur les côtes grecques, dont les demandeurs d'asile-- répond d'abord à des considérations "humanitaires".

    Mais ce projet controversé, qui prévoit des contreparties substantielles à Ankara --y compris l'octroi d'un régime sans visas pour l'UE, une accélération des négociations d'adhésion et un doublement de l'aide européenne à six milliards d'euros-- ne fait pas l'unanimité au sein des 28.

     

    Jeudi soir, les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont élaboré une "position commune" qui doit servir de base aux négociations vendredi matin entre M. Davutoglu, le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

    Ce texte édicte les "lignes rouges" à ne pas franchir dans les concessions à Ankara et dans la façon dont sera organisé, au regard du droit international, le renvoi des migrants vers la Turquie.

    Un accord turco-européen serait une "bonne opportunité de mettre fin au trafic d'êtres humains" en mer Egée, insiste la chancelière allemande Angela Merkel, principal soutien d'Ankara.

    Mais "je ne peux pas vous garantir qu'il y aura une conclusion heureuse", a tempéré le président français François Hollande.

    MM. Tusk et Juncker, qui mènent cette laborieuse négociation avec le chef du gouvernement turc au nom de l'UE, espèrent malgré tout pouvoir réunir les dirigeants européens et turc autour d'une même table à la mi-journée pour sceller un accord.

    - 'Voyante' -

    "Nous espérons que nous saurons vers 13H00 (12H00 GMT) comment la Turquie compte agir. Quant à savoir si cela sera fructueux, seule une voyante pourrait le dire", a commenté le chancelier autrichien Werner Faymann.

    Plusieurs Etats membres de l'UE craignent que la mesure phare du plan en négociation soit illégale: le renvoi de tous les nouveaux migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie, y compris les demandeurs d'asile.

    D'autres sont opposés à une accélération des négociations d'adhésion, au point mort depuis des années, en particulier Chypre, même si son président Nikos Anastasiades a évoqué jeudi pour la première fois un "compromis" possible.

    Depuis le début de l'année, plus de 143.000 personnes sont arrivées en Grèce via la Turquie, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

    Cet afflux, combiné avec la fermeture de la "Route des Balkans", place la Grèce et les dizaines de milliers de migrants qui y sont bloqués dans une situation intenable. Et accentue la pression pour que les Européens s'entendent avec Ankara.

    L'ONU a mis en garde contre l'illégalité de "possibles expulsions collectives et arbitraires" vers la Turquie. Mais la Commission a assuré, analyse juridique à l'appui, que tout accord respecterait le droit international, promettant des procédures individualisées pour tous les migrants.

    Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a enjoint vendredi les pays européens à faire preuve d'humanité. "Construire des murs, discriminer des gens ou les renvoyer n'est pas une réponse au problème", a-t-il plaidé dans un entretien au quotidien allemand Bild.

    Aux termes du pré-accord, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé, à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie. Ce dispositif serait dans un premier temps plafonné à 72.000 places offertes en Europe.

    En contrepartie, la Turquie obtiendrait une nouvelle aide substantielle de l'UE, qui pourrait jusqu'à doubler la promesse actuelle de trois milliards d'euros pour améliorer les conditions de vie des 2,7 millions de Syriens réfugiés sur le sol turc. Les Européens comptent cependant imposer des conditions à cette aide, qui pourraient refroidir Ankara vendredi.

    Alors que plusieurs pays de l'UE renâclent à s'entendre avec un pouvoir islamo-conservateur accusé de dérive autoritaire, le président Recep Tayyip Erdogan a réclamé mercredi la levée de l'immunité de parlementaires pro-kurdes.

    Et le magazine allemand Der Spiegel a dénoncé jeudi une atteinte "à la liberté de la presse" après que son correspondant en Turquie a été contraint de quitter le pays, son accréditation n'ayant pas été renouvelée.

    "Il n'est pas question de brader nos valeurs", a prévenu jeudi le Premier ministre belge Charles Michel, refusant une négociation avec Ankara "qui ressemble parfois à une forme de chantage".

    Sur le même sujet

     
     "Les migrants, l'UE et la Turquie" (Géopolitique)
     
     

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    Fête de la Saint-Patrick

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    Fête de la Saint-Patrick
    À Chicago, le jour de la fête de la Saint-Patrick, la rivière Chicago est teinte en vert.
    À Chicago, le jour de la fête de la Saint-Patrick, la rivière Chicago est teinte en vert.

    Nom officiel Saint Patrick's day / Lá fhéile Pádraig
    Autre(s) nom(s) St Paddy’s Day / Lá Phádraig
    Observé par les catholiques
    Irlande
    Irlande du Nord
    Terre-Neuve-et-Labrador
    Date 17 mars

    La fête de la Saint-Patrick (parfois appelée Saint-Patrice en français, Patrick étant l'équivalent anglais de Patrice) est une fête chrétienne qui célèbre, le 17 mars, saint Patrick, le saint patron de l’Irlande.

    Une fête chrétienne

    Le personnage de saint Patrick

    Évangélisateur de l'Irlande, saint Patrick aurait expliqué le concept de la Sainte Trinité aux Irlandais lors d'un sermon au Roc de Cashel grâce à un trèfle, en faisant ainsi le symbole de l'Irlande (l’emblème officiel du pays étant la harpe celtique). La légende raconte que c'est à ce moment-là qu'il chasse tous les serpents du pays, action qui symbolise la conversion du peuple irlandais : les serpents représentent les croyances polythéistes celtiques des irlandais, assimilées à Satan, rendu responsable de l'ignorance du Dieu véritable. Chaque année, les citoyens d’Irlande mettent un trèfle à la boutonnière pour se souvenir de cet enseignement.

    La célébration

    La Saint-Patrick est une fête chrétienne célébrée par l’Église catholique, l'Église orthodoxe, l'Église luthérienne, et l’Église d’Irlande (anglicane). Elle est déjà célébrée par les irlandais aux IXe siècle et Xe siècle. Par la force de l'observation de cette tradition à travers le temps, saint Patrick est associé à l'Irlande dans le système de patronage religieux, et le jour du 17 mars est finalement inscrit au calendrier liturgique catholique au début des années 1600, grâce à l'influence de Luke Wadding, un moine scolastique franciscain né à Waterford. La fête de Saint-Patrick devient alors un jour saint d'obligation pour les catholiques d'Irlande. La fête a toujours lieu pendant le Carême. Il est de tradition pour certains chrétiens observant un jeûne pour le Carême de le rompre pendant la journée de la Saint-Patrick. Le calendrier de l'Église évite les observations de fêtes de saints durant certaines solennités, déplaçant ainsi le jour du saint en dehors de la période d'observation. La Saint-Patrick est périodiquement affectée par ce changement, lorsque le 17 mars tombe pendant la semaine sainte. Cela est déjà arrivé en 1940 : la Saint-Patrick a été observée le 03 avril pour éviter de coïncider avec le dimanche des rameaux, et de nouveau en 2008 où elle a été observée le 14 mars. La Saint-Patrick ne re-tombera pas durant la semaine sainte avant 2160.

    La Saint-Patrick n'est pas la fête nationale

    Contrairement à une croyance populaire répandue, notamment à cause d'un phénomène de simplification de la part des étrangers et des médias, la Saint-Patrick n'est pas la fête nationale irlandaise. L'État d'Irlande ne possède pas de fête nationale au sens propre du terme (comme le 14 juillet en France, qui a été décrété par l'État français en 1880 et qui célèbre la Nation, ou le 1er juillet au Canada).

    Il s'agit d'une fête religieuse adoptée par l'Église chrétienne au début du XVIIe siècle, jour férié en Irlande (Irlande et Irlande du Nord) et dans l'île de Montserrat, et qui est très observée par les irlandais. Elle est comparable en ce sens à la Saint-David au Pays de Galles, à la Saint-Andrew en Écosse ou à la Saint-Yves en Bretagne. Cependant, ce jour du calendrier liturgique n'a jamais fait l'objet d'un acte de la part de l'État irlandais pour en faire sa fête nationale, qui célébrerait la Nation irlandaise.

    Un jour rendu férié au XXe siècle

    En 1903, la Saint-Patrick devient un jour férié officiel en Irlande, ceci grâce au Bank Holiday Act de 1903 (en), un acte du parlement du Royaume-Uni introduit par James O'Mara (en). Celui-ci a plus tard introduit la loi requérant que les pubs soient fermés le 17 mars, après que la consommation d'alcool soit devenue hors de contrôle, une clause qui a plus tard été abrogée dans les années 1970. Lorsque la Saint-Patrick tombe un dimanche, le jour férié est déplacée au lundi, permettant aux citoyens irlandais de bénéficier du nombre complet de leurs jours fériés actés par le gouvernement.

    L'action du gouvernement pour la promotion de la culture

    Suivant la tradition de procession religieuse, et dans un pays très pratiquant, le gouvernement de l'État libre d'Irlande organise la première parade de la Saint-Patrick à Dublin en 1931. Elle est supervisée par le ministre de la défense d'alors : Desmond Fitzgerald (en).

    Vers le milieu des années 1990, le gouvernement irlandais débute une campagne pour associer le jour de la Saint-Patrick avec un festival visant à promouvoir la culture irlandaise. Le gouvernement constitue un groupe intitulé St Patrick's Festival qui a pour but :

    • d'offrir un festival national qui se classe parmi les plus grandes célébrations du monde
    • de créer une énergie et une excitation à travers l'Irlande grâce à l'innovation, la créativité, l'investissement, et les activités de marketing
    • de fournir une opportunité et une motivation pour les gens d'origine irlandaise (et ceux qui parfois souhaiteraient être nés irlandais) à assister et à se joindre aux célébrations imaginatives et expressives
    • de projeter, à l'international, une image juste de l'Irlande, en tant que pays créatif, professionnel et sophistiqué avec un charme certain.

    Le premier Saint Patrick's Festival s'est tenu le 17 mars 1996. En 1997, il devient un événement de trois jours, et en 2000, l’événement dure quatre jours. En 2006, il se tient sur cinq jours, et ce sont plus de 675000 personnes qui assistent à la parade de 2009. La même année, il accueille près d'un million de visiteurs, qui prennent part aux festivités, incluant des concerts, du théâtre de rue et des feux d'artifices, dont l’événement Skyfest (en) (feu d'artifice annuel) est le centre d'attraction principal. Le thème du symposium de la Saint-Patrick 2004 était Talking irish ; symposium durant lequel ont été discutées les natures de l'identité irlandaise, de son succès économique et de leur futur. Depuis 1996, l'emphase a été mise sur la célébration et l'injection dans le festival d'une notion d'« irishitude », plutôt que sur les thèmes traditionnels religieux ou ethniques. On peut retenir à titre d'exemple la semaine du gaëlique (An seachtain na gaeilge), qui prépare l'ambiance du festival en mettant l'accent sur la langue gaëlique, et « étend » le festival d'une semaine. En ce sens, l’événement tend à se laïciser, ce qui participe à la mauvaise interprétation de l’événement par la communauté mondiale.

    La parade de Dublin, ponctuant le festival de cinq jours, a réuni plus de 550 000 personnes en 2011. Tout comme Dublin, de nombreuses autres villes et villages en Irlande tiennent leur propre festival ou parade, comme à Cork, Belfast, Derry, Galway, Kilkenny, Limerick et Waterford. La plus grande célébration en dehors du Dublin se tient à Downpatrick, dans le comté de Down, où saint Patrick est supposément enterré. En 2004, d'après le conseil du district de Down, le Saint Patrick's festival a vu 2 000 participants, 82 chars, des groupes de musique et des artistes, et a été regardé par 30 000 personnes. La plus petite parade de la Saint-Patrick en revanche, se tient à Dripsey (en), dans le comté de Cork. La parade se déroule sur 100 yards (91,44 mètres) et sillonne entre les deux pubs du village.

    La Saint-Patrick à travers le monde

    La perception à l'étranger...

     
    Fête de la Saint-Patrick, Buenos Aires (Argentine)

    La fête de Saint-Patrick est célébrée par les Irlandais du monde entier, expatriés ou descendants des nombreux émigrants, et sa popularité s’étend aujourd’hui vers les non-Irlandais qui participent aux festivités et se réclament « Irlandais pour un jour ». Les célébrations font généralement appel à la couleur verte et à tout ce qui appartient à la culture irlandaise : la fête de Saint-Patrick telle que pratiquée aujourd’hui voit les participants, qu’ils soient chrétiens ou pas, porter au moins un vêtement avec du vert, assister à des « parades », consommer des plats et des boissons irlandaises, en particulier des boissons alcoolisées (bières et stout irlandaises, comme la Murphy's, Smithwick’s, Harp ou Guinness, ou des whiskeys, des cidres irlandais, des Irish coffee).

    Pourquoi une fête « laïcisante », si ce n'est pour la Nation ?

    Il existe finalement une mésinterprétation de la Saint-Patrick, car il existe deux volets de la perception de l’événement : l'un représentant l'observation religieuse du jour, l'autre faisant plutôt référence à la promotion de la culture irlandaise voulue par le gouvernement irlandais dans le cadre du festival. Pour les médias et notamment les médias étrangers, l'amalgame est fait très rapidement entre les deux, ce pour deux raisons :

    • La Saint-Patrick bénéficiait depuis le Xe siècle d'une popularité ancrée en Irlande
    • La frénésie du festival créé par le gouvernement irlandais, fait de plus en plus d'adeptes par son côté festif, en Irlande, mais aussi dans les communautés expatriées et même chez les non-irlandais.

    Mais il ne s'agit pas d'une fête nationale.

    Le tournant manqué de l'Histoire

    La Nation irlandaise ne possède pas de fête nationale. À titre de comparaison, la France a instauré le 14 juillet comme fête nationale car il s'agit de la date ambivalente de la mémoire de la chute de l'absolutisme (14 juillet 1789) et surtout, de la fête de la fédération (14 juillet 1790), célébrant l'unité des peuples de France, au sein d'une même Nation française.

    Les Irlandais n'ont pas eu cette occasion, car au sortir de son état de colonisé par le Royaume-Uni, l'Irlande s'engouffre dans la problématique de la partition de l'Île, préfigurant le conflit Nord-irlandais, et aucun événement majeur de l'histoire de la République d'Irlande n'est apte à symboliser la Nation irlandaise dans son ensemble : le jour du 6 décembre 1921, à la suite de la guerre d'indépendance, le Royaume-Uni proclame la naissance de l'État libre d'Irlande avec le traité anglo-irlandais, mais il reste sous la coupe britannique en tant que Dominion, et est de plus amputé de 6 comtés sur 9 en Ulster qui restent partie intégrante du Royaume-Uni. Cet état de fait est vécu comme une tragédie pour les nationalistes irlandais, et ils n'auraient pu choisir un jour si funeste comme fête nationale. Le jour du 27 décembre 1937, la République d'Irlande est proclamée, mais une République irlandaise toujours privée de ses frères au Nord. Pour les indépendantistes nord-irlandais et le gouvernement de la République d'Irlande, le jour où les 6 comtés d'Ulster régis par la couronne britannique retomberont aux mains de la République irlandaise, ce jour pourra être proclamé fête nationale, car il s'agirait alors d'une « célébration de l'unité de la nation toute entière du peuple d'Irlande ».

    Une fête populaire

    À l'étranger, cette fête est surtout perçue comme la célébration de ce qui fait l'Irlande : le vert, les trèfles et la bière. La consommation à outrance de cette dernière étant largement encouragée par l'esprit de fête et les brasseries, donnant parfois lieu à des excès, tant sur le plan de la santé (notamment avec le binge drinking), que sur le plan culturel, où la Saint-Patrick devient une sorte de culte irlandais de la bière dans l'imaginaire collectif. Vis-à-vis de ce problème, les leaders chrétiens en Irlande ont exprimé une inquiétude quant à la sécularisation de la Saint-Patrick. Dans le numéro de mars 2007 de Word magazine (en), Fr. Vincent Twomey a écrit : « Il est temps de réclamer la Saint-Patrick comme un festival religieux ». Il pose la question du besoin de la « réjouissance outre-alcoolisée » et conclut « qu'il est temps d'associer la piété à l'amusement. »

    À New York

    C’est la ville de New York qui abrite la plus grande parade pour la Saint-Patrick, avec plus de deux millions de spectateurs sur la Cinquième avenue, devant les tours du sanctuaire dédié à Saint-Patrick, construit au XIXe siècle dans le style flamboyant. Les premières manifestations de la Saint-Patrick à New York remontent à 1762, quand les soldats irlandais défilèrent dans la ville le 17 mars. Le jour de la Saint-Patrick, la colonie irlandaise de San Francisco organise un grand défilé dans les rues. La statue de l’évêque évangélisateur de l’Irlande est ainsi promenée sur un char décoré aux couleurs nationales.

    À Buenos Aires

    En plus d'être représentée par une nombreuse communauté de descendants d'irlandais, l'Irlande a été le seul pays de l'Union Européenne qui a supporté l'Argentine pendant la guerre des Malouines, et le pays d'origine du plus grand amiral de la marine de guerre argentine, Guillermo Brown. On célèbre à Buenos Aires, Córdoba et Rosario; à partir de 2009 ces célébrations sont sponsorisées par l'ambassade d’Irlande en Argentine.

    À Montréal

     
    Saint-Patrick, Montréal, 18 mars 2007

    Au Canada, plus particulièrement dans la province de Québec, la « tempête de la Saint-Patrick » représente généralement la dernière tempête de neige significative de la saison. La coutume locale veut que l’hiver ne soit pas terminée tant que cette dernière n'est pas tombée.

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  • Un député expulsé du Parlement européen

    11/03 12:08 CET

      | mis à jour le 11/03 - 16:10   Lien

     

    C’est un événement rare au Parlement européen, un député a été expulsé de l’hémicycle. Eleftherios Synadinos est un élu du parti d’extrême droite grec Aube dorée, il a été sanctionné lors de la session plénière par le président du Parlement pour des propos racistes à l‘égard des Turcs lors d’un débat sur le projet d’accord pour limiter l’arrivée de migrants entre la Grèce

    et la Turquie. Selon Martin Schulz le parlementaire grec a présenté les Turcs comme des personnes « sales », « barbares » et des « menteurs ».Pour le président du Parlement ces propos sont une violation des principes européens. Martin Schulz s’est aussi justifié : «  c’est une décision de principe que j’ai prise car il y a de plus en plus de personnes qui essaient de franchir les lignes rouges pour rendre le racisme ici acceptable.

    Je l’ai dit très clairement: je ne l’accepte pas ». Ce choix a été immédiatement salué par les applaudissements des parlementaires.

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  • Les pesticides contre les abeilles...

    Un cri d'alarme en 1950 !

    Histoires d'Info par Thomas Snégaroff mardi 15 mars 2016
     
    Le mardi 15 mars 2016     Lien

    Les apiculteurs s'inquiètent de la disparition des abeilles et se mobilisent contre l'usage des néonicotinoïdes. Voilà qui n'est pas sans rappeler le combat contre le DDT dans les années 1960.

    Retour ce matin en janvier 1950. Roger Heim, grand mycologue et défenseur de la nature -sur le point de prendre la tête du Museum d’Histoire Naturelle pour 14 ans- livre une charge violente contre l’utilisation massive des pesticides:

    "L'emploi à grande échelle des produits chimiques, insecticides, fongicides, herbicides, risque de conduire à des altérations très regrettables des équilibres naturels. L'emploi massif de DDT agissant sur l'abeille a sa répercussion sur la fécondation des fleurs."

     

    Violente, cette charge est également incroyablement précoce. La voix de Roger Heim se perd dans un océan moderniste dans lequel les pesticides sont considérés comme un formidable moyen de protéger les récoltes et même les hommes. En 1955, l’OMS préconise d’en badigeonner les murs des habitations pour éradiquer le paludisme, avec d’excellents résultats d’ailleurs.

    Alors le cri d’alarme de Roger Heim pour les conséquences de l’utilisation du DDT sur les abeilles, qui ont un rôle pollinisateur absolument essentiel, n’intéresse pas grand monde.
    Jusqu’à la publication d’un livre qui fait grand bruit aux Etats-Unis. En 1962, la chimiste Rachel Carson publie  "Printemps silencieux", dont la préface française sera d’ailleurs rédigée par Roger Heim. Un livre qui dénonce l’usage du DDT et la désinformation de l’opinion publique. Un livre qui a succès énorme, point de départ d’une prise de conscience écologiste. Et qui aboutit, après une série de rapports, à l'interdiction du DDT en Amérique, et bientôt en France. Yves Mourousi, le 24 janvier 1971:

    "Le DDT pourrait fort se traduire en France par: Défense De Toucher. Le plus célèbre insecticide risque même d'être interdit ou du moins son usage pourrait être reglementé. C'est ce que vient de préciser le ministère de l'Agriculture."

    Plus de 40 ans plus tard, comme un disque dramatiquement rayé, après le DDT ce sont les néonicotinoïdes qui sont accusés de détruire les abeilles.
    Mais dans ce combat entre le pot de fer des industriels et le pot de miel des apiculteurs, il faudra à ces derniers l’appui très large de l’opinion publique pour l’emporter.

    écouter l’émission disponible jusqu'au 09/12/2018
     
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  • En Allemagne, l’extrême droite inflige une défaite sans précédent à Angela Merkel

    Des membres du parti d'extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD - Germany OUT
 / AFP / dpa / Felix Kästle

    Des membres du parti d'extrême droite Alternative pour l’Allemagne (

    AfD - Germany OUT / AFP / dpa / Felix Kästle

    LE MONDE | 13.03.2016 à 20h27 • Mis à jour le 13.03.2016 à 21h31 | Par Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)    Lien

    Appelés à voter dimanche 13 mars dans trois Etats-régions : le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie-Palatinat et, à l’est, la Saxe-Anhalt, 13 millions d’Allemands ont réservé un véritable triomphe au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) et infligé une défaite sans précédent à la fois à l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et au parti social-démocrate (SPD).

    Un résultat d’autant plus clair que, dans les trois Etats-régions, la participation a été nettement plus élevée que lors du scrutin précédent. Selon des résultats encore provisoires, l’AfD obtiendrait plus de 10 % des voix en Rhénanie-Palatinat, 14,5 % des voix dans le riche Bade-Wurtemberg et même 24 % des voix en Saxe-Anhalt où elle est clairement le deuxième parti, derrière la CDU. Incontestablement, les électeurs de l’AfD ont voulu sanctionner la politique d’Angela Merkel, mais selon les sondages sortis des urnes ils ont également voulu signifier leur opposition aux injustices sociales. 

    Lire aussi : Le parti d’extrême droite AfD s’impose sur la scène politique allemande .

    Des coalitions difficiles à former

    La CDU a perdu les deux paris qu’elle pensait gagner haut la main il y a encore un mois. En Rhénanie-Palatinat, sa candidate, Julia Klöckner (32 % de voix) n’est pas parvenue à détrôner sa rivale sociale-démocrate Malu Dreyer (36 %). Et dans le Bade-Wurtemberg qui a longtemps été un de ses fiefs, son candidat, Guido Wolf, n’obtient qu’environ 27 % des voix, derrière le ministre-président sortant, l’écologiste Winfried Kretschmann qui bondit à 32 %. En Saxe-Anhalt, la CDU reste en tête mais elle recule néanmoins et ne peut se réjouir d’avoir vu nombre de ses électeurs grossir les rangs de l’AfD. Si le SPD peut se féliciter de la victoire de sa candidate en Rhénanie-Palatinat, sa chute spectaculaire dans les deux autres Länder, où il perd plus de 10 points et est relégué à la quatrième place, pourrait provoquer dans ce parti une véritable crise. L’AfD refusant de participer à quelque coalition que ce soit et les autres partis refusant également de discuter avec ce parti, la formation des coalitions pourrait être difficile. Dans deux des trois Etats-régions, le Bade-Wurtemberg et la Saxe-Anhalt, deux Länder que pourtant tout oppose sur le plan sociologique, les deux grands partis allemands, la CDU et le SPD n’obtiennent même pas assez de voix, ensemble, pour former une majorité. Le CDU a « besoin de temps » Au niveau national, le succès de l’AfD pourrait avoir l’effet inverse. Si, dans dix-huit mois, l’AfD entre au Bundestag avec 10 % des voix ou plus, il pourrait n’y avoir qu’une seule coalition possible : celle formée par l’union CDU/CSU et le SPD. Comme aujourd’hui. Paradoxalement, l’émergence au niveau national du parti qui s’appelle Alternative pour l’Allemagne aurait pour conséquence qu’il n’y aurait plus d’alternative à ce que les Allemands appellent « une grande coalition » entre les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates. Angela Merkel ne devait pas s’exprimer avant lundi midi. Mais ses lieutenants laissent entendre qu’elle n’entend pas changer de politique et disent miser sur le sommet Union européenne/Turquie qui se tient les 17 et 18 mars. Nous avons « besoin de temps » a toutefois reconnu Peter Tauber, secrétaire général de la CDU, dimanche soir. Une façon de dire que le problème est loin d’être réglé.

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  • Allemagne : régionales cruciales pour Angela Merkel

     

    Par Nathalie Versieux, correspondante à Berlin 11 mars 2016 à 19:21 (mis à jour à 19:47)
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    Angela Merkel lors d’un meeting de campagne à Nürtingen, dans le Bade-Wurtemberg, le 8 mars, A droite sur l’affiche, le candidat de la CDU, Guido Wolf.Angela Merkel lors d’un meeting de campagne à Nürtingen, dans le Bade-Wurtemberg, le 8 mars, A droite sur l’affiche, le candidat de la CDU, Guido Wolf. Photo Thomas Kienzle. AFP

     

    L’afflux migratoire et la montée nationaliste ont monopolisé la campagne des élections de ce dimanche dans trois Länder. Pour la chancelière, ce sera sanction ou onction.

     

     

    Depuis des semaines à l’heure de la soupe, Angela Merkel arpente inlassablement le pays d’est en ouest, après avoir éteint les lumières de la chancellerie… Les 12,7 millions d’électeurs de trois Länder - Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt - sont appelés aux urnes dimanche pour renouveler leur Parlement régional, et Angela Merkel ne ménage pas sa peine, multipliant les soirées électorales auprès de candidats mis à mal par la crise des réfugiés. Ce soir-là, son avion l’a posée pour une petite heure à Fribourg-en-Brisgau, à l’extrême sud-ouest du pays, en face de Colmar. Toute la bonne bourgeoisie de cette cité médiévale cossue s’est donné rendez-vous dans la salle de concerts classiques de la ville, un cube de béton feutré où Angela Merkel tente de voler au secours de Guido Wolf. Tête de liste CDU (chrétien-démocrate) dans le Bade-Wurtemberg, Wolf, 54 ans, dépourvu de tout charisme, n’a quasiment aucune chance de ravir la direction du Land au très populaire vert Winfried Kretschmann (lire ci-contre). La question des réfugiés est de nouveau au cœur de la soirée.

    «Doit-on jeter l’éponge parce que ça n’a pas encore marché ? On doit essayer, essayer encore et encore», martèle la chancelière, suivant le canevas de ses discours standard. La salle applaudit, conquise. Marietta Schmidt est enthousiaste. La soixantaine, cette adepte de la CDU voit en Angela Merkel «un roc au sein de l’Union européenne, la seule à avoir une vision pour sortir de cette crise». Mais il en faudrait plus pour faire passer Guido Wolf devant Winfried Kretschmann dans les sondages. Les Verts sont crédités de 32 % des intentions de vote, contre 28 % à la CDU.

    Etoile montante

    En Rhénanie-Palatinat, dans l’ouest du pays, un duel de femmes oppose Malu Dreyer, SPD (sociaux-démocrates) et ministre-présidente en titre, à Julia Klöckner, étoile montante de la CDU mais elle aussi mise à mal dans les sondages. Cette ambitieuse de 43 ans vient de passer derrière sa challenger. Elles sont désormais au coude-à-coude, autour de 35 % des intentions de vote. Seul le candidat CDU de Saxe-Anhalt, en ex-RDA, Reiner Haseloff, est assuré de conserver son poste à la tête du Land. Mais avec un Parlement presque ingérable, où extrême gauche (Die Linke) et extrême droite (le parti populiste AfD) engrangent à elles seules 40 % des intentions de vote.

    Dans chacune des trois régions, l’AfD est crédité de plus de 10 % des intentions de vote. Dimanche dernier, ce petit parti créé par des anti-euros en 2013 a remporté 13 % des suffrages lors d’élections municipales en Hesse.

    Pour la CDU, l’heure est grave. Le parti ne contrôle plus aucune des grandes villes du pays. Même la capitale de la finance, Francfort, est passée aux mains du SPD en 2012. Et sur les seize Länder que compte l’Allemagne, seuls cinq sont encore dirigés par un chrétien-démocrate. «Ces élections régionales sont très importantes pour Angela Merkel et sa coalition, car elles vont servir de test sur sa politique contestée avec les migrants», estime le politologue Jens Walther, de l’université de Düsseldorf. L’électorat est désorienté depuis que, le 5 septembre, la chancelière a ouvert la frontière aux réfugiés bloqués en Hongrie. A travers le pays, on rencontre désormais des électeurs du SPD ou de Die Linke adeptes d’Angela Merkel, et des électeurs CDU prêts à voter pour les Verts. Mais aussi quantité d’électeurs Verts, SPD ou CDU prêts à voter pour les populistes anti-réfugiés de l’AfD.

    Un million de migrants sont arrivés l’an passé en République fédérale. La plupart sont des Syriens, ayant opté pour la route des Balkans, et arrivés à l’automne. Les Allemands les ont d’abord accueillis à bras ouverts. Mais depuis les incidents de Cologne - un millier de jeunes hommes, d’origine maghrébine pour la plupart, ont agressé des centaines de jeunes femmes dans la nuit de la Saint-Sylvestre aux abords de la gare -, les réticences et le scepticisme l’emportent.

    Angela Merkel a adapté son discours. Officiellement, elle maintient le cap : pas de quotas, pas de fermeture des frontières, pas de plan B si la solution européenne avec la Turquie échoue. Dans les faits, la priorité est à la réduction du flux migratoire, avec l’aide de la Turquie. Un accord à Bruxelles, lundi dernier, aurait donné à la CDU un coup de pouce non négligeable… Il n’a pas été conclu. «L’objectif de l’Allemagne de décrocher un tel accord était clairement lié aux régionales», estime Jens Walther. La chancellerie, généralement prudente au lendemain des sommets, a parlé de «percée décisive» au sujet d’un accord espéré le 18 mars lors d’un prochain sommet européen. «Un tel accord sauverait peut-être la Grèce, mais pas forcément le Bade-Wurtemberg ou la Rhénanie-Palatinat», relativise le quotidien Tagesspiegel. Depuis l’automne, les électeurs de la démocratie chrétienne se perdent en conjectures : «Notre fille de pasteur a agi par charité, il faut la soutenir», est le discours le plus favorable. «Cette femme, qui fait glisser le parti toujours plus à gauche depuis des années, veut en fait "changer" l’Allemagne avec l’aide de masses d’étrangers pour en faire un autre pays», redoutent les plus sceptiques.

    Logique de l’héritage

    La politologue Andrea Römmele, de la Hertie School of Governance, à Berlin, a une autre explication : «Angela Merkel a trouvé son sujet. La réunification était le thème d’Helmut Kohl. Son thème à elle, c’est la crise des réfugiés. Il faut bien voir qu’elle a trois mandats derrière elle. Elle n’a pas absolument besoin d’un quatrième en 2017. Angela Merkel n’est plus dans la logique de la réélection. Elle est dans celle de l’héritage laissé à l’histoire.» La seule différence avec Helmut Kohl est que la réunification Est-Ouest des années 90 - but officiel de tout homme politique de l’Ouest - était un bouleversement voulu, difficile à contester.

    Angela Merkel serait-elle menacée, à dix-huit mois des prochaines élections ? «Je ne le crois pas, corrige Andrea Römmele. Un échec de la CDU dimanche pourrait même asseoir son pouvoir au sein du parti.» Les candidats chrétiens-démocrates Julia Klöckner et Guido Wolf ont en effet commis un impair qui pourrait rapporter gros à la cheffe du parti : celui de s’allier, pour contester la ligne Merkel, en réclamant des quotas de réfugiés, dont elle ne veut pas entendre parler. «Il sera alors facile aux proches de Merkel de souligner qu’on se perd en déviant du cours imposé par la direction», poursuit la politologue. En clair, qui contesterait l’autorité de la chancelière le paierait cher dans les urnes. Angela Merkel n’a de toute façon aucun challenger de poids au sein de son propre parti.

    Nathalie Versieux correspondante à Berlin
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    La Banque centrale européenne abaisse son taux directeur à zéro

     

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    Mario Draghi, président de la BCE lors des annonces des nouvelles mesures le jeudi 10 mars 2016.
    REUTERS/Kai Pfaffenbach

     

    L'euro dégringole face au dollar, les Bourses de Milan et de Paris s'envolent de plus de 3%. C'est l'effet des annonces de la Banque centrale européenne pour soutenir l'économie et lutter contre l'inflation. La BCE a, entre autres, abaissé ses trois taux directeurs. 

     

    Si les Bourses européennes ont bondi à l'annonce de ces mesures, c'est qu'elles n'en attendaient pas tant. Il faut dire que la Banque centrale européenne a sorti l'artillerie lourde. Là où les marchés espéraient la baisse d'un seul des taux directeurs, la Banque centrale européenne a abaissé les trois.

    Le taux central, celui qui donne le « la » du taux des crédits dans la zone euro passe de 0,05% à 0, une première dans l'histoire de la BCE. L'institution continue également à encourager les banques à prêter de l'argent par une baisse du taux de dépôt à 0,4%. Concrètement, c'est le pourcentage que devront débourser les établissements bancaires pour confier leur argent à la Banque centrale européenne. Des mesures radicales et Mario Draghi, le président de la BCE, est prêt à aller encore plus loin, s'il le faut.

    Au-delà de son effort sur les taux, la BCE va continuer à injecter de l'argent dans l'économie en rachetant de la dette sur les marchés. Des rachats qui vont même s'accélérer à partir du mois prochain. Ce ne sont plus 60 mais 80 milliards d'euros que l'institution de Francfort va désormais racheter chaque mois. Et puis, les banques vont être abreuvées de liquidité grâce à de nouveaux prêts à long terme et à des taux très avantageux.

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  • Migrants : Angela Merkel à l’Elysée

    avant un nouveau sommet crucial

    Le Monde.fr avec AFP | 04.03.2016 à 11h00 • Mis à jour le 04.03.2016 à 11h34

    François Hollande et Angela Merkel, le 4 mars à l'Elysée.

    La France et l’Allemagne tentent d’accorder leurs violons face à la crise migratoire qui déchire l’Europe. François Hollande reçoit Angela Merkel à l’Elysée vendredi 4 mars pour essayer de trouver un terrain d’entente sur ce dossier très sensible, trois jours avant un sommet crucial lundi entre l’Union européenne et la Turquie sur le sujet.

    La chancelière allemande est arrivée peu avant 10 h 30 à l’Elysée pour un entretien en tête à tête avec le président de la République, qui doit être suivi d’une déclaration conjointe à la presse et d’un déjeuner de travail.

    Mme Merkel et M. Hollande veulent s’entendre en vue de convaincre leurs partenaires de s’engager dans une réponse coordonnée face à la plus grave crise migratoire qu’ait connue l’Europe, au lieu de se diviser. Les restrictions aux frontières récemment décidées en cascade par plusieurs pays des Balkans ont ainsi piégé des milliers de migrants en Grèce, conduisant pour la première fois l’Union européenne à accorder une aide humanitaire à l’un de ses membres.

     

    Lire aussi :   Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos

    « Course de vitesse »

    « La visite de la chancelière à Paris vendredi vise à préciser les sujets, faire le point sur là où on en est, et engager la dernière phase durant le week-end pour obtenir le maximum lundi », explique un diplomate français, estimant que l’Europe est désormais « engagée dans une course de vitesse pour rattraper le temps perdu ».

    Paris et Berlin veulent notamment pousser la Turquie à tenir ses engagements pour le contrôle de l’accès à son territoire, voie de passage vers la Grèce, la réadmission des migrants irréguliers et la surveillance de ses frontières. La Turquie doit également, selon la France, améliorer ses structures d’accueil en échange des 3 milliards d’euros qui lui ont été alloués par l’UE.

    Lire aussi :   Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?

    La crise fait tanguer le couple franco-allemand

    La crise des migrants a provoqué de fortes turbulences dans le couple franco-allemand. Les critiques du premier ministre, Manuel Valls, le 13 février à Munich contre la politique d’ouverture aux réfugiés de la chancelière et sa proposition d’un mécanisme permanent de répartition dans l’UE n’ont guère été appréciées outre-Rhin.

    En dépit des déclarations réitérées de solidarité de François Hollande à la chancelière, le grand écart persiste toutefois, dans les faits, entre Paris et Berlin. La chancelière allemande est aujourd’hui plus pugnace que son partenaire français pour appeler les Européens à ne pas laisser la Grèce « plonger dans le chaos ».

    A demi-mot, Paris reconnaît d’ailleurs que Mme Merkel était fondée à trouver que la France avait été « un peu longue pour mettre en place » des dispositifs d’accueil pour les relocalisations, afin de soulager Athènes. « Mais aujourd’hui ça marche », assure un diplomate à Paris. Ce dernier précise que le cap de 300 personnes accueillies sur le territoire français était sur le point d’être franchi, avec un rythme prévisible de plusieurs centaines d’admissions par mois. Au total, la France s’est engagée à en accueillir 30 000.

    Donald Tusk rencontre le président turc

    De son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’entretient vendredi à Istanbul avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à qui il va demander de faire davantage pour lutter contre la crise migratoire. La veille, M. Tusk a prôné à Athènes de nouvelles mesures pour ralentir un flot « encore beaucoup trop élevé ». Il a aussi tenté de décourager les migrants économiques :

    « Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. Ne risquez pas vos vies et votre argent. Tout cela ne servira à rien. »

    Ces rencontres diplomatiques interviennent deux jours après l’annonce d’une aide européenne inédite de 700 millions d’euros pour aider les Etats membres en première ligne sur la route des migrants qui veulent rejoindre l’Europe du Nord, en particulier la Grèce. Celle-ci abrite actuellement 23 000 migrants, dont 10 000 bloqués à la frontière macédonienne. Plus de 130 000 migrants ont afflué en Europe depuis début janvier selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, après un million l’an dernier.

    Lire aussi :   Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle

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