• Face aux incertitudes créées par le Brexit, Pékin prône une plus grande coopération économique

    Face aux incertitudes créées par le Brexit, Pékin prône

    une plus grande coopération économique

    LE MONDE | 22.07.2016 à 20h21 • Mis à jour le 23.07.2016 à 11h19 | Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correpondance)

    LIEN

    « Un échec à clarifier l’avenir de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ajouterait de l’incertitude et pèserait sur la confiance », a averti le FMI avant le G20.

    La croissance mondiale était déjà morose. Le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’union européenne) ne va rien arranger. C’est dans ce contexte que les ministres des finances et les banquiers centraux des vingt premières économies mondiales sont réunis à Chengdu, dans l’ouest de la Chine samedi 23 et dimanche 24 juillet pour préparer le G20 qui aura lieu en septembre en Chine.

    En ouverture de ce rendez-vous, le ministre des finances chinois, Lou Jiwei, a indiqué que les politiques budgétaire et monétaire perdent de leur efficacité pour stimuler l’activité économique et qu’il est nécessaire d’accroître la coopération internationale pour soutenir la croissance. Vendredi, le premier ministre chinois, Li Keqiang, avait déjà appelé à un renforcement de la coordination économique mondiale à l’issue d’une rencontre avec les dirigeants du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

    Doper les dépenses publiques

    Face aux menaces grandissantes sur l’économie mondiale, notamment le Brexit et la menace terroriste, le FMI a appelé, samedi 23 juillet, certains pays du G20 à muscler leurs dépenses publiques pour soutenir la croissance, une position appuyée par Paris et Washington, en opposition à l’Allemagne. « La croissance demeure faible, les risques à la baisse sont devenus plus proéminents », indique le FMI, après avoir abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 et 2017, à 3,1 % et 3,4 % respectivement.

    Dans ce contexte, les politiques monétaires ultra accommodantes trouvent leurs limites, et « les marges de manœuvres budgétaires quand elles existent doivent être utilisées », a plaidé le FMI, notamment pour « compenser les coûts de réformes structurelles », celles-ci restant plus que jamais « nécessaires » (marché du travail, fiscalité...).

    L’Australie, le Canada, les Etats-Unis et l’Allemagne sont nominalement enjoints par le Fonds à « orienter les dépenses publiques vers les investissements dans les infrastructures ». Plus encore, « des réformes qui facilitent l’accroissement des investissement d’infrastructures aideront à gonfler les capacités productives, doperont directement la demande à court terme et catalyseront les investissements privés », fait valoir le FMI.

    Lire aussi :   Après le Brexit, le FMI prévoit une croissance mondiale à la baisse

    Inquiétudes persistantes sur la Chine

    Au moins, cette fois-ci le pays hôte peut souffler : en février, lors de la première réunion des ministres des finances, à Shanghai, c’était la Chine qui inquiétait. Depuis, la seconde économie mondiale s’est stabilisée. Mais le monde cherche un moteur de croissance. La Chine, qui a longtemps joué ce rôle, ne peut pas tout faire, a annoncé son premier ministre, Li Keqiang, vendredi 22 juillet, à la veille de la réunion.

    « Il est impossible de porter tous les fardeaux du monde entier sur nos épaules », a déclaré le numéro 2 du pays, après une rencontre avec les dirigeants de six organisations économiques mondiales, dont la Banque mondiale et le FMI, à Pékin.

    Grâce à une relance massive de l’économie, décidée par Pékin après la crise financière internationale de 2008, la Chine avait permis de soutenir l’activité mondiale quand l’Occident peinait à se remettre de la crise.

    Mais, depuis deux ans, le ralentissement chinois inquiète. En janvier, une nouvelle chute des bourses et du yuan, la monnaie chinoise, avait fait craindre une crise ouverte de l’économie chinoise. Depuis, la bourse reste au point mort, mais sans les effets de yoyo qui effraient les investisseurs, et la reprise de l’immobilier a donné un peu d’air à l’économie.

    Les investissements déclenchés par les autorités ont aussi contribué à soutenir l’activité. Au deuxième trimestre, la croissance a atteint 6,7 %, comme au premier, alors que beaucoup d’économistes s’attendaient à une baisse. Le FMI a d’ailleurs relevé sa prévision de croissance pour le pays mardi, de 0,1 point, soit 6,6 % pour l’année 2016.

    Activité en fort repli au Royaume-Uni

    L’institution a toutefois mis en garde : « Si la transition de la Chine n’est pas bien gérée, elle pourrait ajouter à la volatilité qui entoure l’économie mondiale. » La Chine, qui s’est enrichie en devenant l’usine du monde, tente de monter en gamme et de développer sa consommation intérieure, mais semble hésiter à mettre en place des réformes de structures promises pour faciliter cette transition.

    Selon le FMI, c’est pourtant bien le Brexit qui risque de miner les espoirs de reprise cette année. « Un échec à clarifier l’avenir de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ajouterait de l’incertitude et pèserait sur la confiance », a averti l’organisation dans un rapport adressé aux ministres des finances du G20, publié jeudi.

    D’après le cabinet Markit, l’activité s’est effondrée au Royaume-Uni en juillet. L’indice des directeurs d’achat « PMI » composite a atteint son plus bas niveau depuis 2009, avec 47,7 points en juillet, contre 52,4 en juin. Selon cet indicateur, l’activité progresse si le chiffre est supérieur à 50.

    Dévaluation du yuan au menu

    Sont également sur la table des ministres des finances du G20, le financement du terrorisme et l’érosion de la base fiscale des Etats, déjà évoqués en février. Mais aussi un sujet qui pourrait susciter des tensions : les politiques monétaires. Si la chute de la livre sterling a ajouté à la confusion en juin, c’est la trajectoire à long terme du yuan qui a de quoi inquiéter : la monnaie chinoise a perdu 2,5 % par rapport au dollar depuis février.

    Grâce à davantage d’explications sur les techniques de fixation du yuan, la dévaluation discrète n’a pas effrayé les investisseurs. Alors que de précédentes dévaluations avaient entraîné des fuites importantes de capitaux, les réserves de devises étrangères de la Banque du peuple de Chine (BPC, banque centrale) ont même légèrement augmenté le mois dernier.

    Dans un entretien bilatéral, le ministre des finances japonais, Taro Aso et le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, ont souligné la nécessité pour les membres du G20 de s’abstenir de dévaluations compétitives.

    Malgré les engagements répétés de Pékin à libéraliser sa monnaie, le yuan reste contrôlé par la Banque centrale. Les Etats-Unis accusent Pékin de faire baisser sa monnaie pour promouvoir ses exportations. Jeudi 21 juillet, le secrétaire d’Etat au trésor américain, Jacob Lew a appelé ses partenaires à ne pas se lancer dans une guerre des monnaies… Suivez son regard.

    • Simon Leplâtre (Shanghaï, correpondance)
      Journaliste au Monde
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