• Fondation pour l'islam de France : Chevènement, un choix critiqué

     

     

    Fondation pour l'islam de France : Chevènement, un choix critiqué

    Fondation pour l'islam de France : Chevènement, un choix critiquéJean-Pierre Chevènement dans la cour de l'Élysée, le 9 janvier 2015. (P. KOVARIK/AFP)

    L'ancien ministre de l'Intérieur est pressenti pour prendre la tête de cette fondation.

     

    Décidé à ressusciter la fondation des œuvres de l'islam de France pour aider au financement du culte musulman et à sa transparence, le gouvernement envisage la nomination à sa tête de Jean-Pierre Chevènement.

    L'ancien président du Mouvement des citoyens (MRC), ardent défenseur des valeurs de la laïcité et d'un républicanisme strict, a les faveurs du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

    "Chevènement, grande figure de la gauche, républicaine est respecté dans le monde arabo-musulman depuis son opposition à la guerre en Irak, et il aura la stature nécessaire pour solliciter des fonds auprès des entreprises et des riches donateurs du monde arabo-musulman", a fait savoir la place Beauvau au journal "Le Monde".

    Si les représentants du culte musulman ne se sont pas encore exprimés sur cette information, ce choix a déjà suscité de vivres critiques, y compris à gauche.

    "Il n'y a pas de Français de confession musulmane à la hauteur ?"

    C'est du gouvernement lui-même que les premiers désaccords ont surgi sur le sujet. Mercredi 3 août, la ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a esquissé un portrait du dirigeant idéal de cette instance, loin de ressembler à Jean-Pierre Chevènement :


    "Le bon profil, c'est d'abord quelqu'un de culture musulmane, qui ait une connaissance de la subtilité humaine de l'islam, quelqu'un de laïc, et peut-être le meilleur profil, ce serait une femme également", a-t-elle plaidé sur France Info.

    Auteure d'un rapport sur l'organisation et le financement de l'islam en France, Nathalie Goulet, sénatrice centriste de l'Orne, s'étonne elle aussi, sur Twitter, du choix d'un profil comme celui de l'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin : 

     

    77 ans à la tête de la il n'y a pas de français de confession musulmane à la hauteur ?

    Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, va encore plus loin, en évoquant une forme de "mise sous tutelle" des musulmans.

    JP Chevènement patron de la Fondation des œuvres de l'? Tant qu'à placer les musulmans sous tutelle, pourquoi pas @BCazeneuve?

    Marwan Muhammad, ancien porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), ironise de son côté sur la dimension politique de cette possible nomination, déplorant que le "gouvernement "organise l'islam de France avec ses potes".

    "On ne peut plus imposer aux musulmans la pratique de leur religion", a-t-il défendu, ce jeudi, sur l'antenne de RMC

    "Une culture qui peut faire obstacle à la compréhension du problème"

    Comme le souligne le journalsite Claude Askolovitch, dans un billet publié sur Slate, au-delà de l'âge de Jean-Pierre Chevènement (77 ans), et de la part de calcul politique ayant conduit à ce choix, ce sont un certain nombre de ses positions passées, sur le monde arabe et l'islam, qui interrogent quant à la pertinence de ce choix. Et témoignent d'une "vision dépassée" de ces sujets.

    "Cette affaire est un peu morale: le monde arabe, sinon l’islam, aura été un grand sujet de Chevènement, au fil de ses visions", écrit-il.
    "Lui qui jeune homme n’était pas hostile à l’Algérie française fut ensuite, avec constance, un 'pro-arabe', comme on disait. Apprécié du FLN algérien, admirateur de Nasser, qu’il citait encore au moment des révolutions arabes, ayant défendu la laïcité du baasisme, ce courant politique panarabe teinté de socialisme autoritaire dont Saddam Hussein fut le dernier vrai monstre." 

    Avant d'ajouter :

    "L’inconvénient de cette culture, c’est qu’elle peut faire obstacle à la compréhension du problème. Ce n’est pas d’une partie du grand monde arabo-musulman que l’on parle, mais d’une composante intime de la société française."

    Jean-Pierre Chevènement devrait communiquer sa décision finale à la rentrée.

    Sébastien Billard

     

    L'Obs

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    Journaliste

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