Hillary Clinton a tenté jeudi lors de son premier meeting depuis sa pneumonie de repartir du bon pied, tout en éreintant son adversaire Donald Trump, qui s’est dangereusement rapproché d’elle dans les sondages.

Ovationnée par 1.500 partisans à Greensboro, en Caroline du Nord, la candidate démocrate à la Maison Blanche a ironisé sur son repos forcé de quatre jours. «A deux mois de l’élection, rester chez moi était la dernière chose que j’avais envie de faire», a-t-elle lancé dans un sourire.

Mais elle a exploité ce temps de réflexion chez elle pour prendre la mesure des enjeux de la campagne, a-t-elle assuré, et du danger posé selon elle par le milliardaire républicain. «Je ne suis pas un showman, contrairement à mon opposant, et ça me va très bien comme ça», a-t-elle lâché.

D’une voix posée et ferme, levée par moments avec la pointe d’indignation qu’elle affectionne pour dénoncer certains propos républicains, Hillary Clinton a livré un discours relativement court, 23 minutes, passant seulement cinq minutes à serrer les mains de ses supporteurs à la fin, quand elle a pu consacrer plus de 20 minutes à cet exercice épuisant dans le passé.

Elle a aussi annoncé de nouveaux meetings la semaine prochaine.

«Je fais de la politique depuis des années. Ce n’est pas un métier facile. Cela s’échauffe parfois et j’ai bâti mes propres défenses. En termes de service public, j’ai toujours été meilleure pour la partie service que pour la partie publique», a-t-elle aussi dit, allusion aux reproches qui lui sont faits sur la protection de sa vie privée.

La candidate a ensuite accordé une courte conférence de presse d’à peine dix minutes dans laquelle elle a défendu sa décision de ne pas informer immédiatement vendredi dernier son colistier, Tim Kaine, qu’elle avait une pneumonie.

«Beaucoup de gens continuent de travailler en étant malades, c’est ce que je pensais faire, je ne voulais pas m’arrêter», a-t-elle martelé. La toux qui la poursuivait a disparu, mais sa gorge s’est trouvée enrouée lors de brefs instants.

- Mobiliser l’électorat -

C’était la première apparition en public de la candidate de 68 ans depuis son malaise de dimanche à New York, un incident qui lui a fait manquer plusieurs jours de campagne à un moment où le rythme s’accélère.

L’enjeu est de mobiliser à nouveau l’électorat de gauche et reconquérir au moins une partie de l’avance acquise après les conventions d’investiture de juillet. L’érosion est nette dans plusieurs sondages: de six points d’avance à la mi-août dans un duel, en moyenne, elle est tombée à moins de deux aujourd’hui.

Dans certains Etats stratégiques, l’Ohio et la Floride, Donald Trump la dépasse dans des sondages.

Ressort-elle affaiblie de ces quelques jours d’absence? «Dans les campagnes présidentielles, il se passe parfois des choses imprévisibles», philosophait un porte-parole dans l’avion de la candidate.

L’incident médical de dimanche l’a forcée à annuler une tournée dans l’ouest du pays et à publier un nouveau bulletin de santé, mercredi. Selon son médecin, l’ancienne secrétaire d’Etat de bientôt 69 ans est apte à assumer la fonction présidentielle, en excellente santé générale.

Jeudi, c’était au tour de Donald Trump de publier les résultats de son examen médical. Bilan: le milliardaire de 70 ans est lui aussi en «excellente santé», selon son médecin.

Son cholestérol est sous contrôle mais il est en surpoids, pesant 107 kilos pour 1,90 m.

Donald Trump a abandonné ses airs de gentleman et ouvertement remis en cause le niveau d’énergie de sa rivale, lors d’un meeting mercredi soir à Canton, dans l’Ohio.

Politiquement, Hillary Clinton doit surtout effacer sa gaffe sur les électeurs «pitoyables» de Donald Trump. C’est ainsi qu’elle a qualifié la moitié des partisans de son adversaire vendredi lors d’une réception de levée de fonds à New York, déclenchant un tollé à droite.

Les républicains ont longtemps dénoncé les conflits d’intérêts de la fondation caritative Clinton. Aujourd’hui, ce sont les démocrates qui critiquent l’opacité de la comptabilité de la fondation Trump, accusée d’être un outil d’influence politique au service de l’homme d’affaires. La justice de New York s’intéresse à des transactions douteuses.

«Je romprai tous mes liens et ce seront mes enfants et mes directeurs qui géreront l’entreprise», s’est de nouveau engagé Donald Trump jeudi.

Reste enfin le refus de Donald Trump de publier sa déclaration de revenus, une tradition mais pas une obligation légale. Hillary Clinton répète qu’elle est la candidate la plus transparente de l’histoire récente.

AFP