Après son équivalent républicain la semaine dernière, la convention démocrate, qui a officiellement intronisé Hillary Clinton comme candidate à la présidentielle, a lieu de lundi à jeudi à Philadelphie. Retour sur la deuxième journée, ce mardi.

Le moment historique d’Hillary Clinton

C’est joué, c’est fait : Hillary Clinton sera la candidate du Parti démocrate à l’élection présidentielle américaine, le 8 novembre prochain. Cela ne faisait aucun doute depuis la fin des primaires, où l’ancienne First Lady avait devancé son seul adversaire Bernie Sanders, mais c’est officiel depuis cette nuit et le vote de la convention démocrate, à Philadelphie. Un «state-by-state roll-call» (chaque Etat vote à tour de rôle) interrompu par Sanders himself lorsqu’est venu le tour du Vermont, dont il est sénateur. Il a alors proposé alors de procéder à la nomination de Clinton par simple acclamation de l’ensemble des délégués démocrates.

Certes, ce vote a été marqué par quelques signes de désunion de la part des délégués adeptes du «Bernie or bust» («Bernie ou rien»), absents de la salle au moment du vote ou l’ayant quittée en criant «Walkout !». Mais son issue est une sortie parfaite pour Bernie Sanders, qui joue sobrement son rôle dans cette convention censée incarner l’unité autour d’Hillary Clinton. Celle-ci entre dans l’histoire en devenant la première femme désignée par l’un des deux grands partis américains comme candidate à la présidentielle. «S’il y a des petites filles qui sont restées debout ce soir pour regarder la convention, a-t-elle déclaré dans une vidéo diffusée à l’issue de sa nomination officielle, je veux leur dire que si je serai peut-être la première femme présidente, l’une d’entre vous sera la prochaine.»

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Bill Clinton, 42 minutes d’intimité

Outre la nomination officielle de la candidate, la journée de mardi était marquée par un discours très attendu, celui de l’ancien président (1993-2001) et peut-être futur «First Gentleman» Bill Clinton. Pendant près de trois quart d’heure, le mari d’Hillary a raconté une histoire personnelle, celle de sa femme et lui : «Au printemps 1971, j’ai rencontré une fille…» Un discours parfois amusant, parfois tendre, évidemment très pro (c’est quand même Bill Clinton, que diable) mais rempli aussi de digressions – tout n’était clairement pas écrit sur le téléprompteur – et au final beaucoup trop long. Peut-être est-ce aussi le contraste avec le discours si brillant, la veille, de Michelle Obama, qui porte préjudice au «Comeback Kid» …

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Dans les pas de Black Lives Matter

La semaine dernière, la convention républicaine avait été marquée par plusieurs détournements du slogan Black Lives Matter pas toujours habiles, à base de «All lives matter» par exemple. «Les vies noires comptent», c’est ce cri lancé par la communauté afro-américaine qui n’en peut plus de voir des citoyens noirs tués, notamment par des policiers blancs, et à qui justice n’est pas rendue.

Ce mouvement citoyen a été mis à l’honneur mardi avec la venue sur la scène de la convention démocrate des Mothers of the Movement, un groupe qui réunit plusieurs mères de jeunes noirs tués par des violences policières, telles celles de Trayvon Martin, Michael Brown, Sandra Bland ou Eric Garner. Dix minutes d’émotion, et de soutien, aussi, à Hillary Clinton, résumé en une phrase par Lucia McBath, la mère de Jordan Davis, tué en Floride en 2012 : «Hillary Clinton n’a pas peur de dire que "les vies noires comptent".»

Baptiste Bouthier