• Election américaine: Donald Trump peut-il devenir président?

     

    ETATS-UNIS Il ne part pas favori face à Hillary Clinton, mais la route est longue jusqu'à novembre...

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    Donald Trump, le 28 avril 2016 dans l'Indiana.Donald Trump, le 28 avril 2016 dans l'Indiana. - C.CARLSON/AP/SIPA

     

    * Philippe Berry

     

     

    Le match Trump-Clinton a déjà commencé. Avec l’abandon de Ted Cruz et de John Kasich, Donald Trump est désormais le candidat présumé du parti républicain. Hillary Clinton, elle, est tout près du but et devrait, sauf accident, écarter Bernie Sanders. Après avoir créé une surprise retentissante lors de la primaire, Trump peut-il récidiver le 20 novembre ? Ça s’annonce compliqué. Mais pas forcément impossible.

     

    • Trump face à Clinton aujourd’hui

     

    Les sondages avec six mois d’avance ne sont pas considérés comme fiables. Malgré tout, le républicain part avec un déficit de 6,5 %, selon la moyenne de Real Clear Politics. L’enquête la plus récente, de CNN, donne même 13 % d’avance à Hillary Clinton. L’élection américaine ne se déroule pas au scrutin universel direct mais avec des grands électeurs. Pour atteindre la majorité (270), Trump doit d’abord remporter tous les Etats gagnés par Mitt Romney. A l’heure actuelle, il est derrière Clinton en Caroline du Nord, Arizona, Missouri et Utah. Et il devra en faire basculer au moins trois autres : Ohio, Floride et Pennsylvanie, un Etat qui n’a pas voté républicain depuis 1988.

     

    • Faire baisser Hillary Clinton

     

    Avec un simple surnom, il a coulé « Jeb Bush l’apathique », « le petit Marco » Rubio et le « menteur Ted » Cruz. Pour Clinton, c’est « crooked Hillary », « Hillary l’escroc ». Scandale sur l’utilisation de son compte email privé, attaque contre le consulat américain de Benghazi, discours payés par la banque Goldman Sachs… Trump va appuyer là où ça fait mal : selon un sondage du Washington Post du mois de mars, 57 % des Américains estiment que la démocrate est « malhonnête et pas digne de confiance ». Clinton est une candidate impopulaire, avec 55 % d’opinions négatives. Le problème, c’est que Donald Trump fait pire, à 65 %. Les experts s’attendent donc à une campagne toxique, sans restriction sur les attaques personnelles.

     

    • Récupérer des électeurs de Bernie Sanders

     

    C’est sa dernière stratégie. « Je pense que de nombreux électeurs de Bernie Sanders voteront pour moi car ils veulent un candidat qui défende l’emploi », a avancé Trump sur Fox News, mardi. Il a déjà commencé son opération séduction. Comme le candidat socialiste, il s’en prend aux traités commerciaux et au libre-échange, qui poussent, selon lui, à la délocalisation. « Hillary Clinton veut fermer les mines de charbon, moi je veux remettre les mineurs au travail », a-t-il encore promis, mardi soir. Dans des Etats ouvriers et agricoles comme l’Ohio, la Pennsylvanie ou la Virginie, cela pourrait payer.

     

    • Limiter la casse avec les minorités

     

    Malgré ses déclarations incendiaires sur les immigrés, les musulmans et les femmes, Trump répète souvent qu’il gagne « dans toutes les catégories » démographiques. Le problème de cet argument, c’est que le vote noir et latino est globalement insignifiant dans la primaire républicaine. Il aura également fort à faire du côté du vote féminin, alors que sept femmes sur dix ont une opinion négative de lui. Bref, à l’heure actuelle, Hillary Clinton reste la favorite. Mais une inculpation dans l’affaire des emails, de mauvais chiffres économiques ou une attaque terroriste, comme à San Bernardino, pourraient tout changer.

     

    • La grande incertitude

     

    L’expert élection de Princeton, Sam Wang, l’expliquait à 20 Minutes en février : avec Trump, « nous entrons en terrain inconnu. Il faut être très prudent dans ses prédictions ». L’ancien directeur de campagne de Barack Obama, David Plouffe, est à l’unisson. Selon lui, Trump « pourrait perdre dans un raz-de-marée ou s’imposer d’une courte tête. C’est l’élection la plus volatile depuis 1980 ». Une chose est sûre, on ne devrait pas s'ennuyer.

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  • M. Kasich laisse M. Trump seul en course pour être

    le candidat républicain

    LE MONDE | 04.05.2016 à 23h35 • Mis à jour le 04.05.2016 à 23h45 | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)

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    Le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, le 29 avril à Burlingame en Californie.

    Les lois de physique politique ont fini par rattraper John Kasich. Le plus mal loti des candidats républicain a fini par abandonner la course, mercredi 5 mai, au lendemain d’une nouvelle défaite essuyée dans l’Indiana face au favori Donald Trump. De tous les revers subis par le gouverneur de l’Ohio, le dernier était le plus explicable puisque M. Kasich avait accepté de ne pas faire campagne dans cet Etat pour donner toutes les chances au troisième homme de la course à l’investiture républicain, Ted Cruz. L’abandon de ce dernier, mardi soir, a sonné la fin des espoirs du front anti-Trump interne au camp républicain : ceux d’évincer le milliardaire au cours d’une convention « ouverte », en juillet, à Cleveland. M. Kasich en a tiré les conséquences en se retirant à son tour.

    Voir aussi :   Convention « ouverte », mode d’emploi

    Au cours de la campagne, le gouverneur de l’Ohio a accumulé les soutiens de prestigieux titres de presse sans jamais réussir à convertir cette opinion favorable en bulletins de vote. En septembre, le site conservateur Redstate l’avait d’ailleurs défini comme une sorte d’« idiot utile », en le définissant comme « un républicain pour ceux qui n’aiment pas les républicains ». Encouragé en février par un électeur du parti adverse, il en avait plaisanté : « J’aurais dû me présenter à la primaire démocrate. »

    M. Kasich avait mis un point d’honneur à l’emporter dans son propre Etat, un objectif atteint le 15 mars. Il a également obtenu des deuxièmes places dans le New Hampshire, le Massachusetts et le District de Columbia. Mais son total de délégués est resté inférieur à celui de Marco Rubio, qui avait abandonné au soir de son revers en Floride, il y a un mois et demi.

    Faire valoir son bilan

    C’est parce qu’il a considéré qu’aucun candidat modéré ne s’imposait d’emblée dans la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle du 8 novembre que M. Kasich s’est porté sur les rangs, en dépit d’une forte concurrence qui a au final servi Donald Trump en dispersant les voix de cette famille républicaine. Et c’est parce que la colère qui secoue la base républicaine a rendu inaudible ce courant pragmatique qu’il s’est heurté au même mur qui a poussé successivement en dehors de la course Chris Christie et Jeb Bush avant M. Rubio.

    Ordinairement pondéré et réaliste, M. Kasich, 63 ans, est apparu au cours des débats comme une variante du « conservatisme compassionnel » que le gouverneur du Texas, George W. Bush, avait imposé lors de la campagne présidentielle de 2000. Il a été parmi les premiers à s’inquiéter de l’ascendant pris par un outsider inattendu, le magnat de l’immobilier Donald Trump, sans pour autant parvenir à le mettre en difficulté lors des débats, puis en tentant de l’ignorer délibérément pour se présenter comme « le seul adulte » de ces discussions souvent houleuses.

    Lire aussi :   Les républicains embarrassés par la victoire de Donald Trump

    Depuis l’annonce de sa candidature, après une première tentative avortée en 2000, le gouverneur, depuis 2010, d’un swing State (« Etat indécis ») particulièrement décisif pour la présidentielle n’a cessé de faire valoir son bilan, à ses risques et périls. Il s’appuyait en effet sur son expérience à la Chambre des représentants, à la commission des forces armées et à celle du budget, à un moment où le Congrès est une source d’exaspération pour une partie de la base républicaine. Et que dire de sa brève expérience dans le secteur privé, au sein de la banque d’affaires Lehman Brothers…

    Fils d’un couple d’émigrants tchèque et croate, né en 1952 près de Pittsburgh, en Pennsylvanie, John Kasich, étudiant, avait été reçu, en 1970, à la Maison Blanche, par le président républicain, Richard Nixon, alors au faîte de sa carrière. Il avait obtenu cette faveur après avoir envoyé une lettre au président, dans laquelle il avait exprimé ses préoccupations concernant le sort des États-Unis. Huit ans plus tard, il était élu au Sénat de l’Ohio et, en 1983, il commençait une carrière fructueuse au Congrès des Etats-Unis. A moins d’être choisi pour le poste de vice-président par M. Trump dont il est l’exacte contraire, l’abandon de mercredi sonne probablement la fin de ses ambitions nationales.

    Lire aussi :   Des excès au succès, la marche triomphale du magnat populiste

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    Donald Trump sera sans nul doute le candidat républicain à la présidentielle américaine. Or, il est précisément le candidat dont les caciques républicains ne veulent pas.

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  • Après l'abandon de Cruz, Trump «candidat républicain présumé» à la présidentielle

     

    Par Matthieu Ecoiffier, Envoyé spécial à New York 4 mai 2016 à 06:09 (mis à jour à 08:23) Lien
     

     

     

    Donald Trump lors de son discours sur la politique étrangère mercredi à Washington. Photo Chip Somodevilla. AFP

     

    Le retrait surprise de Ted Cruz, qu'il a largement devancé mardi soir dans la primaire de l'Indiana, laisse la voie libre au milliardaire chez les républicains. Côté démocrates, Hillary Clinton est freinée par sa défaite face à Bernie Sanders.

     

     

    Donald Trump triomphe, Hillary Clinton trébuche. Et les électeurs américains, de gauche comme de droite, expriment une rébellion de plus en plus ouverte contre ceux qui les dirigent depuis des décennies à Washington. La primaire de l’Indiana, mardi, marque indéniablement un tournant dans la campagne pour la présidentielle de 2016. La voie est libre pour le magnat de l’immobilier qui, avec 53,7% des voix, écrase Ted Cruz, son principal rival dans la course à l’investiture.

    Dans ce fief républicain conservateur et religieux, le milliardaire se paye le luxe d’arriver avec près de 17 points devant Cruz, le candidat de la droite religieuse et conservatrice. Le retrait surprise dans la soirée de ce dernier permet à l’ancienne star de télé-réalité de faire campagne avec le statut de «candidat républicain présumé à la présidentielle».

    Une dynamique renforcée, coté démocrate, par la contre-performance d’Hillary Clinton dans cet état du Midwest où Bernie Sanders remporte 53% des voix. Pas de quoi compromettre l’avance de l’ex-secrétaire d’Etat en nombre de délégués, mais un frein certain pour sa campagne. Visiblement désarçonnée, Hillary Clinton a été la seule à ne pas s’exprimer mardi soir. Ce qui n’a pas échappé à Donald Trump. «Nous allons désormais combattre Hillary Clinton, elle ne sera pas une grande, une bonne présidente mais une mauvaise présidente. Elle ne comprend rien au commerce», a-t-il trompeté depuis la Trump Tower, son QG new-yorkais.

    Dans un discours somme toute relativement calme et présidentiel, et emprunt d’une grande habileté stratégique, il s’est ensuite attaché à rassembler son camp. «J’ai rivalisé toute mon existence, en participant à des compétitions dans le sport, le business et, depuis dix mois, dans la politique. Ted Cruz, je ne sais pas s’il m’apprécie ou non, mais c’est un sacré compétiteur. Il est dur, déterminé», a salué le désormais candidat présumé du GOP (grand old party, le parti républicain) se gonflant d’avoir terrassé un tel rival. Une demi-heure plus tôt, Cruz n’avait même pas prononcé son nom dans un long discours prononcé d’Indianapolis et dégoulinant de religiosité béate: «Nos droits ne viennent pas des rois, des reines ou même des présidents, mais de Dieu tout-puissant !» avait-il rappelé, avant de rendre un hommage aux qualités de visionnaire de Ronald Reagan. Et de concéder sa défaite. 

    «Menteur pathologique»

    «J’avais dit que je continuerais aussi longtemps qu’un chemin vers la victoire existait, a finalement lâché le Texan parmi les cris d’une toute petite foule de supporteurs. Il semble que ce chemin s’achève. Ensemble, nous avons tout donné sur le terrain dans l'Indiana. Mais, ce soir, à mon grand regret, les électeurs ont choisi une autre voie. Nous suspendons notre campagne, mais pas notre combat pour la liberté.» Pas un mot de soutien pour Trump donc. Il faut croire que l’hypocrisie a des limites, même pour un chrétien : quelques heures avant le vote, Ted Cruz s’est lâché comme jamais devant les journalistes, rapporte le New York Times, traitant Trump de «menteur pathologique», de «coureur de jupons» et «profondément amoral».

    Visiblement même les républicains purs et durs de l’Indiana ont plus adhéré au discours volontariste et protectionniste en matière d’emploi et d’économie de Trump qu’aux saillies fondamentalistes de Cruz qui a fini sa campagne en accusant Trump (et Clinton) d’être pour que les personnes transgenres puissent choisir d’aller dans les toilettes des femmes, au risque de les maltraiter !

    «Big»«Very big»«Historique».  Mardi, dès l’annonce des premiers résultats de la primaire dans l’Indiana, les commentateurs faisaient assaut de superlatifs pour décrire la victoire de Trump. Selon les estimations, il totalisait 53,2% des voix, contre 36,7% pour Ted Cruz et moins de 7,5% pour John Kasich au profil plus modéré. Rien ne semblait plus pouvoir arrêter la dynamique du candidat au toupet politique et capillaire phénoménal. Avec 1 013 délégués, Trump se rapproche du chiffre magique de 1 237 délégués nécessaires pour éviter une Convention républicaine où il pouvait voir sa nomination contestée au second tour du vote des délégués, en juillet, à Cleveland. 

    Si l’on croit les sondages actuels dans les Etats où auront lieu les prochaines primaires, avec la dynamique politique qui est la sienne, l’affaire paraît pliée pour Trump. Il semble que l’équipe de campagne de Cruz, plus inspirée par les maths que par Dieu, a fait les mêmes calculs. Cruz n’a pas réussi à se poser en alternative à Trump dans l’électorat républicain. Avec ses 154 délégués John Kasich, le gouverneur de l’Ohio au profil plus rassembleur et modéré, reste le seul en piste au cas où Trump échouerait de justesse à passer la barre, hypothèse désormais hautement improbable.

    «Winter is coming»

    Ce mercredi matin, l’Europe se réveille donc avec Donald Trump en candidat républicain présumé outre-Atlantique. Lui que beaucoup considéraient, il y a seulement quelques mois, comme un clown. Le voilà qui se révèle un très sérieux opposant à Hillary Clinton, forcée de boiter jusqu’à sa propre investiture par la dynamique de Sanders. Les commentateurs pointaient mardi soir, le moteur commun alimentant ces deux victoires : l’un comme l’autre ont su capter le rejet et la frustration profonde des électeurs américains des «Washingtoniens» qui se succèdent aux manettes du pays.

    C’est justement parce qu’il n’a aucune expérience politique ni jamais exercé un mandat d’élu au service du public que de nombreux électeurs votent Trump. Qu’il soit en passe de remporter l’investiture républicaine est une première depuis la candidature de Dwight D. Eisenhower. Encore que ce dernier «était un général cinq étoiles, commandant en chef des armées alliées en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale», s’étranglait mardi soir le New York Times. Il fallait aussi voir la mine déconfite de David Axelrod, l’ancien chef de la stratégie des deux campagnes victorieuses d’Obama, reconnaître sur CNN qu’il s’est trompé sur Trump : «J’ai cru qu’il serait une passade de l’été, puis de l’automne. Puis qu’il ne passerait pas Noël.» 

    à lire aussi Donald Trump, «l’Amérique d’abord», les idées après

    L’autre raison du succès de Trump, qui a particulièrement joué dans l’Indiana, est son discours protectionniste et volontariste en matière d’économie. Quand il dit «Make America great again», les électeurs entendent «les Américains d’abord». Et pas seulement les républicains, la classe moyenne blanche. Conscient de la puissance de cet argument, l’intéressé est d’ailleurs bien décidé à s’en servir pour grignoter l’avance d’Hillary Clinton dans l’électorat noir et latino. Son principal handicap, avec l’abstention dans son propre camp. «Les Hispaniques veulent du travail, les Afro-Américains veulent du travail. On va faire revenir le travail et faire en sorte qu’ils restent chez nous», a promis Donald Trump en conclusion, en promoteur du rêve américain. «Winter is coming», ironisait mardi soir un commentateur à la télé américaine, en reprenant le slogan de la série Game of Thrones, le rire jaune au-dessus de sa cravate.

    Matthieu Ecoiffier Envoyé spécial à New York
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  • La coopération réglementaire au cœur de la négociation du Tafta

    LE MONDE ECONOMIE | 02.05.2016 à 10h41 • Mis à jour le 02.05.2016 à 15h15 | Par Maxime Vaudano et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Lien

    Des membres du collectif "Stop Tafta" manifestent devant le siège du Medef, à Paris, le 19 avril. Des membres du collectif "Stop Tafta" manifestent devant le siège du Medef, à Paris, le 19 avril. ELLIOTT VERDIER / AFP

    Les documents confidentiels du Tafta ­obtenus par Greenpeace et consultés par Le Monde montrent à quel point les Américains sont peu enclins aux compromis. C’est particulièrement frappant en ce qui concerne la coopération réglementaire, un des aspects les plus importants du projet d’accord de libre-échange transatlantique entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis. Washington insiste sur la nécessité de procéder à des études d’impact en amont de toute réglementation (« regu­latory impact assessment »), qui ressemblent à autant d’obstacles à franchir avant de pouvoir réglementer.

    Lire l’enquête :   Ce que révèlent les documents confidentiels sur la négociation transatlantique

    Ces études d’impact devraient inclure notamment « l’examen des alternatives réglementaires ou non réglementaires (…) envisa­geables (y compris l’option de ne pas réguler) ». « Cette manière de réglementer aurait pour effet probable de retarder ou de prévenir des régulations auxquelles s’opposent les intérêts économiques, ­souligne Jorgo Riss, directeur du bureau européen de Greenpeace. A Bruxelles, la Commission procède déjà par études d’impact, mais c’est beaucoup moins systématique, et la capitale de l’Europe est bien moins contrôlée par les lobbies que Washington. »

    Un forum de discussions

    En ce qui concerne le champ de la coopération réglementaire entre Etats-Unis et Union européenne, les premiers suggèrent qu’elle devrait s’appliquer au niveau des agences fédérales sur leur territoire, mais que, côté européen, elle concerne à la fois les institutions communautaires (la Commission européenne et ses ­nombreuses agences satellites) et les organismes nationaux (les agences de régulation des Etats membres).

    Les Américains souhaiteraient, par ailleurs, voir introduire un droit de pétition. N’importe qui (en pratique, cela risquerait surtout d’être des lobbies, prévient Greenpeace) pourrait demander des comptes à l’autorité de régulation sur l’une de ses règles, « si, par exemple, cette règle n’est plus assez efficace, pour protéger la santé [ou] la sécurité, [qu’elle] est devenue plus un obstacle qu’une aide, (…), n’a pas pris en compte (…) les changements technologiques, ou les avancées de la science et des techniques », peut-on lire dans le chapitre sur la coopération réglementaire.

    Lire aussi :   Où en est le projet de libre-échange transatlantique ?

    Les négociateurs souhaitent aussi mettre en place des comités chargés de rapprocher les philosophies européenne et américaine en matière de réglementations, aujourd’hui largement divergentes.

    Au sommet de la pyramide, les Européens proposent d’installer un « organisme de coopération ­réglementaire » (OCR) composé de technocrates des deux rives de l’Atlantique. On est loin du « Parlement secret » qui modifierait des législations en dehors de tout contrôle démocratique, comme le craignaient certaines ONG. Il s’agit davantage d’un forum de discussion, chargé d’organiser une grande réunion par an avec les « parties prenantes » (lobbies industriels, syndicats et organisations de la société civile) pour établir une liste des priorités en matière de convergence des normes.

    Aucun pouvoir législatif ou normatif

    L’UE précise que cette nouvelle institution n’aura aucun pouvoir législatif ou normatif, et que son agenda comme le compte rendu de ses travaux seront publics. Greenpeace craint toutefois qu’elle ne « donne un rôle prééminent à l’industrie sur les citoyens, qui auraient du mal à s’approprier ses procédures complexes pour faire entendre leur voix ».

    D’autant qu’en dehors de l’OCR, certains comités thématiques du Tafta ne devraient pas être ouverts aux parties prenantes, à l’image du « groupe de travail sur les produits de l’agriculture moderne », qui serait, par exemple, amené à examiner le refus des Etats européens d’homologuer un organisme génétiquement modifié (OGM).

    Une autre instance promue par les Européens, le « mécanisme bilatéral de coopération », mettrait en place un canal de communication permanent pour tenir les Américains informés de tous les projets de régulation européens (et vice-versa), en leur permettant de proposer en amont une harmonisation ou une reconnaissance de l’équivalence des régulations.

    Les négociateurs précisent noir sur blanc dans leurs propositions que ces procédures ne pourront jamais bloquer ou retarder les processus de régulation d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Des garde-fous qui ne rassurent guère les sceptiques, même si ces procédures sont dans la droite ­ligne des forums de coopération américano-européens mis en place depuis déjà plusieurs années.

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  • Syrie : Alep pleure le pédiatre "resté dans l'enfer" pour sauver les enfants

    Mis à jour : 30-04-2016 11:41
    - Créé : 30-04-2016 11:35    Lien

    PORTRAIT - La guerre en Syrie n'en finit plus de causer des malheurs. Après le bombardement d'un hôpital d'Alep mercredi 27 avril, le docteur Maaz, pédiatre, vient s'ajouter à la liste de ceux qui ont donné leurs vies pour sauver celle des autres.

    Le docteur Maaz, pédiatre d'Alep, est mort.

    Le docteur Maaz, pédiatre d'Alep, est mort.

    OMAR ETAKI / IDA / AFP

    Photo:

    Dans la ville syrienne d'Alep ravagée par la guerre, le docteur Mohammad Wassim Maaz s'était donné pour mission de sauver les enfants, avant que la mort ne le happe à son tour.

    Mercredi 27 avril, sa vie a été fauchée, ainsi que celle d'un dentiste, de trois infirmiers et de 22 autres civils dans un bombardement aérien sur l'hôpital al-Qods dans cette ville coupée en deux depuis juillet 2012 entre secteur gouvernemental et rebelle.

    Le meilleur pédiatre en enfer

    Barbe noire bien taillée, regard perçant, corps rond et doté d'un solide sens de l'humour, le docteur Maaz "était considéré comme le meilleur pédiatre et en tout cas un des derniers à être resté dans cet enfer", ont confié ses collègues à l'AFP. Seuls ses yeux cernés laissaient entrevoir l'immense fatigue de celui qui, jour après jour, sans relâche, tentait de sauver les enfants malades ou blessés par les bombardements du régime sur les quartiers tenus par les rebelles à Alep, la deuxième ville de Syrie.

    Le docteur Maaz est devenu une nouvelle victime de cette guerre qui, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, a fait plus de 270.000 morts depuis 2011. 13.500 enfants ont été tués dans les combats. Deux chiffres à prendre avec des pincettes, le travail de cette ONG sur le conflit syrien faisant l'objet de maintes critiques et étant contredit par d'autres chiffres. A Alep, le docteur Maaz en a sauvé des dizaines d'un tel sort. Lorsque les bombardements se sont intensifiés quelques jours avant le raid fatal, lui et le reste de l'équipe ont fait descendre les couveuses au rez-de-chaussée pour les protéger.

    Risquer sa vie pour sauver les autres

    Pour son collègue le Dr Hatem, directeur d'un hôpital pour enfants à Alep, il était "le pédiatre le plus qualifié de la ville et le plus formidable de l'hôpital". "Il était amical et blaguait souvent avec l'équipe. Il était humain et courageux", écrit-il dans une lettre publiée jeudi par la campagne "Syria campaign". Originaire d'Alep, le Dr Maaz travaillait la journée à l'hôpital pour enfants et s'occupait des urgences durant la nuit à l'hôpital al-Qods. Sa famille se trouvait en Turquie et il devait lui rendre visite avant que la mort l'emporte.

    Pour Mirella Hodeib, porte-parole à Beyrouth de Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait financièrement al-Qods, le Dr Maaz "était un pédiatre très dévoué [qui] avait choisi de risquer sa vie pour aider la population d'Alep", une ville meurtrie par les destructions, les bombes et les coupures d'eau ou d'électricité. "Al-Qods était le principal hôpital pour enfants et il était un important pédiatre. Il travaillait dans cet établissement depuis des années. Sa disparition est une terrible perte", a-t-elle confié.

    Pénurie de médecins

    Jointe par téléphone par l'AFP à Kilis (Turquie), Miskilda Zancada, chef de mission de MSF en Syrie, a qualifié sa mort de "tragédie". "Il ne reste plus que 70 à 80 médecins pour 250.000 habitants dans la partie non gouvernementale (de la ville d'Alep) car 95% d'entre eux sont partis ou ont été tués", souligne-t-elle.

    Dans une lettre publiée par l'organisation Crisis Action, des médecins d'Alep ont lancé un cri d'alarme. "Nos hôpitaux sont près du point de rupture" à cause de l'intensification des frappes qui ont fait certains jours "près de quatre morts et plus de cinquante blessés toutes les heures. "Bientôt, il n'y aura plus de professionnels de santé à Alep. Vers qui se tourneront alors les civils qui auront besoin de soins ?" s'interrogent-ils. Selon eux, au moins 730 médecins ont été tués en Syrie en cinq ans.

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  • Sahara Occidental: le Conseil de sécurité relance la mission de l’ONU

     

    Par AFP 29 avril 2016 à 17:30 (mis à jour à 20:23)
     

     

     

    Un membre de la mission des Nations unies au Sahara occidental, devant la base de Bir-Lahlou, au sud-ouest de la ville algérienne de Tindouf, le 5 mars 2016 Photo Farouk Batiche. AFP

     

     

    Le Conseil de sécurité a adopté vendredi, malgré des divisions, une résolution présentée par les Etats-Unis et prolongeant jusqu’à fin avril 2017 la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso), objet d’une vive querelle entre Rabat et les Nations unies.

    Le Conseil de sécurité «déplore que la capacité de la Minurso de s’acquitter pleinement de son mandat ait été limitée» après l’expulsion par le Maroc de dizaines de membres civils expatriés de la mission. Et il «souligne qu’il est urgent que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions», selon le texte de la résolution.

    Celle-ci a été soutenue par dix des 15 pays membres du Conseil de sécurité. Le Venezuela et l’Uruguay ont voté contre tandis que la Russie, l’Angola et la Nouvelle-Zélande se sont abstenus.

    La Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Espagne ont soutenu la résolution avec l’Ukraine, le Japon, l’Egypte, la Malaisie et le Sénégal.

    Irrité par des propos du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui évoquait «l’occupation» du Sahara occidental par le Maroc, Rabat a expulsé 75 des membres civils expatriés de la mission en mars. Selon l’ONU, il ne reste sur place que 28 experts civils, ce qui empêche la Minurso de remplir son mandat, qui devait s’achever ce mois-ci.

    Rabat considère le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire tandis que le Front Polisario revendique son indépendance.

    Les débats ont été intenses avant le vote du Conseil, plusieurs pays membres estimant notamment que la résolution n’était pas assez ferme face au Maroc.

    Le texte laisse un délai de trois mois au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour faire savoir au Conseil s’il estime que la mission a été rétablie dans sa pleine capacité. Si ce n’est pas le cas, le Conseil entend «examiner les meilleurs moyens pour parvenir à cet objectif», selon le texte.

    - Débats houleux -

    Les négociations ont été «difficiles et contestées. C’est un euphémisme» de le dire, a noté l’ambassadeur des Etats-Unis, Samantha Power.

    Qualifiant la résolution de «partiale», le représentant de l’Angola auprès des Nations unies, Ismael Gaspar Martins, a ainsi estimé que le Conseil aurait dû demander que la mission soit relancée «immédiatement et sans pré-conditions».

    «Si ça avait été un pays plus faible qui ne compte pas des amis au Conseil de sécurité, celui-ci n’aurait pas hésité à imposer des sanctions», a renchéri l’ambassadeur du Venezuela Rafael Ramirez.

    La France, l’Espagne et le Sénégal se sont eux montrés plus réceptifs aux inquiétudes du Maroc.

    L’ambassadeur français Francois Delattre a défendu la résolution, la jugeant «équilibrée». «L’objectif est désormais de créer les conditions qui permettront de retrouver un climat plus apaisé» pour les discussions sur la relance de la mission.

    Le représentant à l’ONU du Front Polisario, Ahmed Boukhari, a lui accusé la France d’avoir bloqué l’adoption d’une résolution plus ferme.

    «Ces gens ont été expulsés en deux jours, ils peuvent revenir en deux jours. Pourquoi trois mois ? C’est la faute de la France selon nous», a-t-il déclaré.

    L’ambassadeur du Maroc, Omar Hilale, s’est lui contenté de dire que son gouvernement avait «pris note» de la résolution et allait l’étudier.

    Certains pays craignent que d’autres Etats hôtes de missions de l’ONU, comme la République démocratique du Congo ou le Soudan, veuillent à leur tour se débarrasser de leurs Casques bleus.

    La Minurso a été déployée en 1991 dans cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975, pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un referendum d’autodétermination.

    AFP
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  • Australie: le constructeur naval français DCNS remporte le contrat du siècle

    Mis à jour 26 April 2016, 19:58 AEST     Lien

    Malcolm Turnbull l’a annoncé mardi matin: l’Australie choisit la France pour construire sa nouvelle flotte de sous-marins. Montant total: 50 milliards de dollars. C'est le plus gros investissement militaire de l'histoire de l'Australie.

    C’est la fin d’un appel d’offre de 15 mois, riche en suspense. DCNS construira la nouvelle flotte de 12 sous-marins de l’Australie. Le constructeur naval français a finalement devancé ses concurrents, l'Allemand ThyssenKrupp Marine Systems et le Japonais Mitsubishi, grâce à son « Barracuda à nageoire courte Block A1 ».  C'est le nom du sous-marin spécialement conçu par DCNS pour l'Australie. Le constructeur naval français s'est inspiré de son sous-marin Barracuda à propulsion nucléaire pour présenter au gouvernement australien un projet à propulsion hybride, à la fois diesel et électrique.  Avec ses 97 mètres de long, le Barracuda à nageoire courte a séduit l'Australie car il répond point par point au cahier des charges australien, a précisé la ministre de la Défense, Marise Payne, lors de la conférence de presse organisée mardi matin pour annoncer le nom du vainqueur de l'appel d'offre: « Nous avons besoin de sous-marins qui ont une portée considérable, qui puissent rester en plongée pendant de longues périodes, indétectables et silencieux, et qui soient dotés une technologie avancée de capteurs, pour repérer les autres sous marins. » Chose que ni le sous-marin Mitsubishi ni le sous-marin Thyssen-Krupp Marine Systems ne pouvaient offrir à l'Australie. Pourtant, l'ancien Premier ministre Tony Abbott avait une préférence pour le sous-marin de conception japonaise. Il avait même conclu un accord informel avec son homologue japonais Shinzo Abe. Le gouvernement japonais a donc fait savoir son mécontentement par les voies diplomatiques, en réclamant des explications officielles à l'Australie.  

    « Made in Australia »

     Le Premier ministre Malcolm Turnbull a fait le déplacement en Australie du Sud mardi matin pour annoncer la construction des sous-marins Barracuda à nageoire courte à Adelaïde, et non à l'étranger. C'était tout l'enjeu politique de cet appel d'offres. Le Premier ministre a donc martelé que la construction des nouveaux sous-marins permettra de créer 2800 emplois en Australie, et, insiste-t-il, « elle se fera avec de l'acier australien ». Voilà qui lui permettra peut-être de gagner des points dans l'opinion, car le pays est en pleine campagne électorale.  « Les sous-marins seront construits en Australie, assure Malcolm Turnbull. Il y aura bien sûr des sous-traitants dans d'autres régions du pays, entre autres. Mais le gros du travail sera effectué en Australie du Sud, même si nous devrons acheter des composants ailleurs. Par exemple, nous nous procurerons la quasi intégralité du système de combat de nos sous-marins auprès de nos amis américains. »  Malcolm Turnbull, le Premier ministre, et Marise Payne, la ministre de la Défense, sur les quais des chantiers navals d'Adelaïde, mardi matin, C'est là qu'ils ont annoncé qu'ils avaient choisi DCNS pour construire la nouvelle flotte de sous-marins. (Photo: The Advertiser / Tait Schmaal)

    Malcolm Turnbull, le Premier ministre, et Marise Payne, la ministre de la Défense, sur les quais des chantiers navals d'Adelaïde, mardi matin, C'est là qu'ils ont annoncé qu'ils avaient choisi DCNS pour construire la nouvelle flotte de sous-marins. (Photo: The Advertiser / Tait Schmaal)

     Outre les emplois, c'est le transfert de technologie et l'innovation qui intéressent le gouvernement australien. Il entre désormais en négociations exclusives avec DCNS jusqu'à début 2017. Le contrat final n'est donc pas encore signé, mais on sait déjà qu'il comprendra entre autres, la conception bien sûr, et la maintenance pendant vingt-cinq ans. Des équipes australiennes pourraient aller se faire former dans les chantiers navals de DCNS, à Cherbourg. Malcolm Turnbull:  « Nous faisons cela (renouveler la flotte des sous-marins, NDLR) pour garantir la sécurité de l'Australie, notre nation insulaire. Mais nous le faisons aussi pour aider notre économie à opérer sa transition et devenir ainsi une vraie économie du XXIème siècle, parce que nous savons que grâce à cet investissement, nous pouvons apprendre des procédés de fabrication de pointe. » 

     

    Une décision stratégique pour défendre l'île-continent

     En tout, la construction des 12 sous-marins Barracuda à nageoire courte coûtera 50 milliards de dollars australiens (4000 milliards de francs Pacifique). DCNS devrait toucher près de 12 milliards de dollars sur cette envelope globale. C'est le plus gros investissement militaire de l'histoire de l'Australie. Selon le gouvernement, c'est une nécessité stratégique. Il faut en effet remplacer les 6 sous-marins actuels, qui sont trop vétustes. Mais surtout, Canberra veut affirmer sa puissance dans la région, main dans la main avec les États-Unis, au moment où les tensions se multiplient en Mer de Chine. Marise Payne, la ministre australienne de la Défense: « Les sous-marins représentent une technologie stratégique pour l'Australie. Ils nous procurent des avantages substantiels dans le contexte maritime complexe de notre région. En effet, d'ici 2035, environ la moitié de la flotte mondiale de sous-marins croiseront dans les océans Indien et Pacifique. »   Le premier sous-marin Barracuda australien devrait être mis en service en 2030. Le programme de construction s'étalera sur les 50 prochaines années.

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  • Barack Obama entre en lice contre le «Brexit»

    Royaume-Uni Le président américain défend les avantages pour les Britanniques de rester dans l’UE. Non sans arrière-pensées

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    Barack Obama, Président des Etats-Unis.

    Barack Obama, Président des Etats-Unis. Image: EPA


       
       
       
       
       
     
     
     
     

    Barack Obama s’est immiscé dans le débat sur le référendum sur l’avenir du Royaume-Uni en Europe. Arrivé vendredi matin à Londres, il a diffusé dans le quotidien eurosceptique The Daily Telegraph une longue tirade en faveur du maintien du pays au sein de l’Union européenne.

    «L’UE ne modère pas l’influence britannique, elle la magnifie», assure le président américain dans un texte peu nuancé. «Un lien fort avec l’Europe n’est pas une menace à la position de meneur mondial du Royaume-Uni; elle la renforce.»

    Le locataire de la Maison-Blanche prévient ensuite que «ce genre de coopération – le partage de renseignements, la lutte antiterroriste, la création d’accord pour créer des emplois et la croissance économique – sera bien plus efficace si elle s’étend à travers l’Europe. Il est le temps pour les amis et les alliés de rester ensemble.»

    Influence à préserver

    Après la lettre publique signée mercredi par huit des dix secrétaires américains au Trésor encore en vie, l’empressement américain est évident. Cette attention n’est pas gratuite. En premier lieu, Washington a besoin d’un allié solide et sûr en Europe, rôle occupé par Londres depuis un demi-siècle. Ensuite, un «Brexit» (contraction de «Britain-Exit», sortie du Royaume-Uni) limiterait fortement sa capacité d’influence de la politique européenne et mettrait en péril toute sa stratégie internationale en fragilisant l’Europe.

    «Plus que ses prédécesseurs, Obama voit les alliés et les partenaires des Etats-Unis selon leur contribution aux objectifs américains», explique Ian Bond, l’un des responsables du think tank Centre pour la réforme européenne. «Il se demande en quoi le «Brexit» pourrait affecter la capacité de l’Europe à aider les Etats-Unis à s’attaquer aux problèmes internationaux. […] Par ailleurs, Obama veut que l’Europe agisse plus pour résoudre ses propres problèmes. Elle doit pour cela être unie et concentrée. Pour le moment, elle n’est ni l’un ni l’autre.»

    Colère des pro-Brexit

    Les figures de proue favorables au «Brexit» ont fait part de leur colère après l’intervention de Barack Obama. Le maire de Londres Boris Johnson n’a ainsi pas hésité à qualifier ses propos d’«absurdités». Sans doute craignent-ils que le président américain parvienne à influencer les Britanniques. Alan Shed, politologue à la LSE, n’y croit pas. Il estime que «dans deux mois, au moment de voter, les électeurs auront probablement oublié sa visite. Surtout, l’avis d’un dirigeant étranger ne sera pas un facteur clé dans leur choix final.»

    (TDG)

    (Créé: 22.04.2016, 20h51)
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  • Ses monarques cités dans l’affaire du 11 septembre, l’Arabie Saoudite menace les États-Unis

    usa-saoudite

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    Les relations entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite n’ont jamais été aussi tendues. Le président américains se trouve entre deux feux : d’un coté les familles des victimes du 11 septembre et les élus démocrates et républicains du Congrès américain cherchent à lever la censure sur les 28 pages du rapport de la commission d’enquête des attentats du 11 septembre 2001, d’un autre coté leur allié historique, l’Arabie Saoudite, souhaite que ces documents restent secrets.

    Pourquoi ?

    Une loi permettant aux citoyens américains d’attaquer en justice des Etats étrangers en cas d’attaque terroriste sur le sol américain dérange beaucoup les saoudiens. En effet, selon les aveux d’un terroriste français arrêté pour son implication dans les attentats du 11 septembre, « la famille royale saoudienne avaient versé des millions de dollars à Al-Qaïda dans les années 1990 ». De plus,15 des 19 pirates de l’air impliqués dans l’attentat étaient Saoudiens.

    Selon le New York Times, si les 28 pages en question seront publiées, le royaume saoudien risque de vendre pour 750 milliards de dollars en bons du Trésor américain, une somme qui effraye les américains. Une menace prise au sérieux par certains, mais pas d’autres. Selon le sénateur John Cornyn, les saoudiens n’exerceront jamais cette menace. « Je ne comprends pas pourquoi ils sont sur la défensive. Ce n’est pas [un projet de loi] qui cible le gouvernement saoudien. A moins qu’il y ait quelque chose dans ces 28 pages classifiées qu’ils redoutent et dont nous n’avons pas connaissance », a-t-il indiqué.

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