Il est beaucoup trop tôt pour que Donald Trump ne crie victoire. Il n’a accumulé que 82 délégués sur les 1 200 nécessaires à sa nomination. Mais les choses vont plutôt bien pour lui.
Toutefois dans le tohu-bohu de ses succès tapageurs, une double révolution est en train de passer inaperçue aux Etats-Unis. A savoir que la communauté hispanique détient la clé du scrutin de novembre et que le prochain président pourrait bien être un « latino » !
Une première historique et le reflet d’un bouleversement de la société américaine en cours depuis un demi-siècle.
Il n’a échappé à personne que Trump ne faisait pas l’unanimité parmi les dirigeants du parti républicain. Du fait de son caractère impérieux et abrasif. Et surtout du fait que tous les sondages le donnent perdant face à Hillary Clinton en novembre ! Clairement les pontes du GOP souhaiteraient que l’un des deux principaux challengers de Trump, Ted Cruz et Marco Rubio, l’emporte. Or tous les deux sont des « latinos », c’est-à-dire des Américains d’origine hispanique. Cruz et Rubiosont d’origine cubaine. Si l‘un deux venait à emporter la nomination – ce qui reste mathématiquement très possible – les Etats-Unis auraient pour la première fois de leur histoire un candidat et peut-être un président d’origine hispanique…
Les Etats-Unis comptent 58 millions de citoyens et résidents « hispaniques ». Soit 18% de la population. Deux fois plus qu’il y a vingt ans. Parmi eux, vingt- huit millions sont en âge de voter. C’est dix millions de plus que le nombre de noirs Américains ayant voté en 2012.
Les « hispaniques », ou « latinos », sont les Américains originaires d’un pays dont la langue est l’espagnol. Il s’agit principalement des immigrants venus d’Amérique centrale et latine, ou des Caraïbes. Les Mexicains sont le contingent le plus importants puisqu'ils représentent à eux seul près des deux tiers des hispaniques (64%). Viennent ensuite les Portoricains (9%), les cubains (3,5%) et les Salvadoriens (3%).
Ils sont présents sur tout le territoire américain, mais particulièrement dans le sud-ouest, la Floride et quelques Etats du nord-est. En Californie, les latinos sont déjà la première des minorités. Devant les « blancs d’origine européenne ». Ils ont conquis tous les échelons du pouvoir, sauf le poste de gouverneur, pour l’instant. Même chose dans de nombreux comtés du Texas. La ville de Laredo, au Texas, détient la plus forte proportion d’hispaniques du pays, 96%... Ainsi plus de cent-cinquante ans après la guerre entre les Etats-Unis et le Mexique qui avait débouché sur l’annexion des territoires du Texas, du Nouveau Mexique, de l’Arizona, du Nevada, de l’Utah et de la Californie, par les Etats-Unis, les Mexicains sont en train de reconquérir et de re-coloniser ces terres, sans armes, mais avec leur pieds…