• Londres donne son feu vert à Hinkley Point, avec des garde-fous

    Londres donne son feu vert à Hinkley Point,

    avec des garde-fous

     

    par Benjamin Mallet et Kate Holton        LIEN

    PARIS/LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a donné jeudi son feu vert à la construction par EDF d'une centrale nucléaire à Hinkley Point, un projet de 18 milliards de livres sterling (21,2 milliards d'euros) financé en partie par des capitaux chinois.

    Le gouvernement britannique a précisé dans un communiqué que son aval à la construction de deux réacteurs de type EPR dans le sud-ouest de l'Angleterre était assorti de nouvelles conditions qui lui permettent notamment d'intervenir en cas de vente de la participation de contrôle d'EDF.

    Les autres termes des accords précédemment signés sont inchangés et EDF détiendra comme prévu 66,5% du projet tandis que le chinois CGN investira 6 milliards de livres pour en acquérir 33,5%.

    "La principale demande du gouvernement britannique était qu'EDF reste actionnaire du projet pendant toute la durée de construction, c'est-à-dire qu'il ne vende pas aux Chinois", a dit source au fait du dossier. "Ensuite, Londres bénéficiera d'un droit de veto, d'une 'golden share', en cas de cession pendant la durée d'exploitation."

    Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a indiqué que le capital d'Hinkley Point pourrait un jour évoluer mais que l'électricien public français en resterait l'actionnaire de contrôle.

    "Peut-être un jour, mais ce n'est pas l'ordre du jour, il y aura des évolutions (...) Aujourd'hui, nous ne sommes pas à la recherche d'investisseurs tiers sur le sujet", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique.

    Le gouvernement britannique a pour sa part évoqué une "action spéciale" dans tous les futurs projets nucléaires, qui imposera son aval à des ventes de participations significatives, estimant ainsi que le nouveau cadre garantira la "sécurité nationale" en cas d'investissements étrangers dans des infrastructures.

    Londres, qui n'a pas mentionné CGN dans son communiqué, a précisé que le nouveau cadre juridique serait confirmé dans un "échange de lettres" avec EDF, qui "se réjouit" pour sa part du feu vert au projet et confirme l'engagement de "son partenaire de longue date" chinois.

    LE TARIF GARANTI EST MAINTENU

    Les aménagements au projet Hinkley Point pourraient concerner d'autres projets nucléaires franco-chinois, à savoir une prise de participation de 20% de CGN dans deux autres EPR à Sizewell, dans l'est de l'Angleterre, et la construction par les Chinois de leur propre réacteur à Bradwell, dans le sud-est.

    CGN s'est toutefois dit "très heureux" du feu vert britannique et, selon une source proche du dossier, "n'est pas inquiet" au sujet des nouvelles dispositions réglementaires.

    Londres a en outre maintenu le tarif garanti de rachat de l'électricité qui sera produite par la nouvelle centrale d'Hinkley Point, à 92,5 livres (108,90 euros) par mégawatt/heure pendant 35 ans.

    Ce prix, nettement supérieur aux prix de marché actuels, est garanti dans le cadre d'un mécanisme ("contract for difference") prévoyant qu'EDF recevra un paiement complémentaire lorsque le prix de marché sera inférieur au tarif et qu'il devra rembourser un trop-perçu lorsque le prix du marché dépassera ce tarif.

    En donnant son feu vert à Hinkley Point, Theresa May a mis un terme à plusieurs mois d'incertitudes et de tensions diplomatiques entre Londres et Paris du fait de l'importance industrielle et financière du projet pour la filière nucléaire française.

    En juillet, quelques heures seulement avant la signature officielle du projet, la nouvelle occupante du 10, Downing Street avait à la surprise générale décidé de le mettre en suspens, expliquant avoir besoin de temps pour réexaminer le dossier.

    Le feu vert à Hinkley Point "est un succès indéniable pour l'industrie française" et "une contribution importante au soutien de l'emploi en France", ont estimé jeudi le ministre de l'Economie Michel Sapin et le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christophe Sirugue.

    "UNE EXCELLENTE NOUVELLE POUR LA FILIÈRE FRANÇAISE"

    Le Premier ministre Manuel Valls a pour sa part évoqué sur Twitter "une excellente nouvelle pour la filière nucléaire française et pour l'emploi dans l'Hexagone".

    La nouvelle centrale nucléaire d'Hinkley Point, la première qui sera mise en chantier en Europe depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 et la première en Grande-Bretagne depuis 1995, devrait produire suffisamment d'électricité pour environ six millions de foyers pendant une durée estimée à 60 ans.

    Les travaux pour le projet Hinkley Point se feront à plus de 60% en Grande-Bretagne, avec au total quelque 25.000 à 26.000 créations d'emplois espérées. En France, selon une porte-parole du ministère de l'Economie, 4.500 emplois seront assurés pendant les phases d'ingénierie et de construction.

    EDF a indiqué jeudi que la livraison du premier réacteur interviendrait fin 2025, après un premier béton prévu pour 2019.

    Reste que le groupe n'a pas encore apaisé toutes les craintes d'une partie de son conseil d'administration et des analystes financiers sur sa capacité à mener un bien un projet dont il devra aussi supporter le poids sur sa dette.

    L'agence de notation Moody's a redit jeudi que le projet Hinkley point, du fait de son ampleur et de sa complexité, était de nature à détériorer le profil de risque à la fois commercial et financier d'EDF.

    EDF estime le taux de rentabilité prévisionnel (TRI) d'Hinkley Point à environ 9% sur l'ensemble de la durée du projet, la sensibilité de ce TRI étant d'environ 20 points de base pour six mois de retard.

    Deux procédures judiciaires sont par ailleurs engagées à l'encontre de la direction d'EDF, l'une par le comité central d'entreprise et l'autre par cinq administrateurs, pour défauts d'informations.

    A 14h, le titre EDF cédait 1,25% à la Bourse de Paris, à 11,050 euros, et sous-performait l'indice STOXX regroupant les "utilities" européennes (-0,07%).

    (Avec Michel Rose, édité par Dominique Rodriguez)

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