• VIDEO. Meurtre d'Aurélie Châtelain à Villejuif : Ghlam s'accroche à son alibi

      >Faits divers|Geoffroy Tomasovitch|21 mars 2016, 0h00 | MAJ : 21 mars 2016, 7h11|   5       LIEN
    Villejuif (Val-de-Marne), dimanche. Sid Ahmed Ghlam, protégé par un gilet pare-balles et encadré par un quatuor de policiers lourdement armés, a participé à une reconstitution du meurtre d’Aurélie Châtelain qui a duré plus de six heures. (LP/Frédéric Dugit.)
     
    Geoffroy Tomasovitch
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    On lui a ôté ses menottes pour lui permettre de mimer certains faits. En revanche, Sid Ahmed Ghlam est resté en permanence « attaché » à l'un des quatre policiers lourdement armés chargés de sa surveillance...

    La justice n'a voulu prendre aucun risque avec le terroriste présumé, extrait de sa cellule dimanche matin pour la reconstitution du meurtre d'Aurélie Châtelain, une professeur de fitness de 32 ans lâchement abattue le 19 mars 2015 à Villejuif (Val-de-Marne). Les parents de la victime, présents, ont souvent cherché à accrocher le regard de l'assassin présumé de leur fille. Ghlam, lui, a campé sur sa dernière version des faits. Le jeune homme, 25 ans en août prochain, a prétendu qu'Aurélie Châtelain avait été tuée accidentellement par Samy Amimour, l'un des kamikazes du Bataclan. La fameuse piste du deuxième homme, jugée très peu plausible par les enquêteurs.

    Encadré par le quatuor de policiers, Sid Ahmed Ghlam, protégé par un gilet pare-balles, a été conduit sur le parking de Villejuif où l'on avait retrouvé le corps sans vie d'Aurélie Châtelain sur le siège passager de sa voiture. Peu à l'aise, le suspect, qui projetait ce 19 mars de perpétrer un attentat dans une église, a détaillé devant magistrats et enquêteurs le scénario du complice qui l'aurait rejoint ce jour-là. Résumé. Ghlam patiente dans sa voiture à l'arrêt. Un véhicule conduit par un inconnu arrive, avec une jeune femme à bord. Une détonation survient. Aurélie Châtelain succombe, atteinte au coeur. L'inconnu parle d'un tir accidentel et s'enfuit à scooter. Ghlam, qui, lui, a pris son arme, déplace la voiture de la victime et se tire volontairement une balle dans la cuisse en renonçant à l'attentat. Ce n'est que bien plus tard qu'il dit identifier le complice : Samy Amimour, reconnu à la télévision après les attentats du 13 novembre.

    Les constatations l'accablent

    « Tout a été vérifié point par point. Cela a permis de conforter ce qui a été indiqué par M. Ghlam, notamment qu'il n'était pas responsable du décès de cette malheureuse personne », a indiqué l'un de ses avocats, Me Christian Benoît, à l'issue d'une reconstitution plus longue que prévu. Près de six heures pendant lesquelles les parents d'Aurélie ont assisté avec une grande dignité à tous les faits et gestes de Ghlam. Sans croire un instant à son scénario. « Ils étaient là pour comprendre pourquoi on a tué leur fille et comment. La reconstitution a renforcé une certitude, si elle avait besoin de l'être », a réagi Me Antoine Casubolo Ferro, un des conseils de la famille Châtelain, insistant sur l'incohérence des déclarations du suspect. « Invraisemblables », appuie une source proche du dossier.

    Des experts étaient présents hier à Villejuif. Car, dans ce dossier, les constatations de la police technique et scientifique pèsent lourd. Elles accablent même Ghlam. Son ADN a notamment été retrouvé sur l'arme du crime et dans la voiture de la victime. « Ses explications concordent avec les éléments objectifs, nous attendons la suite de façon sereine », assure pourtant Me Parent, qui défend Sid Ahmed Ghlam avec ses confrères Gilles-Jean Portejoie et Matthieu de Valois.

    Aurélie Châtelain, elle, a été décorée vendredi de la Légion d'honneur à titre posthume.

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      12.11.2016, 17:17   Actualisé il y a 2 heures      LIEN

    Attentats de Paris, un an après:

    Sting en concert à guichets fermés pour la réouverture du Bataclan

     
    Les 1000 billets mis en vente ont trouvé preneur en moins de 30 minutes.
    Les 1000 billets mis en vente ont trouvé preneur en moins de 30 minutes.Copyright 2016 The Associated Press. All rights reserved.

    Retour - Ce samedi soir, un an tout juste après les attaques terroristes qui ont fait 130 morts à Paris, Sting donne un concert très symbolique au Bataclan, où 90 personnes avaient été massacrées le 13 novembre. La performance, à guichets fermées, sera diffusée, en différé, sur les télévisions du monde entier, notamment dans la nuit de dimanche à lundi, sur France 2, dès 00 h 55.

    Un an après les attentats du 13 novembre 2015, la salle de spectacle parisienne du Bataclan renaît samedi avec un concert de Sting en hommage aux victimes. L'attaque de djihadistes en plein concert rock y avait fait 90 morts.

    Le même soir, dans une série d'attaques à la kalachnikov et aux ceintures d'explosifs contre le Stade de France, le Bataclan et des terrasses de bars et restaurants proches, 130 personnes avaient été tuées. Le carnage, revendiqué par le groupe Etat islamique, a traumatisé le pays.

    Etat d'urgence, mesures sécuritaires inédites, crispations à l'égard de la communauté musulmane: la France, ciblée depuis par d'autres attaques djihadistes, s'est durcie. Et le gouvernement rappelle que la menace perdure.

    "Oui, le terrorisme nous frappera encore. Mais, oui, nous avons en nous toutes les ressources pour résister et toute la force pour vaincre. Nous, Européens, vaincrons le terrorisme islamiste", écrit le Premier ministre Manuel Valls dans une tribune publiée samedi par plusieurs journaux européens.

     

    "Retrouver une vie normale"

    Dans ce contexte, la réouverture du Bataclan, "c'est presque une reconquête d'un espace par la musique, par la fête, contre les forces de mort", confiait cette semaine le président d'une association de victimes, Georges Salines, qui sera dans la salle. Sa fille Lola y a trouvé la mort.

    Avant une journée de commémorations officielles dimanche, le chanteur britannique Sting donne un concert à guichet fermé samedi soir au Bataclan, entièrement rénové. "C'est important que (la salle) redémarre, que ça reste un lieu de concerts après ce qui s'est passé. On a besoin de retrouver une vie normale", estime Sting, 65 ans, dans un entretien publié samedi par le quotidien Le Parisien.

     

    "Célébrer la musique et la vie"

    Pour son concert d'une heure qui débute à 21h00, un ample dispositif de sécurité a été mis en place. Le millier de billets mis en vente cette semaine s'est arraché en moins de trente minutes. Les recettes seront reversées à deux associations de victimes.

    L'ancien leader de Police a promis "de respecter la mémoire de ceux qui sont morts" et de "célébrer la musique et la vie que représente cette salle de spectacle mythique", a rapporté Jules Frutos, le co-directeur du Bataclan. Sting y avait donné un concert avec Police, resté dans les annales, le 23 avril 1979.

    Pour M. Frutos, il fallait absolument que la musique reprenne ses droits avant les commémorations de dimanche. "Démarrer l'ouverture du Bataclan avec d'abord des cérémonies et après de la musique, ça ne m'allait pas du tout", explique-t-il.

     

    Rediffusé sur tous les continents

    La présence d'une star internationale comme Sting traduit la volonté de "faire un maximum de bruit", selon Jérôme Langlet, patron de la branche Lagardère Live Entertainment, propriétaire de la salle. "La France et le monde entier vont voir que le Bataclan revit".

    Le concert, filmé, sera rediffusé dans la nuit de dimanche par plusieurs chaînes de télévision, dont TV5 Monde sur tous les continents.

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    Attentats Paris/Bruxelles

    09 novembre 2016 17:09; Act: 09.11.2016 17:22        LIEN

    La cellule jihadiste a reçu ses ordres de «très haut»

    Les attentats de Paris et de Bruxelles ont été décidés «très haut» dans le commandement de l'organisation État islamique, a affirmé mercredi le procureur fédéral belge.

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    «On sait que les ordres sont venus de la zone État islamique (...) ça remonte très haut dans le commandement de l'État islamique», a déclaré le chef du parquet fédéral, Frédéric Van Leeuw, en charge des enquêtes antiterroristes en Belgique. Il n'a pas précisé si les commanditaires se trouvaient côté irakien ou syrien de la zone contrôlée par l'EI, soulignant que certains de ses dirigeants, comme son chef Abou Bakr al-Baghdadi, ont «bougé» d'un pays à l'autre, au gré des frappes de la coalition menée par les États-Unis visant à les neutraliser.

    Les attentats parisiens du 13 novembre (130 morts) et ceux du 22 mars à Bruxelles (32 morts) ont été revendiqués par l'organisation Etat islamique. Ils ont été perpétrés par une seule et même cellule aux ramifications complexes, dont certains membres sont encore recherchés, selon le procureur fédéral. «L'enquête est loin d'être terminée, tant niveau belge que niveau français», a-t-il observé. Pour M. Van Leeuw, l'identification du Belgo-marocain Oussama Atar comme étant l'un des commanditaires des attentats est «une hypothèse de travail parmi d'autres».

    Un seul coordinateur depuis la Syrie identifié

    «Il y a toute une série de vérifications à faire», a-t-il affirmé. Depuis des mois, les enquêteurs s'interrogent sur un mystérieux surnom, Abou Ahmad, cité à plusieurs reprises dans les investigations sur la cellule à l'origine des attentats. Cet homme est notamment soupçonné d'avoir missionné deux des kamikazes du Stade de France et un autre tandem de potentiels assaillants, retardé dans son cheminement vers Paris à l'automne et arrêté en Autriche en décembre.

    Il pourrait s'agir d'Oussama Atar qui est «le seul coordinateur depuis la Syrie à avoir été identifié en l'état des investigations», a précisé mardi une source proche de l'enquête en France. Ex-prisonnier des geôles américaines en Irak dans les années 2000, ce Belgo-Marocain était retourné en Belgique après sa libération en 2012. Il était ensuite reparti en zone irako-syrienne, mais sa trace avait été perdue par les services de renseignement il y a plusieurs mois.

    (L'essentiel/AFP)

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    Guerre contre Daech : l'armée irakienne

    est entrée dans Mossoul

    Guerre contre Daech : l'armée irakienne est entrée dans MossoulLes forces du service de contre-terrorisme irakien (CTS) dans la périphérie est de Mossoul, le 31 octobre 2016. (BULENT KILIC/AFP)

    Les forces irakiennes ont effectué une percée décisive ce mardi et ont mis le pied à l'intérieur de la seconde ville du pays, aux mains de l'Etat islamique depuis deux ans.

    L'armée irakienne a annoncé ce mardi 1er novembre l'entrée de ses forces à Mossoul, pour la première fois depuis la prise de cette ville par le groupe djihadiste Etat islamique en juin 2014. Les forces armées ont pénétré dans des secteurs "sur la rive gauche de la ville de Mossoul", a déclaré le centre de commandement conjoint des opérations chargé de l'offensive pour reprendre Mossoul, dernier bastion de Daech dans le pays.

    Deux semaines après le début de l'offensive, le 17 octobre, les forces d'élite ont pénétré dans l'est de la ville, prenant position dans le quartier de Judaidat Al-Mufti, selon le centre de commandement de l'armée. Quelques heures plus tôt, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi avait affiché son optimisme à la télévision publique :

    "Nous allons refermer notre étau sur l'EI de tous les côtés. [...] Ils n'ont pas d'échappatoire, ils peuvent soit mourir, soit se rendre". 

    Les forces irakiennes avaient déjà repris plus tôt dans la journée un village juxtaposé aux quartiers est de la cité, ainsi que le bâtiment d'une télévision, ont indiqué des commandants militaires.

    "Nous avons fini de nettoyer [le village de] Gogjali [voir carte ci-dessous, NDLR] et pris le contrôle du bâtiment de la chaîne de télévision de Mossoul", déclarait alors à l'AFP le général Abdelwahab al-Saadi, commandant des forces d'élite du contre-terrorisme.

     

    Les experts s'attendent à ce que les combattants de Daech, qui seraient entre 3.000 à 5.000 dans la ville selon des estimations américaines, défendent jusqu'au bout leur fief, où leur chef Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé un "califat" sur les territoires conquis en Irak et en Syrie en 2014. A l'est et au nord de la ville, les combattants kurdes ont eux consolidé leurs positions dans les villages récemment repris à l'EI.

    Les forces irakiennes sont désormais face à une alternative : soit attendre le renfort d'autres unités avant de mener une attaque concertée pour avancer vers le centre-ville ; soit avancer seules dans les quartiers orientaux, en partie désertés par les djihadistes qui se sont repliés à l'ouest du Tigre, où leurs positions sont plus solides.

    Les forces irakiennes devraient également tenter d'ouvrir des couloirs humanitaires pour que les civils puissent fuir la ville, peuplée d'environ 1,5 million d'habitants. Près de 18.000 personnes ont déjà fui leur foyer, selon l'OIM (Organisation internationale des migrations).

    La Turquie accélère

    Parallèlement à cette percée irakienne, un convoi militaire turc d'une trentaine de véhicules transportant notamment des chars et des pièces d'artillerie s'est mis en route ce mardi vers une zone proche de la frontière avec l'Irak, comme l'ont indiqué des responsables militaires à l'AFP.

    Le convoi a quitté Ankara en début d'après-midi pour prendre la direction de Silopi, ville-frontière à 150 km au nord-est de Mossoul. Confirmant à l'agence Anadolu qu'un déploiement était en cours, le ministre turc de la Défense a expliqué ce mouvement de troupes par des "développements régionaux importants", en référence à l'offensive irakienne et les opérations contre les rebelles kurdes dans le sud-est de la Turquie.

    "La Turquie doit être prête à faire face à toute situation et (ce déploiement) fait partie de ces préparatifs", affirme Firki Isik. 

    Turkish army deploys tanks from Ankara and Cankiri to southeastern Silopi district near Iraqi borderhttp://uk.reuters.com/article/uk-mideast-crisis-iraq-turkey-idUKKBN12W432?il=0 

    La Turquie souhaite être associée à l'offensive contre la ville de Mossoul, car elle dit redouter des affrontements confessionnels dans la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, que des milices chiites soutenues par l'Iran (le Hachd al-Chaabi) tentent d'enlever aux djihadistes. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu samedi ces milices chiites que des mesures seraient prises si elles "sèment la terreur" à Tal Afar, où vit une importante communauté turkmène.

    Des centaines de soldats turcs sont déjà stationnés sur une base à Bachiqa, dans le nord de l'Irak. Officiellement, ils sont envoyés pour entraîner des volontaires sunnites en vue d'une reconquête de Mossoul ; mais de leur côté, les autorités irakiennes dénoncent une "force d'occupation".

    T.V.

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  • Détenus radicalisés : l’Etat change déjà de cap

    Par Julie Brafman 25 octobre 2016 à 19:41      LIEN
     
     
    Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, le 20 septembre, à Fresnes (Val-de-Marne), où un «quartier d’évaluation de la radicalisation» va remplacer l’unité de prévention. Photo Marc Chaumeil pour «Libération»

    Le garde des Sceaux a annoncé mardi la fermeture des unités dédiées aux prisonniers en voie de radicalisation. Elles avaient ouvert en janvier…

    Sa décision n’est pas liée à l’agression terroriste de deux surveillants dans l’unité de prévention de la radicalisation (Upra) de la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise) en septembre, assure le garde des Sceaux lors d’une conférence de presse organisée mardi au ministère de la Justice.

    Elle ne serait pas non plus le signe d’un «échec». Jean-Jacques Urvoas a pourtant décidé de mettre fin aux «unités dédiées», ces structures destinées aux détenus radicalisés, ouvertes en janvier et objet récurrent de polémiques.

    L’arrêt soudain de ce que le ministre présente comme une «expérimentation» tiendrait, selon lui, davantage au fruit d’une réflexion de neuf mois - temps de gestation qui aurait été nécessaire à l’évaluation du dispositif. Avec moult précautions, saluant à plusieurs reprises le travail accompli par les surveillants pénitentiaires, insistant sur la nécessité «d’une approche pluridisciplinaire» dans la prise en charge de détenus radicalisés, le ministre de la Justice a donc enterré les Upra.

    Pour la suite, Jean-Jacques Urvoas refuse de parler de «déradicalisation», car il n’existe pas de «vaccin» , sans compter que «l’on ignore encore s’il s’agit de basculement ou de processus», mais préfère réfléchir autour d’un «désengagement de la violence».

    Une chose est sûre : il s’agit d’un enjeu majeur dans le contexte actuel. En effet, 349 détenus sont incarcérés pour des infractions à caractère terroriste (ils étaient 90 il y a un an). En outre, 1 336 personnes incarcérées ont été identifiées comme radicalisées (contre 700 en 2015) parmi la détention de droit commun.

    Le maître mot du garde des Sceaux est désormais la «sécurité», nouvel axe d’intervention pour faire face à «l’inexorable multiplication des écrous», «à la massification de la radicalisation violente».

    A quoi servaient les Upra ?

    En janvier 2015, après les attentats, le Premier ministre, Manuel Valls, a déployé un plan de lutte contre le terrorisme (Plat) qui prévoyait notamment la création d’unités dédiées (UD) destinées aux détenus radicalisés. L’objectif était «d’éviter d’une part les pressions et la propagation du prosélytisme religieux radical et d’autre part de favoriser la prise en charge des personnes radicalisées».

    C’est ainsi qu’entre janvier et mars, cinq unités ont vu le jour, à titre expérimental, dans plusieurs établissements pénitentiaires : Osny (23 places), Fleury-Mérogis (20), Lille-Annœullin (28), Fresnes (26 places : ici l’expérimentation visait à prolonger et développer la structure préexistante). La loi du 3 juin sur la lutte contre le terrorisme a en quelque sorte adoubé le dispositif en le rebaptisant «unités de prise en charge de la radicalisation» et lui donnant un cadre juridique. Cela n’a pas pour autant éteint les polémiques. Depuis l’ouverture de ces unités, deux philosophies s’affrontent : la première qui préconise le regroupement des détenus radicalisés afin d’apaiser le reste de la détention et entraver le prosélytisme. La seconde qui juge cette concentration dangereuse et incompatible avec une prise en charge individuelle. Le ministre semble donc avoir tranché la question.

    Quel plan de rechange ?

    Des «unités dédiées» vont céder la place à six «quartiers d’évaluation de la radicalisation» (QER). Quatre d’entre eux seront déployés dans les anciennes Upra de Fresnes, Osny et de Fleury-Mérogis (dont une structure spécifique pour les femmes dans cet établissement) au premier trimestre 2017. Deux autres verront le jour à Bordeaux et Marseille en 2018.

    Le but ? Accueillir environ 120 personnes pendant quatre mois qui évolueront sous l’œil d’éducateurs, de psychologues, de personnels d’insertion et de probation et des surveillants. A l’issue de ce séjour, «les plus prosélytes seront incarcérés dans des conditions de détention qui répondront aux exigences élevées de sécurité», indique Jean-Jacques Urvoas, sans préciser quels seront les mécanismes d’évaluation mis en place.

    Dans la pratique, cela signifie que «les plus durs» iront rejoindre les 300 places de prison qui leur sont réservées. Le ministre prévoit une centaine de places en maisons centrales dans six quartiers pour détenus violents (QVD). A ce dispositif s’ajouteront 190 places d’isolement à la fois dans des maisons d’arrêt et des établissements pour longue peine. Des règles de sécurité strictes seront appliquées : fouilles régulières, changements de cellule récurrents, limitation des effets personnels…

    Enfin, les détenus dont le profil est moins alarmant et ne «nécessite pas l’encadrement maximum» seront pris en charge dans 27 établissements, dans des conditions de détention ordinaires mais avec une sécurité tout de même supérieure à celle des détenus de droit commun.

    Comment les détenus seront pris en charge ?

    Le ministre précise que «des programmes de prise en charge verront le jour et s’adapteront au profil des personnes détenues». C’est ainsi que, par exemple, les 190 détenus à l’isolement feront l’objet «d’un suivi personnalisé, d’une prise en charge spécifique et d’une évaluation au moins bisannuelle».

    Pour ceux qui seront incarcérés dans les 27 établissements, le ministre mise sur «un désistement par une assimilation et un phénomène mimétique, voire par pression sociale». Leur suivi comprendra un programme individualisé «de désengagement de la violence», qui associera leur famille et sera axé sur la réinsertion professionnelle. Aucun détail plus précis n’a été donné quant au contenu.

    Le garde des Sceaux précise que l’ensemble du dispositif reste expérimental. Citant Kant dans son rapport, il souligne : «Dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l’homme, on ne peut rien tailler de tout à fait droit.»

    Julie Brafman

     

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  • Reportage

    A l’est de Mossoul, «mission remplie» pour les peshmergas

     

    18 octobre 2016 à 20:21          LIEN
     
     

     

    Le lieutenant-colonel Mohammed Assan est accroupi, adossé à un remblai de terre. Il est souriant et serein. Il ne porte pas d’arme à la ceinture de son treillis. Autour de lui, une vingtaine de combattants kurdes discutent, boivent du thé ou écoutent la radio, allongés à l’ombre de leur blindé. Les peshmergas se reposent, ils ont rempli leur mission.

    La veille, lundi, au premier jour de l’offensive pour reprendre Mossoul à l’Etat islamique (EI), ils ont remporté neuf hameaux qui bordent la ville de Khazir, dans le Kurdistan irakien. Ils ont gagné 200 kilomètres carrés, l’objectif fixé par leurs généraux et le gouvernement irakien. Mossoul n’est qu’à une quinzaine de kilomètres à l’est.

    «Voitures piégées». Le lieutenant colonel se retourne et désigne le village de Kamles, à 3 km derrière le remblai. C’est une localité chrétienne, désertée de ses habitants depuis l’été 2014 lors de la déferlante jihadiste dans la pleine de Ninive, juste après la chute de Mossoul. On ne distingue aucun mouvement, aucun drapeau noir. «On estime qu’il y a 50 hommes de Daech [EI, ndlr] là-bas, avec des voitures piégées. On les a vus les amener dans le village», dit Mohammed Assan.

    Les peshmergas ne semblent pas s’en inquiéter. Ils sont protégés par des avions de la coalition. On les entend, vague bourdonnement continu. «Tant qu’on n’a pas protégé notre position, ils nous survolent constamment. Si jamais Daech lance une voiture piégée, elle n’aura jamais le temps de franchir les 3 km depuis Kamles jusqu’à nous.»

    Mohammed Assan le sait d’autant mieux qu’il est le responsable de la coordination des frappes de la coalition. C’est lui qui envoie les coordonnées des positions de ses hommes et guide les frappes contre l’EI. Il utilise un petit boîtier GPS jaune et noir - «acheté dans le commerce» - et une tablette, fournie par ses commandants. Il téléphone aussi parfois directement au centre de coordination.

    Juste à côté de Kamles, les hommes de Daech ont allumé des feux qui montent en longues fumées noires. C’est du pétrole versé dans des fosses puis embrasé juste avant l’offensive de lundi. «Ils pensent que cela va empêcher les avions de les bombarder. Ils peuvent bien brûler ce qu’ils veulent, une fois qu’on a envoyé les coordonnées pour les frapper, la fumée ne change rien.»

    Les avions de la coalition repartiront quand la nouvelle ligne de front sera protégée. Trois pelleteuses s’y emploient. Elles creusent la terre craquelée pour monter un muret d’un peu moins de deux mètres de haut. La fortification doit courir sur plusieurs kilomètres et sera agrémentée de miradors. Un sniper y a déjà posé son fusil. Il l’a recouvert d’un foulard pour le protéger de la poussière avant de retourner écouter la radio.

    Armée irakienne. Mohammed Assan repartirait bien au combat. Il se verrait bien participer à l’attaque contre Kamles. Mais dans les plans complexes de la bataille de Mossoul, âprement négociés entre Massoud Barzani, le président régional du Kurdistan irakien, et le pouvoir central de Bagdad, son rôle s’arrête là, juste derrière le muret de terre. C’est désormais aux soldats de l’armée irakienne de prendre le relais. «Oui, ils disent qu’ils vont attaquer d’ici deux ou trois jours. Mais avec eux, on ne sait jamais. Nous, si nous recevons l’ordre, nous y allons maintenant.»

    Luc Mathieu Envoyé spécial à Khazir (Kurdistan irakien)
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  • Quatre personnes inculpées après un coup de filet antiterroriste

    en Belgique

    Des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs villes du nord de la Belgique. Elles ne sont pas en lien avec les attentats de Bruxelles.

    Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 18.10.2016 à 17h05      LIEN

     

    Des policiers surveillent la reconstitution d’une attaque dans le quartier de Schaerbeek (Belgique), le 19 mai 2016.

    À l’issue de quinze perquisitions menées le mardi 18 octobre, le parquet fédéral belge indique avoir procédé à quatre inculpations pour participation aux activités d’un groupe terroriste. Ces perquisitions et arrestations se sont déroulées dans plusieurs villes du nord de la Belgique, dont Anvers, Deinze et Gand, a précisé le parquet.

    L’enquête qui a mené à ce coup de filet antiterroriste portait sur le financement de mouvements djihadistes et le recrutement de combattants. Parmi les inculpés, certains sont « suspectés d’avoir voulu recruter des personnes pour qu’elles se rendent en Syrie en vue d’y rejoindre l’EI (l’organisation État islamique) », souligne le parquet dans un communiqué.

    Pas de lien avec les attentats de Bruxelles

    Ce coup de filet a eu lieu dans le cadre d’un dossier de terrorisme du parquet fédéral, « à la demande du juge d’instruction de Flandre orientale spécialisé en matière de terrorisme ». Il n’est pas lié aux attentats de Bruxelles, qui ont fait 32 morts le 22 mars, précise-t-il par ailleurs.

    « Ni arme ni explosif n’ont été retrouvés » lors des 15 perquisitions, est-il indiqué. Les perquisitions ont été exécutées sous la direction de la police judiciaire fédérale de Flandre orientale (la province de Gand) avec l’assistance d’Europol et d’équipes de la PJ fédérale d’Anvers.

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  • Les étranges gardes à vue des proches du tueur de Nice

    Par Sylvain Mouillard , Willy Le Devin , Ismaël Halissat et Julie Brafman 1 octobre 2016 à 19:27      LIEN
     
     
     
     

    Nice, le 15 juillet 2016. Au lendemain de l'attaque du fourgon, qui ai fait au moins 84 victimes sur la promenade des Anglais. Photo Olivier Monge.Myop pour Libération

    Aucun d’entre eux n’était connu des services spécialisés pour des velléités de départ au jihad, ni fichés S (pour «sûreté de l’Etat»).

    Les six personnes mises en examen dans le dossier de l’attentat de Nice (Mohamed Oualid Ghraieb, Chokri Chafroud, Hamdi Zagar, Ramzi Arefa, Enkelejda Zace et Artan Henaj, complices présumés de Mohamed Lahouiaej Bouhlel) ont, à une exception près, été interpellées en plusieurs salves, dès le lendemain de l’attentat. Les enquêteurs ont alors entrepris de démêler les connexions entre ces suspects aux profils divers. Du dealer de cocaïne au chef réceptionniste dans un hôtel niçois, en passant par le travailleur au noir et le trafiquant d’armes albanais en situation irrégulière, ces individus pourraient avoir «soutenu» le terroriste «dans sa folie».

    A lire aussi : Obsédé, inhumain, l'insaisissable personnalité du tueur de Nice  

    Sans préjuger de la suite de l’instruction, les récits des gardes à vues se lisent, selon les informations inédites recueillies par Libération, comme d’étranges face-à-face entre cinq hommes et une femme qui font tout pour minimiser leur rôle et des policiers qui s’acharnent à les confronter à leurs «mensonges».

    Dès le lendemain de l’attentat, le 15 juillet, un homme se présente spontanément devant les policiers de Nice. Mohamed Oualid Ghraieb, un Tunisien de 40 ans qui travaille dans un hôtel de Nice explique qu’il connaît le terroriste depuis quinze ans. Il a rencontré Mohamed Lahouaiej Bouhlel dans un club de boxe en Tunisie et l’a ensuite retrouvé dans une salle de sport niçoise. «Depuis nous avons gardé contact et je peux vous dire que nous avions une relation de camaraderie», déclare-t-il aux enquêteurs. Avant d’ajouter: «c’est quelqu’un que j’aimais bien.»

    Selfies et mine réjouie sur la Promenade des Anglais le 15 juillet  

    Une heure et demie plus tard, le témoin devenu suspect est placé en garde à vue. D’emblée, il semble soucieux de brosser un portrait de lui-même plutôt lisse, loin de tout extrémisme. Il se déclare membre de l’association «SOS Animaux», militant UMP depuis 2006 et engagé dans l’association «Amitié judéo-chrétienne». Pourtant l’exploitation du téléphone du terroriste laisse de sérieux doutes aux enquêteurs. Il y a d’abord cette photo où l’on voit Mohamed Oualid Ghraieb à l’intérieur du camion, la veille de l’attentat. Puis 1278 appels entre les deux hommes. «Un nombre qu’on ne peut qualifier de réduit», comme le soulignent justement les enquêteurs. En garde à vue, Mohamed Oualid Ghraieb s’en tient à des «je ne sais pas», «ce n’est pas possible», «je ne comprends pas monsieur». A tel point que les enquêteurs s’agacent de ces «inepties» et de sa «mémoire sélective».

    Une chose est sûre: au petit matin, vers 5h30, le 15 juillet 2016, Ghraieb marchait sur la promenade des Anglais déclenchant une série de selfies et vidéos. Les enquêteurs noteront ainsi: «Au cours de son trajet, Mohamed Ghraieb tourne la caméra régulièrement vers lui, notamment à la fin de son trajet où l’on peut voir qu’il a une mine réjouie». Mais une fois encore Ghraieb élude. Il n’explique pas non plus ces messages envoyés à Bouhlel le 10 janvier 2015, quelques jours après l’attentat dans les locaux de Charlie Hebdo, où il écrit : «Je ne suis pas Charlie. Qu’ils aillent se faire enculer et que Dieu leur ajoute plus que ça. Va faire la prière C’est mieux que tu fréquentes les diables. Sauve-toi vite camarade tu es en train de couler». «C’est de la rigolade», se défend le gardé à vue. L’exploitation de son ordinateur montre néanmoins qu’il avait effectué des recherches sur la Syrie, les alliés de Daech et Charlie Hebdo. Confronté une fois de plus aux détails de sa téléphonie, Mohamed Oualid Ghraieb consent simplement à avouer qu’il connaît un autre des mis en examen du dossier: Chokri Chafroud.

    Ce dernier est un Tunisien de 37 ans, qui vit à Nice de petits boulots non déclarés depuis un an. Les deux hommes auraient été présentés par leur ami commun, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, pour une histoire de location immobilière. Un projet qui se serait soldé par une vive altercation à en croire leurs témoignages. En garde-à-vue, Chafroud est à son tour peu loquace, niant fréquenter l’auteur de l’attentat. Pourtant, les policiers ont déniché son empreinte à l’intérieur du camion. Le suspect concédera finalement s’être assis dans l’habitacle du poids lourd le 12 juillet à l’invitation de Bouhlel, qu’il nomme de son deuxième prénom, «Salmene». Un simple tour de repérage ? «Pour tout dire, Salman (sic) m’a récupéré sur la Promenade des Anglais devant l’hôtel Suisse, il était très insistant, et nous avons descendu la Promenade des Anglais en direction de l’aéroport. Je suis pour ma part descendu au premier feu rouge. J’ai senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas et je suis parti. Il était nerveux, insistait, et j’ai senti comme s’il avait pris un produit excitant», déclare Chafroud. Autre élément troublant, ce SMS envoyé par Chafroud à Bouhlel, le 4 avril 2016 et qui résonne particulièrement aujourd’hui : «Charge le camion de 2000 tonnes de fer et nique, coupe lui les freins mon ami, et moi je regarde». Si Chafroud reconnaît être l’auteur du message, il en donne «une explication farfelue», selon les enquêteurs. Il se justifie en effet en disant s’être inspiré du film Spiderman… Dernier contact entre Bouhlel et Chafroud, le 14 juillet à 20h29, «Je suis sur la Prom viens je te passe…0 pour.. 159».

    Le téléphone de Mohamed Lahouaiej Bouhlel regorge d'informations

    Le sens de ce message intrigue les enquêteurs. Selon eux, Chokri serait en tout cas «un complice proche, mentor influent sur la personnalité instable de son ami». Le téléphone de Mohamed Lahouaiej Bouhlel regorge décidément d’informations. Son exploitation va conduire à l’interpellation d’un autre suspect.

    Hamdi Zagar, arrêté le 25 juillet, apparaît aussi en photo devant le camion, le 12 juillet. L’homme de 37 ans arbore un maillot du PSG et pose à côté du terroriste qui affiche un large sourire. «Mohamed n’a rien dit de particulier. Il avait l’air content d’avoir un nouveau camion, il souriait», décrit-il aux enquêteurs. Célibataire en cours de divorce et père de trois enfants, lui aussi affirme ne pas bien connaître Bouhlel. Son frère s’est pourtant marié avec la sœur du terroriste en 2012. Les enquêteurs le rappellent vite à la réalité: «Vous avez évoqué environ 10 contacts téléphoniques en 2016. L’étude de votre facturation détaillée fait apparaître 207 occurrences entre votre ligne et celle de Mohamed, entre le 29 août 2015 et le 15 juillet 2016 ?». Puis le 13 juillet, Mohamed Bouhlel lui a envoyé un énigmatique message : «ta fini ?» . Puis un autre, le 14 juillet au matin en lui demandant «c bon ?».

    Une nouvelle action était-elle prévue dans la région ? 

    Peu après la tuerie, les policiers ont évidemment cherché à déterminer comment Bouhlel s’est procuré le pistolet avec lequel il a ouvert le feu lors de son équipée meurtrière. Un modèle «Rr-51 police» de calibre 7,65, dont les investigations montreront qu’il a été volé lors d’un cambriolage à Vallauris (06) en décembre 1981. A 22h27, quelques instants avant de s’engager sur la Promenade des Anglais, le tueur envoie ce message à un destinataire enregistré sous le nom de «Ramzi». Son contenu est explicite: «Salam Ramzy je suis passé tout à l’heure au taxiphone 16 rue Marceau je t’ai pas trouvé Je voulais te dire que le pistolet que tu m’as donné hier c’est très bien alors on ramène 5 de chez ton copain […]». Le Ramzi en question se nomme Arefa, il a 21 ans. Le 16 juillet à l’aube, la perquisition à son domicile permet la découverte «d’un sachet de pâtes Panzani contenant une boule de poudre blanche pour un poids total brut de 185 grammes». En garde à vue, Ramzi reconnaît qu’il s’agit de cocaïne lui appartenant. Mais sa première audition n’est guère plus concluante. L’homme délire et indique aller «très peu» à la mosquée, «car il y a des voleurs de chaussures, c’est des Roumains». Il dit aussi se désolidariser des auteurs des attentats jihadistes en France ces dernières années. Mohamed Merah ? Un «con», un «mongole». Les terroristes du 13-Novembre ? «Des fous». Ceux du 14 juillet à Nice ? «Des gros connards, ils ont failli tous nous tuer.» Souvent en proie à des vomissements, se plaignant d’un sommeil agité en cellule, l’homme finit cependant par être mis face à ses contradictions. Et admet connaître Lahouiaej Bouhlel, qu’il a aidé à obtenir son pistolet en le mettant en relation avec une connaissance de prison, Artan Henaj, un trafiquant albanais de 38 ans.

    Coût de la transaction : 1200 euros. Une kalachnikov lui sera également fournie, mais pas payée. La compagne de Henaj, une Franco-Albanaise de 40 ans, Enkelejda Zace, qui a assisté à la transaction, finit elle aussi en cellule. Un dernier élément inquiète cependant les enquêteurs. Il s’agit de la deuxième partie du SMS envoyé par Bouhlel à Ramzi Arefa, et reçu par ce dernier à 22h27 :«Chokri et ses amis sont prêts pour le mois prochain, maintenant ils sont chez walid.» Cela signifie-t-il que ce groupe d’individus se préparait en réalité à une nouvelle action terroriste dans la région ? C’est l’une des questions clé de l’enquête menée depuis près de trois mois par les magistrats de la galerie Saint-Eloi.

    Sylvain Mouillard , Willy Le Devin , Ismaël Halissat , Julie Brafman
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    La Bulgarie interdit le port du voile intégral dans les lieux publics

    Le Parlement bulgare a adopté, vendredi, une loi interdisant « le port dans les lieux publics de vêtements dissimulant partiellement ou complètement le visage », alors que le pays enregistre une montée du salafisme.

    Le Monde.fr avec AFP | 30.09.2016 à 22h06 • Mis à jour le 01.10.2016 à 07h37     LIEN

     

    Dans une mosquée à Lanham, aux Etats-Unis.

    Le Parlement bulgare a adopté, vendredi 30 septembre, une loi interdisant le port du voile intégral en public, devenant, avec la France et la Belgique, l’un des rares Etats européens où une telle disposition est en vigueur.

    La nouvelle législation « interdit le port dans les lieux publics de vêtements dissimulant partiellement ou complètement le visage », sauf s’il est imposé par des raisons de santé ou par le caractère de la profession exercée. Les mosquées sont affranchies de cette interdiction. Les sanctions prévues sont une amende de 200 leva (100 euros) pour une première infraction, et de 1 500 leva (750 euros) pour chaque infraction suivante.

    Montée du salafisme

    La Bulgarie, majoritairement orthodoxe, compte environ 13 % de musulmans, issus des minorités turque et rom. Le voile intégral n’y était pas porté avant la montée en puissance récente de quelques prédicateurs salafistes comme Ahmed Moussa.

    La ville de Pazardjik (dans le centre du pays), où le niqab a fait son apparition pour la première fois dans le quartier rom il y a trois ans, avait devancé la loi en avril en interdisant le port du voile intégral dans la commune. Huit femmes y ont été sanctionnées à ce jour et quatre autres villes se sont dotées d’une réglementation similaire.

    L’adoption de la loi, à un mois de l’élection présidentielle du 6 novembre, a provoqué les vives protestations du parti de la minorité turque MDL, qui a reproché aux autres partis de « semer l’intolérance religieuse ». Les trente députés du MDL ont boycotté le vote.

    Amnesty International réagit

    Le gouvernement minoritaire de centre droit de Boïko Borissov a en revanche bénéficié du soutien d’une formation nationaliste, le Front patriotique, auteur de la proposition de loi. Celle-ci prévoyait initialement des peines de prison et la privation d’aides sociales pour les porteuses du voile intégral.

    L’organisation non gouvernementale Amnesty International a vivement réagi, déclarant que « cette loi fait partie d’une tendance inquiétante d’intolérance, de xénophobie et de racisme en Bulgarie »« Les femmes en Bulgarie devraient être libres de s’habiller à leur convenance et de porter la burka ou le niqab en tant qu’expression de leur identité et leur foi », a souligné vendredi le directeur Europe d’Amnesty.

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  • Daech en Irak : les inconnues de la bataille

    de Mossoul

    Daech en Irak : les inconnues de la bataille de MossoulLes forces irakiennes se préparant à la bataille de Mossoul. ((Laurence Geai/SIPA))

    Après avoir reconquis de vastes pans de territoire depuis deux ans, les forces irakiennes se préparent à reconquérir cette ville du nord du pays avec l'appui de la coalition internationale. L'heure est à la mobilisation, avant de lancer l'assaut-clé.

    Sarah DiffalahPublié le 30 septembre 2016 à 18h08 LIEN

     

    L'opération reconquête de Mossoul, aux mains de l'Etat islamique (EI) depuis août 2014, s'est accélérée vendredi 30 septembre avec l'envoi par la France de huit avions de chasse Rafale en Irak. Cette manœuvre militaire intervient quelques jours après la décision de Barack Obama d'envoyer 615 soldats américains supplémentaires spécialisés dans le renseignement, qui aideront les Irakiens.

    Fin août, la ville clé de Qayyarah et sa base aérienne, dernier rempart avant Mossoul à 60 kilomètres au nord, est tombée. Elle sert désormais de base arrière pour l'offensive finale. Mossoul est encerclée. Les raids aériens se sont intensifiés, les forces de sécurité irakienne (FSI), les forces kurdes (peshmergas) et les milices locales qui combattent au sol ont reçu récemment, de la part des Occidentaux, des armes et des pièces d'artillerie pour combattre les djihadistes.

    ISF : forces de sécurité irakienne / ISIS : groupe Etat islamique

    La dernière bataille semble imminente. Le président américain a estimé, la semaine dernière, que l'offensive pourrait être lancée "assez rapidement". Plusieurs responsables occidentaux ont évoqué le mois d'octobre. On prête à Barack Obama le désir d'accomplir cette mission avant la fin de son mandat en janvier 2017.

    Depuis janvier, la coalition internationale a concentré ses efforts militaires sur les "centres de pouvoir" de l'EI : Raqqa en Syrie et Mossoul en Irak, capitales auto-proclamées du groupe djihadiste. En Irak, reprendre Mossoul, la plus grande ville sunnite du pays, a toujours été considéré comme une priorité. L'offensive déstabiliserait durablement le groupe djihadiste. Plusieurs fois programmée, elle a été jusqu'à présent sans cesse repoussée.   

    Une bataille longue

    Mais cette bataille finale risque de durer plusieurs mois. Pour plusieurs raisons. D'abord, Mossoul est une grande ville, avec un nombre important d'habitants (2 millions). Ensuite, l'EI y tient particulièrement : c'est en Irak que le groupe est né et il y a investi beaucoup de moyens. C'est là encore qu'Abou Bakr al-Baghdadi a fait sa première apparition dans une mosquée en tant que "calife".

    Les djihadistes de Mossoul, entre 3.000 et 4.500 d'après les estimations du Pentagone, n'abandonneront pas facilement. Les combats risquent d'être féroces et destructeurs. Le défi est d'autant plus difficile à relever que les Occidentaux n'enverront pas de troupes au sol, se contentant d'appuyer les forces locales. Interrogé il y a quelques mois, Vincent Desportes, professeur à Sciences-Po, ancien directeur de l'Ecole de guerre, expliquait :

    "En ville nous ne pouvons pas frapper partout. L'ennemi a appris à contourner la menace de la puissance aérienne, en se fondant dans la population, et c'est pour cela que le rendement est relativement limité. On ne peut pas écraser les populations sous les bombes pour les aider. Il est clair que nous ne pouvons libérer une ville que par des combats au sol."

    En finir avec Daech en Irak

    Les enjeux sont énormes. Libérer Mossoul, c'est avant tout libérer les civils qui vivent sous le drapeau noir de l'EI depuis deux ans. C'est aussi détruire l'EI en tant que territoire. La prise de Mossoul marquerait le démantèlement des structures "étatiques" mises en place : collecte de l'impôt, application de la charia, administration, tribunaux, vente du pétrole et des ressources naturelles... L'embryon d'Etat sera brisé. Tout comme cette image d'invincibilité et de résistance que véhicule la propagande. Sa capacité d'attraction s'en trouverait réduite.

    Qui succédera à Daech, une fois Mossoul libéré ?

    Mais cela ne signifierait pas pour autant la fin de l'insurrection de l'EI, qui devrait rester actif dans les campagnes ou en perpétrant des attentats. La libération de Mossoul ne signifierait pas non plus la fin de l'idéologie djihadiste, en Irak et ailleurs.

    Gérer le jour d'après

    Pour espérer l'emporter, la force militaire devra se coupler d'un indispensable règlement politique et diplomatique. En juillet dernier, le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Irak, Jab Kubis, a appelé la communauté internationale à anticiper politiquement la libération de Mossoul. Il a souligné l'urgence de mettre l'accent sur la réconciliation "pour que la période de l'après-Daech de l'histoire irakienne soit plus stable, plus sûre et plus prospère que par le passé."

    L'EI a pris sa greffe dans la révolte des sunnites contre l'oppression des chiites au pouvoir. Il s'agit donc, à Mossoul, de savoir qui contrôlera la ville demain. Quelle sera l'autorité légitime ? Quelle reconstruction pour permettre aux civils de revenir ? Quelle formule politique ? Logiquement, il faudra redonner le pouvoir aux responsables locaux sunnites, sans quoi les violences reprendront de plus belle. Le gouvernement irakien a pour l'instant du mal à répondre à ces interrogations.

    Eviter les représailles

    Gérer le jour d'après, c'est aussi éviter les règlements de compte au lendemain de la libération. Human Right Watch a accusé les milices chiites d'exactions envers les civils à majorité sunnite à Fallouja après sa libération. La répétition d'un tel scénario contribuerait à exacerber les tensions confessionnelles sur lesquelles l'EI avait grandi.

    Les populations arabes ne voient pas non plus forcément d'un bon œil l'arrivée des Kurdes, qui composent une partie essentielle et indispensable des troupes qui combattent. Si ces derniers ont assuré qu'ils ne resteront pas à Mossoul, la méfiance reste de mise. En janvier, Amnesty International alertait sur les exactions commises par les peshmergas et les milices kurdes dans des villages arabes du nord du pays, libérés et contrôlés par les combattants des unités du gouvernement du Kurdistan. L'organisation internationale avait alors dénoncé des "destructions de masse délibérées". Ils "ont passé au bulldozer, fait exploser et réduit en cendres des milliers de logements dans le but semble-t-il de déraciner les populations arabes, en représailles contre leur soutien supposé", à l'EI, selon l'enquête d'Amnesty qui a insisté :

    "Cela s'inscrit dans une volonté de rectifier les abus du passé commis par le régime de Saddam Hussein qui avait déplacé de force des Kurdes, puis installé des Arabes dans la région."

    Pour éviter les abus, il est question que les forces kurdes et chiites n'entrent pas dans la ville. Reste que l'armée irakienne est elle aussi perçue par les sunnites comme une armée chiite. 

    L'inconnue kurde

    Les populations sunnites qui peuplent Mossoul redoutent que les Kurdes tirent profit de la situation pour étendre leur territoire dans la zone disputée entre le pouvoir irakien et les Kurdes. En visite à Paris, notamment pour évoquer la bataille de Mossoul avec le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK), Massoud Barzani, a indiqué que sans accord avec Bagdad, il ne pouvait y avoir de bataille de Mossoul. Dans une interview au "Monde", Massoud Barzani a prévenu à propos des zones disputées et libérées par les Kurdes :

    "Il nous faut un accord sur ce point. Les peshmergas sont présents pour protéger les populations, donc il n'y a pas besoin que les forces irakiennes se déploient."

    Il propose un référendum dans les zones contestées pour que les populations se prononcent sur leur rattachement au Kurdistan irakien.

    Par ailleurs, les Kurdes sont partie prenante des négociations sur l'administration de la ville de Mossoul et de sa province. Difficile de faire sans eux. Un accord est, dans tous les cas, indispensable, à une victoire totale à Mossoul. 

    Eviter la faillite humanitaire

    L'enjeu humanitaire est immense. Il faudra accueillir des centaines de milliers de réfugiés dans des centres autour de Mossoul. A Fallouja, rien ou presque n'était prêt. 90.000 personnes ont fui les combats et ont pris de court les autorités et les ONG. Auront-ils cette fois anticipé ? "Plus d'un million de personnes pourraient être déplacées lors de la prochaine offensive et nous prévoyons qu'au moins 700.000 auront besoin d'aide, d'abris, de nourriture, d'eau", a dit jeudi le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Irak, Bruno Geddo.

    Le HCR a déjà construit des camps en prévision de ce déplacement massif, mais il manque de terrains, de fonds et de temps pour en construire d'autres. Le HCR a prévenu que l'offensive sur Mossoul pourrait provoquer "l'un des pires désastres humains depuis de nombreuses années" si rien n'est fait.

    Sarah Diffalah

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