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    Terrorisme : l'année 2017 "va être épouvantable" pour la France, prédit Marc Trevidic

    L'ancien juge antiterroriste estime que l'Etat islamique va être "très tenté de s’en prendre à la France"

    Sueurs froides

    Publié le 5 Août 2016       LIEN

     

    Terrorisme : l'année 2017 "va être épouvantable" pour la France, prédit Marc Trevidic
     

    C'est une des voix les plus écoutées lorsqu'on parle de terrorisme. Marc Trevidic a passé 10 ans à l'anti-terrorisme avant de devenir premier vice-président au tribunal de grande instance de Lille. Et l'avis de ce grand spécialiste fait froid dans le dos. 

    Dans une interview accordée à la télévision belge RTBF, il a déclaré : "L’année va être épouvantable avant les élections présidentielles. La tentation pour l'organisation terroriste Etat islamique va être très grande de s’en prendre à la France. On est dans une guerre en temps de paix.

    C’est le principe de l’attentat terroriste. Mon espérance à moyen terme, c’est l’essoufflement suite au degré d’horreur. Mais cela peut durer dix ans. Ce n’est pas exclu".

    Marc Trevidic est également revenu sur le cas Adel Kermiche, l’un des deux terroristes de l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le magistrat connaît bien l'affaire, lui qui avait mis en examen Kermiche en 2015. "La première fois que je l’ai vu, il avait voulu partir en Syrie. Il venait tout juste d’être majeur pendant la garde à vue […] Il était dans l’immaturité la plus totale", raconte-t-il

    Quelques mois plus tard, tout a changé. "J’avais face à moi quelqu’un qui voulait à tout prix partir faire le djihad au sein de l’Etat islamique. Il avait dans ses yeux la petite lueur qui fait qu’on détecte qu’il ne reviendra pas en arrière. C’est très difficile à apprécier. C’est très subjectif parce qu’en face de vous, vous avez l’impression d’avoir un mur. Et là, il y avait ce mur-là".

    Et le juge de revenir sur certaines personnes qu'il a croisées. "Il y a des gens qui m’ont fait froid dans le dos. Une minorité clairement de ceux que j’ai pu voir, mais il y en a cinq ou six qui m’inquiètent. J’espère qu’ils ne sont pas encore sortis..."

    A LIRE AUSSI : Scénario noir : au pire du pire pour nous en cas d'attaques terroristes incessantes, que peut vraiment espérer gagner l'Etat islamique 

     
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    Tous les perdants de l'annulation

    de la braderie de Lille 2016

    Publication: 05/08/2016 14h09 CEST Mis à jour: Il y a 1 heure     LIEN
     
    BRADERIE LILLE

     

     

     

     

     

    BRADERIE DE LILLE - Coup dur pour la capitale du Nord. La maire PS de Lille Martine Aubry a annoncé vendredi 5 août l'annulation de l'édition 2016 pour raison de sécurité.

    "Je pense que nous devons suspendre la braderie 2016", a déclaré la maire, pleine d'émotions, au cours d'une conférence de presse commune avec le préfet du Nord, Michel Lalande. "C'est une responsabilité morale d'éviter qu'il puisse y avoir des blessés voire des morts (...) C'est un déchirement de prendre cette décision", a-t-elle ajouté.

    Cette décision est évidemment liée au massacre du 14 juillet sur la Promenade des Anglais à Nice, où un camion de 19 tonnes a fendu la foule à pleine vitesse. Le bilan est monté à 85 morts.

    Pour les commerçants de Lille, il s'agit d'une perte très importante. La braderie attire en moyenne 2,5 millions de personnes de toute la France, d'Angleterre, de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne. Avec un panier moyen à 15 euros, ce sont 37 millions d'euros d'achats qui partent en fumée, selon la BPI.

    10.000 exposants, 500 tonnes de moules, 30 tonnes de frites

    Parmi ceux qui ne verront pas la couleur de cet argent, les hôteliers arrivent au premier plan. Selon MKG Hospitality, le taux d’occupation des établissements a atteint 80,7 % lors de la braderie 2014, avec un pic à 98,8 % le samedi soir. En comparaison, il n’était que de 62,2 % sur toute l’année.

    Sur Airbnb, le prix moyen de la nuit à Lille pour une personne est de 103 euros pendant la braderie, soit presque 30 euros de plus que les weekend précédent et suivant.

    Côté restauration, ce sera tout aussi dur. Un établissement comme Chicorée, une institution lilloise au coeur de la braderie, tourne habituellement en surrégime pendant ces deux jours. Ce matin, la direction de l'établissement n'était pas joignable, trop affairée par des réunions avec la préfecture et les annulations de commandes aux fournisseurs, comme un employé l'a confié au HuffPost.

    Il faut dire que la profession a été prise de cours par cette annulation, comme le dénonce le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) du Nord-Pas de Calais.

    Pour garder un ordre de grandeur des retombées de l'événement, il s'écoule en moyenne 500 tonnes de moules et 30 tonnes de frites sur le weekend.

    Les antiquaires et les bradeux seront bien sûr touchés à leur tour. La braderie représente cent kilomètres d'étals et quelque 10.000 exposants.

    Coup dur également pour l'emploi: de nombreuses embauches, interim et heures sup' seront annulées. Côté sécurité, 2000 agents des services de l’Etat (policiers, gendarmes, douaniers, agents de la direction de la protection des populations) devaient être mobilisés, ainsi que 600 agents des services de secours (sapeurs-pompiers, secouristes et Samu), en lien avec les services de la mairie de Lille. Sans parler des extra en restaurations

    Evidemment, les retombées économiques ne se limiteront pas à ces seuls cas, mais il n'existe aucune étude exhaustive sur le sujet.

    Tous les perdants de l'annulation de la braderie de Lille 2016

    Publication: 05/08/2016 14h09 CEST Mis à jour: Il y a 1 heure
    BRADERIE LILLE
     
     

    BRADERIE DE LILLE - Coup dur pour la capitale du Nord. La maire PS de Lille Martine Aubry a annoncé vendredi 5 août l'annulation de l'édition 2016 pour raison de sécurité.

    "Je pense que nous devons suspendre la braderie 2016", a déclaré la maire, pleine d'émotions, au cours d'une conférence de presse commune avec le préfet du Nord, Michel Lalande. "C'est une responsabilité morale d'éviter qu'il puisse y avoir des blessés voire des morts (...) C'est un déchirement de prendre cette décision", a-t-elle ajouté.

    Cette décision est évidemment liée au massacre du 14 juillet sur la Promenade des Anglais à Nice, où un camion de 19 tonnes a fendu la foule à pleine vitesse. Le bilan est monté à 85 morts.

    Pour les commerçants de Lille, il s'agit d'une perte très importante. La braderie attire en moyenne 2,5 millions de personnes de toute la France, d'Angleterre, de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne. Avec un panier moyen à 15 euros, ce sont 37 millions d'euros d'achats qui partent en fumée, selon la BPI.

    10.000 exposants, 500 tonnes de moules, 30 tonnes de frites

    Parmi ceux qui ne verront pas la couleur de cet argent, les hôteliers arrivent au premier plan. Selon MKG Hospitality, le taux d’occupation des établissements a atteint 80,7 % lors de la braderie 2014, avec un pic à 98,8 % le samedi soir. En comparaison, il n’était que de 62,2 % sur toute l’année.

    Sur Airbnb, le prix moyen de la nuit à Lille pour une personne est de 103 euros pendant la braderie, soit presque 30 euros de plus que les weekend précédent et suivant.

    Côté restauration, ce sera tout aussi dur. Un établissement comme Chicorée, une institution lilloise au coeur de la braderie, tourne habituellement en surrégime pendant ces deux jours. Ce matin, la direction de l'établissement n'était pas joignable, trop affairée par des réunions avec la préfecture et les annulations de commandes aux fournisseurs, comme un employé l'a confié au HuffPost.

    Il faut dire que la profession a été prise de cours par cette annulation, comme le dénonce le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) du Nord-Pas de Calais.

    Pour garder un ordre de grandeur des retombées de l'événement, il s'écoule en moyenne 500 tonnes de moules et 30 tonnes de frites sur le weekend.

    Les antiquaires et les bradeux seront bien sûr touchés à leur tour. La braderie représente cent kilomètres d'étals et quelque 10.000 exposants.

    Coup dur également pour l'emploi: de nombreuses embauches, interim et heures sup' seront annulées. Côté sécurité, 2000 agents des services de l’Etat (policiers, gendarmes, douaniers, agents de la direction de la protection des populations) devaient être mobilisés, ainsi que 600 agents des services de secours (sapeurs-pompiers, secouristes et Samu), en lien avec les services de la mairie de Lille. Sans parler des extra en restaurations

    Evidemment, les retombées économiques ne se limiteront pas à ces seuls cas, mais il n'existe aucune étude exhaustive sur le sujet.

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    Islam : pourquoi la France peine

    à former ses imams

    Islam : pourquoi la France peine à former ses imamsUn imam à la mosquée de Reims le 27 novembre 2015. (photo d'illustration) ((FRANCOIS NASCIMBENI / AFP))

    Quelques jours après l'assassinat du père Jacques Hamel par deux djihadistes français, Manuel Valls a relancé la question de la formation des imams. Tous devront être formés en France, estime-t-il. Un défi que les gouvernements successifs n'ont jamais réussi à relever. Interview du spécialiste Romain Sèze.

     

    Après l'assassinat du père Jacques Hamel par deux djihadistes français se réclamant de l'Etat islamique, la question de l'organisation de l'islam en France est relancée. Manuel Valls appelle, dans une tribune au JDD, à "repenser complètement la formation des imams et des aumôniers". "La France doit devenir un pôle d'excellence dans l'enseignement de la théologie musulmane", dit le Premier ministre, qui précise : "L'Etat n'a pas à s'occuper de théologie, mais il peut aider la création d'institutions de formation solides en s'appuyant sur les diplômes universitaires ouverts notamment à Paris Strasbourg ou Aix. Les imams et les aumôniers de France devront être désormais uniquement formés en France".

    "Organiser l'islam de France, ce n'est pas le concours Lépine"

    Pourtant, il y a un an, la France a été le premier pays européen à avoir confié ses imams à un institut marocain, censé proposer un islam du "juste milieu", compatible avec les principes de la laïcité.

    Les allers-retours successifs des discours politiques illustrent bien l'échec de la France à résoudre le casse-tête de la formations des imams. Nous avons interrogé Romain Sèze, sociologue spécialiste de l'islam contemporain, chargé de recherche à l'INHESJ (Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice) et auteur de "Etre imam en France" (Editions du Cerf). 

    Quel est le profil des imams aujourd'hui en France ? Y-a-t-il des vocations ? 

    Il n’existe pas une seule trajectoire qui mène à l'imamat en France. On peut distinguer schématiquement plusieurs cas de figure :

    • Les immigrés venus occuper des emplois souvent non qualifiés et devenus imams par nécessité pratique, les fameux "imams-ouvriers";
    • Les jeunes qui ont suivi une formation en sciences religieuses (avec des disparités importantes de niveaux) dans un pays musulman, qui n’y trouvent pas de poste -faute, parfois, d’une ouverture suffisante du marché du travail-, qui immigrent en France sans nécessairement chercher à devenir imam et qui y trouvent une opportunité ;
    • Les imams détachés par des réseaux consulaires ou affiliés à des organismes transnationaux ;
    • Quelques rares jeunes qui ont suivi des formations dans des instituts en France ;
    • Des autodidactes (et on retrouve là des trajectoires assez différentes).

    Cela peut donner une vue d’ensemble, mais ne saurait épuiser la diversité des voies d’accès à l’imamat en France.

    Et non, il n’y a guère de vocations, ne serait-ce parce que c’est une profession de plus en plus exigeante, sur le plan de la formation notamment, pour laquelle il faut accepter d’être corvéable à merci, et sans être forcément bien rémunéré. On comprend que cette perspective séduise assez peu les jeunes.

    Pourquoi la France a-t-elle toujours eu besoin de faire appel à des pays étrangers pour former ses imams ? 

    Ces partenariats avec les pays d’origines remontent aux années 1980, quand les mosquées commencent à véritablement voir le jour en France. C'est une époque marquée par des événements qui vont associer la question de cet islam en voie d’organisation à des préoccupations de nature sécuritaire (révolution iranienne, série d'attentats entre 1985 et 1986…) et intégrationniste (sédentarisation et renouvellement générationnel).

    Dans ce contexte, la question des imams est déjà celle de leur influence : éviter qu’ils ne soient des relais de la violence, et essayer de mettre à contribution leur influence supposée pour favoriser l’intégration.

    Etant dans l’impossibilité de former massivement des imams en France, l’Etat français se fie à l’encadrement des pays d’origine, surtout à l’Algérie et à la Turquie qui disposent de corps fonctionnarisés d’imams. Des accords de détachements d’imams sont donc signés dans les années 1980 avec ces pays qui s’assurent de la formation, du recrutement et dans une certaine mesure du contrôle de ces imams.

    Depuis quand la France s'intéresse-t-elle à la formation des imams ? Quelles initiatives ont été mises en place ces dernières années et avec quels succès ?

    Les premières initiatives voient le jour dans les années 1990. L’UOIF inaugure l’Institut Européen de Sciences Humaines en 1991. L’Institut d’Études Islamiques de Paris ouvre ses portes en 1993. L’Institut d’Études supérieures et de Formation religieuse et théologique de la Mosquée de Paris (Institut al-Ghazali) est inauguré en 1994. Ces instituts peinent à produire massivement des imams, et l’Etat cherche rapidement des projets alternatifs.

    Le professeur Ali Mérad remet un projet en 1989 qui propose d’exploiter les avantages du régime concordataire, que reprend l'historien Etienne Trocmé en 1996, mais ça n’aboutit pas.

    Le projet d’un institut d’études de l’islam voit le jour en 1998, et il débouchera en 1999 sur la création de l’Institut d’Études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman, qui reste plutôt un espace universitaire, qui fait aussi de la formation de qualité pour les professionnels.

    L’idée de distinguer un enseignement théologique, dispensé par des religieux, et un enseignement non religieux, par des enseignants laïcs, apparaît sous le mandat de Jean-Pierre Chevènement au ministère de l’Intérieur (1997-2000). Elle rencontre diverses réticences, avant d’être reprise par le CFCM, qui vient d’être officialisé en 2003, pour mettre en place une formation complémentaire au sein de l’université. Mais le projet ne voit le jour qu’en 2008, grâce au Bureau Central des Cultes qui crée le diplôme universitaire "Interculturalité, Laïcité et Religions" au sein de la faculté des sciences économiques et sociales de l’Institut Catholique de Paris. Ces DU ont commencé à essaimer dans diverses universités, et le Premier ministre Manuel Valls avait annoncé de nouvelles créations en mars 2015. D'ailleurs, l’accord signé avec Rabat prévoit que les diplômés passent l’un de ces DU de retour en France.

    En signant en 2015 un accord de coopération avec l’Institut Mohammed VI de Rabat sur la formation des imams, François Hollande a, de fait, approuvé les mérites de l'islam enseigné au Maroc, un islam dit du "juste milieu". Est-ce cet islam qui pourrait être enseigné en France ?

    Je ne connais pas suffisamment le Maroc pour vous apporter une réponse précise. Mais de fait, on tend à trop homogénéiser l'islam des pays musulmans qui, comme partout, est diversifié, même s’il est de tradition juridique malikite. En France aussi, l’islam est diversifié, mais l’Etat est depuis plusieurs décennies en quête d’un islam civil, mis en perspective par des valeurs qui favorisent le vivre-ensemble. Pour l’Institut Mohammed VI, il est question d’un islam porteur de "valeurs d’ouverture et de tolérance".

    Par ailleurs, cet accord avec le Maroc est en contradiction totale avec la volonté de Manuel Valls de former tous les imams en France... 

    Effectivement, c’est un paradoxe que des sociologues et politistes ont souligné depuis des années. Mais la signature d’accords de détachements d’imams dans les années 1980 n’a jamais semblé satisfaisante pour l’Etat non plus, qui a dès lors cherché à mettre en place des formations en France. Former des imams au Maroc reste une solution, partielle, faute de mieux.

    Au Maroc, à l'école des imams français

     

    Si la question de la formation des imams se pose ainsi après une actualité marquée par des attentats, c'est qu'on estime qu'ils peuvent aider à lutter contre le terrorisme. Est-ce exact ?

    La question de l’influence que les imams pourraient ou devraient exercer a trouvé une nouvelle actualité en 2014 et en 2015. Le gouvernement a récemment amorcé un virage stratégique considérable en luttant contre la radicalisation et non plus seulement contre le terrorisme, l’usage du terme 'radicalisation' étant très récent dans le débat politique français. Cela a consisté à lutter contre le processus qui accompagne le passage à la violence et non plus seulement la violence elle-même, en expérimentant des mesures préventives et non répressives.

    Cela implique de mobiliser les instances de socialisation, notamment les imams qui concentrent à nouveau une attention soutenue. C’est d’autant plus logique que la radicalisation est diagnostiquée, dans une certaine mesure, comme la conséquence d’un "problème d’intégration", et que les imams restent perçus comme des acteurs qui peuvent jouer une influence positive à cet égard.

    Par ailleurs, dans la mesure où le salafisme est considéré comme un sas d’apprentissage du rigorisme et de l’intolérance qui dispose donc à la violence (ce point fait cependant l’objet de débats), la lutte contre la radicalisation passe aussi par une lutte contre le salafisme.

    Face à l'islam : le débat Michel Onfray - Fethi Benslama

    Djihadisme : Gilles Kepel répond à Olivier Roy

    L'implication des imams dans la lutte contre le djihadisme peut-il être payant ? 

    Les jeunes qui se radicalisent se méfient des imams et cessent de fréquenter la mosquée, telle est en tout cas la situation aujourd’hui. Bien des imams se mobilisent contre la radicalisation, mais ils avouent aussi ne pas avoir d’emprise miracle sur les jeunes radicalisés. Le fait est qu’on ne peut pas non plus réduire l’action du gouvernement contre la radicalisation à cette initiative. Elle est complexe tant elle tente d’agir simultanément sur différents leviers : question des imams, mais aussi contre-discours, mobilisation de l’Education nationale...

    Propos recueillis par Sarah Diffalah

    Sarah Diffalah

    Sarah Diffalah

    Journaliste

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  • Lettre ouverte aux candidats au djihad

    Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, elle est une rescapée de la tuerie du 7 janvier 2015
      Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, elle est une rescapée de la tuerie du 7 janvier 2015

    Avant ton grand départ, je voulais t’écrire comme on jette une bouteille à la mer, car je sais que tu ne lis pas. Je ne te connais pas, mais je sais beaucoup de choses sur toi. Je sais par exemple que tu n’es pas allé t’attabler ce matin avec ton Figaro Magazine sous le bras pour prendre ton café et saluer ceux de ton quartier. Tu me liras probablement en tapant djihad sur ton clavier, car c’est ainsi que tu procèdes. Ton moteur de recherche te proposera peut-être ma lettre parmi la longue liste de sites qui t’ont appris que le crime de masse était ton identité, que pour aimer ton Dieu, il fallait haïr les hommes.

    Par Zineb El Rhazoui
    (*)Ton identité supposée, celle que tu penses avoir perdue et qui t’a fait entreprendre cette quête, c’est aussi la mienne. Lorsque nous étions enfants, puisque nous avons le même âge, je m’étonnais que tu m’appelles "cousine" quand je venais du bled pour passer mes vacances en France. Je trouvais alors que tu avais beaucoup de chance de vivre ici. Tu avais des droits que je n’avais pas, tu allais à l’école républicaine pendant que je vomissais les cours de religion obligatoires. Tu faisais du sport, alors que le terrain de handball de mon collège était un vaste champ de boue, et que la moitié de mes camarades de classe avaient renoncé aux cours d’éducation physique parce qu’ils ne possédaient qu’une paire de sandales en plastique. Toi, tu venais frimer en été avec tes baskets dernier cri, tu te soignais gratuitement dans des hôpitaux équipés, alors que seuls les plus nantis parmi nous pouvaient se payer des médicaments. Aujourd’hui, tu prônes la médecine mahométane dans des conférences en France, pays de l’hôpital public, tu conseilles de se soigner au Coran, au miel et à l’urine de chameau. Demande à tes cousins du bled, ils ont déjà essayé, ça ne marche pas.


    Pourtant, tu te sentais exclu. Tu disais que tu n’avais pas eu les mêmes chances que les autres, et tu as oublié que nous, ceux du bled, n’avions jamais eu les mêmes chances que toi. Tu nous as donné beaucoup d’espérance, lorsque enfants, nous t’avons vu t’élever contre le racisme, revendiquer ton droit à l’égalité et à l’intégration. L’antiracisme est devenu un étendard d’espoir, nous avions alors cru à des lendemains républicains meilleurs, à une France qui serait enfin fière de sa diversité. Certains de tes "cousins" ont saisi l’air du temps, ils sont devenus fonctionnaires, enseignants, ministres, avocats ou policiers.

    Lorsque tu as sombré dans la petite criminalité, ils t’ont trouvé des excuses pour mieux s’attirer le vote de tes pères. Pas moi.

    Et toi, regarde-toi. Tu as fait de l’antiracisme non pas un combat pour l’universalité des droits, pour gommer les différences entre les citoyens d’un même pays, mais une petite lutte pour faire valoir ta portion congrue. A ta décharge, je reconnais que tu n’y serais jamais arrivé sans l’aide de certains politiques, pour qui l’antiracisme n’était qu’un slogan électoral. Ils ont fait de toi leur chasse-gardée, leur fonds de commerce. Ils t’ont expliqué que toi, né en France, tu étais différent et que tu le serais toujours, car c’est ainsi qu’ils te voient, pas moi. Moi qui fus ta cousine, je sais que tu n’es pas exclu ipso facto, mais que tu te complais dans cette posture pour mieux haïr. Ils t’ont appris que ce n’était pas la peine d’apprendre à l’école, car tu ne trouverais jamais de travail. Pendant ce temps, chaque jour, de nouveaux arrivants en France s’élevaient par le savoir. Ils t’ont ôté toute notion de mérite en te consacrant des quotas, convaincus que c’était le seul moyen pour toi d’intégrer les grandes écoles. Lorsque tu as sombré dans la petite criminalité, ils t’ont trouvé des excuses pour mieux s’attirer le vote de tes pères. Pas moi. Car je sais que si tous les hommes sont égaux en droits, ils le sont aussi en devoirs. Les politiques de ce pays t’ont expliqué que ta religion prônait la paix et l’amour, alors que ton imam t’expliquait qu’il fallait battre ta femme. Que dis-je? Tes femmes! Lorsque tu as arboré un accoutrement afghan pour revendiquer ton identité de Nord-Africain, ces mêmes politiques t’ont expliqué que tu avais le droit de te ridiculiser dans l’espace public, car il s’agissait de ta "culture". Moi, je sais que ce n’est pas l’habit qui fait l’Arabo-Berbère, l’Amazigh, qui dans la langue de Jugurtha, veut dire l’homme libre.

    Tes droits, tu les as toujours obtenus en français, et pourtant, tu hais cette patrie.

    Sais-tu au moins ce que le mot djihad veut dire avant d’y aller ? Toi qui baragouines l’arabe depuis que tu appliques à la lettre la foi de Mahomet ? Je gagerais que non. Ton arabe, celui que j’ai tété du sein de ma mère, ce dialecte que parlent tes parents et que tu n’as jamais appris, ne connaît pas ce mot. Tu n’as jamais eu à défendre tes droits en arabe. Tu n’as jamais eu à répondre à ton agresseur parce que tu es une femme, tu n’as pas eu à corrompre un fonctionnaire pour te délivrer ton acte de naissance, ni à expliquer à un policier ce que tu fais avec ta petite amie, ni à chanter les louanges d’un dictateur, ni à supplier à l’entrée d’un dispensaire pour que l’on daigne te soigner. Tes droits, tu les as toujours obtenus en français, et pourtant, tu hais cette patrie. Djihad veut dire effort, mais quel effort as-tu déjà fait avant de te résoudre à faire celui de la guerre? Ton islam à toi, celui que tu penses être ton identité retrouvée, n’est qu’une maladie mentale, une nécrose de la raison, une défaite de ton humanité.

    Lorsque tu cesseras de te faire passer pour une victime alors que tu es ton propre persécuteur, lorsque tu accepteras d’être enfin ton seul maître, et non le mercenaire et l’esclave d’une idéologie qui te méprise tout autant que ces politiques qui ont fait de toi le parent pauvre de la République, je pourrais te dire, moi ta lointaine "cousine" du bled, comment faire pour t’intégrer en France tout en retrouvant enfin ton identité. Pour l’y avoir étudiée, je pourrai te démontrer que ta langue, l’arabe, est remarquablement enseignée dans notre pays. Je t’apprendrai que Paris est la capitale de la culture arabe, celle qui n’a pas droit de cité sous les cieux de nos dictatures. Je t’emmènerai voir des spectacles d’artistes arabes qui ne peuvent plus se produire dans leur pays à cause de tes idéologues. Je te montrerai que la France est aussi la Mecque de ceux parmi nous qui défendent les droits humains dans des pays qui les violent allègrement. Si tu es encore parmi nous, tu verras qu’il est possible de renouer avec ton identité perdue, tout en étant plus français que jamais.

    Z.E.R.

    (*) Zineb El Rhazoui est journaliste à Charlie Hebdo. Rescapée de la tuerie du 7 janvier 2015, Zineb El Rhazoui est l’une des femmes les plus protégées de France et vit depuis 2009 sous protection policière en raison de ses propos sur l’islam. Née à Casablanca, au Maroc, en 1982, elle est diplômée de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et titulaire d’une maîtrise en sociologie des religions.

    Source : Le Figaro du 25 juillet 2016.

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  • Attentat de Nice : une sixième personne

    mise en examen

    Le Monde.fr avec AFP | 01.08.2016 à 20h10      LIEN

     

    A Nice, le 18 juillet.

    Un homme de 36 ans a été mis en examen et écroué dans le cadre de l’attentat qui a fait 84 morts et plus de 300 blessés à Nice le 14 juillet, a fait savoir lundi 1er août le parquet de Paris.

    Hamdi Z. a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle et placé en détention provisoire, a précisé le parquet. Le suspect était en relation avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel « depuis au moins un an », selon une source proche de l’enquête. Il apparaît également dans un selfie pris quelques jours avant l’attentat par le tueur devant le camion lancé sur la foule le soir de la fête nationale.

    Cinq mises en examen le 21 juillet

    Six personnes ont été mises en examen dans le cadre de l’enquête. Quatre hommes, âgés de 21 à 40 ans, et une femme de 42 ans, inconnus des services de renseignement, ont été mis en examen le 21 juillet et placés en détention provisoire.

    Chokri C., Mohamed Oualid G. et Ramzi A. sont poursuivis pour complicité d’assassinats en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste. L’enquête a mis en lumière leur présence au côté du tueur dans les jours ayant précédé le carnage, et a révélé que Lahouaiej Bouhlel a envoyé des SMS à Ramzi A. juste avant la tuerie.

    Ramzi A. est aussi mis en examen pour infractions à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste, avec un couple d’Albanais, Artan H. et Enkeledja Z, soupçonnés d’avoir participé à la fourniture du pistolet avec lequel Lahouaiej Bouhlel a tiré sur des policiers avant d’être abattu.

    Lire aussi :   Myriam, David, Laura, Adib… qui sont les victimes de l’attentat de Nice ?

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  • Prêtre tué en France

    31 juillet 2016 07:36; Act: 31.07.2016 09:21         LIEN

    Les catholiques invitent les musulmans à la messe

    Vivre la fraternité, se recueillir ensemble dans le même lieu de culte: voilà à quoi sont appelés les fidèles, dimanche.

    Voir le diaporama en grand »
     
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    Le cousin d'Abdel M. P., l'un des deux auteurs de l'attaque djihadiste, a été déféré dimanche en vue de sa mise en examen. (Dimanche 31 juillet 2016)
     
    Le cousin d'Abdel M. P., l'un des deux auteurs de l'attaque djihadiste, a été déféré dimanche en vue de sa mise en examen. (Dimanche 31 juillet 2016) Des dizaines de fidèles musulmans ont franchi les portes des églises pour prier avec les catholiques à la mémoire du père Jacques Hamel, comme ici à Rouen. (Dimanche 31 juillet 2016) Des dizaines de fidèles musulmans ont franchi les portes des églises pour prier avec les catholiques à la mémoire du père Jacques Hamel, comme ici à Saint-Leu. (Dimanche 31 juillet 2016) Des dizaines de fidèles musulmans ont franchi les portes des églises pour prier avec les catholiques à la mémoire du père Jacques Hamel, comme ici à Nice. (Dimanche 31 juillet 2016) Gestes de solidarité et de fraternité, samedi, dans l'église même où s'est produit l'attentat, à Saint-Etienne-du-Rouvray. (30 juillet 2016) Des manifestations ont réuni chrétiens et musulmans dans plusieurs villes de France. (Samedi 30 juillet 2016) Des manifestations ont réuni chrétiens et musulmans dans plusieurs villes de France. (Samedi 30 juillet 2016) Hommage au Père Hamel dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. (Vendredi 29 juillet 2016) Un dialogue surréaliste s'est engagé dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, après l'assassinat du prêtre, entre les djihadistes et les deux religieuses retenues à l'intérieur de l'édifice, selon un témoignage des nones. (Samedi 29 juillet 2016) Les fidèles ont tenu à partager un moment de fraternité en se rendant successivement à l'église Sainte-Thérèse et à la mosquée Yahia vendredi 29 juillet 2016. La sécurité est maximale alors qu'un hommage solennel est rendu au père Hamel. (Jeudi 28 juillet 2016) Saint-Etienne-du-Rouvray rend un hommage solennel à son prêtre assassiné. (Jeudi 28 juillet 2016) Les obsèques du Père Hamel doivent avoir lieu mardi 2 août. (Jeudi 28 juillet 2016) Le second tueur de l'attaque djihadiste de mardi dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray a été «formellement identifié». Il était fiché «S». (28 juillet 2016) Le deuxième tueur a été identifié jeudi. Les représentants des cultes en France ont demandé mercredi à François Hollande que les lieux de culte fassent l'objet d'une plus grande attention de la part des autorités en matière de sécurité. De Gauche à droite: Rabbi Haim Korsia, Grand Rabbin de France / Joel Mergui, président du consistoire central israélite de France /Olivier Reigen Wang-Genh, président de l'union bouddhiste de France / Francois Clavairoly ,président de la fédération des pasteurs en France / Dalil Boubakeur,'Récteur de la Grand Mosquée de Paris / Grigorios Ioannidis General Vicar de l'église orthodoxe / le cardinal français, Andre Vingt-Trois et Ahmet Ogras, vice-présidents du Conseil français du culte musulman. L'un des deux assaillants a été formellement identifié. Deux fois, il a essayé de se rendre en Syrie en 2015. Placé en détention provisoire, il avait été libéré sous la «surveillance» d'un bracelet électronique. (photo prétexte) La police a procédé à deux perquisitions et à une interpellation à Saint-Etienne-du-Rouvray. (mardi 26 juillet 2016) Soeur Danièle était dans l'église au moment où les assaillants ont fait irruption. France 2 a recueilli son témoignage. Elle raconte qu'ils ont forcé le prêtre à s'agenouiller et qu'ils ont crié: «Vous les chrétiens, vous nous supprimez». (mardi 26 juillet 2016) Une photo non-datée de la victime de cette attaque, le prêtre Jacques Hamel. Le père Hamel a été tué en célébrant une messe matinale, à laquelle assistaient trois religieuses et un couple de paroissiens, dont le mari a été grièvement blessé à la poitrine. «Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés», a déclaré le président François Hollande. (mardi 26 juillet 2016) Venu rapidement sur place, il a appelé le pays à la «cohésion» et à faire «un bloc que personne ne doit pouvoir fissurer».(mardi 26 juillet 2016) François Hollande à Saint-Étienne-du Rouvray. (mardi 26 juillet 2016) Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a appelé les Français à rester «unis» mardi après la prise d'otages (...) qui vient s'ajouter à d'autres actes barbares» (mardi 26 juillet 2016) La police a mis tout le quartier sous haute surveillance. (Mardi 26 juillet 2016) Des opérations de déminage et de sécurisation de l'église étaient toujours en cours à la mi-journée. (Mardi 26 juillet 2016) L'attaque a eu lieu à Saint-Étienne-du Rouvray, dans la région Normandie. La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête. (Mardi 26 juillet 2016) Le président français François Hollande et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sont arrivés sur les lieux du drame à la mi-journée. (Mardi 26 juillet 2016) Le président français François Hollande et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sont arrivés sur les lieux du drame à la mi-journée. (Mardi 26 juillet 2016) La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête. (Mardi 26 juillet 2016) Les deux preneurs d'otages, dont les motivations sont encore inconnues, sont morts lors d'une intervention de la police. (Mardi 26 juillet 2016) Un prêtre a été tué et un ex-otage se trouve entre la vie et la mort. (Mardi 26 juillet 2016)

    Alors que de nombreux rassemblements oecuméniques ont déjà eu lieu cette semaine en France, la communauté musulmane est invitée à se joindre dimanche aux messes qui auront lieu dans tout le pays, cinq jours après l'assassinat d'un prêtre par deux djihadistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, dans l'ouest.

    Samedi, à Bordeaux, environ 400 personnes de toutes confessions et les représentants des communautés catholique, protestante, bouddhiste, israélite et musulmane ont participé samedi à l'église Notre-Dame à «un temps de recueillement et de prière» à la mémoire du père Jacques Hamel. «C'est un moment important où toutes les religions doivent se réunir pour affronter cette aberration qui a touché hier les juifs, touche aujourd'hui les catholiques et touchera peut-être demain les musulmans, d'un terrorisme aveugle, nihiliste et destructeur, dont le but est de semer la division. La meilleure réponse est de se rencontrer, de distribuer une parole d'apaisement», a déclaré à la presse l'imam de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou.

    «Nous vaincrons par la fraternité»: toujours samedi, dans l'après-midi, une marche silencieuse a rassemblé à Lyon près de 400 personnes, musulmans, chrétiens et laïcs pour témoigner «d'une société unie face au terrorisme». Organisée au départ par trois associations, l'une de jeunes laïcs chrétiens, l'autre d'éducation populaire intervenant dans les banlieues lyonnaises et la dernière de laïcs musulmans, l'appel à cette marche a été notamment soutenu par le Conseil régional du culte musulman.

    Enfin, à Saint-Etienne-du-Rouvray, dans le lieu qui a abrité l'assassinat terroriste, le prêtre a ouvert grand les portes de sa paroisse samedi. «Vous êtes les bienvenus chez nous». C'est par ces paroles qu'il a accueilli des dizaines de fidèles musulmans, lors d'une veillée en mémoire du père Jacques Hamel. Une première pour ces croyants, «dans cette autre maison de dieu». En groupe, juste après la prière du Asr, qui marque la fin de l'après-midi, des fidèles musulmans sont venus témoigner leur solidarité auprès de la communauté catholique de Saint-Etienne. Sous le regard bienveillant du père Auguste Moanda, des musulmans en kamis et kufis, tenue traditionnelle portée pour la prière, se sont joints à quelque 400 catholiques sur les bancs de l'église Sainte-Thérèse du Madrillet.

    (nxp/afp)

     
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  • La Belgique gèle les avoirs de douze terroristes

    Belga   Publié le vendredi 29 juillet 2016 à 06h43 - Mis à jour le vendredi 29 juillet 2016 à 06h44     LIEN

    Faits divers

    L'Etat belge a pour la première fois gelé les avoirs financiers de terroristes sans l'intervention d'un juge. Il s'agit d'une mesure administrative prise à la demande de l'OCAM, rapporte L'Echo vendredi. 

    La décision vise douze personnes suspectées de terrorisme, parmi lesquelles figurent Mohamed Abrini ainsi que la famille Bazarouj, soupçonnée d'avoir caché Salah Abdeslam pendant sa fuite. Ils ne pourront dorénavant plus accéder à leurs avoirs financiers, leurs biens immobiliers et autres possessions. De plus, ils ne pourront pas recevoir de soutien financier d'un tiers.

    Cette disposition existe depuis 2006, mais l'arrêté royal en question n'avait jamais été appliqué.

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  • LIEN

    #CeuxQuiFont : Elle donne aux enfants des clés
    pour comprendre les religions

    Marine Quenin,

    la connaissance avant la croyance

     

     

    Après avoir constaté que sa fille ignorait tout du fait religieux, Marine Quenin a fondé l’association Enquête,

    qui sensibilise les enfants aux religions et leur enseigne la laïcité.

    C’est à un public particulier que s’adresse l’imam de la mosquée Omar en cet après-midi de juin. Dans une trentaine de minutes,

    il délivrera son prêche du vendredi, les fidèles commencent déjà à arriver rue Jean-Pierre-Timbaud, à Paris. Mais, pour l’heure,

    il répond aux questions d’un petit groupe d’enfants, accueilli au premier étage de la mosquée. L’atmosphère est calme, les

    échanges bercés par le souffle des ventilateurs. « Il est écrit quoi sur le tableau accroché derrière vous ? Pourquoi vous utilisez

    le calendrier lunaire ? De quelle heure à quelle heure faites-vous la prière ? »

    Pour Marine Quenin, qui les accompagne ce jour-là, c’est comme ça que tout a commencé. Par des questions d’enfants. Il y a

    huit ans, pendant la visite d’une église, sa fille aînée Agathe lui demande si des gens dorment à l’« autel ». Un soir, elle rentre de

    l’école affolée : son ami Elias « est très malade », il a mangé du porc par mégarde. Un autre, elle se réjouit d’être « en vacances

    de la Poussin ». Certains auraient pu s’amuser de ces interprétations infantiles ; juger qu’avec le temps tout ça finirait par avoir

    du sens. Elle a vu dans ces remarques de profondes lacunes sur des sujets essentiels.

    « Indispensable pour comprendre le monde »

    « Je me suis rendu compte qu’il y avait un réel besoin de donner des clés aux enfants sur les religions »,explique avec énergie

    cette mère de trois enfants. D’un geste rapide, elle dégage une mèche de cheveux blonds de son visage, puis reprend : « C’est

    indispensable pour qu’ils comprennent le monde dans lequel ils évoluent. » Déterminée, elle se met alors, parallèlement à son

    métier de cheffe de projet, à réfléchir à un moyen de combler ces lacunes.

     

    Elle se tourne d’abord vers les manuels scolaires, « convaincue » que sa fille allait aborder ces sujets-là à l’école. Les questions

    relatives à la religion sont bien au programme, constate-t-elle, mais elles ne sont pas traitées dans les classes pour autant.

    Marine Quenin évoque une série de raisons à cela : des programmes trop chargés, une méconnaissance de la part des

    enseignants, et, surtout, le tabou concernant tout ce qui touche à la religion en France. Or, pour elle, qui est agnostique,

    impossible de « bien vivre ensemble » dans une société multiculturelle si l’on ignore tout des croyances de son voisin.

    Soutenue par son mari, elle décide de créer l’association Enquête, pour sensibiliser les enfants au fait religieux, en

    s’appuyant sur la laïcité. Ce principe fournit « un cadre très clair » à sa démarche, car il permet de parler de religion

    « de manière apaisée », sous l’angle de la connaissance et non de la croyance. Au premier étage de la mosquée Omar,

    Marine Quenin incite les enfants à observer : « Qu’est-ce qui, autour de vous, vous interpelle ? »

    « Ne pas continuer à ne rien faire »

    Depuis six ans maintenant, Enquête organise des ateliers dans des centres sociaux et des écoles pour des enfants entre

    7 et 11 ans. Réparties sur un trimestre ou une année scolaire entière, les séances alternent cours classiques et jeux

    inspirés du Taboo, du memory ou du pendu, afin de rendre les enfants acteurs de leur réflexion. Les trois dernières

    séances sont généralement consacrées à des visites culturelles de lieux de culte de leur quartier. Avant la mosquée, le

    groupe a visité une église et une synagogue.

    A 42 ans, Marine Quenin a toujours travaillé dans le « domaine de l’intérêt général ». A la tête de l’incubateur social

    d’une école de commerce, elle avait à l’esprit depuis quelque temps de monter son propre projet plutôt que de travailler

    sur ceux des autres. « Je me suis lancée le jour où j’ai pris conscience qu’il n’était pas nécessaire d’avoir une idée géniale

    pour changer les choses. »

    Une « bonne idée » pouvait déjà faire beaucoup. « La mienne n’est pas révolutionnaire, mais elle est nécessaire »,

    résume-t-elle sans rougir.

     

    Enquête est de plus en plus sollicitée. Au point que Marine Quenin a fini par quitter son poste, pour se consacrer

    entièrement à la petite association dont elle est aujourd’hui salariée. « Après les attentats de 2015, ceux qui travaillaient

    dans le monde de l’éducation se sont rendu compte qu’on ne pouvait plus continuer à ne rien faire », relève-t-elle,

    convaincue. Consécration, en 2015, cinq ans après sa création, Enquête a reçu l’agrément de l’éducation nationale, qui

    rend possible l’intervention de ses animateurs dans les écoles publiques.

    Priorité à la formation d’animateurs

    En six ans, Marine Quenin a vu des enfants évoluer. « Parvenir en fin d’année à faire visiter une synagogue à un enfant qui

    tenait auparavant des propos ouvertement antisémites montre qu’on a réussi à le faire bouger »,sourit-elle. Mais, à l’heure

    « la prise de conscience est collective » sur ces questions, Enquête est confrontée à ses limites. Avec ses moyens actuels,

    l’association touche 800 élèves alors qu’ils sont 100 000 par classe d’âge. La priorité est donc désormais la formation

    d’animateurs directement dans les centres sociaux. « Il faut qu’on travaille à être repris par d’autres », anticipe Marine

    Quenin.

    Jules, 10 ans, lève la main : « Pourquoi il y a marqué 1437 sur l’horloge derrière vous ? »,demande-t-il à l’imam, qui plisse

    les yeux et sourit.

    Il n’a pas l’habitude de répondre à ce genre d’interrogation concrète. Il détaille qu’il y a mille quatre cent trente-sept ans

    Mahomet quittait La Mecque pour Médine. « Alors, c’est l’année de naissance de l’islam », comprend Martin, même âge que Jules.

    Il réfléchit et ajoute : « L’islam ne commence pas au moment de la naissance de Jésus. » Il vient de saisir une différence

    fondamentale entre les deux religions.

    La troisième édition du Monde Festival se tient à Paris du 16 au 19 septembre 2016 sur le thème « Agir ». Retrouvez

    le programme du Monde Festival et envoyez-nous vos idées de portraits et d'initiatives à agir@lemonde.fr.

     

    Après avoir constaté que sa fille ignorait tout du fait religieux, Marine Quenin a fondé l’association Enquête,

    qui sensibilise les enfants aux religions et leur enseigne la laïcité.

    C’est à un public particulier que s’adresse l’imam de la mosquée Omar en cet après-midi de juin. Dans une trentaine de

    minutes, il délivrera son prêche du vendredi, les fidèles commencent déjà à arriver rue Jean-Pierre-Timbaud, à Paris.

    Mais, pour l’heure, il répond aux questions d’un petit groupe d’enfants, accueilli au premier étage de la mosquée.

    L’atmosphère est calme, les échanges bercés par le souffle des ventilateurs. « Il est écrit quoi sur le tableau accroché

    derrière vous ? Pourquoi vous utilisez le calendrier lunaire ? De quelle heure à quelle heure faites-vous la prière ? »

    Pour Marine Quenin, qui les accompagne ce jour-là, c’est comme ça que tout a commencé. Par des questions d’enfants.

    Il y a huit ans, pendant la visite d’une église, sa fille aînée Agathe lui demande si des gens dorment à l’« autel ». Un soir,

    elle rentre de l’école affolée : son ami Elias « est très malade », il a mangé du porc par mégarde. Un autre, elle se réjouit

    d’être « en vacances de la Poussin ». Certains auraient pu s’amuser de ces interprétations infantiles ; juger qu’avec

    le temps tout ça finirait par avoir du sens. Elle a vu dans ces remarques de profondes lacunes sur des sujets essentiels.

    « Indispensable pour comprendre le monde »

    « Je me suis rendu compte qu’il y avait un réel besoin de donner des clés aux enfants sur les religions »,explique avec

    énergie cette mère de trois enfants. D’un geste rapide, elle dégage une mèche de cheveux blonds de son visage, puis

    reprend : « C’est indispensable pour qu’ils comprennent le monde dans lequel ils évoluent. » Déterminée, elle se met

    alors, parallèlement à son métier de cheffe de projet, à réfléchir à un moyen de combler ces lacunes.

     

    Elle se tourne d’abord vers les manuels scolaires, « convaincue » que sa fille allait aborder ces sujets-là à

    l’école. Les questions relatives à la religion sont bien au programme, constate-t-elle, mais elles ne sont

    pas traitées dans les classes pour autant. Marine Quenin évoque une série de raisons à cela : des program-

    mes trop chargés, une méconnaissance de la part des enseignants, et, surtout, le tabou concernant tout ce qui

    touche à la religion en France. Or, pour elle, qui est agnostique, impossible de « bien vivre ensemble » dans

    une société multiculturelle si l’on ignore tout des croyances de son voisin.

    Soutenue par son mari, elle décide de créer l’association Enquête, pour sensibiliser les enfants au fait religieux,

    en s’appuyant sur la laïcité. Ce principe fournit « un cadre très clair » à sa démarche, car il permet de parler de

    religion « de manière apaisée », sous l’angle de la connaissance et non de la croyance. Au premier étage de la

    mosquée Omar, Marine Quenin incite les enfants à observer : « Qu’est-ce qui, autour de vous, vous interpelle ? »

    « Ne pas continuer à ne rien faire »

    Depuis six ans maintenant, Enquête organise des ateliers dans des centres sociaux et des écoles pour des

    enfants entre 7 et 11 ans. Réparties sur un trimestre ou une année scolaire entière, les séances alternent

    cours classiques et jeux inspirés du Taboo, du memory ou du pendu, afin de rendre les enfants acteurs de

    leur réflexion. Les trois dernières séances sont généralement consacrées à des visites culturelles de lieux de

    culte de leur quartier. Avant la mosquée, le groupe a visité une église et une synagogue.

    A 42 ans, Marine Quenin a toujours travaillé dans le « domaine de l’intérêt général ». A la tête de l’incubateur

    social d’une école de commerce, elle avait à l’esprit depuis quelque temps de monter son propre projet plutôt que

    de travailler sur ceux des autres. « Je me suis lancée le jour où j’ai pris conscience qu’il n’était pas nécessaire

    d’avoir une idée géniale pour changer les choses. » Une « bonne idée » pouvait déjà faire

    beaucoup. « La mienne n’est pas révolutionnaire, mais elle est nécessaire », résume-t-elle sans rougir.

     

    Enquête est de plus en plus sollicitée. Au point que Marine Quenin a fini par quitter son poste, pour

    se consacrer entièrement à la petite association dont elle est aujourd’hui salariée. « Après les attentats

    de 2015, ceux qui travaillaient dans le monde de l’éducation se sont rendu compte qu’on ne pouvait plus

    continuer à ne rien faire », relève-t-elle, convaincue. Consécration, en 2015, cinq ans après sa création,

    Enquête a reçu l’agrément de l’éducation nationale, qui rend possible l’intervention de ses animateurs dans

    les écoles publiques.

    Priorité à la formation d’animateurs

    En six ans, Marine Quenin a vu des enfants évoluer. « Parvenir en fin d’année à faire visiter une synagogue

    à un enfant qui tenait auparavant des propos ouvertement antisémites montre qu’on a réussi à le faire bouger »

    ,sourit-elle. Mais, à l’heure où « la prise de conscience est collective » sur ces questions, Enquête est confrontée

    à ses limites. Avec ses moyens actuels, l’association touche 800 élèves alors qu’ils sont 100 000 par classe d’âge.

    La priorité est donc désormais la formation d’animateurs directement dans les centres sociaux. « Il faut qu’on

    travaille à être repris par d’autres », anticipe Marine Quenin.

    Jules, 10 ans, lève la main : « Pourquoi il y a marqué 1437 sur l’horloge derrière vous ? »,demande-t-il à l’imam,

    qui plisse les yeux et sourit.

    Il n’a pas l’habitude de répondre à ce genre d’interrogation concrète. Il détaille qu’il y a mille quatre cent trente-sept

    ans Mahomet quittait La Mecque pour Médine. « Alors, c’est l’année de naissance de l’islam », comprend Martin,

    même âge que Jules. Il réfléchit et ajoute : « L’islam ne commence pas au moment de la naissance de Jésus. »

    Il vient de saisir une différence fondamentale entre les deux religions.

    La troisième édition du Monde Festival se tient à Paris du 16 au 19 septembre 2016 sur le thème « Agir ».

    Retrouvez le programme du Monde Festival et envoyez-nous vos idées de portraits et d'initiatives à agir@lemonde.fr.

     
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  • Saint-Etienne-du-Rouvray : un homme mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste

    Le Monde.fr avec AFP | 29.07.2016 à 20h00 • Mis à jour le 29.07.2016 à 20h02       LIEN

     

    Un homme de 19 ans chez qui a été retrouvée une vidéo d’un des deux auteurs de l’assassinat d’un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray a été mis en examen et écroué, a-t-on appris vendredi 29 juillet de source judiciaire.

    L’homme a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste. Il a été visé par une perquisition administrative et interpellé le 24 juillet, deux jours avant l’attentat, dans le cadre d’une enquête des services de renseignement.

    Dans son téléphone, les policiers ont retrouvé une vidéo d’Abdel Malik Petitjean dans laquelle celui-ci prête allégeance à l’organisation Etat islamique et menace de commettre une « action violente ».

    Abdel-Malik Nabil Petitjean, 19 ans, originaire d’Aix-les-Bains (Savoie) n’a été formellement identifié comme le second tueur de l’église, par comparaison de son ADN, que jeudi matin, après la diffusion de cette vidéo.

    Cette dernière a été diffusée sur un groupe privé de la messagerie sécurisée Telegram, dont est membre l’homme visé par la perquisition, a expliqué au Monde une source proche de l’enquête.

    Lire aussi :   Saint-Etienne-du-Rouvray : le deuxième tueur identifié

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  • Comment est organisé l’islam de France ?

    LE MONDE | 29.07.2016 à 16h55 • Mis à jour le 29.07.2016 à 18h18 | Par Samuel Laurent et Mathilde Damgé

    LIEN

    Prière à la grande mosquée de Strasbourg, en 2013.

    Dans un entretien au Monde, le premier ministre, Manuel Valls, s’est dit « favorable » à une interdiction du financement étranger des mosquées et a souhaité « inventer une nouvelle relation » avec l’islam de France.

    Lire :   Manuel Valls : « Etre lucide face à la menace, ce n’est pas basculer dans le populisme »

    A l’issue d’une rencontre, mercredi 27 juillet, à l’Elysée, entre François Hollande et les représentants des cultes, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, avait lui-même suggéré « une certaine réforme dans les institutions » de l’islam.

    Comment s’organise l’islam de France ? Comment est aujourd’hui financée la pratique du culte musulman ? Le point en cinq questions.

    1/Combien de musulmans et de mosquées en France ?

    Premier point, qui peut sembler évident, mais qui ne l’est pas toujours : l’islam, comme le catholicisme et le bouddhisme, est une croyance religieuse. On peut donc y croire ou non, ou en observer plus ou moins les pratiques. On ne naît pas musulman, même si on peut naître dans une famille qui adhère à cette religion.

    C’est ce qui explique la difficulté à comptabiliser le nombre de musulmans vivant en France, outre le fait que la loi française interdit de recenser les populations par religion. Le ministère de l’intérieur parle de 4 à 5 millions de personnes, mais ce chiffre est une extrapolation fondée sur l’origine géographique des populations, et non sur un recensement précis.

    Autre chiffre : en 2008, l’enquête « Trajectoire et origines » menée par l’Insee et l’INED, sur la base de sondages, estimait les fidèles musulmans à 2,1 millions.

    Par ailleurs, croire n’implique pas forcément une pratique régulière : seules 41 % des personnes « d’origine musulmane » se disaient « croyantes et pratiquantes », selon une enquête de l’IFOP pour le journal La Croix en 2011.

    Les lieux de culte musulman sont plus précisément comptabilisés : 2 449 en 2012, dont 318 outre-mer. Néanmoins, un lieu de culte n’est pas forcément une mosquée et nombre de musulmans français prient dans des salles discrètes non officielles. Sur ce total, seules 64 mosquées sont dotées de minarets.

    2/Comment se finance le culte ?

    En France, la loi de 1905 interdit à l’Etat de financer quelque culte que ce soit. Il existe une exception, celle du concordat en Alsace-Moselle. Ces départements étant allemands à l’époque de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ils ont gardé ce statut datant de 1802, qui autorise la puissance publique à rémunérer prêtres, pasteurs et rabbins.

    Autre exception inscrite dans la loi de 1905 : « Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. » Ainsi, des aumôneries sont subventionnées par l’Etat dans l’armée, les prisons et les hôpitaux. Par exemple, les aumôniers militaires sont des contractuels de l’armée, qui occupent un grade.

    Ailleurs sur le territoire, il est impossible à l’Etat où à une collectivité de financer la construction d’une mosquée ou de salarier un imam. C’est donc aux fidèles de trouver des financements. Ceux-ci le font le plus souvent par des collectes, parfois en faisant appel à un mécénat de l’étranger.

    Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui rassemble le nombre de mosquées le plus important parmi les grandes fédérations nationales, a ainsi indiqué, dans le cadre d’un rapport sénatorial de 2016, que « hormis une vingtaine de mosquées financées par des organisations ou des Etats étrangers, l’immense majorité est financée par la communauté musulmane ».

    Pour les imams, ce sont des bénévoles en majorité (700 à 800 d’entre eux, soit environ un tiers, seraient rémunérés à temps partiel ou à temps complet).

    L’autre source de revenus est celle du halal, la nourriture (principalement animale) que consomment les musulmans pratiquants, et qui doit avoir été préparée d’une certaine manière et certifiée par une autorité compétente, en général une grande mosquée (Paris, Evry ou Lyon). Mais, tout comme les comptes des mosquées, il est très difficile de trouver des chiffres fiables sur ce marché.

    3/Comment est organisé l’islam ?

    Il n’existe pas dans l’islam de réel « clergé » qui fournirait une hiérarchie et des représentants identifiés. En réalité, un imam est avant tout un « guide » de la prière, qui peut être élu par la communauté, et n’a pas nécessairement de formation spécifique.

    Ils sont étrangers pour la plupart (seuls 20 % à 30 % des imams auraient la nationalité française), le plus souvent issus de la même communauté d’origine que celle de la mosquée à laquelle ils sont rattachés. Il arrive que des imams, pas assez nombreux en France, viennent de pays où ils ont un statut public (Maroc, Algérie ou Tunisie), mais ce n’est pas la majorité des cas (300 imams sur 2 500 lieux de culte en France).

    A titre de comparaison, les prêtres catholiques étrangers représenteraient environ 10 % de l’effectif total des prêtres en activité pastorale dans les diocèses de France, soit quelque 1 500 prêtres.

    Cet éclatement de la communauté musulmane, lié aux courants spirituels et aux nationalités d’origine des communautés, ne facilite pas son organisation en France. Pour y pallier, Nicolas Sarkozy a initié la mise en place, en 2003, du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de ses antennes régionalisées, supposés constituer une instance de dialogue et d’organisation. Mais cette institution est paralysée par des querelles intestines et peine à se faire entendre.

    Plusieurs responsables musulmans ont critiqué, dans les dernières années, les liens du CFCM avec les autorités françaises : le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane (membre de l’UOIF, voir plus bas) a par exemple dénoncé « la gestion de l’islam de France par la Place Beauvau [ministère de l’intérieur] et les consulats » des pays d’origine des fidèles musulmans.

    4/Combien de lieux « radicalisés » ?

    Corollaire de celle du terrorisme, la question de la radicalisation qui s’opérerait dans certaines mosquées, le plus souvent du courant salafiste, est souvent posée. Le salafisme, courant issu d’Arabie saoudite et prônant un retour à un islam « des origines », est bien souvent accusé d’être un terreau de radicalisme, même si la plupart des salafistes sont quiétistes, et ne prônent pas le djihad, apanage du courant « takfiriste ».

    Le salafisme encourage au prosélytisme, au détriment de courants plus modérés. On compterait une petite centaine de mosquées salafistes en France, notamment à Marseille et en région parisienne. Si le salafisme promeut le voile intégral, la soumission de la femme à l’homme et fait de la visibilité de la religion dans la sphère publique un combat, on ne peut pas pour autant le rendre « responsable » des attentats.

    Les profils des djihadistes ayant frappé la France ne correspondent en général pas au cliché du salafiste barbu ayant étudié le Coran durant des années, mais plutôt à de jeunes délinquants radicalisés en prison ou par de la propagande sur le Web.

    Lire :   Cinq idées reçues sur l’islam et le terrorisme

    5/Quelles sont les pistes de réflexion ?

    Les questions qui se posent sont donc multiples : ne pas financer le culte implique que les fidèles musulmans doivent soit pratiquer leur religion dans des lieux inappropriés (Nicolas Sarkozy parlait ainsi d’« islam des caves ») et peu surveillés, ou faire appel parfois à des pays étrangers pour financer mosquées ou imams, qui ne prêchent pas toujours en français.

    Mais financer le culte est impossible, la France étant laïque ; d’où le recours, dans certaines municipalités, à des « ruses », comme des associations, ou des lieux à destination multiple abritant notamment des salles de culte.

    Plusieurs voix cherchent désormais à trouver d’autres solutions pour mieux cadrer le culte musulman. Et se tournent notamment vers le cas particulier alsacien et mosellan. Un écho du Canard Enchaîné prêtait une réflexion de ce type au ministre de l’intérieur et des cultes, Bernard Cazeneuve, qui a fermement démenti, mais confirme mener une réflexion, notamment sur la formation des imams.

    Il est rejoint sur ce sujet par Manuel Valls, qui lui non plus n’utilise pas le terme de « concordat », ce qui impliquerait de financer le culte musulman en France (et ce que prône, par exemple, Jean-François Copé). Mais le chef du gouvernement se prononce en faveur d’une « nouvelle relation avec l’islam de France », un « nouveau modèle » qui inclurait la formation des imams « en France et pas ailleurs ».

    Autre piste : l’encadrement et la surveillance. Dans son entretien, vendredi 29 juillet, Manuel Valls a précisé que les autorités françaises avaient déjà « expulsé quatre-vingts imams ou prêcheurs de haine ».

    Il est également possible de fermer des mosquées : plusieurs lieux de cultes ont d’ailleurs fait l’objet, dans les dernières années, d’une fermeture sous le régime de la dissolution des groupements de fait ou des associations portant gravement atteinte à l’ordre public.

    Les propositions de Manuel Valls ne sont pas inédites dans le débat politique. Lors de la présentation du rapport du député-maire socialiste Sébastien Pietrasanta, le député Les Républicains Guillaume Larrivé avait souhaité que « le ministre de l’intérieur ait le pouvoir de s’opposer à l’ouverture ou celui d’ordonner la fermeture de tout lieu de culte présentant une menace grave pour la sécurité nationale. Cette mesure principale devrait être assortie d’une mesure complémentaire qui serait l’interdiction de tout financement étranger direct ou indirect des lieux de culte ».

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