• Nuit debout à Athènes : «les Français sont un exemple pour nous en ce moment»

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    Nuit debout à Athènes : «les Français sont un exemple pour nous en ce moment»

    Par Fabien Perrier 15 mai 2016 à 21:36   Lien

    La place Syntagma, à Athènes, où s'est réuni Global debout. Photo Ronen Zvulun.Reuters

     

    Le mouvement français s'est exporté en Grèce pour un dimanche, rappelant des souvenirs aux Athéniens.

     

     

    Il est 19 heures à Athènes sur Syntagma, la place de la Constitution. La Nuit debout est censée commencer. Elle peine à rassembler. Il faut dire que pour les Grecs, 19 heures, c’est encore l’après-midi. A 20 heures, le lieu se remplit lentement. Sur les marches reliant la place à la Vouli (le Parlement), une trentaine de Grecs plaisantent. «Tu connais le sens de Nuit debout ? demande l’un. 
    — Bien sûr ! lui répond son voisin.
    — Alors, pourquoi es-tu assis ?
    — 
    «Parce qu’il ne fait pas encore nuit !»

     

    Lire notre reportageNuit debout joue l’international

     

    A 21h30, la nuit est tombée ; ils sont peu nombreux à être venus assister au rassemblement Global debout. La foule n’est toujours pas celle des grands jours. Pas celle des «indignés» notamment. C’était en 2011. Dès le lancement du mouvement du 15 mai en Espagne, après plus d’une année de crise et de mesures d’austérité, des milliers de citoyens hellènes assistaient chaque jour à des rassemblements et assemblées populaires sur la place de la Constitution.

     

    Cet épisode avait été l’un des ceux fédérant l’opposition aux politiques d’austérité et renforçant les partis qui dénonçaient les mémorandums. Ces textes définissant les mesures à appliquer dans le pays en échange de prêts pour lui éviter le défaut de paiement sont toujours là. Pourtant, cette opposition s’était unie d’une part au sein de Syriza, la «coalition de la gauche radicale» et de l’autre dans les «Grecs Indépendants». En janvier 2015, Syriza et son leader, Aléxis Tsìpras, ainsi que les Grecs indépendants ont remporté les élections, et conquis le gouvernement ; ils ont dû, à leur tour, signer un mémorandum et appliquer des politiques d’austérité. Dans la société, la déception gagne du terrain.

     

    Lire notre reportageEn Espagne, Nuit debout fait un «bien fou» aux indignés

     

    «Nous sommes là pour dénoncer les mesures d’austérité et le chômage», explique Konstantinos Sifakis, un trotskiste de 27 ans, en post-doctorat. Les banderoles font écho à son propos : «Non à votre mémorandum, à votre ultimatum, à votre euro», indique une banderole de l’Epam, le «Front unitaire populaire», une organisation politique née en 2011 qui lutte pour la souveraineté populaire. Une autre : «Plus de morts en Grèce», en allusion au nombre de suicides qui a explosé dans le pays depuis 2010, alors que le chômage (25,5 % aujourd’hui) et la pauvreté augmentaient. Sur une autre, «#αρκετα», «assez».

     

    «Nous n’avons aucun avenir ici»

     

    Ce ras-le-bol est la motivation des jeunes Grecs qui ont fait le déplacement. Comme Kosmas, 22 ans, assis sur la rambarde, la chambre des députés juste sous ses yeux. «Nous sommes la génération la plus instruite, et nous, nous n’avons aucun avenir ici ! La plupart des jeunes de mon âge quittent le pays, vont en France ou en Allemagne», s’insurge cet étudiant en médecine. Lui veut «continuer à vivre dignement ici, dans [s]on pays». Alors, il veut se «battre contre les politiques de l’Union européenne imposées». A côté de lui, Konstantinos, 21 ans, ajoute : «Nous sommes aussi là en solidarité avec les Français. Ils sont un exemple pour nous en ce moment. Avec l’arrivée de Syriza au gouvernement, le mouvement social s’est estompé. Or nous en avons besoin pour lutter contre les politiques qui détruisent le pays, l’économie.» Pour lui, «la jeunesse française a compris comment la loi travail va détruire son futur».

     

    Solidarité, déception… Autant de mots qui reviennent dans la bouche de Maria Barsevski. Ancienne membre du bureau politique de Syriza, elle a quitté le parti quand Alexis Tsipras a signé le troisième mémorandum avec l’UE, en juillet 2015. «Je suis ici pour protester contre la politique menée, qui détruit la sécurité sociale, la retraite, prépare la confiscation des biens immobiliers», souligne-t-elle. Elle veut «donner un nouvel élan au mouvement des Indignés en Europe».

     

    Un peu plus loin, une Internationale retentit. En français. Des étudiants qui effectuent un séjour Erasmus en Grèce sont venus «pour participer», selon Nora Hamama. A 21 ans, elle suit «le mouvement en France et souhaite qu’il devienne global». Elle déplore toutefois qu’il y ait «peu de monde». Tom Leblond l’écoute d’une oreille. «Étudiant en archi», il est, lui, plus optimiste : «Je rêvais d’avoir 20 ans en 68. Il paraît que les gens se parlaient. Avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup de bruit, de répétition. Là, les gens recommencent à se parler. C’est un bon début.»

     

    La nuit est tombée. Quelques centaines de Grecs sont rassemblés, certains arborent fièrement un drapeau national. Il faudra attendre pour la foule des grands jours.

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