L’annonce, la semaine dernière, du début de «l’offensive de printemps» des talibans afghans laissait craindre un attentat d’envergure. Il a eu lieu mardi à Kaboul, la capitale. Même dans une ville coutumière des attaques depuis plus de dix ans, il a été particulièrement sanglant. Au moins 30 personnes, en majorité des civils, ont été tuées et plus de 300 autres blessées. L’ampleur du bilan s’explique par l’heure matinale et par le dispositif choisi : un camion piégé, et non une voiture, comme c’est d’ordinaire le cas. La cible était un bâtiment de la présidence, où siège le service de protection des personnalités. Le camion de chantier bourré d’explosifs a sauté sur le parking attenant. Un assaillant a ensuite pu pénétrer dans l’enceinte et ouvrir le feu, avant d’être abattu.

Les talibans ont baptisé leur nouvelle offensive «Omari», en référence au mollah Omar, le fondateur du mouvement, mort en 2013. Les dirigeants talibans avaient caché son décès, révélé en juillet 2015, pendant deux ans. Des dissensions étaient alors apparues entre commandants. Certains considéraient que le fils du mollah Omar devait lui succéder, mais la choura (organe de direction) de Quetta, au Pakistan, a décidé de nommer le mollah Akhtar Mansour. Depuis, le mouvement a prouvé sa résilience, à la fois en attaquant l’armée afghane et en commettant des attentats dans Kaboul. D’après l’Otan, environ 5 500 militaires et policiers afghans ont été tués l’an dernier. Depuis la fin de la mission de combat de l’organisation, en décembre 2014, l’armée ne peut plus compter sur un soutien d’évacuation aérien de ses blessés. Les talibans en profitent pour lancer des opérations d’envergure. Vendredi, ils ont à nouveau attaqué Kunduz, la grande ville du Nord. L’armée est parvenue à les repousser, mais ils restent présents alentour.

Luc Mathieu