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    Jacques Serais, édité par Nathanaël Bentura 06h38, le 12 mai 2022

    Gabriel Attal avait annoncé que le gouvernement Castex irait au bout du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Le second mandat du président réélu va officiellement débuter samedi à minuit. La fin du gouvernement Castex est donc pour bientôt mais le Premier ministre a décidé de jouer les prolongations. 

    Sa démission était attendue pour vendredi ou samedi. Finalement, Jean Castex va jouer les prolongations. Le Premier ministre va se rendre dimanche à Rome. Il est attendu au Vatican pour la canonisation de Charles de Foucauld, un ancien militaire français, devenu prêtre. Jean Castex emmènera la délégation française à cette cérémonie présidée par le Pape François. Charles de Foucauld deviendra un Saint de l’Église catholique.

     

     

    Audrey Azoulay et Élisabeth Borne, favorites pour le poste de Premier ministre

    Ce devrait donc être le dernier déplacement officiel pour le locataire de Matignon, qui devrait remettre sa démission après son retour à Paris, autrement dit pas avant lundi. Emmanuel Macron va donc entamer son deuxième quinquennat – qui débute samedi – avec le même gouvernement et le même Premier ministre.

     

     

    Mais dès la démission de Jean Castex annoncée, l’identité de celui ou celle qui lui succédera devrait être dévoilé dans la foulée. Ces dernières heures, deux noms sont très régulièrement cités en Macronie : Audrey Azoulay, actuelle directrice générale de l’Unesco et ancienne ministre de la Culture sous François Hollande, ainsi qu'Élisabeth Borne, l'actuelle ministre du Travail, grande favorite depuis la réélection d'Emmanuel Macron.

     

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    Présidentielle : pourquoi la fusée Macron décolle aujourd'hui

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    Présidentielle : pourquoi la fusée Macron décolle aujourd'huiEmmanuel Macron annonce sa candidature à la présidentielle. (LOIC VENANCE/AFP)

    Personne n'y croyait il y a quelques mois encore, l'ancien ministre de l'Economie va pourtant déclarer sa candidature à la présidentielle ce mercredi.

    Le secret de Polichinelle n'est plus un secret du tout. Sept mois après le lancement de son mouvement En Marche !, trois mois après son départ du gouvernement, Emmanuel Macron annoncera ce mercredi 16 novembre, à 10h30, sa candidature à l'élection présidentielle. Le lieu et le moment ont été soigneusement choisis.

    Le lieu, d'abord. L'ancien ministre de l'Economie parlera depuis le campus des métiers et de l'entreprise à Bobigny. Un centre d'apprentissage pour souligner encore sa double priorité, l'emploi et la jeunesse, comme il l'avait fait dans "l'Obs" la semaine dernière, en consacrant les premières annonces de son programme à ces deux thèmes. Qui plus est en Seine-Saint-Denis, terreau d'abstentionnistes et de déçus du hollandisme, deux catégories que vise particulièrement le néo-candidat.

    Macron dévoile son programme : "Plus de flexibilité, plus de souplesse"

    Le moment, ensuite. Macron le martelait : "Mes choix ne seront pas déterminés par l'extérieur." Sous-entendu : il n'attendrait pas de connaître l'issue des primaires de la droite et de la gauche pour se positionner. De fait, il se déclare à quelques jours du premier tour de la primaire de la droite, et grille au passage la politesse à François Hollande, lequel annoncera son propre choix début décembre.


    Un vrai parti politique

    Voici donc Emmanuel Macron aligné sur la ligne de départ de la course à la présidentielle. Pour la première fois, à 38 ans seulement. Lui qui, il y a moins de cinq ans, occupait l'obscur poste de secrétaire général adjoint de l'Elysée, endosse aujourd'hui les habits de lumière de présidentiable. Si sa candidature était certaine depuis quelques semaines, il n'en fut pas toujours ainsi. Au contraire. Longtemps, personne ne l'a vu venir, ou n'a voulu y croire.

    Quand "l'Obs" titre, le 3 mars 2016, "La fusée Macron, son plan secret pour 2017", les réactions sont dubitatives. L'intéressé ne confirme pas et on doute dans les arcanes du pouvoir. Tout trublion qu'il est, comment le protégé de Hollande pourrait-il tuer le père ? Un "père" qui, justement, est rassuré début avril, quelques jours avant le lancement du mouvement macroniste. Son poulain lui confie qu'il ne va créer qu'une simple plateforme numérique de mobilisation citoyenne. Cela pourra toujours servir au président sortant, le moment venu.

    La fusée Macron : son plan secret pour 2017

    Le 6 avril, dans sa ville natale d'Amiens, c'est pourtant une véritable formation politique que lance Emmanuel Macron. Il s'appuie certes sur un site internet, mais ses statuts sont ceux d'un parti, au sens classique du terme. Deux associations sont créées : une pour faire campagne, l'autre pour recueillir des dons. Comme le fait tout candidat.

    Une démission en suspens

    Le ministre de l'Economie, qu'il est alors toujours, joue sa carte personnelle, et tout le monde le comprend peu à peu. Plusieurs instituts de sondages commencent même à tester les intentions de vote le concernant. Et elles ne sont pas minces. De quoi continuer à alimenter la chronique, qui enfle aussi à mesure de ses déclarations contrevenant à la sacrosainte solidarité gouvernementale. Au point que la question n'est plus de savoir s'il va démissionner mais quand.

    Les fins limiers sont sur les rangs. "Mediapart" l'annonce le 10 juin, puis "Le Canard enchaîné" le 12 juillet. Las, rien ne se passe à la première date, mais le locataire de Bercy organise son premier grand meeting à Paris lors de la seconde. A la Maison de la Mutualité, il n'annoncera rien, mais pourra mesurer sa popularité. La salle est comble, ce qui se répètera à chaque nouvelle réunion publique.

    Les proches du président, désormais, mettent en garde l'Elysée. Mais le chef de l'Etat reste de marbre. Celui avec qui il entretient une relation quasi filiale ne peut se retourner contre lui, pense-t-il encore. Lorsque Macron lui fait personnellement part de l'hypothèse d'un départ, le 29 août dernier, Hollande se refuse toujours à y croire. Le même Macron démissionnera pourtant... le lendemain !

    Une candidature construite

    Ce n'est maintenant plus son envie de se présenter qui fait débat, mais sa capacité à pouvoir le faire. Chaque fois que sa candidature est évoquée, ses adversaires ne manquent pas d'agiter le chiffon rouge d'un nouveau 21 avril. Il présente son diagnostic de l'état de la France lors de trois meetings en octobre, ses contempteurs ne manquent pas de souligner son absence de programme.

    Pendant ce temps, Macron trace sa route, il poursuit sa marche en avant. Et répond point par point. Un nouveau 21 avril ? "Sans moi, la gauche est éliminée à coup sûr du second tour", répond-il. Son absence de programme ? Il est actuellement en train de l'annoncer, pan par pan.

    "Les éléphants du PS ne veulent pas voir ce qu'il se passe autour de Macron, comme ils ne voulait pas voir ce qu'il se passait autour de Royal en 2006", analysait-on au sein d'En Marche !. En effet, aujourd'hui lesté de près de 100.000 adhérents et de 3 millions de dons, il entre en campagne présidentielle. L'inconnue, désormais, ne concerne plus que le score qu'il réalisera.

    Julien Martin

     

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    Julien Martin

    Julien Martin

    Journaliste

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    Alain Juppé : "L’idéologie de l’extrême droite, malgré l’enfumage, mènerait rapidement notre économie dans le mur"

    Plus de 6000 personnes sont réunies ce lundi 14 novembre en début de soirée au Zénith de Paris pour le meeting de l'ancien Premier ministre.

    Dernière ligne droite         LIEN

    Publié le 14 Novembre 2016
    Alain Juppé : "L’idéologie de l’extrême droite, malgré l’enfumage, mènerait rapidement notre économie dans le mur"

    Longtemps donné favori face aux autres candidats de la primaire de la droite et du centre, dont le premier tour aura lieu dimanche 20 novembre, Alain Juppé donnait ce lundi soir un meeting au Zénith de Paris, où se sont réunis plus de 6000 personnes. Parmi les soutiens du candidat, la présence de l'acteur Alain Delon, déçu par Nicolas Sarkozy, n'a pas échappé aux journalistes. 

    "Le populisme est une escroquerie. C’est tout promettre avant l’élection et se renier après. C’est cliver avant de ne rien faire. Alain Juppé est l’antidote au populisme", a tout d'abord déclaré la présidente LR de la Région Île-de-France Valérie Pécresse, en ouverture de ce rassemblement. 

    Dès son arrivée sur l'estrade, le maire de Bordeaux a lui aussi mis en garde les électeurs contre le populisme : "L’idéologie de l’extrême droite, malgré l’enfumage, mènerait rapidement notre économie dans le mur". 

    "Le premier devoir d'un État digne de ce nom, c'est de donner à nos forces de l'ordre les moyens d'assurer leurs missions (…) 10 000 places de prison de plus et une police pénitentiaire : les prisons ne doivent plus être des incubateurs de djihadisme", a-t-il ensuite déclaré, dès les premiers instants de son discours.

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  • Financement libyen de la campagne de Sarkozy : les dessous d'un inextricable réseau

    Claude Guéant, Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi sont-ils liés par un financement illicite ?© Pascal Rossignol Source: Reuters
    Claude Guéant, Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi sont-ils liés par un financement illicite ?

    Si rien ne prouve pour l’heure le financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, le journal français Le Monde révèle les nombreux témoignages troublants entre les mains des enquêteurs, qui travaillent sur cette hypothèse depuis 2013.

    Dans son édition du 3 novembre 2016, le journal Le Monde révèle les principaux éléments de l’information judiciaire ouverte en avril 2013 sur les soupçons de financement libyen dont aurait bénéficié l’ex-président français Nicolas Sarkozy lors de sa campagne à la présidentielle de 2007.

    Dans le viseur des autorités, une «caisse noire» qui aurait été remplie par des réseaux libyens proches de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi et mise à disposition de l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy.

    Le célèbre quotidien revient sur les écoutes téléphoniques, les témoignages et autres comptes rendus à disposition des enquêteurs, qu’il a pu consulter en exclusivité.

    Ils cherchent le lien avec Kadhafi mais ils ne cherchent pas au bon endroit

    Le 27 mars 2015, alors sur écoute, l’avocat franco-djiboutien Mohamed Aref évoque l’enquête en cours avec son confrère, le malaisien Siva Rajendram, soupçonné d’être lié au possible financement de la campagne. En effet, l’avocat est dans le viseur des autorités pour un versement suspect de 500 000 euros à l’ancien secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, mis en examen quelques jours auparavant.

    Mais si Guéant et Rajendram assurent que la somme portait sur la vente de deux tableaux, ce dernier n’en reste pas moins inquiet. Au téléphone, son confrère tente de le rassurer. «Dis-leur simplement que tu n’as rien à voir avec eux», lâche-t-il avant d’ajouter : «Oui, ils cherchent le lien avec Kadhafi mais ils ne cherchent pas au bon endroit.»

    Sans disposer de preuves tangibles, les juges chargés de l’enquête ont néanmoins entre leurs mains d’autres témoignages troublants, dont celui d'un ex-ambassadeur de France en Libye, François Gouyette, qui leur a confié avoir entendu des rumeurs concernant un possible financement provenant de Moftah Missouri, l’ancien interprète de Mouammar Kadhafi.

    Le cash libyen perdu en chemin ?

    Le versement suspect est encore abordé explicitement dans un carnet tenu par l’ancien ministre libyen du Pétrole, Choukri Ghanem (mort noyé dans le Danube en 2012), et révélé par le site d’information français Mediapart. Le Libyen, qui avait pris l’habitude de garder une trace écrite de ses entretiens, rapporte un échange tenu le 29 avril 2007, dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle française, chez le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh.

    «A midi, j’ai déjeuné avec [le Premier ministre libyen d’alors] El-Baghdadi et Bachir Saleh à la ferme de Bachir. Bachir a parlé, disant avoir envoyé 1,5 million d’euros à Sarkozy quand Saïf [Al-Islam, le fils de Kadhafi] donnait 3 millions d’euros. Mais on leur a dit que l’argent n’était pas arrivé. Il semblerait que les "mecs" en chemin l’ont détourné, tout comme ils lui ont pris 2 millions en provenance d'Abdallah Senoussi [le chef des services de renseignement libyen]», écrit Choukri Ghanem.

    Bachir Saleh, interrogé par Le Monde, assure ne pas se souvenir de cette conversation : «Je ne suis pas au courant de cette réunion, ça ne me dit rien.»

    Alexandre Djouhri : un personnage (très) influent

    Le quotidien s’attarde ensuite sur un personnage clé disposant de multiples contacts : le français Alexandre Djouhri. En 2011, en pleine guerre en Libye, celui-ci a en effet orchestré, avec Bernard Squarcini, alors dirigeant des services de renseignement intérieur (DCRI), «l’exfiltration secrète de [Bachir] Saleh de Paris vers l’Afrique du Sud, en passant par le Niger, entre les deux tours de l’élection présidentielle française de 2012 et alors qu’il était visé par une notice rouge, un mandat d’arrêt d’Interpol», écrit Le Monde.

    Et ce n’est pas tout. Le 11 mars 2014, après avoir été visiter Bachir Saleh, Alexandre Djouhri demande à l’un de ses contacts de rédiger une lettre innocentant Nicolas Sarkozy, signée de la main du directeur de cabinet de Kadhafi, afin de la remettre aux juges.

    L’idée émanerait en fait du directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Michel Gaudin, qui s’interroge sur le timing de la démarche au cours d’une conversation téléphonique avec Djouhri le 21 mars 2014.

    «A mon avis, ça serait pas opportun pendant les municipales là… Non ?», s’interroge ce dernier. «Après, on voit, mais vous pensez que ça pourrait se faire vite, donc, d’après ce que je comprends», répond Michel Gaudin, après quoi Djouhri tranche : «Moi, je m’en fous. Posez-lui la question [à Nicolas Sarkozy] et moi, j’attaque.»

    Gaudin le rappelle deux heures plus tard pour lui faire savoir que, selon le président, «le plus tôt serait le mieux». On ignore si la mission a finalement été menée à bien.

    Les réseaux d’Alexandre Djouhri ne s’arrêtent pas là, et l’individu n’hésite pas non plus à faire jouer ses contacts dans les médias.

    Le 17 mars 2015, peu de temps après la mise en examen de Claude Guéant, il téléphone à Rudi Roussillon, président du conseil de surveillance de la Société du Figaro et conseiller du Groupe Dassault, pour lui suggérer : «Moi je pense quand même que tu devrais quand même faire faire un édito […] que Thréard [le directeur adjoint du Figaro] l’appelle, qu’il lui, qu’il prépare un papier.» «Je vais organiser un truc pareil», répond Roussillon. Claude Guéant sera finalement invité au «Talk Le Figaro», pour clamer son innocence.

    Une comptabilité difficile à suivre

    Dans la comptabilité tenue par le franco-djiboutien Wahib Nacer (le cousin de Mohamed Aref), il apparait qu'Alexandre Djouhri aurait privilégié les espèces, comme en témoignent des retraits de plusieurs millions d’euros. Il aurait aussi eu recours à des «comptes bancaires de prête-noms», rapporte le journal français. Selon l’hypothèse privilégiée par les enquêteurs (mais pour l’heure non prouvée), ce procédé lui aurait permis de blanchir dans ses circuits financiers l’argent libyen destiné à la campagne de Nicolas Sarkozy.

    A cet égard, le rôle de Claude Guéant, qui a loué entre le 21 mars et le 31 juillet 2007 un coffre de grande taille à la banque BNP, assurant vouloir y entreposer des archives, interpelle particulièrement les enquêteurs.

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  • Soupçons de financement libyen de la campagne de Sarkozy : que retenir de l'enquête du "Monde" ?

    Le quotidien révèle jeudi de nouveaux éléments sur les soupçons de financement par la Libye de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Franceinfo vous résume les principaux points de cette enquête.

    Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy, le 10 décembre 2007, à l'Elysée.Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy, le 10 décembre 2007, à l'Elysée. (REUTERS)

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    Axel RouxfranceinfoFrance Télévisions

    Mis à jour le 03/11/2016 | 17:55
    publié le 03/11/2016 | 17:55      LIEN

    image il y a 35 minutes

    DIRECT. Primaire à droite : regardez et commentez l'édition spéciale de franceinfo après le deuxième débat télévisé

    Trois ans et demi d'investigations des juges du pôle financier, des centaines de documents... et toujours aucune preuve tangible concernant un financement présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par les circuits de Mouammar Kadhafi. Pour autant, les soupçons se préciseraient selon les révélations du Monde, jeudi 3 novembre, qui a eu accès aux détails de l'enquête des juges.

    Le jour du deuxième débat entre les candidats à la primaire à droite, le quotidien du soir publie une série d'articles consacrés à "l'existence d'un vaste système délictueux, impliquant des personnalités liées à Nicolas Sarkozy". Des révélations étalées sur 3 jours qui prouveraient, selon le journal, les dessous d'une organisation dédiée à protéger l'ancien chef de l'Etat des offensives judiciaires.

    Franceinfo vous résume les points essentiels de ce premier volet de l'enquête du Monde.

    Des indices qui s'accumulent

    Notes déclassifiées, interceptions téléphoniques, témoignages sous X… Menée dans le plus grand secret, l'enquête des juges d'instruction du pôle financier Serge Tournaire et Aude Buresi a permis d'accumuler de nombreux documents depuis l'ouverture d'une information judiciaire contre X le 19 avril 2013. Ressortent sept témoignages qui accréditent l'hypothèse du versement de fonds par Mouammar Kadhafi à l'équipe de Nicolas Sarkozy. Selon Le Monde, les magistrats instructeurs jugeraient désormais "probable l'hypothèse d'un financement libyen".

    Au centre des révélations du quotidien, l'ancien ministre libyen du pétrole Choukri Ghanem, retrouvé mort noyé dans le Danube, à Vienne (Autriche), en 2012, dans des circonstances troubles. Fin septembre, le site Mediapart (article payant) dévoilait l'existence d'un carnet de notes actuellement exploité par la justice. L'ancien dirigeant y évoquait, le 29 avril 2007, une série de versements pour un montant de 6,5 millions d'euros. L'ex-ministre se trouvait alors dans la résidence de Bachir Saleh, ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi. Le Monde révèle ce jeudi les verbatims de ce carnet. 

    A midi, j’ai déjeuné avec Baghdadi Ali Al-Mahmoudi [Premier ministre] et Bachir Saleh à la ferme de Bachir. Bachir a parlé, disant avoir envoyé 1,5 million d’euros à Sarkozy quand Saïf [Al-Islam Kadhafi, fils du numéro un libyen] donnait 3 millions d’euros. Mais on leur a dit que l’argent n’était pas arrivé. Il semblerait que les mecs en chemin l’ont détourné, tout comme ils lui ont pris 2 millions en provenance d'Abdallah Senoussi [chef des services de renseignements libyens].

    Choukri Ghanem

    Contacté par Le Monde, Bachir Saleh affirme n'avoir aucun souvenir de cette réunion.

    Autre faisceau d'indices concordants pour les journalistes du Monde, une mystérieuse villa dans le sud de la France. Selon plusieurs dignitaires libyens, la vente de ce bien immobilier aurait pu permettre de blanchir des fonds destinés au financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, notamment par l'intermédiaire d'un homme clef de la "Sarkozie" : Alexandre Djouhri.

    Le rôle trouble de l'entourage de Sarkozy mis à nu

    C'est l'une des personnalités qui intéresse les enquêteurs. Alexandre Djouhri, ou "Monsieur Alexandre", comme il aime se faire appeler, est un intermédiaire incontournable des relations franco-libyennes lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Un temps proche du banditisme francilien avant d'être introduit dans la "Chiraquie", cet homme d'affaires serait, selon Le Monde, un acteur décisif du réseau censé protégé l'ancien président de poursuites judiciaires.

    D'après ses agendas saisis par la justice, Nicolas Sarkozy l'a rencontré deux fois avant le second tour de l'élection présidentielle, en mars et en avril 2007, avant de le revoir à neuf reprises jusqu'en février 2010. Il est soupçonné par les juges d'avoir mis ses compétences au service du financement occulte de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

    Il est également soupçonné d'avoir, avec l'aide de Bernard Squarcini, alors patron des services de renseignement  intérieur (DCRI), exfiltré secrètement le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh, lors de l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2012 alors que ce dernier était sous le coup d'un mandat d'arrêt d'Interpol, de Paris vers l'Afrique du Sud, où le président Jacob Zuma réputé autrefois proche de Mouamar Kadhafi.

    Alexandre Djouhri serait également l'un des commanditaires d'une lettre, rédigée par un ancien policier reconverti dans le privé et signée du nom de Bachir Saleh, visant à innocenter Nicolas Sarkozy. Selon Le Monde, l'idée même de cette lettre viendrait de Nicolas Sarkozy en personne et de son directeur de cabinet, l'ancien préfet de police Michel Gaudin. Le quotidien du soir se base notamment sur la retranscription d'écoutes téléphoniques entre Alexandre Djouhri et Michel Gaudin. On ignore aujourd'hui si cette lettre est arrivée à destination des magistrats. Contacté par Le Monde, le principal intéressé n'a "pas donné suite" aux questions des journalistes. 

    Des convocations de la justice restées sans réponse 

    Sollicités par la justice française, ni Bacher Saleh, ni Alexandre Djouhri ne se sont rendus aux convocations des juges. Depuis mars 2015, et la mise en examen de Claude Guéant pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, faux et usage de faux dans cette affaire, Alexandre Djouhri a quitté la France.

    A ce jour, Nicolas Sarkozy n'a pas été entendu dans le cadre de l'instruction visant un possible financement de sa campagne présidentielle en 2007 par la Libye. "Mais selon toute vraisemblance, indique l'un des journalistes du Monde auteur de l'enquête, il devrait l'être un jour compte tenu de l'accumulation des soupçons qui pèsent sur cette campagne."

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  • Événement

    Emmanuel Macron - Jean-François Kahn

    : le duel

    Propos recueillis par

     

    Tout à l'invention d'un nouveau projet capable de dépasser le clivage gauche-droite afin de rassembler tous les "progressistes", l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron a accepté d'en débattre avec notre ami Jean-François Kahn. Un duel inédit !
    - Anna Assouline pour Marianne

     

    Du 14e étage de la tour Montparnasse où il a installé ses nouveaux bureaux, on peut admirer la tour Eiffel. Mais on ne distingue pas l'Elysée. Pas encore. C'est pourtant l'objectif que s'est fixé Emmanuel Macron depuis qu'il a lancé son mouvement En marche en avril dernier, et plus encore depuis qu'il a quitté le gouvernement à la fin du mois d'août. Tout à l'invention d'un nouveau projet capable de dépasser le clivage gauche-droite afin de rassembler tous les "progressistes", l'ancien ministre de l'Economie a accepté d'en débattre avec notre ami Jean-François Kahn. Prophète du "centrisme révolutionnaire", le fondateur de Marianne a toujours été avide d'échanges pour inventer du neuf et régénérer notre démocratie. Deux heures durant, les deux hommes se sont donc interpellés, contestés, ou approuvés. Sans se ménager, ils ont passé en revue leurs accords et désaccords sur les échecs de la gauche au pouvoir, la faillite des élites politiques et économiques du pays, les dégâts commis par le néolibéralisme ou encore l'indispensable révolution des institutions. Un débat choc, vivifiant, et tourné vers l'avenir !

    Marianne : Emmanuel Macron, vous avez dit en lançant votre mouvement que vous n'étiez «ni à droite, ni à gauche», puis «et à droite, et à gauche». Est-ce à dire que, pour vous, aujourd'hui, ce clivage est dépassé ?

    Emmanuel Macron : Personnellement, je l'ai dit à plusieurs reprises, je suis de gauche : c'est mon histoire, ma culture, ma sensibilité. Mais je sais qu'aujourd'hui, l'état de la France nécessite de rassembler. L'objectif d'En marche est de réunir des gens venant de la gauche ou de la droite et qui ne se satisfont pas de leur engagement actuel, et des personnes sans engagement politique issues de la société civile. Ce mouvement n'a donc pas vocation à être enfermé dans l'espace politique actuel. Le ni-ni «jobertien» [de Michel Jobert] dans lequel on a voulu m'enfermer se réduit à une sorte d'union des centres qui est enserrée dans les deux grands blocs politiques qui écrasent tout. Je ne dis pas que les termes «gauche» et «droite» ne veulent plus rien dire. Mais ils ne veulent plus tout dire et n'épuisent pas la vitalité du débat politique.

    "Le vrai clivage est désormais entre les progressistes et les conservateurs"

    Aujourd'hui, cinq grands défis nous sont posés : la transformation de notre modèle productif qui nous fait passer d'une économie de rattrapage en crise à une économie de la connaissance et de l'innovation intégrant les transitions numériques et environnementales ; la question des inégalités qui fracturent l'ensemble des sociétés occidentales et émergentes ; notre rapport à la mondialisation ; la construction d'une souveraineté européenne ; la définition d'une société ouverte dans un monde incertain et donc l'articulation entre liberté individuelle et sécurité. Ces cinq grands défis fracturent profondément la gauche et la droite.

    Dans chacun de ces camps, le vrai clivage est désormais entre les progressistes et les conservateurs, et il y a aujourd'hui beaucoup plus de choses à partager entre les progressistes des deux camps. Droite et gauche utilisent chacune de son côté les primaires pour bâtir des compromis imparfaits et accéder au pouvoir par une série d'approximations en s'appuyant sur une base de 10 à 15 % de l'électorat. Ces compromis d'appareil n'ont plus de réalité idéologique et sont sans capacité d'action. Nous sommes à un moment de refondation politique qui est la condition même de la renaissance de notre pays, une renaissance qui n'est pas seulement économique et sociale, mais aussi politique et morale.

    Jean-François Kahn : Je suis d'accord sur ce constat. Je suis même surpris que les médias ne prennent pas en compte l'aspiration inédite qui existe à dépasser ce clivage. On le voit dans le fait que François Bayrou et Alain Juppé apparaissent en tête des choix des Français, mais aussi d'une certaine manière avec la percée de Marine Le Pen ou la poussée de Jean-Luc Mélenchon. Ce sont des symptômes. Mais ce n'est pas simplement le «ni-ni». Il faut penser ce qui fonde ce phénomène nouveau, comme ce qui a fondé le socialisme ou le libéralisme : quelle philosophie, quelle économie, quelle morale, quelle vision sociétale ? Il faut mener un vrai travail théorique et philosophique. C'est un effort gigantesque.

    "Le clivage entre progressistes et conservateurs, je m'en méfie un peu"

    J'ai deux désaccords avec vous. On ne peut s'en tenir ni au «ni-ni», ni au «et-et». Il faut aussi aller chercher des choses qui ne sont ni d'un côté, ni de l'autre ; il faut inventer ailleurs, autrement. L'autre risque, c'est de penser que dépasser la droite et la gauche, c'est se situer au milieu. C'est une vision très dangereuse. La vérité n'est jamais complètement d'un côté et jamais complètement de l'autre, mais l'un des rares endroits où elle n'est jamais, c'est au milieu ! Entre les résistants et les SS, elle est du côté des résistants, fussent-ils communistes. Entre les staliniens et les antistaliniens, elle est du côté des antistaliniens, fussent-ils très à droite. Pas au milieu. Dans le meilleur du gaullisme, il y avait une conception du dépassement du clivage gauche-droite qui est quand même plus intéressante que le milieu version Lecanuet.

    Quant au clivage entre progressistes et conservateurs, je m'en méfie un peu. Le stalinisme a été considéré comme un progressisme absolu face aux momies de la bourgeoisie. Le fascisme aussi a revendiqué une modernité totale face aux archaïques. Parfois, des réactionnaires se définissent comme progressistes parce que la République est dépassée. Ce clivage est donc souvent juste, mais il est aussi un peu dangereux. Dépasser les vieux clivages, c'est intégrer qu'il faut parfois être conservateur, réactionnaire et progressiste à la fois.

    (…)

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  • L’ancien conseiller Patrick Buisson règle ses comptes avec Nicolas Sarkozy

    © Miguel Medina, Lionel Bonaventure, AFP | Selon l'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, l'ancien président de la République aurait affirmé que "les valeurs du Front national sont celles de tous les Français".

    Texte par Romain BRUNET

    Dernière modification : 27/09/2016

    Conseiller de Nicolas Sarkozy entre 2005 et 2012, Patrick Buisson publie jeudi "La Cause du peuple", un livre dans lequel il révèle notamment que pour l’ancien chef de l'État, "les valeurs du Front national sont celles de tous les Français".

    "Je ne suis pas Valérie Trierweiler", affirme Patrick Buisson à L’Express, qui publie, mardi 27 septembre, de larges extraits du livre de l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, "La Cause du peuple" (Perrin), à paraître jeudi. Contrairement à "Merci pour ce moment", le livre publié par l’ancienne compagne de François Hollande en septembre 2014, cette "histoire interdite de la présidence Sarkozy", comme l’annonce le sous-titre, n’est pas un règlement de comptes, assure Patrick Buisson. Sa publication en pleine campagne de la primaire de la droite et le contenu des extraits publiés semblent pourtant indiquer le contraire.

    Le théoricien du rapprochement idéologique de l’ancien président de la République avec les idées du Front national révèle ainsi comment, en 2007, Nicolas Sarkozy a fait preuve de bienveillance à l’égard de Jean-Marie Le Pen. D’abord en donnant instruction à un cadre de l’UMP de "faire remonter une cinquantaine de signatures d’élus au candidat Le Pen", afin que ce dernier obtienne ses 500 parrainages de maires pour concourir à l’élection présidentielle. Puis en l’approchant dans l’entre-deux-tours, en chargeant Buisson de contacter le fondateur du FN : "Appelle Le Pen... Demande-lui ce qu'il veut. Faut-il que je le reçoive ? S'il faut le recevoir maintenant, tu sais, je le recevrai. Je ne suis pas comme les autres. Je sais prendre mes responsabilités, moi." Selon l’ancien directeur du journal d’extrême-droite Minute, le candidat UMP fait même porter au président frontiste, samedi 28 avril, un message dans lequel il s’engage à "assurer une représentation équitable des minorités dans les deux assemblées".

    >> À lire sur France 24 : "Nicolas Sarkozy et la surenchère droitière"

    L’homme de l’ombre, condamné en 2014 à verser 20 000 euros au couple Sarkozy-Bruni pour atteinte à la vie privée en raison de la publication d’enregistrements clandestins de ses réunions avec le président de la République, rapporte également que pour Nicolas Sarkozy, "les valeurs du Front national sont celles de tous les Français", mais que "c'est la manière dont le FN les exprime qui est choquante". "Les Français n'aiment pas les plats trop pimentés qui emportent la gueule", aurait ajouté l’ex-chef de l’État.

    Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy dès 2005, évoque aussi leur passage au ministère de l’Intérieur. À propos des débordements lors des manifestations anti-CPE au printemps 2006, il écrit : "Nous avions pris la décision de laisser les bandes de black et de beurs agresser les jeunes blancs aux Invalides, tout en informant les photographes de Paris Match. L'émotion fut en effet à son comble, après la publication de photos [...] dont l'opinion ne retiendrait qu'une chose : des hordes sauvages étaient entrées dans Paris". Une stratégie du "laisser pourrir" visant à miner le Premier ministre d’alors et rival de Nicolas Sarkozy pour 2007, Dominique de Villepin.

    "Chirac aura été le plus détestable de tous les présidents de la Ve"

    L’ancien conseiller, par ailleurs mis en examen dans l’affaire des sondages de l’Élysée, se défend d’avoir écrit "la chronique malveillante" du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Mais ce sont bien ces quelques révélations qui suscitent le plus de commentaires. Des saillies bien évidemment peu flatteuses pour l’ancien chef de l’État et sa façon d’exercer le pouvoir.

    Sur son ancien Premier ministre François Fillon, qui inaugure une mosquée à Argenteuil le 28 juin 2010, il déclare ainsi, selon Patrick Buisson : "Pauvre type, minable... Tant qu'il y est, il n'a qu'à venir mercredi au conseil des ministres en babouches et avec un tapis de prière !"

    À propos de son prédécesseur Jacques Chirac, aujourd’hui hospitalisé pour une infection pulmonaire : "Chirac aura été le plus détestable de tous les présidents de la Ve. Franchement, je n'ai jamais vu un type aussi corrompu. Un jour, il a voulu me faire signer un contrat avec l'Arabie saoudite. Je me demande encore comment il a osé me mettre ça sous le nez. Il en a tant fait qu'il était fatal que ça lui pète à la gueule. J'ai rarement rencontré quelqu'un d'aussi méchant et avide."

    Selon les propos de Nicolas Sarkozy rapportés dans "La Cause du peuple", la méchanceté est cependant parfois une qualité. "C'est un méchant, dit-il ainsi à propos de son ancien ministre du Travail Xavier Bertrand. Dix ans à essayer de placer des assurances en Picardie, dix ans à taper aux portes et à se prendre des râteaux, ça a de quoi vous rendre méchant pour le restant de vos jours. C'est d'ailleurs pour ça que je l'avais choisi."

    Ils sont ainsi nombreux, parmi ses fidèles ou ex-fidèles, à en prendre pour leur grade. Christian Estrosi est notamment qualifié, toujours selon Buisson, d’"abruti qui a une noisette dans la tête" et Gérard Larcher est jugé "trop laid" pour être ministre.

    Première publication : 27/09/2016

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  • A Lyon, Emmanuel Macron accélère sa vraie fausse campagne et engrange les ralliements

    LE MONDE | 25.09.2016 à 01h24 • Mis à jour le 25.09.2016 à 07h45 | Par Cédric Pietralunga

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    Emmanuel Macron à Lyon le 24 septembre. Emmanuel Macron à Lyon le 24 septembre. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

    Emmanuel Macron continue sa marche en avant. Malgré un appel (officieux) au boycott lancé par une partie de la gauche, l’ex-ministre de l’économie a fait l’unanimité lors de sa venue au Sommet des réformistes européens, organisé samedi 24 septembre à Lyon par l’Institut Montaigne, un cercle de réflexion libéral, et par les Gracques, un think tank proche de l’aile droite du parti socialiste (PS).

    « Je préfère me réjouir des présents que commenter les absents », a lancé M. Macron à son arrivée en début d’après-midi au musée des Confluences, où se réunissait une centaine d’universitaires, de chefs d’entreprise, d’hommes politiques et de responsables associatifs européens, pour débattre de l’avenir du Vieux Continent.

    Regrettant que sa venue ait pu provoquer « des soubresauts », il a fustigé les absents de dernière minute. « Ou bien ils n’avaient pas grand-chose à dire, ou bien ils ont subi des pressions », a-t-il regretté.

    Nouveaux ralliements

    Initialement prévus au programme, le commissaire européen Pierre Moscovici, l’ancien banquier Jean Peyrelevade, l’économiste Jean Pisani-Ferry, l’ex-ministre Jean-Louis Borloo ou encore les responsables de Terra Nova, un think tank proche du PS, avaient annulé leur venue, par crainte plus ou moins avouée d’être associés à un meeting de campagne de M. Macron. Co-organisateur de l’événement, Gérard Collomb, maire (PS) de Lyon et soutien de poids de l’ancien banquier de chez Rothschild, avait dénoncé « une vraie chasse » contre son poulain.

    Lire aussi :   Macron et Valls, deux façons de récupérer les rocardiens

    Cela n’a pas empêché M. Macron d’engranger de nouveaux ralliements. Députée européenne (MoDem), Sylvie Goulard n’a pas fait mystère, lors de ce colloque, de son désir de se mettre « en marche », du nom du mouvement lancé en avril par l’ancien protégé de François Hollande.

    La présence de Mme Goulard avait d’autant plus de poids que François Bayrou, le président du MoDem, qui critique sévèrement M. Macron, tenait ce week-end son université de rentrée à Guidel (Morbihan). En déshérence des Républicains (LR), le député des français de l’étranger Frédéric Lefebvre s’est dit également intéressé par la démarche de l’ancien locataire de Bercy et prêt à travailler avec lui. Enfin, les ex-ministres Renaud Dutreil et Nicole Bricq, déjà ralliés, étaient aussi présents.

    Donner sa vision de l’Europe

    Pour intéressantes qu’elles furent, les discussions de haut niveau menées depuis le matin lors de différentes tables rondes – où l’on pouvait croiser Enrico Letta, ancien président du conseil italien, Pascal Lamy, ex-directeur de l’Organisation mondiale de commerce (OMC), Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, Emma Reynolds, députée du Labour au Royaume-Uni, Nicole Notat, ex-numéro un de la CFDT, ou encore les économistes Gilbert Cette et Elie Cohen – ont été en partie éclipsées par la venue de M. Macron et par le barnum médiatique qui l’accompagne désormais lors de ses déplacements.

    Alors qu’il disait être à Lyon pour « discuter du fond », l’ancien ministre de l’économie n’a participé à aucune des tables rondes, qui se déroulaient à huis clos, et a passé sa première partie d’après-midi à donner une interview à BFMTV, puis à répondre aux questions des nombreux journalistes présents, lors d’une conférence de presse improvisée sur le parvis du musée. De même, il s’est prêté à plusieurs reprises aux mises en scène de Cyrille Eldin, l’animateur du « Petit Journal » de Canal+, y compris lors de la séance plénière ouverte au public.

    Dans un discours de plus d’une demi-heure, en fin d’après-midi, une faveur dont il fut le seul à bénéficier, M. Macron s’est néanmoins attaché à donner sa vision de l’Europe et à esquisser des solutions pour tenter de « sauver » le Vieux Continent face à « la peur et à la défiance ».

    « Nous devons prendre des risques, prendre nos responsabilités », a martelé le jeune énarque, stigmatisant la succession de sommets européens, auxquels il a pourtant œuvré lorsqu’il travaillait à l’Elysée, qui ne débouchent sur rien. « On ne discute plus de grands projets, on discute des mots du communiqué », s’est-il désolé, prenant en exemple le sommet de Bratislava, le 16 septembre, qui devait poser les bases d’une refondation de l’Europe suite au Brexit, mais qui n’a pas permis de réelles avancées.

    Lire aussi :   A Bratislava, l’UE en quête d’un élan post-Brexit

    Pour un budget de la zone euro

    Convaincu que l’Union européenne (UE) ne pourra être sauvée sans une nouvelle adhésion des peuples, le presque candidat à la prochaine élection présidentielle a proposé de profiter des échéances électorales de 2017, en France mais aussi en Allemagne, pour organiser des « conventions démocratiques » dans chaque pays européen. Objectif : « Réfléchir et faire des propositions [afin d’] établir une feuille de route pour les dix à quinze ans à venir ». Celle-ci pourrait être ensuite soumise à référendum.

    S’il est resté relativement évasif sur ce qu’il souhaitait voir dans cette feuille de route, M. Macron a néanmoins esquissé quelques pistes. Selon lui, l’UE doit mener une vraie politique antidumping. « Nous avons besoin de protections pour nous ouvrir au monde », a-t-il dit. Prenant l’exemple des importations d’acier chinois à prix cassé, contre lesquelles il s’est battu lorsqu’il était à Bercy, M. Macron a estimé que Bruxelles « ne réagit pas assez vite, n’impose pas des tarifs assez élevés », à l’inverse des Etats-Unis.

    De même, l’ancien ministre a milité pour un « budget de la zone euro », car « une monnaie sans budget est vouée à l’échec ». C’est, selon lui, le seul moyen d’obtenir une relance des investissements en Europe, alors que l’Allemagne est toujours réticente à y consacrer ses excédents structurels, et ce même si le pacte de stabilité lui en fait l’obligation. Enfin, l’ancien ministre a plaidé pour la mise en place d’un « fonds européen de défense ». « Nous devons être des déterminés de court terme et des optimistes de long terme », a-t-il conclu.

    Lire aussi :   Entre Hollande et Macron, la tension monte

    Resté à Lyon après la fin du sommet, M. Macron devait assister en fin de journée à une rencontre avec des membres de son mouvement En marche !. Engagé dans une course contre la montre pour structurer son parti d’ici aux élections présidentielle et législative, notamment au niveau local, l’ex-bras droit de François Hollande a déjà récolté 2 millions d’euros de dons pour financer sa campagne, selon Christian Dargnat, dirigeant de BNP Paribas et trésorier d’En marche !, présent à Lyon.

    De quoi permettre à M. Macron d’aller vite : Arnaud Montebourg, un de ses possibles rivaux, a précisé il y a quelques jours n’avoir pour l’instant obtenu que 60 000 euros de dons. De même, M. Macron a indiqué, en marge de sa visite, qu’il ferait trois meetings en octobre, à Strasbourg (le 4), au Mans (le 11) et à Montpellier (le 18), afin de présenter son « diagnostic » de la France. M. Macron marche, et vite.



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  • Un nombre inédit de départs dans les cabinets ministériels et à l’Elysée

    LE MONDE | 19.09.2016 à 11h11 • Mis à jour le 19.09.2016 à 13h56 | Par Patrick Roger

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    François Hollande et Thierry Lataste (ici en janvier 2015), qui a quitté son poste de directeur de cabinet du président de la République le 15 juin.

    A quelques mois des élections présidentielle et législatives, les vannes des cabinets ministériels et de l’Elysée sont grandes ouvertes. Dans le sens du départ. Certes, la période préélectorale est toujours propice à des reclassements – ou à des promotions pour services rendus – avant une éventuelle alternance. Néanmoins, les départs enregistrés au cours de l’été excèdent amplement les habituelles reconversions. Le Monde a passé au crible l’ensemble des Journal officiel publiés entre le 1er juin et le 15 septembre, ainsi que sur la même période en 2011, 2006 et 2001. Le résultat est saisissant.

    Lire l’intégralité de l’article :   Sauve-qui-peut dans les cabinets ministériels

    • 10 % des effectifs des cabinets ministériels et de l’Elysée ont quitté leurs fonctions

    En l’espace de cent jours, pas moins de 57 membres de cabinets ministériels et à la présidence de la République ont cessé leurs fonctions, soit un peu plus de 10 % des effectifs. Par comparaison, ce nombre était de 28 en 2011 sur une période identique. Le nombre de départs a tout simplement doublé. Et ce sans tenir compte des démissions du ministre de l’économie Emmanuel Macron, qui a entraîné dans son sillage de nombreux collaborateurs, et de la ministre de l’outre-mer George Pau-Langevin, qui a occasionné la suppression du secrétariat d’Etat à l’égalité réelle.

    • Des départs qui touchent les directeurs de cabinets

    Plus étonnant encore, le nombre de départs concernant des hauts responsables des cabinets. Depuis le 1er juin, huit directeurs de cabinet ont mis fin à leurs attributions, ainsi que deux directeurs adjoints, un chef de cabinet et trois chefs de cabinet adjoints. Là aussi, c’est le double du nombre de départs de cette nature enregistrés cinq ans plus tôt.

    • Des reclassements dans la haute fonction publique pour la majorité

    La tentation du privé n’épargne pas les serviteurs de l’Etat. La plupart, cependant, regagnent les rangs de la haute fonction publique ou les sphères qui lui sont proches. D’autres ont retrouvé des affectations dans la fonction publique ou l’administration territoriale.

    Le temps des reclassements, des recasages et des promotions n’est pas terminé. Il risque même de s’amplifier encore dans les semaines et les mois à venir.



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