Le Conseil de sécurité a adopté vendredi, malgré des divisions, une résolution présentée par les Etats-Unis et prolongeant jusqu’à fin avril 2017 la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso), objet d’une vive querelle entre Rabat et les Nations unies.

Le Conseil de sécurité «déplore que la capacité de la Minurso de s’acquitter pleinement de son mandat ait été limitée» après l’expulsion par le Maroc de dizaines de membres civils expatriés de la mission. Et il «souligne qu’il est urgent que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions», selon le texte de la résolution.

Celle-ci a été soutenue par dix des 15 pays membres du Conseil de sécurité. Le Venezuela et l’Uruguay ont voté contre tandis que la Russie, l’Angola et la Nouvelle-Zélande se sont abstenus.

La Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Espagne ont soutenu la résolution avec l’Ukraine, le Japon, l’Egypte, la Malaisie et le Sénégal.

Irrité par des propos du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui évoquait «l’occupation» du Sahara occidental par le Maroc, Rabat a expulsé 75 des membres civils expatriés de la mission en mars. Selon l’ONU, il ne reste sur place que 28 experts civils, ce qui empêche la Minurso de remplir son mandat, qui devait s’achever ce mois-ci.

Rabat considère le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire tandis que le Front Polisario revendique son indépendance.

Les débats ont été intenses avant le vote du Conseil, plusieurs pays membres estimant notamment que la résolution n’était pas assez ferme face au Maroc.

Le texte laisse un délai de trois mois au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour faire savoir au Conseil s’il estime que la mission a été rétablie dans sa pleine capacité. Si ce n’est pas le cas, le Conseil entend «examiner les meilleurs moyens pour parvenir à cet objectif», selon le texte.

- Débats houleux -

Les négociations ont été «difficiles et contestées. C’est un euphémisme» de le dire, a noté l’ambassadeur des Etats-Unis, Samantha Power.

Qualifiant la résolution de «partiale», le représentant de l’Angola auprès des Nations unies, Ismael Gaspar Martins, a ainsi estimé que le Conseil aurait dû demander que la mission soit relancée «immédiatement et sans pré-conditions».

«Si ça avait été un pays plus faible qui ne compte pas des amis au Conseil de sécurité, celui-ci n’aurait pas hésité à imposer des sanctions», a renchéri l’ambassadeur du Venezuela Rafael Ramirez.

La France, l’Espagne et le Sénégal se sont eux montrés plus réceptifs aux inquiétudes du Maroc.

L’ambassadeur français Francois Delattre a défendu la résolution, la jugeant «équilibrée». «L’objectif est désormais de créer les conditions qui permettront de retrouver un climat plus apaisé» pour les discussions sur la relance de la mission.

Le représentant à l’ONU du Front Polisario, Ahmed Boukhari, a lui accusé la France d’avoir bloqué l’adoption d’une résolution plus ferme.

«Ces gens ont été expulsés en deux jours, ils peuvent revenir en deux jours. Pourquoi trois mois ? C’est la faute de la France selon nous», a-t-il déclaré.

L’ambassadeur du Maroc, Omar Hilale, s’est lui contenté de dire que son gouvernement avait «pris note» de la résolution et allait l’étudier.

Certains pays craignent que d’autres Etats hôtes de missions de l’ONU, comme la République démocratique du Congo ou le Soudan, veuillent à leur tour se débarrasser de leurs Casques bleus.

La Minurso a été déployée en 1991 dans cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975, pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un referendum d’autodétermination.

AFP