• Turquie : le président Erdogan promet d’éliminer le « virus » dans l’Etat après le putsch raté

    Turquie : le président Erdogan promet d’éliminer le « virus » dans l’Etat après le putsch raté

    Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 16.07.2016 à 20h03 • Mis à jour le 17.07.2016 à 18h01

    Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis dimanche 17 juillet d’éliminer le « virus » factieux au sein de l’Etat turc au lendemain de l’échec du coup d’état mené dans la nuit de vendredi à samedi.

    « Nous allons continuer d’éliminer le virus de toutes les institutions étatiques [...], hélas, ce virus, comme un cancer, s’est propagé à tout l’Etat. »

    M. Erdogan s’adressait à une foule de partisans lors d’une cérémonie à la mosquée Fatih, à Istanbul, en mémoire des victimes des militaires rebelles deux jours après la tentative de putsch qui s’est soldé par la mort de 290 personnes à Ankara et Istanbul selon un nouveau bilan délivré, dimanche, par le ministère turc des affaires étrangères.

    6 000 personnes en garde à vue

    « Le grand ménage continue, avait déclaré auparavant le ministre de la justice turc Bekir Bozdag. Il y a environ 6 000 personnes en garde à vue ». Ce vaste coup de filet touche principalement des militaires et des magistrats. Parmi eux, l’aide de camp de Recep Tayyip Erdogan, le colonel Ali Yazici a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anadolu.

    Samedi, le gouvernement avait annoncé l’arrestation de près de 3 000 soldats pour leur rôle présumé dans la tentative de putsch, et averti qu’ils se verraient « infliger la peine qu’ils méritent ».

    Lire aussi :   Ce que l’on sait de la tentative de coup d’Etat en Turquie

    Les autorités judiciaires ont par ailleurs annoncé samedi que 2 745 juges dans tout le pays allaient être démis de leurs fonctions. D’après NTV, une chaîne de télévision turque, Alparslan Altan, l’un des 17 juges de la Cour constitutionnelle, a été placé en détention pour des raisons inconnues.

    Par ailleurs, les huit militaires turcs qui ont fui leur pays dans la foulée de l’échec du coup d’Etat ont comparu dimanche devant un procureur grec de la ville d’Alexandroupolis pour être entrés illégalement sur le territoire grec. Ils ont demandé l’asile politique en Grèce, disant craindre pour leur vie s’ils étaient renvoyés en Turquie, a expliqué un de leurs avocats. Ankara a, de son côté, réclamé leur extradition rapidement.

     

    Inquiétudes à l’étranger

    La purge, lancée immédiatement après l’échec du coup d’Etat, a suscité de vives inquiétudes et de fermes mises en garde de l’étranger. Pour parer à tout « châtiment collectif », le ministre des affaires étrangères canadien, Stéphane Dion, a appelé son homologue turc Mevlut Cavusoglu à régler « l’après-coup d’Etat » selon les « principes fondamentaux de la démocratie ».

    Le coup d’Etat raté en Turquie n’est pas un « chèque en blanc » au président turc pour faire des « purges », a estimé de son côté le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault. « Nous voulons que l’Etat de droit fonctionne pleinement en Turquie », a déclaré le ministre sur France 3.

    Le ministre autrichien des affaires étrangères, Sebastian Kurz, a appelé dimanche Ankara à ne pas « utiliser à mauvais escient » le coup d’Etat manqué et de ne pas en faire une « carte blanche pour l’arbitraire ».

    Le président russe, Vladimir Poutine, a souhaité pour sa part, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue turc, un rapide retour à la stabilité, lui demandant d’assurer la sécurité des touristes russes. Les deux présidents ont prévu de se rencontrer la première semaine d’août, selon l’agence de presse turque Anatolie. Cette rencontre doit être la première entre les deux dirigeants depuis la crise bilatérale déclenchée en novembre, après que la chasse turque a abattu un avion russe en mission en Syrie.

    Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et accusé de tous les maux

    M. Erdogan accuse son ennemi juré et ancien allié d’avoir organisé la tentative de renversement du pouvoir, ce que l’intéressé dément formellement. Le prédicateur, installé en Pennsylvanie, a condamné « dans les termes les plus forts », la tentative de putsch, pendant laquelle 265 personnes sont mortes et 1 440 ont été blessées. Et il a fait part de ses soupçons envers le président turc dans une entretien au New York Times, suggérant que M. Erdogan pourrait être lui-même l’instigateur de ce coup d’Etat. « Certains dirigeants organisent de faux attentats-suicides pour renforcer leur pouvoir, et ces gens ont ce genre de scénarios en tête », a déclaré M. Gülen.

    « Il y a un jeu avec l’armée, et cela est lié à des forces extérieures », a insisté le président turc, samedi, rappelant avoir déjà demandé à de nombreuses reprises l’extradition du prédicateur à son homologue américain, Barack Obama. « Ici, j’en appelle à l’Amérique, j’en appelle au président [Obama] », a-t-il lancé à la foule. « Monsieur le président, je vous le dis, renvoyez ou livrez-nous cette personne », a-t-il martelé, sans jamais prononcer le nom de Gülen.

    Washington a promis d’aider Ankara dans l’enquête sur le putsch manqué, mais a invité le gouvernement turc à livrer des preuves contre l’opposant Fethullah Gülen.

    Erdogan en guerre contre les « gülenistes » depuis 2013

    L’imam turc Fethullah Gülen est le chef de la confrérie des Fethullahci (adeptes de Fethullah), un courant affilié au mouvement religieux sunnite Nurcu (« adeptes de la lumière »). Son mouvement, Himzet, était très puissant en Turquie, où il était l’allié de l’AKP (le Parti de la justice et du développement fondé par M. Erdogan) jusqu’en 2013. Une brouille avait alors éclaté entre les deux alliés lors du scandale dit des « écoutes téléphoniques ».

    Avec la complicité de policiers membres de la confrérie, des conversations révélant un système de corruption au plus haut niveau de l’Etat avaient été dévoilées, mettant M. Erdogan, alors premier ministre, dans l’embarras.

    Lire aussi :   Turquie : qui est Fethullah Gülen, accusé par le pouvoir d’avoir initié le coup d’Etat ?

    Depuis, le régime turc se livre à une véritable guerre contre les « gülenistes ». La confrérie a perdu ses écoles, ses holdings, ses médias et le prédicateur Gülen, dont Ankara a déjà demandé à plusieurs reprises l’extradition, en vain.

    Reprise des opérations contre l’EI

    Après la tentative de putsch militaire, la coalition contre le groupe Etat islamique avait suspendu ses opérations aériennes depuis la Turquie. Elle les a désormais reprises, a indiqué dimanche le Pentagone.

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