• 9 Mai : un discours de Vladimir Poutine "creux" et plus court que d'habitude

     
     
    En pleine guerre avec l'Ukraine, le discours de Vladimir Poutine ce lundi était attendu et redouté, les observateurs internationaux craignant l'annonce d'une escalade dans le conflit. Il n'en fut rien.
     

    Dans le conflit en Ukraine, la date du 9 mai était attendue et redoutée. Côté russe, c'est un jour de célébration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec défilé militaire et discours du président russe Vladimir Poutine. Mais depuis plusieurs jours, il était craint que le chef du Kremlin fasse des annonces graves, entrainant une escalade de la guerre actuelle en Ukraine.

    Le président russe a cependant fait un discours plus court qu'à son habitude, avec la propagande habituelle justifiant l'intervention russe en Ukraine, mais il n'a pas mentionné de potentielle attaque nucléaire, n'a pas parlé de guerre ni d'extension du conflit, et a même appelé à éviter la guerre mondiale.

    "Il n'y avait aucun souffle"

    "C'est difficile d'analyser un discours d'à peine 10 minutes, assez creux", déclare ce lundi sur BFMTV Joséphine Staron, directrice des études et des relations internationales du think tank Synopia. Elle parle d'un discours "classique" dans lequel "il n'y a pas de surprise". Or, "on est habitué à des discours beaucoup plus longs de Vladimir Poutine, on s'attendait à ce que cela dure au moins 20, 25, 30 minutes". "C'est un discours pour ne rien dire", a de son côté déclaré sur franceinfo le journaliste et spécialiste de géopolitique Bernard Guetta.

    Hormis "rappeler le fait que la Russie n'avait pas le choix, qu'il fallait défendre la patrie, que les séparatistes pro-russes et les troupes russes se battent sur leurs terres... Cela ne va pas plus loin. Cela n'a rien à voir avec le 24 février", premier jour de l'invasion de la Russie en Ukraine, abonde Patrick Sauce, éditorialiste en politique internationale pour BFMTV. "Il n'y avait aucun souffle, il n'y avait pas de récit."

    Le 24 février dernier, lors de son discours annonçant l'invasion en Ukraine, il avait été beaucoup plus virulent, menaçant par exemple "ceux qui tenteraient d'interférer avec nous" d'une réponse "immédiate" de la Russie, avec "des conséquences que vous n'avez encore jamais connues". Cette fois, il s'est surtout adressé au peuple russe, annonçant une aide pour les familles des soldats tués au front, et déclarant qu'il fallait "tout faire pour que cette guerre globale [en référence avec la Seconde Guerre mondiale, NDLR] ne se reproduise pas".

    "Il joue avec nous"

    Pour Hélène Blanc, politologue et spécialiste du monde russe, "les gens ont beaucoup fantasmé sur ce 9 mai", s'attendant à des déclarations fortes, et le Kremlin s'est peut-être joué de cette attente.

    "Quand on connait bien Vladimir Poutine on sait qu'il souffle le chaud et le froid et qu'il s'amuse à nous faire peur et en même temps parfois on se rassure, comme aujourd'hui", déclare-t-elle. "Lui il s'amuse beaucoup avec nous, il joue avec nous (...) Il veut surtout nous montrer que c'est lui le vrai patron et que c'est lui le maitre du jeu."

    La politologue note toutefois que le président russe avait une allure moins martiale qu'habituellement pour ce genre de rendez-vous. "Je me souviens des anciens défilés qui duraient non pas une heure mais deux heures et parfois plus, il y avait des tribunes avec tous les officiels du régime" comme les militaires, les principaux ministres... "Là c'est vrai que c'était un petit peu minimaliste."

    "Est-ce que c'est de la lassitude, de la fatigue, ou est-ce que cela fait partie d'une stratégie qu'on ne connait pas? Toutes les hypothèses sont ouvertes", déclare Joséphine Staron.

    "La guerre va durer encore longtemps"

    Si la possibilité d'une attaque nucléaire n'a pas été évoquée, Vladimir Poutine a montré vouloir continuer cette guerre, évoquant "une menace absolument inacceptable" qui "se constituait, directement à nos frontières", et renouvelant ses accusations de nazisme à l'encontre de l'Ukraine.

    "Il n'a rien annoncé de précis, mais il n'a pas non plus annoncé la fin d'un combat, la fin d'une offensive", souligne Joséphine Staron pour qui le scénario qui "semble se dessiner c'est que tout continue comme c'était le cas depuis plusieurs semaines, ça ne va pas changer (...) Cela ne ressemble pas à un tournant véritablement de la guerre en Ukraine, ça continue, ça va continuer."

    "On se dit que la guerre va durer encore longtemps. Pour moi c'était comme un discours de guerre sans prononcer le mot guerre" déclare également le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV. Il souligne d'autre part que Vladimir Poutine a, dans son discours, "insisté énormément sur le Donbass, donc est-ce que cela veut dire que le but de la guerre se limiterait au Donbass? Il y a beaucoup d'ambigüité."

    "Le message qu'on attendait, nous occidentaux, n'a pas eu lieu", résume Patrick Sauce, rappelant toutefois que pour "les Ukrainiens qui subissent des bombardements et l'agression russe, le 9 mai est similaire au 8 et sans doute au 10".

    dossier :

    Ukraine-Russie: la guerre

     
    Salomé Vincendon
    Salomé Vincendon Journaliste BFMTV

     

    « Guerre en Ukraine: encore 50 civils évacués de l'usine Azovstal, selon KievBONNE JOURNEE A TOUS ! »
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