• Vu du Japon

    Elections américaines : vent de panique sur les Bourses asiatiques

    Par Arnaud Vaulerin, correspondant à Kyoto 9 novembre 2016 à 07:35      LIEN
     
     
     

    A Tokyo, ce mercredi. Photo Toru Yamanaka. AFP

    Alors que Donald Trump est annoncé en tête de la course à la Maison Blanche, le Premier ministre japonais a demandé une réunion d'urgence du ministère des Finances.

    La litote résume bien la situation sur les places financières d’Asie. «Le marché n’est clairement pas préparé à une victoire de Trump», expliquait ce matin à Bloomberg un analyste de la grande banque suisse Julius Baer, basé à Singapour. Dès que les premiers résultats de la présidentielle ont commencé à se préciser mercredi matin en Asie, la panique s’est emparée des Bourses, certains analystes allant jusqu’à parler d’«hécatombe». En pariant sur une victoire d’Hillary Clinton, l’indice Nikkei avait commencé la journée en hausse de 0,64% avant de dévisser de 4% à la mi-journée et de chuter de près de 6% une heure avant la fermeture, puis de terminer à 5,36%. Après le Brexit le 24 juin, l’indice japonais avait dégringolé de près de 8%. Sur les autres places asiatiques, Hongkong se dépréciait de 3%, Séoul (Corée du Sud) de 2,5%, Sydney (Australie) de 2%, Shanghai (Chine) de 1,3%, et Bombay (Inde) de 6%.

    Face à la bourrasque, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a demandé une réunion d’urgence du ministère des Finances et de la banque centrale, en présence de Masatsugu Asakawa, son premier diplomate financier. Fumio Kishida, le ministre des Affaires étrangères, devait également s’adresser ce soir à la télévision. Comme lors du Brexit en juin, qui avait également pris de cours les places boursières, les autorités nippones redoutent des mouvements brusques sur le marché des changes. Mercredi, l’activité a été très dense à la Bourse de Tokyo avec 1,5 milliard de titres échangés rien que dans la matinée, soit presque la quantité équivalente à une journée complète.

    Chute de la monnaie mexicaine

    L’inquiétude japonaise s’explique par le fait que les Etats-Unis représentent un marché capital pour les sociétés de l’Archipel, déjà affectées par une remontée du cours du yen. La monnaie nippone est en effet considérée comme une valeur refuge en cas de crise ou de tensions. En juin déjà, le Brexit du Royaume-Uni (où de nombreuses entreprises nippones ont installé leur QG européen) avait stimulé la demande pour la monnaie japonaise.

    Au niveau du cours des devises, la grande fébrilité était de mise également ce mercredi. Le dollar passait au-dessous de 101,30 yens, contre 105,47 yens en début de journée. Mais c’est la monnaie mexicaine qui a dévissé le plus à Tokyo. Véritable baromètre de l’opinion des marchés ces dernières semaines sur l’issue de la présidentielle américaine, elle est tombée à la mi-journée à 20,7431 pesos pour un dollar, son plus bas niveau historique, contre 18,1634 pesos un peu plus tôt, soit une amplitude de 14%.

    Arnaud Vaulerin correspondant à Kyoto
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  • (AOF) - EDF (EDF-9,74 € -3,64 %) cède 1,57% à 9,951 euros après avoir révisé à la baisse son objectif de production nucléaire et son Ebitda 2016. Le groupe table désormais sur une production nucléaire pour l'année 2016 de 380-390 TWh à 378-385 TWh. L'objectif d'Ebitda 2016 est attendu pour sa part à 16,0-16,3 milliards d'euros contre 16,3-16,6 milliards d'euros précédemment.

    Comme indiqué dans le 21 octobre 2016, EDF a soumis le 7 octobre dernier un dossier technique à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) justifiant le fonctionnement en toute sûreté de l'ensemble des réacteurs concernés par la problématique de ségrégation carbone dans les fonds de générateurs de vapeur.

    Dans le cadre de ce dossier et des échanges avec l'ASN, EDF a informé ce matin les marchés de l'électricité du report à fin décembre 2016 du redémarrage de 5 réacteurs : Bugey 4, Gravelines 2, et Tricastin 1, 3 et 4.

    AOF - EN SAVOIR PLUS

    Les points forts de la valeur

    - Premier opérateur français d'électricité (production nucléaire pour 54 %, devant le charbon, le fioul et l'hydraulique) et un des leaders européens de l'énergie, diversifié dans le gaz ;
    - Forts besoins énergétiques dans le monde ;
    - Stratégie du « mix génération » renforcée avec la prise de contrôle total d'EDF Energies renouvelables, activité en forte croissance ;
    - A l'international, rentabilité élevée de la filiale italienne Edison, renforcement des positions dans le nucléaire au Royaume-Uni et succès de la filiale de services à l'énergie Dalkia ;
    - Prolongement à 50 ans de la durée de vie des centrales, hors celle de Fessenheim ;
    - Accord de partenariat stratégique avec Areva (AREVA-4,74 € -0,44 %), EDF prenant le contrôle majoritaire des activités de services et fabrication de réacteurs ;
    - Politique généreuse de distribution des dividendes de 55 % à 65 % du résultat courant.

    Les points faibles de la valeur

    - Faible visibilité en raison de la dimension « politique » de la valeur : intervention de l'Etat, notamment sur la hausse des tarifs de l'électricité, débat sur la sûreté nucléaire, interrogations sur la future formule de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) ;
    - Faible visibilité sur les conséquences des « stress tests » réalisés sur le parc nucléaire du groupe et plus généralement sur le niveau des investissements nécessaires (hausse des dépenses de maintenance, durée de vie des centrales, fermeture de certains sites…) ;
    - En Europe, spirale déflationniste des prix de vente du Kwh du fait de la surabondance de l'offre –recul des prix du charbon et du CO2 et la montée en puissance des énergies renouvelables ;
    - En France, incertitudes liées au futur plan de transition énergétique visant à diminuer à 50 % contre 73 % en 2013 la part du nucléaire dans la production française  et attente de la compensation pour l'éventuelle fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim ;
    - Positions à l'international encore trop faibles, la France restant le plus gros contributeur à l'excédent brut d'exploitation (82 %), loin devant le Royaume-Uni (13 %) et l'Italie (5 %) ;
    - Risque industriel et financier de la construction de la centrale anglaise d'Hinkley Point ;
    - Endettement élevé, avec un risque d'abaissement de la notation ;
    - Recul de l'activité dans toutes les divisions en début d'année ;
    - Fort repli du cours, loin du prix d'introduction de 32 euros en 2005.

    Comment suivre la valeur

    - Secteur des « utilities » (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), traditionnellement considéré comme défensif mais actuellement considéré à risque dans un environnement de pression fiscale accrue ;
    - Activité encadrée par la loi NOME (libre concurrence entre tous les acteurs du marché et revente du quart de la production d'électricité nucléaire d'EDF à ses concurrents) avec des prix de l'électricité administrés en France d'où des difficultés à faire passer le coût de maintien du réseau dans les tarifs ;
    - Evolution des prix, dont la faiblesse ne permet pas de couvrir les coûts fixes dans les centrales nucléaires ;
    - Stratégie 2018

    :

    livraison de grands projets -terminal méthanier de Dunkerque, EPR de Flamanville 3, énergies renouvelables-, poursuite de la maîtrise des coûts et retour à un cash-flow positif après dividendes ;
    - Trajectoire d'investissements sur 2016/20 : recul à 10,5 Mds€ des investissements en 2018 (hors Linky et Hinkley Point), cession de 10 Md€ d'actifs et hausse à 1 Md€ des économies de coûts à partir de 2019 ;
    - Evolution de l'endettement dont la maîtrise dépend de l'accueil du marché à l'augmentation de capital de l'automne, souscrite à 80 % par l'Etat, des cessions d'actifs et de l'exercice de l'option de paiement en actions du dividende ;
    - Objectif 2016 d'un excédent brut d'exploitation entre 16,3 et 16,8 Mds€
    - Société publique contrôlée à hauteur de 84,5 % par l'Etat.

    Services aux collectivités

    Les énergéticiens sont obligés d'adapter leur stratégie aux bouleversements majeurs auxquels ils sont confrontés. Ainsi Engie (ENGI-12,67 € 0,16 %) a annoncé un plan stratégique à trois ans très ambitieux, pour devenir le leader de la transition énergétique dans le monde. Le groupe souhaite se désengager des activités les moins rentables, comme les centrales électriques ou l'exploration-production, pour réinvestir dans des activités moins risquées, comme les infrastructures gazières (réseaux de gazoducs ou de distribution), et dans les énergies renouvelables et les services à l'énergie. Les allemands E.ON et RWE se trouvent dans une situation encore plus difficile, car ils sont en plus confrontés à la décision des autorités allemandes de sortir du nucléaire. Dans le cadre de ce " tournant énergétique " (" Energiewende "), ces groupes devront consacrer environ 36 milliards d'euros au démantèlement des centrales nucléaires et à la gestion des déchets.

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  • La Poste suspend ses projets de réorganisation

     

    MALAISE - Confrontée au malaise grandissant de ses effectifs, le groupe La Poste a accepté mercredi 27 octobre de suspendre provisoirement ses projets de réorganisation des métiers du courrier.

    C'est une première victoire des syndicats dans leur combat contre les dégradations des conditions de travail dans les métiers du courrier : La Poste a accepté de suspendre provisoirement ses projets de réorganisation, à l'issu d'une réunion, mercredi 27 octobre. Dès novembre, l'entreprise va initier des négociations qui porteront sur les conditions de travail dans les plateformes industrielles, avant de s'attaquer aux réseaux des bureaux de postes et aux services financiers en 2017.

     

    Durant cette suspension qui prendra fin le 14 décembre, "tous les thèmes évoqués" lors de la réunion de ce mercredi seront traités, a assuré la direction, citant notamment "la gestion du temps de travail des facteurs", "les rythmes et charges de travail", les "évolutions des organisations de travail", les "remplacements" ou encore "l'amélioration des conditions de travail".

    Neuf suicides en quatre ans

    Cette annonce intervient alors que La Poste fait face à un malaise croissant dans ses effectifs. Dans une lettre datée du 14 octobre et dévoilée par RTL,  huit cabinets indépendants alertaient le gouvernement et le PDG de La Poste de la "dégradation rapide des conditions de travail" au sein du groupe. Celle-ci pointait en particulier la situation chaotique des facteurs, touchés par les suicides - neuf en quatre ans comme la radio le révélait le 6 octobre. 

    Illustration récente de ce malaise : l'histoire de cette postière de Villeneuve d'Ascq frappée d'un AVC en en plein service en février. Malgré son état, ses supérieurs lui avaient intimé de poursuivre sa tournée. Des secours avaient finalement été dépêchés grâce au concours d'un autre employé qui, pour ce geste, avait été mis à pied par l'entreprise.

    Cette réorganisation avait été décidée pour faire face à la baisse des volumes du courrier (30% de 2008 à 2015) avec en parallèle une baisse des effectifs très importante (3000 à 5000 postes en moins par an rien que pour les facteurs depuis 2005), ce qui, selon les syndicats, ne suffit plus à assurer la charge de travail et génère une dégradation très importante des conditions de travail et de santé des agents.

     

    Les syndicats se sont félicité de l'ouverture des négociations, jugeant comme Eddy Talbot (SUD-PTT, 3e) que jusqu'ici "les discussions sur l'emploi étaient taboues à La Poste", même s'il estime que pour répondre au malaise social, "il va falloir aller plus loin et les discussions devront concerner l'ensemble des métiers". Le secrétaire général de l'UNSA-Poste, Luc Girodin, partage aussi cet optimisme teinté de méfiance. Il a salué une "bonne base" pour des discussions mais a assuré que "la vigilance restera de mise".

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    Prix

    Le Nobel de la banque de Suède à deux spécialistes de la théorie des contrats

    Par Vittorio De Filippis 10 octobre 2016 à 18:52    LIEN
     
    A l'académie des Sciences de Stockholm, en Suède, lundi 10 octobre : les lauréats du Nobel d'économie sont annoncés.
     
     
    A l'académie des Sciences de Stockholm, en Suède, lundi 10 octobre : les lauréats du Nobel d'économie sont annoncés. Photo Jonathan Nackstrand. AFP

    Le prix Nobel d'économie, de son vrai nom prix de la Banque de Suède, a été décerné lundi à l'Américano-Britannique Oliver Hart et au Finlandais Bengt Holmström, dont les travaux explorant les contrats ont de multiples applications concrètes.

    Après la médecine, la physique, la chimie et la paix, place au prix Nobel d’économie. Ou, plus exactement, au «prix de la Banque centrale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel». Ce prix a donc été décerné lundi à l’Américano-Britannique Oliver Hart et au Finlandais Bengt Holmström.

    Le premier est né en 1948 à Londres et a obtenu son doctorat d’économie à l’université américaine de Princeton en 1974. Il enseigne actuellement à Harvard. Le second, né en 1949 à Helsinki, enseigne dans une autre université prestigieuse de la côte est des Etats-Unis, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) après avoir soutenu sa thèse de doctorat à l’université californienne de Stanford. Tous les deux ont été récompensés pour leurs travaux sur la théorie des contrats. Rien à voir (ou si peu) avec les contrats au sens juridique du terme.

    «Un champ fertile de recherche fondamentale»

    Leurs travaux s’inscrivent (en grande partie) dans le prolongement de ceux de trois autres Américains, George Akerlof, Michael Spence et Joseph Stiglitz, eux aussi récompensés par la Banque de Suède (en 2001) pour leurs recherches sur les asymétries d’informations des marchés. En gros, il s’agissait de montrer comment, par exemple, un marché est finalement loin d’être de la plus grande efficacité, comme l’affirme toute une école de pensée, dès lors que les intervenants (les vendeurs et les les acheteurs) ont des informations différentes sur le produit qu’ils s’échangent. Une situation souvent rencontrée sur nombre de marchés et qu’Akerlof, Spence et Stiglitz caractérisent par une «asymétrie de l’information». Leur meilleur exemple? Celui du marché des voitures d’occasion, où le vendeur connaît des défauts que l’acheteur ignore. D’où la nécessité de créer des régulations institutionnelles permettant une plus grande transparence de l’information.

    Hart et Holmström tentent d’aller encore plus loin. Leur domaine est peut-être moins prestigieux que les grandes questions de croissance, de chômage ou de pauvreté, mais ils ont eu le mérite de donner naissance à «un champ fertile de recherche fondamentale», selon le jury de la Banque de Suède.

    Une transaction est «bonne» quand elle crée de la valeur, mais chacun des protagonistes doit y trouver son compte. Un objectif qui ne va pas de soi et que seuls des contrats permettent de s’en rapprocher. En apparence, les deux lauréats semblent questionner l’évidence. Comme les raisons qui peuvent expliquer (et non justifier) pourquoi une entreprise appartient finalement à des actionnaires et non à ses salariés. Dit autrement, pourquoi la forme coopérative, dont certains ont pensé qu’elle allait progressivement détrôner l’entreprise capitaliste, a finalement perdu la bataille de la concurrence de la propriété. Lorsque Hart et Holmström tentent d’apporter une réponse, ils réalisent à quel point l’entreprise est en réalité un nœud de contrats qui favorisent finalement la forme actionnaires-propriétaire. D’un côté, des salariés avec des contrats de rémunération en, forme de garantie, et une forte aversion au risque… De l’autre, des détenteurs de capitaux qui prennent des risques, et acceptent l’éventualité d’une perte, mais qui ont aussi le droit (contrats à l’appui) de prendre les profits. Autrement dit, Hart et Holmström révèlent à quel point le droit de propriété sur le revenu résiduel (la perte comme le profit) appartient à ceux qui mettent des actifs les plus spécifiques à l’entreprise. Une vision violemment remise en cause par les néomarxistes qui soulignent qu’il s’agit en fait d’une «technicisation des rapports de domination». Entre les deux approches, le débat est loin d’être clos.

    L«L’aléa moral»

    En attendant, la théorie des contrats de Hart et Holmström a d’autres applications concrètes. La plus évidente est sans doute celle relative aux phénomènes de l'«aléa moral». Sous ce vocable d’apparence revêche se cache une notion assez simple. Cette approche a mis en évidence l’existence d’un comportement imprudent dès lors qu’un assuré se sait protégé par son contrat d’assurance. D’où la nécessité de trouver des formes contractuelles plus efficaces pour le marché des assurances. A partir de ces travaux, Hart et Holmström ont apporté d’importantes contributions à la «théorie des incitations». Ou comment faire en sorte que les comportements des uns et des autres soient plus efficaces grâce à la mise en place, par le biais de nouveaux contrats, d’incitations de toutes sortes. Il s’agit donc de formuler (ou reformuler) des contrats.

    Ce qui est valable pour les assurances l’est tout autant pour les marchés financiers, ou encore le secteur bancaire. Ainsi, les travaux des deux lauréats ont permis de mieux appréhender le comportement de ces banques qui s’estiment «too big to fail» («trop importantes pour échouer»). Elles savent que leur faillite ne manquerait pas d’entraîner plusieurs grandes banques du secteur. Certes. Mais elles savent aussi qu’elles ne risquent rien, ou presque rien, puisque la puissance publique sera toujours là pour éteindre l’incendie avec des liquidités (les impôts) du contribuable. D’où, encore, la nécessité d’avoir des contrats qui permettent d’éviter le pire et qui incitent à des comportements vertueux.

    Dommage que cette théorie n’ait pas été appliquée au pied de la lettre avant la chute de Lehman Brothers en septembre 2008. Et qu’elle le soit encore si peu aujourd’hui, alors que le spectre d’une déconfiture plane sur la Deutsche Bank, elle aussi trop grosse pour faire faillite, sauf à tout emporter avec elle… En attendant, le jury de la Banque de Suède a confirmé la «mainmise» sur ce prix des Américains, primés 56 fois sur un total de 78 lauréats.

    Vittorio De Filippis

     

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  • Deutsche Bank devrait payer une amende de 5,4 milliards, le titre rebondit

    Etienne Goetz Le 30/09 à 10:16Mis à jour à 17:55   LIEN
     
     
     
       La première banque allemande perd près de 8% à l’ouverture des marchés après l’annonce du retrait de hedge funds. - Michael Probst/AP/SIPA
     

    La première banque allemande perdait près de 8 % à l’ouverture des marchés après des retraits d’une dizaine de hedge funds. L’annonce d’une amende de 5,4 milliards de dollars et non plus de 14 milliards a fait bondir l’action.

    La tension sur Deutsche Bank est retombée d'un coup. L'Agence France Presse a annoncé que Deutsche Bank devrait finalement payer une amende de 5,4 milliards de dollars contre 14 milliards réclamés au départ par le Département américain de la Justice (DoJ). L'AFP cite une source proche du dossier. Dans la foulée, le titre s'est envolé de plus de 7% pour flirter avec les 12 euros.

    Dans la matinée l'action était tombée comme une pierre: -8% à l'ouverture des marchés et était passée ainsi pour la première fois sous la barre des 10 euros. Ce mouvement faisait suite à une dépêche de Bloomberg jeudi soir selon laquelle dix « hedge funds » ont réduit leur exposition à l'établissement . C'est le signe que certaines contreparties commencent à redouter une défaillance de l'établissement allemand, ce qui les empêcherait de faire compenser leurs transactions ou de récupérer leurs actifs. Dans la soirée, le titre coté à Wall Street -l'ADR de Deutsche Bank - a perdu 8 % en séance.

     

    BloombergBloomberg

    Le directeur général de l'établissement, John Cryan, rappelait ce vendredi matin dans une lettre aux salariés que « les fondations de la banque sont solides. Il faut faire en sorte que la perception déformée de la banque n'affecte pas nos activités au quotidien. » Et met en garde contre « les forces du marché [qui] sont en action pour saper la confiance en nous ».

    « La santé financière de la Deutsche Bank [est] devenue une des principales sources de stress des investisseurs. L'épisode Lehman Brothers et les risques systémiques liés à une hausse des craintes sur un établissement bancaire, tel que la Deutsche Bank, reviennent très rapidement à la mémoire », commentaient ce vendredi matin les analystes d'Aurel BGC. En effet, Lehman Brothers a commencé à vaciller quand des fonds se sont retirés.

    Deutsche Bank un nouveau Lehman ?

    Mais, rappelle le Wall Street Journal , la banque américaine était beaucoup moins diversifiée que Deutsche Bank et trop dépendante des fonds et du marché du repo pour se financer. De plus, du fait de la réglementation instaurée après la crise de 2008, l'établissement allemand dispose de 220 milliards d'euros de liquidité contre seulement 45 milliards de dollars pour Lehman un mois avant sa faillite retentissante.

    Les spéculations autour d'un sauvetage de Deutsche Bank circulent depuis le début de la semaine, ce qui a entraîné le cours de l'établissement en Bourse au plus bas depuis 1983. Selon un article de l'hebdomadaire « Die Zeit », Berlin échafauderait un plan en cas de graves difficultés pour Deutsche Bank. Le ministère allemand des Finances a démenti les informations de l'hebdomadaire. Une aide de l'Etat « n'est pas un sujet pour nous », a martelé mercredi John Cryan, le patron de Deutsche Bank dans une interview à « Bild ». Plus tôt dans le week-end, un article du magazine « Focus » affirmait qu'Angela Merkel avait refusé toute aide d'Etat pour renflouer la banque.

    Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.en a remis une couche ce vendredi. Selon lui, Deutsche Bank doit trouver les moyens de survivre « par elle-même », donc sans le soutien de l'Etat allemand.

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  • Baisse de la production de pétrole : quatre questions sur l’accord de l’OPEP

    LE MONDE ECONOMIE | 29.09.2016 à 10h54 • Mis à jour le 29.09.2016 à 15h50 | Par Jean-Michel Bezat

    LIEN

    Le ministre de l’énergie saoudien, Khalid Al-Falih, lors de la réunion des membres de l’OPEP à Alger, le 28 septembre.

    Les quatorze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), réunis mercredi 28 septembre à Alger, sont finalement parvenus à dégager un accord de principe sur la baisse de la production, afin de faire remonter les cours du pétrole. L’organisation ramènerait sa production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (contre 33,24 millions aujourd’hui). C’est la première fois que le cartel réagit ainsi depuis 2008, quand la crise financière post-Lehman Brothers avait fait plonger le baril de 147 dollars au cours de l’été à moins de 35 dollars six mois plus tard.

    Lire aussi :   Pétrole : les pays membres de l’OPEP s’accordent pour limiter leur production

    • Quel sera l’impact sur les prix ?

    Même fragile, cet accord devrait faire repasser le pétrole au-dessus de 50 dollars le baril, encore loin des 114 dollars atteints en juin 2014. Cette baisse de la production – la première depuis 2008 – devrait être de l’ordre de 700 000 barils par jour, soit entre un tiers et la moitié de l’excédent de production mondiale.

    Les marchés ont salué cette décision : en fin d’après-midi, le cours du brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) a clôturé en progression de 5,3 % (47,05 dollars) à New York. En quatre jours, le WTI et le brent de la mer du Nord ont regagné 6 %. En Bourse, les valeurs pétrolières flambaient jeudi matin en Europe. A Paris, Technip, Total, CGG ou Vallourec bondissaient en début de séance.

    • Pourquoi cet accord est-il une surprise ?

    La veille de la réunion, Bijan Zanganeh, le ministre iranien du pétrole, réaffirmait qu’un tel accord n’était pas envisageable en deux jours. Et pourtant, c’est bien un rapprochement des points de vue entre les deux frères ennemis du cartel, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui a permis de dégager ce consensus. « L’OPEP a pris une décision exceptionnelle aujourd’hui. Après deux ans et demi, l’OPEP a atteint un consensus pour piloter le marché », a déclaré Bijan Zanganeh. L’accord d’Alger constitue un net progrès par rapport à l’échec du sommet de Doha (Qatar), le 15 avril, où les Saoudiens et les Iraniens n’étaient pas parvenus à s’entendre.

    Lire aussi :   Les cours du pétrole rechutent après l’échec de la réunion de Doha

    • Pourquoi un tel revirement de l’Arabie saoudite ?

    L’Arabie saoudite a un besoin urgent de pétrodollars supplémentaires. La situation financière du royaume wahhabite, premier exportateur mondial de brut, s’est fortement dégradée. Le déficit budgétaire a atteint 98 milliards de dollars en 2015 et il représentera près de 14 % de son PIB cette année. Riyad a dû se résoudre à annoncer des réductions de salaire de ses fonctionnaires, une mesure sans précédent dans son histoire. À plus long terme, le pays veut sortir de sa dépendance à l’or noir.

    Lire aussi :   Le pétrole, autre guerre entre l’Iran et l’Arabie saoudite

    • Pourquoi les analystes restent-ils sceptiques ?

    Après cette décision, le plus dur reste à faire lors de la réunion de l’OPEP, le 30 novembre, à Vienne. Il faudra en effet déterminer la contribution de chaque pays. Riyad a visiblement assoupli sa position, qui consistait à refuser tout gel tant que Téhéran et des pays non-OPEP comme la Russie ne seraient pas prêts à partager l’effort.

    Lire aussi :   Baisse du prix du pétrole : qu’est-ce que l’OPEP ?

    Finalement, trois pays seraient autorisés à produire « à des niveaux maximum qui font sens », a indiqué le ministre saoudien du pétrole, Khalid Al Falih : l’Iran, pénalisé par les sanctions internationales ; le Nigeria, touché par des attaques de rebelles sur ses installations pétrolières du delta du Niger ; et la Libye, ravagée par la guerre civile.

    Mais les analystes savent aussi que les membres de l’OPEP n’ont pas toujours respecté les quotas de production qui leur étaient attribués. Et que les Russes, en dépit de leurs déclarations, n’ont jamais fait de gros efforts pour resserrer les vannes. Signe que les analystes ne surestiment pas l’importance de cet accord d’Alger, les cours du pétrole sont repartis à la baisse, jeudi après-midi, en Asie.

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  • Le chômage repart à la hausse en août

    LE MONDE | 26.09.2016 à 17h59 • Mis à jour le 26.09.2016 à 19h46 | Par Sarah Belouezzane

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    Dans une agence de Pôle emploi, à Paris, en 2013.

    Le mois d’août, période estivale propice aux défauts d’actualisation, réserve souvent des surprises sur le front des chiffres de Pôle emploi. Celle de cette année ne devrait pas faire plaisir au gouvernement. Lui qui tablait sur une baisse sensible du nombre de demandeurs d’emploi d’ici à la fin de l’année doit faire face, cette fois-ci, à une hausse importante.

    Au mois d’août, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A a augmenté donc de 50 200 personnes en France métropolitaine. Cela représente une hausse de 1,4 % par rapport au mois précédent, de quoi largement compenser la baisse spectaculaire de 19 000 personnes inscrites en catégorie A en juillet.

    En août, 3,5 millions de personnes étaient donc inscrites dans les registres de l’organisme. En tout, c’est-à-dire en comptant les travailleurs en activité réduite et les chômeurs en formation, le nombre de demandeurs d’emploi en France métropolitaine s’établit à 6,2 millions de personnes pour le mois d’août.

    Selon le ministère du travail, ce mauvais résultat s’explique d’abord par un « trou d’air conjoncturel » qu’a connu l’économie française au mois d’août, lequel est principalement dû aux « difficultés rencontrées dans certains secteurs d’activité particulièrement affectés par les attentats de juillet (tourisme, hôtellerie-restauration, commerce de loisir, notamment) ».

    Promouvoir la « destination France »

    Les attentats qui ont frappé le pays cet été ont, semble-t-il, eu un impact considérable sur le secteur du tourisme. Selon une enquête de l’Insee, le climat des affaires dans l’hôtellerie et la restauration a perdu 11 points (sur une base de 100) sur le huitième mois de l’année. Signe de la profonde dépression qui traverse un pan de l’économie habituellement prospère. La France caracolant tous les ans dans le trio de tête des destinations préférées des touristes.

    Pour éteindre l’incendie, un comité d’urgence économique pour le tourisme a été créé cet été par Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères. Il a pour but de promouvoir « la destination France » et de redresser la situation.

    Mais ce n’est pas tout. Les mauvais chiffres du mois d’août s’expliquent aussi, selon le ministère, par « une augmentation inhabituelle du nombre d’actualisations des demandeurs d’emploi », dit un communiqué. En août, le nombre de jours ouvrés était supérieur à celui des mois derniers, ce qui a donné plus de temps aux demandeurs d’emploi pour mettre à jour leur situation. Les chiffres ont donc mécaniquement augmenté, explique-t-on au 127 de la rue de Grenelle, où l’on veut croire qu’il n’y a pas encore péril.

    Bien qu’ayant augmenté en août, le nombre de demandeurs en catégorie A a en effet baissé de 0,3 % sur trois mois. Ensuite, depuis le début de l’année, ils sont 23 700 de moins à pointer au Pôle emploi tous les mois. Le gouvernement, qui table sur une croissance à 1,5 % pour 2016, espère ainsi que les prévisions de l’Unedic (124 000 chômeurs de moins sur l’année) se réaliseront.

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  • Entreprise

    Feu vert américain pour la vente d'avions

    Boeing et Airbus à l'Iran

    Le 22.09.2016 à 07h37

    LIEN

     

    Une licence a été accordée à Airbus pour la vente de 17 moyen-courriers A320 et des longs-courriers A330. Boeing a aussi obtenu le feu vert des Etats-Unis pour vendre des avions neufs à l'Iran.

    Boeing a obtenu le feu vert américain pour vendre des avions neufs à l'Iran

    Boeing a obtenu le feu vert américain pour vendre des avions neufs à l'Iran PAUL J. RICHARDS / AFP

    L'accord donné par les Etats-Unis à la vente d'Airbus et de Boeing à l'Iran lui permet non seulement de moderniser sa flotte aérienne, mais aussi de rassurer les grandes banques et sociétés étrangères qui veulent y travailler. Une première licence a été accordée à Airbus pour la vente de 17 moyen-courriers A320 et des long-courriers A330. L'avionneur européen espère obtenir une seconde licence prochainement. De son côté, l'avionneur américain Boeing a annoncé avoir obtenu le feu vert des Etats-Unis pour vendre des avions neufs à l'Iran, une première depuis la Révolution islamique de 1979.

    Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que d'autres autorisations seraient accordées "ces prochaines semaines" après une réunion entre l'Iran et les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) à New-York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

    La compagnie nationale iranienne Iran Air avait signé en janvier un protocole d'accord avec Airbus pour l'achat de 118 appareils pour un montant de 10 à 11 milliards de dollars. Pour sa part, Boeing avait conclu en juin un protocole d'accord pour la vente de près de 110 appareils. Les deux sociétés devaient obtenir l'accord du Trésor américain pour finaliser les contrats.

    Une bonne surprise

    L'annonce des licences accordées par l'Office pour le contrôle des avoirs étrangers (OFAC), qui dépend du Trésor américain, a été une bonne surprise, alors que les responsables iraniens n'ont cessé de critiquer ces derniers mois l'attitude des Etats-Unis.

    Malgré l'entrée en vigueur en janvier de l'accord nucléaire conclu avec le groupe 5+1, Washington continue d'imposer des sanctions contre l'Iran à cause de son programme balistique, son soutien à certains groupes comme le Hezbollah libanais ou des groupes islamistes palestiniens considérés comme "terroristes" ou encore à cause de la situation des droits de l'Homme dans le pays.

    Depuis New York, où il se trouve pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies, le président Hassan Rohani a critiqué "la politique du Trésor américain qui complique les transactions entre les grandes banques et sociétés étrangères avec l'Iran", selon l'agence officielle Irna.

    Mais de fait, les licences accordées par l'OFAC vont permettre d'entamer la modernisation de la flotte aérienne de l'Iran, même si aucun calendrier n'a été donné pour les livraisons des appareils. Une flotte actuelle est composée de 140 avions dont la moyenne d'âge est d'environ 20 ans. Le pays aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, selon l'Organisation iranienne de l'aviation civile.

    "Ces licences vont permettre à des constructeurs plus petits, qui n'avaient pas les moyens d'Airbus et de Boeing de faire pression sur les Etats-Unis, pour obtenir aussi des autorisations pour vendre des avions à l'Iran", écrit le quotidien économique iranien Donaye Eghtessad.

    L'Iran a déjà annoncé la commande de 40 avions au groupe français ATR, 50 au brésilien Embraer, 20 autres au japonais Mitsubishi.

    "Tabou brisé"

    L'annonce des autorisations américaines a été bien accueilli dans les milieux économiques et bancaires iraniens.

    "Un tabou est brisé. Cet accord va permettre d'apaiser la peur des grandes banques et sociétés étrangères qui veulent travailler avec l'Iran", a déclaré à l'AFP un responsable d'une banque privée iranienne sous couvert d'anonymat. "Il va permettre de mettre en place des canaux financiers pour que les grandes banques étrangères puissent travailler avec l'Iran".

    "Certains experts estiment qu'on peut s'attendre à une reprise prochaine des relations entre les grandes banques occidentales et les banques iraniennes", affirme de son côté le quotidien Donaye Eghtessad.

    En effet, le montage financier des accords avec Airbus et Boeing, de plusieurs milliards de dollars, nécessite l'intervention des grandes banques internationales, affirme le journal.

    Enfin, sur le plan politique, le président Rohani, qui devrait se présenter pour un second mandat lors de la présidentielle de mai 2017, pourra également s'appuyer sur la mise en oeuvre de ces accords avec Airbus et Boeing pour soutenir que l'accord nucléaire et sa politique d'entente avec la communauté internationale, critiquée par une partie des conservateurs, porte ses fruits.

    (Avec AFP)

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    « Bahamas Leaks » : une nouvelle brèche dans l’opacité des paradis fiscaux

    Une série de documents confidentiels montrent comment l’archipel continue de jouer un rôle de plaque tournante de la finance offshore.

    LE MONDE | 21.09.2016 à 20h01 • Mis à jour le 21.09.2016 à 20h17 | Par Maxime Vaudano, Anne Michel et Jérémie Baruch

    Cinq mois après les « Panama papers », Le Monde et les médias partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont eu accès à de nouveaux documents confidentiels sur le monde opaque des paradis fiscaux : les « Bahamas Leaks ».

    Les « Bahamas Leaks » en bref

    • Cinq mois après les « Panama papers », Le Monde et ses partenaires du consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont eu accès à de nouveaux documents confidentiels sur le monde opaque des paradis fiscaux : les « Bahamas Leaks ».

    • Ces documents obtenus par la Süddeutsche Zeitung portent sur 175 480 structures offshore enregistrées aux Bahamas entre 1959 et 2016. Ils dressent l’équivalent d’un « registre du commerce » pour ce paradis fiscal opaque, levant le voile sur l’identité des administrateurs de certaines de ces sociétés, jusque-là anonymes.

    Ces documents, obtenus par la Süddeutsche Zeitung et partagés à l’ICIJ, portent sur 175 480 structures offshore enregistrées dans ce paradis fiscal des Caraïbes entre 1990 et 2016. Ils dressent l’équivalent d’un registre du commerce public pour ce centre financier opaque, levant en partie le voile sur l’identité des directeurs de ces sociétés écrans.

    Certaines de ces informations sont accessibles, moyennant redevance, en se rendant physiquement au registre du commerce des Bahamas ou à travers sa version numérique. L’ICIJ et ses partenaires ont toutefois pu constater que les informations disponibles dans ces registres officiels étaient parfois incomplètes ou même contredites par des documents issus des « Bahamas Leaks ». Ainsi, cette nouvelle fuite révèle les liens de l’ancienne commissaire européenne Neelie Kroes avec une société offshore aux Bahamas sans que l’information figure au registre du commerce bahamien.

    Lire l’enquête intégrale :   L’ancienne commissaire européenne Neelie Kroes rattrapée par sa société offshore

    Incertitudes et prête-noms

    Ces documents permettent aussi de retrouver la trace de plusieurs dirigeants mondiaux en tant qu’administrateurs de sociétés offshore, comme le ministre des finances canadien Bill Morneau, le vice-président angolais Manuel Vicente, l’ancien émir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al-Thani (1995-2013), l’ancien premier ministre de Mongolie Sukhbaataryn Batbold (2009-2012) ou encore l’ancien ministre colombien des mines Carlos Caballero Argaez.

    En l’absence des documents internes complémentaires qui avaient étayé les enquêtes des médias partenaires de l’ICIJ avec les « Panama papers », il est bien souvent impossible de savoir si les personnalités ont utilisé les sociétés offshore des « Bahamas Leaks » à des fins légales ou non, que ce soit pour de la fraude fiscale ou du blanchiment d’argent. Dans l’attente d’éventuelles enquêtes judiciaires, le public doit se contenter des explications fournies par les principaux intéressés. Ces documents ne révèlent par ailleurs que rarement l’identité réelle des actionnaires et des bénéficiaires finaux de ces sociétés, souvent différents des administrateurs que l’on peut trouver au registre du commerce, qui peuvent être de simples prête-noms.

    « Un service pour le public »

    A l’instar des « Panama papers », le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung n’a pas souhaité révéler l’identité de la source qui lui a permis d’entrer en possession des « Bahamas Leaks », afin de la protéger.

    Le consortium ICIJ, qui a coordonné cette nouvelle publication, a décidé de rendre publique une grande partie de ces informations (nom des sociétés, dates de création et de dissolution, identité des administrateurs et des intermédiaires, etc.) pour venir enrichir sa base de données en ligne de l’offshore, sorte de registre du commerce des paradis fiscaux constitué par les données issues des enquêtes « Offshore Leaks », « Panama papers » et désormais « Bahamas Leaks ». « Nous estimons que c’est un service pour le public de rendre librement accessibles ce genre d’informations basiques, explique son directeur Gerard Ryle. De nombreuses preuves suggèrent que, là où il y a du secret dans le monde de l’offshore, il y a des risques de malversations. Alors, éliminons le secret. »

    #BahamasLeaks Le lexique de l'offshore

    Actionnaire

    Propriétaire déclaré d’une société offshore. Certains actionnaires possèdent réellement le capital de ces sociétés, d’autres ne sont que des prête-noms.

    Action au porteur

    A la différence de l’action nominative, l’action au porteur est anonyme et permet aux propriétaires réels des sociétés offshore de dissimuler leur identité. Ce type de titre, qui organise une opacité totale sur l’actionnariat, est en train de disparaître. Le Panama est l’un des derniers pays à en proposer.

    Action nominative

    L’action nominative est l’inverse de l’action au porteur : l’identité des personnes physiques ou morales qui détiennent ce genre d’action est révélée. Les entreprises des pays transparents émettent ce type de titres.

    Administrateur

    Personne qui dirige une société, qui peut être indifféremment directeur ou membre du conseil d’administration. Dans les sociétés offshore, cela n’implique pas de gérer une activité, mais d’assumer la responsabilité légale et de signer les documents de la société.

    Agent de domiciliation de sociétés offshore

    C’est l’une des activités principales du cabinet d’avocats Mossack Fonseca : l’enregistrement de sociétés dans des paradis fiscaux pour le compte de ses clients, un métier qui implique une solide connaissance du droit. En appui, la firme propose d’autres services : la location de prête-noms, des services bancaires…

    Ayant-droit ou bénéficiaire économique

    Personne qui tire les véritables bénéfices d’une société, même si elle n’apparaît pas officiellement comme actionnaire ou administrateur.

    Blanchiment d'argent

    Le blanchiment d’argent consiste à dissimuler des fonds de provenance illicite (trafic de drogue, vente d’armes, fraude fiscale…) pour les réinvestir dans des activités légales et donc les recycler. Les sociétés offshore sont parfois utilisées pour blanchir de l’argent.

    Certificat d'actions

    Document certifiant qu’une personne est actionnaire d’une société ou qu’elle détient un nombre d’actions donné. Si le certificat est émis au porteur, et non pas à une personne ou à une entité nommément désignée, il s’agit d’un certificat d’action au porteur.

    « Compliance »

    Ensemble des procédures de vérification de conformité qu’un cabinet comme Mossack Fonseca a l’obligation de mener auprès de ses clients. Il vérifie notamment que ceux-ci n’ont pas d’antécédents judiciaires, qu’ils ne figurent pas sur une liste de sanctions internationales ou ne sont pas des personnalités politiquement exposées (présentant un risque).

    Echange automatique de données

    Cette procédure sera mise en place à compter de 2017 ou 2018. Elle consiste, pour les Etats, à s’échanger, de façon systématique, les informations bancaires sur les contribuables (comptes bancaires ouverts à l’étranger, parts de société etc.).
    Les pays du G20 ont appelé à la généralisation de l’échange automatique, perçu comme le meilleur outil pour lutter contre la fraude fiscale. Les paradis fiscaux sont invités à mettre en place ce standard pour sortir des listes noires des pays non coopératifs.

    Évasion/optimisation fiscale

    Utilisation de moyens légaux pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. Elle suppose une bonne connaissance des lois et de ses failles.

    Exilé fiscal

    Se dit d’une personne qui, pour échapper à un impôt qu’elle considère trop important, déménage dans un pays à la fiscalité plus légère.

    Fondation

    Entité légale qui agit comme une société offshore, mais garantit plus d’opacité. Les fondations ne sont soumises à aucune forme d’imposition au Panama. Les noms des bénéficiaires ne sont pas divulgués. Les fondations n’ont pas à produire de rapports financiers.

    Fraude fiscale

    Utilisation de moyens illégaux pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. Le fait de déplacer des capitaux dans des juridictions étrangères sans en avertir le fisc constitue une forme de fraude fiscale.

    Holding

    Généralement, société dont la seule activité est de prendre des participations dans d’autres sociétés. Nombreux sont ceux qui créent des holdings au Luxembourg pour gérer leurs affaires, car l’imposition y est très faible.

    Intermédiaire financier

    Personne ou institution qui fait le lien entre le bénéficiaire réel d’une société offshore ou un compte et l’agent de domiciliation, comme Mossack Fonseca, qui l’ouvre effectivement. Cet intermédiaire peut être un avocat fiscaliste, un gestionnaire de fonds ou une banque.

    Paradis fiscal

    Pays ou territoire où certains impôts sont très bas, voire inexistants, et qui cultive une certaine opacité sur les titulaires des comptes et des sociétés. Leur définition varie selon l’époque et l’organisation qui établit la liste des paradis fiscaux.

    Port franc/zone franche

    Zone où l’on peut entreposer des biens sans qu’ils soient soumis aux taxes douanières. De nombreuses œuvres d’art sont par exemple stockées dans le port franc de Genève.

    Prête-nom(s)

    Personne qui agit au nom d’une autre comme actionnaire ou administrateur d’une société. L’utilisation de prête-noms permet de dissimuler l’identité du bénéficiaire réel.

    Procuration

    Autorisation donnée à une personne, physique ou morale, de représenter une société offshore. La procuration confère des droits, dont la gestion sans restriction de la société, la signature de contrats, l’achat de produits financiers ou encore la possibilité d’emprunter ou de prêter de l’argent. Chaque autorisation spécifie quels pouvoirs sont donnés à la personne qui agit au nom de la société.

    Société coquille

    Société déjà créée qui ne détient pas ou peu d’actifs (comme une coquille vide) et qui n’exerce pas d’activité économique réelle. Elle peut servir à détenir discrètement des comptes en banque, des participations ou des investissements.

    Société écran

    Société fictive créée dans le but d’opacifier les transactions financières d’autres sociétés.

    Société offshore

    Littéralement, « offshore » signifie « extraterritorial ». Une société offshore est enregistrée dans un pays non pour y exercer une activité, mais pour disposer d’une boîte à lettres – souvent pour profiter des avantages fiscaux ou réglementaires du paradis fiscal choisi.

    Trust/fiducie/fiduciaire

    Une fiduciaire (du latin fiducia, « confiance ») est la personne physique ou la société qui détient temporairement de l’argent ou des biens pour le compte d’un tiers (le fiduciant). A charge pour la fiduciaire de gérer les fonds ou les mandats qui lui ont été transférés. Le trust, ou fiducie, est le contrat qui lie ces deux parties. Quant aux sociétés fiduciaires, ce sont des structures spécialisées dans ces opérations.

    Lire aussi :   Trois mois après, qu’ont changé les « Panama papers » ?

    Ce qui différencie les « Bahamas Leaks » des « Panama papers »

    1. L’origine :

    • Les « Panama papers », documents internes du cabinet panaméen Mossack Fonseca, portaient sur des sociétés offshore domiciliées dans une vingtaine de paradis fiscaux différents (Panama, Bahamas, îles Vierges, Hong-Kong, etc.).
    • Les « Bahamas Leaks » portent sur la seule juridiction des Bahamas, mais sur des sociétés immatriculées par 539 domiciliateurs différents (dont Mossack Fonseca).

    2. La nature des documents :

    • Les « Panama papers » révélaient à la fois des informations officielles mais non publiques (comme le nom des administrateurs des sociétés offshore), mais également des informations confidentielles en possession de Mossack Fonseca (courriers, contrats, registres, etc.), qui permettaient parfois de lever le voile sur l’identité réelle des bénéficiaires et les activités de ces sociétés.
    • Les « Bahamas Leaks » sont, pour l’essentiel, un registre du commerce, muet sur le nom des actionnaires, des bénéficiaires et les activités des sociétés offshore bahaméennes.

    3. L’ampleur de la fuite :

    • Les « Panama papers » étaient constitués de 11,5 millions de fichiers portant sur 214 488 structures offshore, soit 2 600 gigaoctets de données.
    • Les « Bahamas Leaks » représentent 1,3 millions de fichiers portant sur 175 888 sociétés offshore, soit 38 gigaoctets.


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  • Comment les émergents pilotent leur devise

    Nessim Ait-Kacimi Le 19/09 à 06:00     LIEN

     

    Les banques centrales interviennent pour canaliser la volatilité de leur devise.

    Les réserves de change des banques centrales des pays émergents ont bondi de 4.000 à 6.100 milliards de dollars entre 2009 et aujourd'hui, selon la dernière revue trimestrielle de la Banque des règlements internationaux (BRI). Cette hausse est en partie à mettre sur le compte de leurs interventions sur le marché des changes. Avant 2008, les pays émergents ont plutôt vendu leur monnaie pour la rendre compétitive dans le cadre de la guerre des changes, menée tambour battant par des pays comme la Chine. Dans la crise, elles ont soutenu leurs devises, très attaquées, et repris leurs bonnes vieilles habitudes, des ventes de monnaies quand la conjoncture s'est un peu améliorée en 2010-2011. Depuis 2013, les pays émergents soutiennent davantage leur devise qu'ils ne cherchent à la rendre compétitive par rapport aux autres. Les émergents doivent aussi intervenir pour canaliser la volatilité de leur devise, qui trouve notamment sa source dans les mouvements erratiques d'entrée et sortie de capitaux étrangers de leurs marchés.

    Les banques centrales peuvent intervenir directement sur le marché au comptant ou traiter des produits dérivés de change, ce qui leur permet d'économiser leurs munitions (réserves de change) tout en étant plus flexibles. Exemples ? Les autorités monétaires coréennes, brésiliennes et russes négocient parfois des contrats d'échange de devises (swaps) alors que le Pérou passe par le biais des contrats à terme et que la Colombie a recours aux options de change. « Un certain nombre de banques centrales sont très transparentes sur leurs interventions. Ainsi, le Chili et la Colombie ont mis en place des programmes où le montant de leurs interventions et leur durée sont annoncés à l'avance aux marchés. Cela revient à signaler que leurs actions seront limitées, prévisibles et qu'elles n'ont pas de cible explicite de taux de change », souligne la BRI.

    Surprendre reste un des moyens d'être efficace

    La suspicion de mener une « guerre des changes » (course à l'affaiblissement de sa monnaie) est courante dans les pays émergents. Ainsi, la banque centrale de Corée est intervenue au mois d'août assez massivement pour vendre des wons contre des dollars, sa devise ayant atteint un plus haut depuis quinze mois. Seulement, en termes réels et par rapport à un panier de monnaies, la devise est inférieure de 15 % à sa moyenne entre 2005 et 2007. Les autorités interviennent régulièrement pour obtenir un regain de compétitivité de leur devise, ce qui favorise leur excédent courant.

    La transparence à l'égard des marchés peut aussi jouer des tours. Exemple : fin 2014, les autorités mexicaines annoncent les conditions à partir desquelles elles interviendront sur le peso. Les spéculateurs utilisent ces informations contre la banque centrale, qui jette l'éponge en février 2016. La perspective d'une victoire de Donald Trump et le regain de volatilité et de pression que cela entraînerait pour le peso nécessitent que la banque centrale ne communique pas ses plans aux marchés. Surprendre reste un des moyens d'être efficace. Une taille importante des réserves de change, un matelas de sécurité, peut aussi intimider les spéculateurs. En effet, « plus les risques augmentent, plus les intervenants de marché accordent de l'importance aux réserves de change car un niveau élevé de ces dernières signale une capacité de réaction des banques centrales face aux chocs », explique la BRI.

    N. A.-K., Les Echos
     
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