(AOF) - EDF (EDF-9,74 € -3,64 %) cède 1,57% à 9,951 euros après avoir révisé à la baisse son objectif de production nucléaire et son Ebitda 2016. Le groupe table désormais sur une production nucléaire pour l'année 2016 de 380-390 TWh à 378-385 TWh. L'objectif d'Ebitda 2016 est attendu pour sa part à 16,0-16,3 milliards d'euros contre 16,3-16,6 milliards d'euros précédemment.
Comme indiqué dans le 21 octobre 2016, EDF a soumis le 7 octobre dernier un dossier technique à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) justifiant le fonctionnement en toute sûreté de l'ensemble des réacteurs concernés par la problématique de ségrégation carbone dans les fonds de générateurs de vapeur.
Dans le cadre de ce dossier et des échanges avec l'ASN, EDF a informé ce matin les marchés de l'électricité du report à fin décembre 2016 du redémarrage de 5 réacteurs : Bugey 4, Gravelines 2, et Tricastin 1, 3 et 4.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Premier opérateur français d'électricité (production nucléaire pour 54 %, devant le charbon, le fioul et l'hydraulique) et un des leaders européens de l'énergie, diversifié dans le gaz ;
- Forts besoins énergétiques dans le monde ;
- Stratégie du « mix génération » renforcée avec la prise de contrôle total d'EDF Energies renouvelables, activité en forte croissance ;
- A l'international, rentabilité élevée de la filiale italienne Edison, renforcement des positions dans le nucléaire au Royaume-Uni et succès de la filiale de services à l'énergie Dalkia ;
- Prolongement à 50 ans de la durée de vie des centrales, hors celle de Fessenheim ;
- Accord de partenariat stratégique avec Areva (AREVA-4,74 € -0,44 %), EDF prenant le contrôle majoritaire des activités de services et fabrication de réacteurs ;
- Politique généreuse de distribution des dividendes de 55 % à 65 % du résultat courant.
Les points faibles de la valeur
- Faible visibilité en raison de la dimension « politique » de la valeur : intervention de l'Etat, notamment sur la hausse des tarifs de l'électricité, débat sur la sûreté nucléaire, interrogations sur la future formule de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) ;
- Faible visibilité sur les conséquences des « stress tests » réalisés sur le parc nucléaire du groupe et plus généralement sur le niveau des investissements nécessaires (hausse des dépenses de maintenance, durée de vie des centrales, fermeture de certains sites…) ;
- En Europe, spirale déflationniste des prix de vente du Kwh du fait de la surabondance de l'offre –recul des prix du charbon et du CO2 et la montée en puissance des énergies renouvelables ;
- En France, incertitudes liées au futur plan de transition énergétique visant à diminuer à 50 % contre 73 % en 2013 la part du nucléaire dans la production française et attente de la compensation pour l'éventuelle fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim ;
- Positions à l'international encore trop faibles, la France restant le plus gros contributeur à l'excédent brut d'exploitation (82 %), loin devant le Royaume-Uni (13 %) et l'Italie (5 %) ;
- Risque industriel et financier de la construction de la centrale anglaise d'Hinkley Point ;
- Endettement élevé, avec un risque d'abaissement de la notation ;
- Recul de l'activité dans toutes les divisions en début d'année ;
- Fort repli du cours, loin du prix d'introduction de 32 euros en 2005.
Comment suivre la valeur
- Secteur des « utilities » (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), traditionnellement considéré comme défensif mais actuellement considéré à risque dans un environnement de pression fiscale accrue ;
- Activité encadrée par la loi NOME (libre concurrence entre tous les acteurs du marché et revente du quart de la production d'électricité nucléaire d'EDF à ses concurrents) avec des prix de l'électricité administrés en France d'où des difficultés à faire passer le coût de maintien du réseau dans les tarifs ;
- Evolution des prix, dont la faiblesse ne permet pas de couvrir les coûts fixes dans les centrales nucléaires ;
- Stratégie 2018
:
livraison de grands projets -terminal méthanier de Dunkerque, EPR de Flamanville 3, énergies renouvelables-, poursuite de la maîtrise des coûts et retour à un cash-flow positif après dividendes ;
- Trajectoire d'investissements sur 2016/20 : recul à 10,5 Mds€ des investissements en 2018 (hors Linky et Hinkley Point), cession de 10 Md€ d'actifs et hausse à 1 Md€ des économies de coûts à partir de 2019 ;
- Evolution de l'endettement dont la maîtrise dépend de l'accueil du marché à l'augmentation de capital de l'automne, souscrite à 80 % par l'Etat, des cessions d'actifs et de l'exercice de l'option de paiement en actions du dividende ;
- Objectif 2016 d'un excédent brut d'exploitation entre 16,3 et 16,8 Mds€
- Société publique contrôlée à hauteur de 84,5 % par l'Etat.
Services aux collectivités
Les énergéticiens sont obligés d'adapter leur stratégie aux bouleversements majeurs auxquels ils sont confrontés. Ainsi Engie (ENGI-12,67 € 0,16 %) a annoncé un plan stratégique à trois ans très ambitieux, pour devenir le leader de la transition énergétique dans le monde. Le groupe souhaite se désengager des activités les moins rentables, comme les centrales électriques ou l'exploration-production, pour réinvestir dans des activités moins risquées, comme les infrastructures gazières (réseaux de gazoducs ou de distribution), et dans les énergies renouvelables et les services à l'énergie. Les allemands E.ON et RWE se trouvent dans une situation encore plus difficile, car ils sont en plus confrontés à la décision des autorités allemandes de sortir du nucléaire. Dans le cadre de ce " tournant énergétique " (" Energiewende "), ces groupes devront consacrer environ 36 milliards d'euros au démantèlement des centrales nucléaires et à la gestion des déchets.