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Norbert Hofer, ou l’extrême droite présidentiable
Mis à jour à 18h03Faisant de lui le favori du second tour de ce dimanche, son score du premier round, le 24 avril, a provoqué un séisme politique dont les répliques ont été ressenties bien au-delà des frontières autrichiennes. Avec 35% des suffrages, Norbert Hofer a en effet réalisé le meilleur résultat de sa formation dans une élection nationale.
Pour la première fois dans l’histoire de la République alpine, un candidat du FPÖ (Parti de la liberté, extrême droite) virait largement en tête d’un scrutin présidentiel, devançant de plus de 13 points son futur adversaire, l’indépendant et ancien vert Alexander Van der Bellen (21,3%).
Partis traditionnels exclus
Mais surtout, surfant sur la crise des migrants et la désaffection des électeurs pour la grande coalition au pouvoir, Norbert Hofer excluait du second tour les candidats des deux grands partis traditionnels – SPÖ (social-démocrate) et ÖVP (conservateur), qui recueillaient moins de 12% des voix chacun. Du jamais vu.
Mais qui est cet ingénieur aéronautique de 45 ans, au discours policé et au physique avenant – malgré un léger handicap dû à un accident de parapente – dont les Autrichiens pourraient faire dimanche leur président? «Il ne faut pas s’y tromper, Norbert Hofer est ce que j’appelle un extrémiste de droite en complet veston», explique Gilbert Casasus, professeur en études européennes à la Faculté des lettres de l’Université de Fribourg et spécialiste des droites européennes. «Homme de second plan, Hofer a toujours travaillé dans l’ombre, ce qui fait croire qu’il est un homme neuf. Mais cela fait vingt ans qu’il œuvre au sein du FPÖ dont il défend les thèses dures du leader Heinz-Christian Strache.»
Ligne dure
A ce propos, il est éclairant de rappeler qu’en 2005, alors que Jörg Haider, débordé sur sa droite par Strache, cédait les rênes du FPÖ à ce dernier et créait sa propre formation, Hofer optait pour la ligne dure du nouveau chef.
L’élection présidentielle de cette année va faire sortir Hofer de l’ombre. Son parti le met en avant car il présente un profil de gendre idéal. Il a un discours apparemment plus modéré dont il a exclu les expressions ouvertement xénophobes et antisémites. Il met l’accent sur le pouvoir d’achat et les questions sociales, captant de nombreux électeurs du SPÖ. Bref, il offre un visage beaucoup plus rassurant que celui de Strache. «Il n’en est pas moins dangereux», met en garde Gilbert Casasus.
Cela dit, si la question des migrants a joué un rôle important dans la percée du candidat Hofer, le professeur Casasus y voit un phénomène circonstanciel. «En fait, cela fait depuis la prise du FPÖ par Haider en 1986 que l’Autriche est confrontée à une extrême droite forte. Une extrême droite qui, rappelle l’universitaire, a été aux responsabilités – Haider fut gouverneur de Carinthie et le FPÖ dans le gouvernement Schüssel en 2000.
Victoire possible
Est-ce à dire que les Autrichiens vont faire le pas dimanche et élire Norbert Hofer à la présidence? «C’est possible, estime Gilbert Casasus, dans la mesure où il n’y a pas eu vraiment de sursaut républicain entre les deux tours.»
«Ce qui est clair, conclut l’analyste, c’est qu’une victoire, dimanche, de l’indépendant Van der Bellen serait un vote de raison, alors que celle de Hofer serait non seulement celle de la déraison, mais elle plongerait l’Autriche dans un abîme politique.»
(24 heures)(Créé: 20.05.2016, 18h03)
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Tags : europe, politique, présidentielle, élection, autriche, Norbert Hofer, extrême droite, présidentiable, indépendant, Van der Bellen, dimanche, favori, second tour
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