• Omar Omsen, le djihadiste français "mort-vivant"

    Omar Omsen, le djihadiste français "mort-vivant"

    par et , publié le 30/05/2016 à 12:49 , mis à jour à 12:55 LIEN
    Omar Diaby, djihadiste de 40 ans, est considéré comme l'un des principaux recruteurs de combattants français. Capture d'écran.
    Omar Diaby, djihadiste de 40 ans, est considéré comme l'un des principaux recruteurs de combattants français. Capture d'écran.

    France 2 / Complément d'enquête

     

    Annoncé mort par les réseaux djihadistes à l'été 2015, Omar Diaby, dit "Omar Omsen", est en réalité toujours en vie et se trouve en Syrie. Ce célèbre recruteur originaire de Nice, décrit comme "charismatique", a exercé une influence sur un grand nombre de Français. Eléments de parcours

    Sourire large, vêtu d'un tee-shirt kaki, il accueille à bras ouverts le journaliste syrien envoyé par France 2. Dans un reportage de l'émission Complément d'enquête, qui sera diffusé jeudi soir, la chaîne de télévision révèle que le djihadiste français Omar Diaby est toujours vivant. Le combattant niçois d'origine sénégalaise, célèbre pour avoir embrigadé des dizaines de jeunes, était donné pour mort depuis août 2015. La rumeur était partie des réseaux sociaux, largement diffusée par la sphère djihadiste, avant d'être reprise par plusieurs médias. 

    C'est en travaillant sur les recruteurs français que France 2 a été contactée par "Omar Omsen" [son surnom de combattant]. Le Français de 40 ans assure que l'annonce de sa mort n'était qu'un leurre destiné à lui permettre de quitter la Syrie pour subir une opération chirurgicale "dans un pays arabe". Après accord d'Omar Omsen, la chaîne a envoyé une équipe syrienne à sa rencontre dans les conditions fixées par ce dernier. Le djihadiste est toujours à la tête d'une katiba [brigade] de combattants français, laquelle a prêté allégeance au Front al-Nosra, groupe terroriste affilié à Al-Qaida et concurrent de l'organisation Etat islamique (EI). 

    "Un coup de publicité"

    Radicalisé en prison, où il a purgé des peines pour des délits de droit commun, Omar Omsen est visé depuis 2013, date de son départ pour le djihad, par une information judiciaire et un mandat d'arrêt international. Les services antiterroristes ne se disent pas étonnés par son retour médiatique. "Par principe, nous sommes toujours prudents concernant les morts des djihadistes. Tant que l'on n'a pas une preuve formelle du contraire, ils sont toujours considérés comme en vie", commente une source proche de l'enquête auprès de L'Express. 

    En réalité, les premières rumeurs concernant la "résurrection" d'Omar Omsen ont été diffusées dès avril sur Twitter par le journaliste David Thomson. "J'ai été contacté par des sources pro-Al-Qaida. Elles me disaient que sa mort n'était qu'un fake, qu'il vivait en clandestinité. Le bruit a pris de plus en plus d'ampleur. Je pense qu'Omar Omsen a ressenti le besoin d'officialiser la nouvelle et en a profité pour s'offrir un coup de publicité. Un Français d'origine sénégalaise dans le Nord de la Syrie, cela ne passe pas inaperçu", explique le spécialiste des français djihadistes à L'Express. 

    "On l'a vu avec Tupac et Mickael Jackson (sic)!"

    Pour David Thomson, il faut prendre avec prudence les raisons évoquées par Omar Omsen pour justifier son subterfuge. Il n'existe aucune preuve que le djihadiste français a été grièvement blessé par l'armée syrienne sur le champ de bataille, comme l'ont laissé entendre les rumeurs sur sa mort. A l'époque, les combattants répétaient qu'il avait succombé après une longue agonie. 

    "Ce qui est étonnant, c'est que sa brigade n'est pas réputée pour combattre régulièrement. Peut-être qu'Omar Omsen avait plutôt intérêt à se faire discret en Syrie pour quelques temps. Sa vie est menacée par les djihadistes de l'EI mais aussi par d'autres brigades", observe le journaliste. Ses fils ont d'ailleurs tenté à maintes reprises, via les réseaux sociaux, de maintenir la version de sa mort. Ils sont également soupçonnés d'avoir créer un compte sur Twitter pour se moquer des informations disant le contraire. "On l'a vu [Omar Omsen, NDLR] avec Tupac et Mickael Jackson (sic) chez Zara", ironisent-ils début avril, en réponse aux tweets de David Thomson.  

     

    Le djihadiste français avait-il un autre plan en tête lorsqu'il s'est caché? Plusieurs terroristes de Daech, comme Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur présumé des attaques du 13 novembre, ont délibérément laissé courir la rumeur de leur mort pour revenir incognito en Europe et commettre des attentats. Dans le reportage de France 2, Omar Omsen légitime les tueries qui ont frappé la France en 2015, dont celle de Charlie Hebdo

    Contesté dans les milieux djihadistes

    Aux yeux des spécialistes du djihad, Omar Omsen ne bénéficie plus de la même aura qu'auparavant. Et n'enrôlerait guère plus personne. "Il a toujours été décrit comme charismatique. Il était très actif sur les réseaux sociaux. Je pense qu'au moins un quart des djihadistes français a été sous son influence directement ou indirectement. Mais c'était avant que l'EI ne ringardise Al-Qaida avec ses vidéos sophistiquées et prenne de l'essor", souligne David Thomson.  

    Selon le spécialiste, Omar Omsen paie sa fidélité à Al-Qaida, là où de nombreux Français ont quitté le groupe terroriste pour son rival l'EI. Dans la sphère djihadiste, le Niçois serait désormais "contesté", accusé par les autres combattants de créer "sa propre religion, une sorte de secte dans laquelle il n'y a que des adolescents". 

    Entre 2012 et 2014, le djihadiste niçois a en effet été à l'origine du départ d'un grand nombre de jeunes Français, qu'il recrutait dans les quartiers niçois ou sur Internet grâce à ses célèbres vidéos "19HH" publiées sur Youtube. Dans le "tableau de chasse" d'Omar Omsen figure notamment son élève Mourad Fares, lui-même recruteur.  

    Incarcéré depuis son retour en Syrie, ce Français est soupçonné d'avoir incité dix jeunes de la région de Strasbourg à rejoindre les sentiers du djihad fin 2013. Dans cette filière, dont le procès s'ouvre ce lundi à Paris, gravitait l'un des kamikazes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad.  

    LIRE AUSSI >> Le parcours de Foued Mohamed-Aggad, djihadiste de Wissembourg 

     

    Annoncé mort par les réseaux djihadistes à l'été 2015, Omar Diaby, dit "Omar Omsen", est en réalité toujours en vie et se trouve en Syrie. Ce célèbre recruteur originaire de Nice, décrit comme "charismatique", a exercé une influence sur un grand nombre de Français. Eléments de parcours

    Sourire large, vêtu d'un tee-shirt kaki, il accueille à bras ouverts le journaliste syrien envoyé par France 2. Dans un reportage de l'émission Complément d'enquête, qui sera diffusé jeudi soir, la chaîne de télévision révèle que le djihadiste français Omar Diaby est toujours vivant. Le combattant niçois d'origine sénégalaise, célèbre pour avoir embrigadé des dizaines de jeunes, était donné pour mort depuis août 2015. La rumeur était partie des réseaux sociaux, largement diffusée par la sphère djihadiste, avant d'être reprise par plusieurs médias. 

    C'est en travaillant sur les recruteurs français que France 2 a été contactée par "Omar Omsen" [son surnom de combattant]. Le Français de 40 ans assure que l'annonce de sa mort n'était qu'un leurre destiné à lui permettre de quitter la Syrie pour subir une opération chirurgicale "dans un pays arabe". Après accord d'Omar Omsen, la chaîne a envoyé une équipe syrienne à sa rencontre dans les conditions fixées par ce dernier. Le djihadiste est toujours à la tête d'une katiba [brigade] de combattants français, laquelle a prêté allégeance au Front al-Nosra, groupe terroriste affilié à Al-Qaida et concurrent de l'organisation Etat islamique (EI). 

    "Un coup de publicité"

    Radicalisé en prison, où il a purgé des peines pour des délits de droit commun, Omar Omsen est visé depuis 2013, date de son départ pour le djihad, par une information judiciaire et un mandat d'arrêt international. Les services antiterroristes ne se disent pas étonnés par son retour médiatique. "Par principe, nous sommes toujours prudents concernant les morts des djihadistes. Tant que l'on n'a pas une preuve formelle du contraire, ils sont toujours considérés comme en vie", commente une source proche de l'enquête auprès de L'Express. 

    En réalité, les premières rumeurs concernant la "résurrection" d'Omar Omsen ont été diffusées dès avril sur Twitter par le journaliste David Thomson. "J'ai été contacté par des sources pro-Al-Qaida. Elles me disaient que sa mort n'était qu'un fake, qu'il vivait en clandestinité. Le bruit a pris de plus en plus d'ampleur. Je pense qu'Omar Omsen a ressenti le besoin d'officialiser la nouvelle et en a profité pour s'offrir un coup de publicité. Un Français d'origine sénégalaise dans le Nord de la Syrie, cela ne passe pas inaperçu", explique le spécialiste des français djihadistes à L'Express. 

    "On l'a vu avec Tupac et Mickael Jackson (sic)!"

    Pour David Thomson, il faut prendre avec prudence les raisons évoquées par Omar Omsen pour justifier son subterfuge. Il n'existe aucune preuve que le djihadiste français a été grièvement blessé par l'armée syrienne sur le champ de bataille, comme l'ont laissé entendre les rumeurs sur sa mort. A l'époque, les combattants répétaient qu'il avait succombé après une longue agonie. 

    "Ce qui est étonnant, c'est que sa brigade n'est pas réputée pour combattre régulièrement. Peut-être qu'Omar Omsen avait plutôt intérêt à se faire discret en Syrie pour quelques temps. Sa vie est menacée par les djihadistes de l'EI mais aussi par d'autres brigades", observe le journaliste. Ses fils ont d'ailleurs tenté à maintes reprises, via les réseaux sociaux, de maintenir la version de sa mort. Ils sont également soupçonnés d'avoir créer un compte sur Twitter pour se moquer des informations disant le contraire. "On l'a vu [Omar Omsen, NDLR] avec Tupac et Mickael Jackson (sic) chez Zara", ironisent-ils début avril, en réponse aux tweets de David Thomson.  

     

    Le djihadiste français avait-il un autre plan en tête lorsqu'il s'est caché? Plusieurs terroristes de Daech, comme Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur présumé des attaques du 13 novembre, ont délibérément laissé courir la rumeur de leur mort pour revenir incognito en Europe et commettre des attentats. Dans le reportage de France 2, Omar Omsen légitime les tueries qui ont frappé la France en 2015, dont celle de Charlie Hebdo

    Contesté dans les milieux djihadistes

    Aux yeux des spécialistes du djihad, Omar Omsen ne bénéficie plus de la même aura qu'auparavant. Et n'enrôlerait guère plus personne. "Il a toujours été décrit comme charismatique. Il était très actif sur les réseaux sociaux. Je pense qu'au moins un quart des djihadistes français a été sous son influence directement ou indirectement. Mais c'était avant que l'EI ne ringardise Al-Qaida avec ses vidéos sophistiquées et prenne de l'essor", souligne David Thomson.  

    Selon le spécialiste, Omar Omsen paie sa fidélité à Al-Qaida, là où de nombreux Français ont quitté le groupe terroriste pour son rival l'EI. Dans la sphère djihadiste, le Niçois serait désormais "contesté", accusé par les autres combattants de créer "sa propre religion, une sorte de secte dans laquelle il n'y a que des adolescents". 

    Entre 2012 et 2014, le djihadiste niçois a en effet été à l'origine du départ d'un grand nombre de jeunes Français, qu'il recrutait dans les quartiers niçois ou sur Internet grâce à ses célèbres vidéos "19HH" publiées sur Youtube. Dans le "tableau de chasse" d'Omar Omsen figure notamment son élève Mourad Fares, lui-même recruteur.  

    Incarcéré depuis son retour en Syrie, ce Français est soupçonné d'avoir incité dix jeunes de la région de Strasbourg à rejoindre les sentiers du djihad fin 2013. Dans cette filière, dont le procès s'ouvre ce lundi à Paris, gravitait l'un des kamikazes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad.  

    LIRE AUSSI >> Le parcours de Foued Mohamed-Aggad, djihadiste de Wissembourg 

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