« Le sexisme, c'est pas notre genre », martèle le plan de campagne du ministère de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes, lancé ce jeudi 8 septembre, par Laurence Rossignol. En dépit des efforts fournis depuis de nombreuses années pour lutter contre ce fléau, le sexisme, qui touche principalement les femmes, est encore largement présent dans de nombreuses strates de notre société, de l'entreprise à l'éducation en passant par la sphère privée.
Dans le monde de l'entreprise
Le monde du travail demeure l'un des univers où le sexisme est le plus présent. Et pour cause, le monde des affaires est longtemps resté une corporation exclusivement masculine où les femmes n'avaient pas leurs entrées. Aujourd'hui encore, rares sont les femmes à se hisser au dernier étage de la pyramide hiérarchique des entreprises du CAC 40. Seules trois femmes occupent des postes de haut vol. Fille du fondateur de Publicis Marcel Bleustein-Blanchet, Elisabeth Badinter préside le conseil de surveillance de l'empire publicitaire mené par Maurice Lévy. La filiation et le travail acharné ont porté Sophie Bellon à la tête du conseil d'administration de Sodexo, fondé par son père, Pierre Bellon. De son côté, Isabelle Kocher, longtemps attendue comme la future première PDG du CAC 40, a dû se contenter de la directeur générale d'Engie en mai 2016, Gérard Mestrallet gardant pour lui le titre de « président ».
Des écarts de salaires persistants, encore plus pour les mères
Les femmes accèdent moins souvent aux postes à responsabilités que les hommes. Plus souvent à temps partiel ou employées dans des secteurs moins rémunérants, leur salaire s'en retrouve impacté. Dans le classement des inégalités de salaires établi par le Forum économique mondial, la France se classe à la 132e place. En 2013, les femmes gagnaient en moyenne 19% de salaire en moins que les hommes, d'après les chiffres de l'Insee. À poste, temps et compétences équivalents, persiste un écart inexpliqué légèrement inférieur à 10%.
Ce plafond de verre se durcit d'autant plus lorsque les femmes actives ont des enfants. Parce qu'elles pensent souvent à tort que carrière et maternité sont incompatibles, ou que leurs chefs supposent à leur place qu'elles seront moins investies. Ce changement de « statut » se ressent à la longue sur le salaire. D'après une étude Glassdoor Economic Research publiée en mai 2016, en France, une mère active toucherait en moyenne 12% de revenus en moins qu'une femme sans enfant.
Dans la sphère politique et médiatique
Les femmes représentent plus de la moitié de la population française, mais seulement 27% des députés de l'Assemblée nationale et 22% des sénateurs. À une échelle plus locale, on ne compte que 7,7% de présidentes de conseils régionaux et 13% de femmes maires, d'après les chiffres du Haut Conseil à l'égalité. L'accès à l'arène politique est plus compliqué pour les femmes, à l'instar de Nathalie Koscisuko-Morizet, pénalisée dans la course à la primaire par « la culture du chef viril » qui règne chez Les Républicains. Quant aux phrases sexistes, on ne les compte plus tant elles sont légion...
À la télévision ou la radio, aussi, les femmes manquent à l'appel. Elles représentent moins de 20% des spécialistes et témoins intervenant dans les journaux télévisés de 20 h des chaînes généralistes. Leurs apparitions dans les émissions de plateau représentent moins d'un tiers du temps de parole global, d’après une étude du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) de 2013.
Dans la sphère privée
Et le sexisme ne s'arrête pas à la porte du domicile familial. En 2015, une étude Crédoc pointait du doigt la répartition largement inégale des tâches domestiques au sein des ménages français. Environ 91 % des hommes avouent ne pas repasser, 60 % ne pas faire le ménage, 48 % être allergiques à la vaisselle, 50 % ne pas toucher aux fourneaux et 36 % ne pas s'occuper des courses. À l'inverse, les femmes en couple sont 93 % à faire le ménage, 93 % à s'occuper de la cuisine, 85 % à gérer les courses quotidiennes, 83 % à faire la vaisselle et 73 % le repassage.
Les spectateurs de cette représentation stéréotypée des sexes sont les... enfants. Qui s'identifient. Les fabricants de jouets n'améliorent pas le tableau puisqu'ils voient dans cette différence une manne pour vendre des produits pour les uns (les filles) et pour les autres (les garçons). Ainsi, on propose davantage aux têtes blondes de sexe féminin des bébés en plastique et accessoires d'entretien domestique ; quand leurs homologues masculins sont orientés vers des outils de bricolage et des petites voitures. En décembre 2014, un rapport d'information du Sénat rendu par Chantal Jouanno et Roland Courteau alertait sur « l'ampleur » de ce phénomène depuis les années 1980.
Les parrains de la campagne "Sexisme, pas notre genre" :
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