pendant la période de garantie; sinon on jette.
S'oriente-t-on vers la fin de l'obsolescence programmée des produits manufacturés ? Une étude européenne menée par des chercheurs de l'Université de Bretagne Sud tend à prouver que les consommateurs y sont favorables. Un premier pas vers un écolabel européen de durabilité ?
Il est devenu courant que les grille-pain, smartphones et autres rasoirs tombent en panne au bout de deux ans. Déclarés « irréparables », ils prennent alors le chemin de la déchèterie. Sauf s'ils sont encore sous garantie. Dans ce cas, le fabricant les remplace généralement par un produit neuf, sans les réparer. « Gaspillage » pour les uns, « facteur de croissance » pour les autres, l'obsolescence programmée pourrait laisser la place à une solution plus respectueuse de l'environnement et non pénalisante pour les entreprises. Dans cet esprit, le chercheur Thierry Libaert a obtenu du Comité économique et social européen (CESE), dont il est membre, de lancer une étude sur « l'influence de l'affichage de la durée de vie des produits manufacturés sur la décision d'achat des consommateurs ». Elle a été confiée à l'agence de stratégie environnementale Sircome, l'Université de Bretagne Sud et l'Université de Bohème du Sud qui ont mené une enquête auprès de 3.000 personnes réparties dans quatre régions européennes, la France, l'Espagne, la République tchèque et le Benelux.
+ 128 % pour les valises solides
Les comportements des consommateurs ont été étudiés sur un faux site de commerce en ligne. Étaient proposés à la vente : trois cafetières, trois aspirateurs et autant de lave-linge, imprimantes, téléviseurs, smartphones, jeans, valises et chaussures de sport. Non informés, les clients étaient redirigés vers un questionnaire. « L'affichage de la durée de vie a fortement influencé les potentiels acheteurs. Le produit qui promet la plus longue durée de vie voit ses ventes augmenter en moyenne de 56 % », constate Mathieu Jahnich (Sircome).
« Pour les valises, ça monte à 128 % et les imprimantes à 70 % ! » En revanche, pour les smartphones, le gain n'est que de 41 %. Une différence d'approche que les chercheurs de l'UBS, Gaëlle Boulbry et Mickaël Dupré, expliquent par « la dimension d'achat plaisir » dans le cas du smartphone.
Prêts à payer plus cher ?
90 % des participants à l'étude ont répondu qu'ils étaient prêts à payer plus cher pour un lave-vaisselle qui peut fonctionner deux ans supplémentaires. Et ils seraient même disposés à verser 102 € supplémentaires pour un lave-vaisselle de 300 à 500 €. Les Français se sont montrés les plus sensibles à l'affichage de la durée de vie, devant le Benelux, la République tchèque et l'Espagne. Un affichage proche de celui qui est actuellement utilisé pour la consommation énergétique semblerait convenir aux « clients » du test.
Des produits plus solides ou plus faciles à réparer ?
Au regard de cette étude, l'Europe va-t-elle créer un écolabel de durabilité ? Thierry Libaert estime que d'autres études seront nécessaires au préalable. Les fabricants vont-ils changer leur fusil d'épaule et vendre des produits plus robustes mais plus chers ? Pas certain. La société Seb qui s'est penchée sur la question a, elle, déjà opté pour une autre forme de durabilité : « Nous concevons certains de nos produits de manière à ce qu'ils soient facilement démontables et réparables pendant dix ans. Et nous nous engageons à faire en sorte que les pièces détachées soient disponibles pendant cette période », explique Alain Pautrot, directeur de la satisfaction client de Seb.