• Présidentielle aux États-Unis : des primaires américaines complètement dingues !

    Présidentielle aux États-Unis : des primaires américaines complètement dingues !

     

    Publié le 27/02/2016 - Mis à jour le 27/02/2016 à 10:01   lien

     

    PAR OLIVIER BERGER - PHOTOS AFP

     

     

    La course aux investitures démocrate et républicaine pour la présidentielle du 8 novembre 2016 n’a jamais été aussi radicale et dépensière. Panorama d’une folle campagne.

     

    AFP

     

     

    Comme dans une partie de poker Texas Hold’em , il n’y a plus de limite ! Verbale ou financière… L’heure est au bluff, aux grandes gueules. Les républicains raflent la mise avec un bras de fer à trois entre le milliardaire Donald Trump et deux fils d’immigrés cubains purs et durs, Mario Rubio et Ted Cruz. Sans l’icône Obama (à la retraite dans onze mois après deux mandats), les démocrates attendent la finale et le probable retour d’une Clinton sur la scène : Hillary, cette fois.

    Super mardi 1er mars

    Plus que la primaire démocrate en Caroline du Sud de ce jour, l’Amérique politique tremble avant le Super Tuesday, ce mardi 1er mars. Avec dix-huit primaires dans neuf États, plus cinq caucus républicains et deux démocrates, c’est un moment charnière de la course à l’investiture. « Pour la première fois chez les républicains, les États du Sud se sont placés en début de calendrier pour avoir plus d’importance et élire le champion du Sud et de l’aile conservatrice », prévient Soufian Alsabbagh, spécialiste de la politique US (auteur de La Nouvelle Droite américaine, éditions Demopolis).

    Et super PAC !

    Il faudra plus d’un milliard de dollars pour être élu président des États-Unis d’Amérique. Des sommes délirantes sont allouées par les Super PAC, les Political Action Committees , pilotés par des lobbies qui agitent les millions pour faire avancer leurs idées et leurs intérêts. Cette course folle, autorisée par la décision de la Cour suprême en 2010 de lever le plafond du financement des campagnes, a totalement déréglé la machine politique américaine qui se radicalise.

    Petite pause dans cette folie, nous avons demandé à Soufian Alsabbagh de présenter les cinq candidats majeurs. Crazy !

    CÔTÉ DÉMOCRATES

    Hillary Clinton , la favorite

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Déjà favorite démocrate en 2008 mais balayée par un certain Barack Obama (qui ne peut se représenter après deux mandats), Hillary Clinton, 68 ans, peut-elle encore louper le coche ?

    Malgré l’insistance de Bernie Sanders (lire ci-dessous), son expérience reste incomparable : ancienne première dame de son mari Bill malgré la tourmente Monica Lewinsky (1993-2001), sénatrice de l’État de New York (2001-2009), secrétaire d’État, l’équivalent du ministre des Affaires étrangères (2009-2013). « C’est extraordinaire. Jamais dans l’histoire politique américaine, une personne ne s’est présentée avec un CV aussi qualifié », apprécie Soufian Alsabbagh.

    Hillary Clinton mène une campagne de femme d’État prête à la mission suprême. Sans excès ni passion, avec un petit écart par le tournage de la série TV Scandal qui singe les arcanes et turpitudes de la Maison-Blanche et du Washington DC politique.

    Outre Sanders, son caractère (de mauvaises relations avec la presse) et quelques casseroles pourraient plomber sa candidature. L’affaire des e-mails top secret, gérés par une adresse personnelle et un serveur à domicile alors qu’elle était secrétaire d’État à Washington, continue de rebondir pour l’accuser de légèreté.

    Bernie Sanders, la surprise

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Personne n’attendait Bernie Sanders, le vénérable sénateur du Vermont de 74 ans (né en 1941, sous Roosevelt !), pour animer les primaires démocrates, promises à Hillary Clinton. Il était à peu près inconnu il y a encore un an !

    « Papy » Sanders séduit les jeunes en lâchant délibérément un discours de gauche et usant du mot « socialisme » dans un pays qui sort aussitôt le fusil et voit rouge en pensant à l’URSS. Il est favorable à l’augmentation du salaire minimum. Il réclame la gratuité des prêts étudiants dans l’enseignement supérieur public. Il veut une couverture santé vraiment universelle (plus qu’Obamacare). Il joue enfin de son image pacifiste (il avait voté contre l’invasion de l’Irak en 2003) et de défenseur des droits humains. La panoplie complète.

    S’il ne devrait pas contester Clinton longtemps en raison de ses finances, Bernie Sanders a battu le record d’Obama de contributions à sa campagne, soit 4 millions à 27 $ de moyenne.

    CÔTÉ RÉPUBLICAIN

    Donald Trump, le trublion

    Republican presidential candidate Donald Trump declares victory, winning Nevada’s First in the West presidential caucus at the Treasure Hotel & Casino in Las Vegas on February 23, 2016. Donald Trump won Tuesday's Republican caucuses in Nevada by a wide margin, US networks projected, giving the billionaire businessman his third straight victory in the race for the White House. Early projections gave Trump 42 percent of the vote, with senators Marco Rubio of Florida and Ted Cruz of Texas trailing. / AFP / John Gurzinski/AFP

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Nous allons rendre à notre pays sa grandeur. Je serai le meilleur président pour l’emploi que Dieu ait jamais créé. Je récupérerai les emplois pris par la Chine, le Mexique, le Japon et je rapatrierai notre argent. » Ladies and gentlemen, Mr Donald Trump ! Cette déclaration tonitruante lance sa campagne en juin 2015. Le rigolo ne fait plus rire personne.

    Le magnat de l’immobilier de 69 ans, ancien producteur-animateur de l’émission de téléréalité The Apprentice, est un phénomène. Le cauchemar en politique incarné : immensément riche (fortune estimée à 10 milliards de dollars), populiste à outrance, fort en gueule, malin communicant et loin d’être idiot.

    Il ravage tout sur son passage en ce début de course des primaires avec des victoires au New Hampshire, en Caroline du Sud et au Nevada. Or le candidat républicain a toujours gagné ces deux premiers États... « Il faut le respecter car il met tout en œuvre pour gagner. Il se positionne dans le sens d’un populisme extrême. Il fait la course vers le moins disant, voire le moins intelligent. Ça fait peur. Malheureusement, la moitié du public américain croit toutes sortes de choses... », analyse Soufian Alsabbagh.

    Il faut donc supporter ses saillies contre les musulmans, les Mexicains... Et son discours protecteur qui s’adresse aux faibles et tranche au Parti républicain. Jusqu’où les Américains le suivront-ils ?

    Marco Rubio, le patient

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le sénateur de Floride depuis 2010 est un beau gosse de 44 ans, fils d’immigrés cubains. Il incarne le rêve américain idéal et les valeurs plus classiques du Parti républicain. Il est libéral économiquement et conservateur sur les sujets de société, à l’exception notable de l’immigration.

    Il a notamment pris des positions fortes lors de la préparation de la nouvelle loi migratoire.

    Un certain sens de l’opportunisme le porte à se lancer, durant ces primaires, dans des discours anti-système et anti-Washington, le populiste leitmotiv de ces primaires républicaines.

    Pour l’instant, il reste tapi dans l’ombre du bras de fer infernal entre Donald Trump et Ted Cruz. Patient et au profil plus consensuel, Marco Rubio pourrait tirer les marrons du feu républicain. L’aile droite se déchire.

    Il devrait accélérer à partir de la mi-mars, date des primaires dans son fief de Floride.

    Ted Cruz, l’ultra

    Republican presidential candidate Ted Cruz speaks during a campaign event in Las Vegas, Nevada on February 22, 2016. Republican presidential contender Ted Cruz said he has asked his national spokesman to resign for a

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Plus conservateur que Ted Cruz, tu meurs ! Comme si ce fils d’immigré cubain né à Calgary (Canada) devait laver encore plus blanc que blanc. Pro-armes, anti-avortement, prêcheur dans l’âme, le sénateur du Texas (ceci explique aussi cela) a su séduire l’aile droite du Parti républicain, représentée par l’égérie des Tea Parties , Sarah Palin, et Rick Santorum.

    À la surprise générale, l’ultra-conservateur de 45 ans avait remporté la toute première primaire, dans l’Iowa (27,7 % contre 24,3 % à Trump) mais depuis, il marque le pas. Débordé par les excès verbaux de Donald Trump.

    Il devrait retrouver des couleurs lors du Super Tuesday de mardi avec les primaires dans son fief du Texas.

    Pour Soufian Alsabbagh, Ted Cruz est à l’image du parti, qui se radicalise sur les sujets de société : « Sur le changement climatique par exemple, le candidat McCain dit en 2008 qu’il est réel et provoqué par l’homme ; en 2012, Romney doute que l’humain soit responsable et en 2016, Cruz nie le réchauffement et que ce n’est pas bon pour le business. C’est la même chose sur l’immigration et l’avortement. »

    Les autres candidats républicains : Ben Carson (64 ans, ex-neurochirurgien), John Kasich (63 ans, gouverneur de l’Ohio) ; Jeb Bush (62 ans, ex-gouverneur de Floride, fils de George et frère de George W) a renoncé samedi 20 février.

    Primaires américaines, mode d’emploi

    Primaires et caucus

    Le mode de désignation des candidats à l’élection présidentielle américaine est complexe et variable. Les primaires ressemblent à un vote classique, ouvert, fermé (pour les partisans déclarés sur les listes électorales), parfois modifié (avec obligation de vote). Le caucus est un mot un peu mystérieux (des origines amérindiennes ou d’une organisation de défense des ouvriers du port de Boston, le Caucus club) pour un système électoral qui l’est tout autant. Il s’agit d’un long débat local discutant les mérites comparés des candidats. Ils doivent se dérouler en même temps dans un État (1 784 caucus dans l’Iowa par exemple). Ces groupes désignent ensuite des délégués.

    Délégués

    Ces délégués, nommés État par État au fil des primaires et des caucus, désigneront le candidat final. Ils sont 4 764 au Parti démocrate et 2 472 au Parti républicain. Attention, chez les démocrates, des super délégués, non élus lors des primaires mais puissants politiquement (anciens ou actuels élus nationaux) s’ajoutent et influent sur le résultat final. Ce lobby officiel interne n’existe pas chez les républicains.

    Conventions

    Ce sont les deux grands raouts estivaux qui lancent véritablement la campagne présidentielle. Le champion démocrate et le républicain sont désignés et reçoivent dès lors le soutien inconditionnel de leur parti.

    Élection présidentielle

    C’est un suffrage indirect créé en 1804. Des grands électeurs sont élus dans chaque État en fonction du nombre d’habitants et sur le mode du winner-takes-all, le vainqueur prend tout (55 en Californie, 29 à New York, 3 en Alaska...). Pour un total de 538 (majorité à 270). Ceux-ci voteront le 19décembre 2016 pour désigner le président et son vice-président.

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