Un attentat à la voiture piégée a été commis, jeudi 31 mars, à Diyarbakir, le chef-lieu du sud-est de la Turquie , à majorité kurde. Sept policiers ont été tués et vingt-trois autres personnes blessées, dont au moins huit policiers, selon le gouvernorat local. L’attaque s’est produite la veille d’une rare visite du premier ministre, Ahmet Davutoglu, dans la ville.
La violente explosion s’est produite près d’une gare routière située à plusieurs kilomètres du centre-ville, au passage d’un car de police, selon une source de sécurité. D’après les autorités locales, c’est un véhicule bourré d’explosifs télécommandé qui a explosé. De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux.
Etat d’alerte renforcée
Les forces de sécurité turques mènent depuis plusieurs mois des opérations d’envergure contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans plusieurs quartiers de cette ville et dans le Sud-Est anatolien en général, où le PKK a lancé un « soulèvement » dans les zones urbaines.
La Turquie vit depuis plusieurs mois en état d’alerte renforcée en raison d’une série inédite d’attaques attribuées à des djihadistes ou liées à la reprise du conflit avec les Kurdes. La dernière, un attentat-suicide attribué par les autorités à l’organisation Etat islamique, est survenue le 19 mars, avenue Istiklal en plein cœur d’Istanbul, tuant quatre touristes étrangers et blessant une trentaine de personnes.
Six jours plus tôt, un autre attentat à la voiture piégée tuait trente-cinq personnes dans le centre d’Ankara, attentat revendiqué par un groupe radical kurde proche du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).
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« Détruire » le PKK
Après plus de deux ans de cessez-le-feu, le conflit a repris l’été dernier, entre forces de sécurité et rebelles du PKK. De nombreuses villes du Sud-Est anatolien ont été placées sous couvre-feu. Auparavant le théâtre de combats se situait dans les zones rurales, il s’est propagé aux villes. Les affrontements ont fait de nombreuses victimes dans les deux camps et tué des dizaines de civils, des dizaines de milliers d’autres étant forcés à l’exode.
Le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a affiché à plusieurs reprises sa volonté ferme de « détruire » le PKK, dont les bases arrière dans le nord de l’Irak sont régulièrement pilonnées par l’aviation turque.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par nombre de pays, dont l’Union européenne et les Etats-Unis, a lancé une lutte armée contre les forces d’Ankara en 1984. Le conflit a depuis fait plus de quarante mille morts, pour la grande majorité des rebelles. Dans un entretien, il y a deux semaines, dans le Times britannique, le chef militaire du PKK, Cemil Bayik, avait confirmé la radicalisation de la rébellion, promettant « des combats partout ».
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