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Yves Guéna, gaulliste et ex-président du Conseil constitutionnel, est décédé
Yves Guéna, gaulliste et ex-président du Conseil constitutionnel, est décédé
Ce gaulliste historique, qui avait accompagné le général de Gaulle à Londres et était devenu son ministre, est mort à l'âge de 93 ans.
Source AFPPublié le 03/03/2016 à 10:49 - Modifié le 03/03/2016 à 14:58 | Le Point.fr LienYves Guéna à droite avec Pierre Mazeaud à gauche et Charles Pasqua au centre, en 2009. ©AFP/ CHARLES PLATIAU
L'ancien ministre et ex-président du Conseil constitutionnel Yves Guéna est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris à l'âge de 93 ans, un "gaulliste de la première heure (...) qui a aimé passionnément la France", salué par le président François Hollande. "Autorité morale dans la Ve République" qu'il avait contribué à mettre sur pied, cet "homme d'État" a "toujours gardé l'engagement du Français libre qu'il fut à 18 ans", a déclaré le président dans un communiqué.
"Yves Guéna a toujours servi la République. Il manquera à la Dordogne et à la France", a souligné sur Twitter le Premier ministre, Manuel Valls.
Maire de Périgueux pendant plus de 25 ans (1971-1997), longtemps élu de la Dordogne (député puis sénateur, et conseiller général), Yves Guéna avait consacré sa très longue carrière politique au soutien au général Charles de Gaulle et à la défense du gaullisme, dont il a été un des "barons". Après sa retraite du Sénat, en 1997, il a été membre, puis président (2000-2004) du Conseil constitutionnel, puis président de l'Institut du monde arabe (2004-2007). Il avait ensuite présidé la Fondation de la France libre, ainsi que la Fondation et l'Institut Charles de Gaulle.
De nombreux responsables et élus des Républicains ont salué la mémoire d'un fidèle du gaullisme et d'un infatigable serviteur de l'État, un patriote dont "le gaullisme coulait dans (le) sang" selon les termes de l'ancien ministre Dominique Bussereau. "Notre pays perd un de ses indéfectibles serviteurs", dont la vie "restera marquée par l'amour de la France", a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy sur Twitter. Dans un communiqué, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, déplore quant à lui la "disparition d'un grand Français", célébrant sa "fidélité au gaullisme" et sa "rigueur dans les mandats" qu'il a exercés.
Né le 6 juillet 1922 à Brest (Finistère), Yves Guéna n'a pas encore 18 ans quand il part rejoindre le général de Gaulle en Angleterre pour s'engager dans les Forces françaises libres (FFL). Le 17 juin, c'est dans un magasin de son village breton qu'il avait entendu à la radio l'appel du maréchal Philippe Pétain à l'Armistice. "Atterré", il apprend alors que des Anglais, mais aussi des troupes françaises, embarquent en masse au port de Brest. Il apprend aussi "qu'un général à la radio de Londres a dit aux Français de le rejoindre pour continuer le combat", racontait-il en 2009 au quotidien Sud-Ouest.
"Ce n'est pas triste de mourir pour la France"
Dès le lendemain, Yves Guéna annonce à sa mère qu'il part pour l'Angleterre. "Elle me répond : Bien sûr, tu ne vas pas rester avec les Boches." Parvenu à Londres, il retrouve des réfugiés et "100 à 150 jeunes, des Bretons et des Basques", venus rejoindre les FFL de Charles de Gaulle. Il apercevra pour la première fois le général, venu voir ses troupes, le 6 juillet 1940 : "C'est le jour de mes 18 ans !"
Yves Guéna part ensuite combattre en Égypte, en Libye et en Tunisie, avant de servir dans la 2e D. B. du général Philippe Leclerc de Hauteclocque, en Normandie, en Alsace et en Allemagne. Il sera grièvement blessé lors de la prise d'Alençon (Orne), lorsque le peloton qu'il commande essuie le feu allemand. Touché à la poitrine, le jeune combattant se voit alors mourir : "mais je n'ai ressenti aucune tristesse, aucun regret. Ce n'est pas triste de mourir pour la France sur un champ de bataille", affirmait-il en 2014 à l'occasion des commémorations du Débarquement.
En 1947, à sa sortie de l'ENA (promotion "France combattante", la première de cette institution), il est nommé contrôleur civil au Maroc, où il reste jusqu'en 1957. En 1958-1959, il travaille au cabinet de Michel Debré, ministre de la Justice, participant ainsi à l'élaboration de la Constitution de la Ve République. Il est ensuite directeur adjoint du cabinet de Michel Debré à Matignon. De 1959 à 1961, Yves Guéna est envoyé de la République française en Côte d'Ivoire. Il fut plusieurs fois ministre, notamment des Postes et Télécommunications (1967-1968 et 1968-1969), de l'Information en mai-juin 1968, et des Transports (1973-1974). Marié et père de sept enfants, Yves Guéna était Croix de guerre 39-45, médaillé de la Résistance et Grand-Croix de la Légion d'honneur.
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Tags : France, société, institutions, politique, droite, Yves Guéna, gaulliste, ex-président du Conseil constitutionnel, décès, résistant
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