• L’abattoir du Pays basque fermé après la découverte d’actes de cruauté

    Le Monde.fr | 29.03.2016 à 11h02 • Mis à jour le 29.03.2016 à 17h50 | Par Audrey Garric

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    C’est un scandale qui jette un peu plus l’opprobre sur le milieu des abattoirs. Un mois après les actes de cruauté filmés dans l’établissement du Vigan (Gard), et cinq mois après ceux perpétrés à Alès, qui avaient suscité l’indignation, l’association L214 dévoile de nouveaux cas de maltraitance animale. Cette fois, les faits se déroulent au sein d’une entreprise de découpe de viande mettant en avant le bio et le Label rouge : l’abattoir intercommunal de Soule, situé dans la petite ville de Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques), au cœur du Pays basque.

    Lire l’intégralité de l’enquête :   Nouveau scandale dans un abattoir : l’industrie de la cruauté envers les animaux

    Filmée en caméra cachée en mars, la vidéo, à laquelle Le Monde a eu accès en exclusivité, témoigne de pratiques d’abattage choquantes et manifestement illégales de bovins, de veaux et surtout d’agneaux de lait – des animaux de moins de 45 jours, pas encore sevrés –, au lendemain de la fête de Pâques. L214, qui lutte contre toute exploitation animale, a déposé une plainte, mardi 29 mars, devant le procureur de Pau pour faits de maltraitance, de sévices graves et d’actes de cruauté, et a lancé une nouvelle pétition pour demander une « transparence effective des abattoirs ».

    A la suite à ces révélations, le maire de Mauléon, Michel Etchebest, a fermé l’établissement « pour une durée indéterminée, à titre conservatoire » afin qu’une enquête puisse faire la lumière sur ces pratiques. Il demande en outre à la direction, dans un communiqué, « de prendre sur-le-champ toutes les mesures et sanctions adéquates envers les auteurs de ces actes, sans préjuger des sanctions ou mesures plus importantes à venir, suite aux résultats qui résulteront de l’enquête réalisée ». Le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Pierre-André Durand, a également suspendu l’agrément du site pour les activités d’abattage.

    Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture a, pour sa part, ordonné aux préfet de procéder d’ici un mois à des « inspections spécifiques sur la protection animale dans l’ensemble des abattoirs » du pays. « En cas de défaut avéré constaté à l’occasion de ces inspections », M. Le Foll demande « la suspension sans délai de l’agrément de ces établissements », précise le ministère dans un communiqué.

    « Effondré, catastrophé »

    Comme dans les abattoirs du Vigan ou d’Alès, la nouvelle vidéo de L214 montre des animaux qui reprennent conscience et se débattent violemment alors qu’ils sont suspendus pour la saignée ; des employés qui commencent les opérations de découpe des pattes et de la tête sur des bêtes encore vivantes ; des salariés qui frappent ou assomment à l’aide de crochets des ovins pas complètement étourdis ; d’autres qui poussent des bovins en leur assénant des coups d’aiguillon électrique sur la tête ; ou encore un agneau écartelé vivant, pris entre deux crochets en l’absence de l’opérateur.

    Pourtant, cette fois encore, ces sévices sont perpétrés dans un établissement à taille humaine et en apparence irréprochable : l’abattoir de Mauléon-Licharre emploie trente-trois salariés et se décrit comme « résolument tourné vers l’abattage de qualité ». Il traite chaque année, selon la direction, 3 000 tonnes de viande, dont 40 % proviennent de bêtes élevées dans la vallée de Soule.

    Les viandes qui y sont débitées sont pour partie certifiées Label rouge et classées sous le régime européen des Indications géographiques protégées (IGP). L’établissement possède également la certification Ecocert pour l’agriculture biologique. Parmi ses 460 clients, on trouve des particuliers en vente directe, des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) et quelques grandes tables parisiennes et chefs étoilés, comme le boucher-star Yves-Marie Le Bourdonnec ou le chef Alain Ducasse.

    « Je suis effondré, catastrophé, réagit, après le visionnage des vidéos , Gérard Clémente, directeur de l’abattoir depuis quarante ans, à deux mois de la retraite. Je suis très souvent dans mon abattoir, j’ai essayé d’améliorer les conditions d’abattage depuis des années, et là, on tourne le dos, et des employés frappent les bêtes. On est cuits. » L’homme assure qu’il va congédier les salariés, tout en incriminant les cadences de travail : « Il faut tuer 15 000 agneaux en quinze jours pour Pâques. Si on travaillait plus sereinement, ils ne commettraient pas ce type d’action. »

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  • Réouverture partielle de l’abattoir

    du Vigan

    Par Marie Corbel  |  21/03/2016, 17:14  | Lien
     
    (Crédits : Communauté de communes du Pays vignanais)
     
    L’abattoir intercommunal du Vigan a rouvert partiellement le 21 mars. Il avait été fermé le 23 février, à titre conservatoire, suite à la diffusion d’une vidéo montrant des mauvais traitements infligés aux animaux. En moins de six mois, c’est le 2e abattoir gardois à faire l’objet d’une dénonciation par l’association L214.

    « Nous avons décidé la réouverture partielle de l'abattoir », déclare le 21 mars, Roland Canayer, le président de la Communauté de communes du Pays viganais (30). La collectivité a en charge la gestion de l'établissement certifié bio.

    Cette reprise d'activités ne concerne que les ovins et les caprins avec « une quarantaine d'animaux qui seront abattus aujourd'hui ». L'abattage des bovins et des porcs sera repris « progressivement et surtout une fois que nous aurons pris toutes les mesures nécessaires », précise l'élu.

    Pratiques maltraitantes

    L'abattoir du Vigan avait été fermé le 23 février à titre conservatoire suite à la diffusion d'une vidéo de l'association L214 montrant les mauvais traitements infligés à des animaux. Ces images-chocs avaient ont été filmées entre juin 2015 et février 2016 de façon clandestine. L'association avait déjà employé ces méthodes pour dénoncer les pratiques d'un autre abattoir gardois, celui d'Alès, en octobre 2015.

    « Matériel d'immobilisation mal conçu », « étourdissements inefficaces », « manipulation et actes de violence », « absence d'étourdissement de secours » ou encore « contention mécanique inadaptée ou mal ajustée » : telles sont les observations réalisées par Gilbert Mouthon, docteur vétérinaire et expert auprès des tribunaux, après le visionnage de la vidéo film.

    Suite à ces révélations, une  enquête administrative a été ouverte par le parquet et la gendarmerie d'Alès.

    « L'enquête administrative m'a été remise vendredi dernier (le 18 mars 2016, NDLR), explique Roland Canayer. Afin de pouvoir assurer cette réouverture dans de bonnes conditions, nous avons pris les mesures techniques et humaines nécessaires. »

    La question des responsabilités

    Parmi ces mesures figurent « une vérification du matériel en intégralité avec une anticipation de la norme 2017 pour le matériel d'anesthésie électrique » ainsi qu'« une réintégration partielle du personnel sur qui il ne pèse aucune faute grave ».

    Cette « réintégration partielle » se traduit par la présence effective, Lundi 21 mars, du directeur, d'un salarié de l'équipe et d'un intervenant extérieur.

    Quoiqu'il en soit, l'ensemble du personnel (trois salariés et un poste de directeur à mi-temps) fait l'objet d'une procédure disciplinaire. « Tout le monde est sanctionné », indique Roland Canayer. La nature de ces sanctions sera connue dans les prochains jours et les employés recevront l'information par lettre recommandée. Elle ira du simple « avertissement » au « licenciement » en passant par le « blâme ».

    Les conclusions d'une autre procédure toujours en cours, l'enquête judiciaire, pourraient étendre les responsabilités. Dans son rapport, Gilbert Mouthon avait notamment écrit que cet évènement « pose la question de la surveillance du fonctionnement de l'abattoir par les services vétérinaires qui tolèrent de telles pratiques».

    Un nécessaire accompagnement

    « L'insuffisance des compétences du personnel » avait également été mentionnée par le vétérinaire. Pour y remédier, Roland Canayer annonce « une mission d'accompagnement par un bureau d'études spécialisé en éthologie pour une expertise sur le bien-être animal ».

    « Une ingénieur agronome issue d'un bureau d'étude va accompagner le personnel pour  faire en sorte que plus jamais ces pratiques scandaleuses ne se répètent, indique Roland Canayer. Nous avons signé un premier contrat de six mois et elle a réalisé une première intervention vendredi dernier. »

    À plus long terme, d'autres mesures sont programmées dont « l'adaptation du piège pour les bovins à grandes cornes » et « l'installation d'un système de surveillance anti-intrusion couplé à l'installation de caméras permettant de filmer l'activité quotidienne ».

    L'abattoir du Vigan traite annuellement entre 300 et 350 tonnes de viande, soit environ 250 bovins, 200 porcs et 6 000 ovins. Positionné sur de la vente directe, l'établissement est certifié bio par l'organisme Ecocert.

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  • Onze ONG de défense des animaux       demandent au gouvernement

    une enquête sur les abattoirs

    Le Monde.fr avec AFP | 27.02.2016 à 03h08 • Mis à jour le 27.02.2016 à 10h51   lien

     

    Quelques jours après la révélation de mauvais traitements dans un abattoir du Var, onze organisations de défense des animaux ont adressé une lettre au premier ministre Manuel Valls. Parmi les associations signataires figurent la SPA, les fondations 30 Millions d’amis, Brigitte Bardot, Assistance aux animaux et l’association L214. Elles réclament au chef du gouvernement « la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions » dans lesquelles sont exécutées les bêtes.

    Les ONG demandent aussi « un contrôle régulier du poste d’abattage par des vétérinaires inspecteurs » afin de vérifier que la mise à mort des animaux respecte les « réglementations nationales et européennes » . Ce contrôle nécessite, à leurs yeux, « un renforcement immédiat des effectifs » et « la mise en place de caméras pour une surveillance continue ». Ces dernières estiment, enfin, que les sanctions administratives et pénales doivent être alourdies et réellement appliquées, notamment dans l’optique de les rendre « dissuasives ».

    « Mépris des animaux et du consommateur »

    « La crise de l’élevage se double désormais d’une crise de l’abattage », avancent les onze signataires. Dans un communiqué diffusé parallèlement au courrier adressé à M. Valls, les ONG annoncent qu’elles porteront le dossier devant l’Union européenne « si le gouvernement persiste à fermer les yeux sur ces infractions sources de terribles souffrances, au mépris des animaux, mais aussi du consommateur ».

    Une vidéo diffusée le 23 février par L214 et tournée, selon l’association, dans un abattoir du Vigan certifié bio, montre des animaux mal étourdis, des moutons projetés violemment contre des barrières, des coups répétés assenés à des animaux à la matraque électrique… L’abattoir a été fermé à titre conservatoire.



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  • L’abattoir du Vigan fermé provisoirement

    après une nouvelle vidéo choc

    Par objectif-languedoc-roussillon.fr  |  23/02/2016, 16:57  |  539  mots

    La vidéo a été diffusée par l'association L214

    La vidéo a été diffusée par l'association L214(Crédits : L214) Après la diffusion par l’association L214, le 23 février, d’une vidéo montrant des actes de cruauté sur des animaux, l’abattoir bio du Vigan (30) vient d’être fermé à titre provisoire. C’est le 2e établissement gardois frappé par un scandale de ce type, après celui d’Alès en 2015.

    La Communauté de communes du Pays viganais, gestionnaire du site, vient de fermer à titre conservatoire et de suspendre

    le personnel de l'abattoir intercommunal du Vigan (30) après la publication, le 23 février, d'une vidéo montrant plusieurs actes de cruauté envers des animaux. Cette séquence, d'une durée de 4'30, a été tournée et diffusée par l'association de défense de la cause animale L214, qui avait déjà relayé une vidéo montrant des faits similaires à l'abattoir d'Alès (30), en octobre 2015.

    La vidéo, tournée entre juin 2015 et février 2016, montre plusieurs images choquantes, notamment des scènes d'abattage alors que des animaux ne semblent pas (ou mal) étourdis. L'abattoir du Vigan, qui produit 240 tonnes de viandes par an, a pourtant été certifié « bio » par le label européen Ecocert.

    L214, dénonçant des pratiques « d'une extrême violence », a aussitôt déposé plainte contre l'abattoir pour « sévices graves ». Le procureur de la République d'Alès, pour sa part, vient d'ouvrir une enquête préliminaire. « L'enquête sera

    menée par la brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires, en co-saisine avec la brigade des recherches de

    la gendarmerie du Vigan », écrit-il dans un communiqué.

    « La coupe est pleine pour nous autres, les 20 000 artisans Bouchers-Charcutiers du pays et c'est pourquoi à travers la voix de notre Confédération Nationale, nous exigeons, à l'instar de L214, une commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs, réagit la Confédération française de la Boucherie. Une transparence totale doit être établie sur ce qui s'y passe afin que cessent ces actes ignobles. »

    Le précédent alésien

    La Chambre d'agriculture du Gard, de son côté, déclare : « Les responsables de l'abattoir doivent sanctionner ces fautes humaines que nous condamnons avec la plus grande fermeté ». Tout en rajoutant :

    « La Chambre d'agriculture déplore que les agriculteurs exercent de plus en plus leurs activités sous la menace permanente de crises médiatiques sur des pratiques qui ne sont pas de leur ressort. Elle demande au préfet du Gard de convoquer d'urgence une cellule de crise pour assurer durablement la sauvegarde de filières patiemment construites au profit du consommateur ; notamment en facilitant une reprise d'activité saine et optimale des abattoirs gardois. »

    C'est le 2e abattoir gardois dont L214 révèle les pratiques, après celui d'Alès, avec la diffusion d'une vidéo du même type, conduisant à sa fermeture provisoire et à l'ouverture d'une enquête pour « actes de cruauté et mauvais traitements », le

    15 octobre 2015, toujours en cours. Le maire d'Alès (LR), Max Roustan, après avoir diligenté sa propre enquête, s'était prononcé, en novembre, en faveur de sa réouverture tout en fixant des conditions minimum : « Une validation des procédures d'abattage mises en œuvre ces dernières années à Alès de la part des services de l'État, qui surveillent quotidiennement l'abattoir, ainsi que la mise en place d'un comité d'éthique ».

    « Dès novembre 2015, Stéphane Le Foll (ministre de l'Agriculture, NDLR) a donné instruction aux préfets de s'assurer de la prévention de tout acte de maltraitance lors de l'abattage », rappelle le ministère, dans un communiqué.

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