• Euro 2016 : pour la presse étrangère, la France tient « sa douce revanche »

    LE MONDE | 08.07.2016 à 11h50 • Mis à jour le 08.07.2016 à 11h56 | Par Corentin Pennarguear (Courrier international) et Paul Grisot (Courrier international)

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    « C’est la fin de cinquante-huit ans de douleur », écrit The Daily Telegraph vendredi 8 uillet. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, la France a vaincu l’Allemagne dans un match d’une grande compétition, après « une soirée tendue, chargée en émotion ». Les Bleus l’ont emporté 2-0 lors de cette demi-finale, grâce à deux buts d’Antoine Griezmann, au terme d’un match intense en partie dominé par les Allemands.

    Lire aussi :   Euro 2016 : les Bleus délivrés de la malédiction allemande

    Les Français « ont fait preuve de courage, de volonté et d’envie pour contrer les pronostics », apprécie le quotidien britannique.

    « Une nouvelle star est née »

    Le coup de sifflet final a permis d’exorciser les peurs françaises et de tourner la page des traumatismes de Séville (1982) et de Guadalajara (1986), renchérit The Guardian. Le héros de la soirée, Antoine Griezmann, « a d’ores et déjà enfoncé la porte du Panthéon des gloires françaises », devenant presque l’égal de Michel Platini et de Zinédine Zidane, selon le journal de Londres. The Daily Telegraph en rajoute à propos de Griezmann en assénant : « Une nouvelle star est née. » Le quotidien estime que l’attaquant de l’Atlético Madrid a « enfin explosé dans ce tournoi ».

     

    Antoine Griezmann après avoir inscrit son second but contre l’Allemagne, jeudi 7 juillet, au Stade-Vélodrome.

    Ce matin, le journal espagnol La Vanguardia se souvient d’il y a deux ans, quand l’Allemagne avait éliminé les Bleus du Mondial au Brésil :

    « C’est une image difficile à oublier, celle d’un jeune Antoine Griezmann inconsolable, pleurant comme celui qui souffre de l’amour pour la première fois. Deux ans plus tard, c’est la consécration en club comme en sélection, c’est sa revanche. »

    Lire aussi :   La légèreté triomphante d’Antoine Griezmann

    Les autres journaux espagnols insistent davantage sur la manière dont l’Allemagne a été sortie du tournoi, à l’image d’El Pais : « Ça peut même arriver aux champions du monde… Les deux gaffes de l’Allemagne ont entraîné le succès de la France, qui a pourtant été derrière une bonne partie du match. » Et le quotidien madrilène d’inverser les rôles : « A Marseille, l’Allemagne était la France de Platini, Giresse, Tigana… Alors que la France était n’importe quelle version de l’Allemagne en béton et avec des joueurs athlétiques. »

    « Contre tous les pronostics »

    Le Times britannique parle, de son côté, d’une « douce revanche » ce matin pour la France. « La victoire est d’autant plus délicieuse qu’elle est arrivée contre le cours du jeu, contre tous les pronostics, contre les champions du monde et contre leur ennemi juré dans les grands tournois. » C’est un succès « qui renverse le cours de l’histoire », ajoute le journal britannique :

    « La dernière fois que la France a battu l’Allemagne, Charles de Gaulle était un chef d’Etat, pas un aéroport. »

    Désormais, c’est le Portugal de Cristiano Ronaldo qui attend les Bleus en finale, « un Portugal qui a toutes les raisons de perdre », avance l’Observador, qui dresse une liste : « La France a éliminé “le” favori de l’Euro, elle va jouer à la maison et elle a dans ses rangs le meilleur joueur de la compétition, Griezmann. » Attention, prévient tout de même le site d’information portugais, « si le Portugal l’emporte et fait taire les critiques… alors il se sera vengé de l’histoire. »



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  • Ce que l’on sait de la fusillade

    de Dallas

    Le Monde.fr avec AFP | 08.07.2016 à 08h01 • Mis à jour le 08.07.2016 à 12h57

    Des tireurs ont semé la panique jeudi 7 juillet au soir à Dallas, en marge d’une manifestation contre les violences policières, après la mort de deux hommes noirs ces derniers jours. Cinq policiers ont été tués et six autres blessés. Les forces de l’ordre ont échangé des tirs pendant quarante-cinq minutes avec un tireur isolé qui a affirmé que des bombes avaient été posées « partout » dans le centre-ville.

    Les premiers bilans faisaient état de trois, puis de quatre policiers tués. La mort du cinquième a été annoncée dans la nuit par la police de Dallas. Le maire de Dallas, Mike Rawlings, a, de son côté, déclaré qu’un civil avait été blessé dans la fusillade.

    Lire aussi :   Cinq policiers tués à Dallas lors d’une manifestation contre les bavures policières

    • Que s’est-il passé ?

    La police de Dallas en train de riposter après les tirs en marge du rassemblement pour protester contre les violences policières, le 7 juillet 2016.

    Les informations sont encore parcellaires mais, selon les médias locaux, les tirs ont commencé jeudi soir autour de 20 h 45 (3 heures du matin à Paris), vers la fin de la manifestation, à laquelle avaient pris part des centaines de personnes pour protester après la mort de deux hommes noirs abattus par la police cette semaine – l’un en Louisiane, l’autre dans le Minnesota. Plusieurs rassemblements de protestation étaient organisés à travers les Etats-Unis.

    Evoquant une attaque menée « comme une embuscade », le chef de la police de Dallas, David Brown, a expliqué dans un communiqué que « deux snipers [avaient] tiré sur dix policiers depuis une position en hauteur pendant la manifestation » :

    Tonight it appears that two snipers shot ten police officers from elevated positions during the protest/rally.... http://fb.me/7NPzeMqJz 

    On a ensuite pu observer des scènes de chaos, les gens se mettant à fuir en courant. « Il y avait des Noirs, des Blancs, des Latinos, tout le monde. C’était la protestation d’une communauté mixte. Et il y a eu [les coups de feu] sortis de nulle part. On avait l’impression qu’on tirait sur nous. C’était le chaos total, c’est complètement fou », a rapporté un témoin.

    Une vidéo publiée par un témoin sur Facebook Live montre en direct le déroulement de la fusillade : VIDEO

    • Combien de suspects ?

    Les policiers à Dallas, tôt, vendredi 8 juillet 2016.

    Pour l’heure, il est difficile de donner un chiffre précis du nombre de personnes interpellées, la traque étant toujours en cours et la situation évoluant rapidement. Le chef de la police lui-même a déclaré lors d’une conférence de presse dans la nuit ne pas être certain d’avoir arrêté tous les suspects. Selon lui, les tireurs « planifiaient de blesser et de tuer autant de policiers qu’ils pourraient ». Pour l’heure, la police a reconnu ne disposer d’aucune information sur les motivations des tireurs.

    Un premier suspect a été placé en garde à vue après s’être présenté de lui-même à la police à la suite de la diffusion d’une photo le montrant habillé en treillis avec un fusil d’assaut sur l’épaule. Un deuxième homme a échangé des tirs avec des membres du SWAT, la force d’intervention de la police, puis a été interpellé par la police, selon un communiqué publié sur Twitter.

    Dans la nuit, la police a échangé des coups de feu pendant quarante-cinq minutes avec un tireur isolé dans un parking, sans préciser s’il avait finalement été interpellé ou non. L’homme « ne veut pas coopérer » et « a dit à nos négociateurs que la fin était proche, qu’il allait tuer et blesser encore des policiers ». L’homme retranché a également affirmé à la police qu’il avait posé des « bombes partout », dans le parking et dans le centre-ville. Plusieurs médias américains rapportent que le tireur qui était cerné est mort, mais la police n’a pas encore confirmé cette information.

    Une femme qui se trouvait dans la même partie du parking que le tireur a été placée en garde à vue. Deux autres suspects avaient été arrêtés après avoir été repérés avec des sacs en tissu camouflage dans leur voiture.

    • Barack Obama dénonce « des attaques haineuses »

    Le président américain a dénoncé vendredi la fusillade de Dallas, qualifiant les faits d’« attaques haineuses, calculées

    et méprisables

     

    Dallas shootings are "wrenching reminder" of sacrifices police make, Barack Obama says http://bbc.in/29z2J02 

    VIDEO

     

    M. Obama a reconnu au cours d’une conférence de presse à Varsovie, où il doit participer à un sommet de l’Otan, que tous les faits n’étaient pas connus, tout en ajoutant qu’il n’y avait « pas de justification possible pour ce genre d’attaque ».

    • Dallas quadrillé, les vols restreints

    Des équipes du SWAT ont été déployées en nombre après que les coups de feu ont éclaté. Les autorités ont « quadrillé » le centre-ville où le rassemblement a eu lieu. Elles n’ont pas encore déterminé si des manifestants pouvaient être impliqués ou complices de la fusillade.

    Le maire de Dallas a demandé à la population de rester éloignée du centre-ville vendredi : « C’est encore une scène de crime active. Nous sommes en train de déterminer à quel point le périmètre est étendu. » Une carte a été mise en ligne sur le site de la ville pour montrer le périmètre à éviter et informer les habitants de l’évolution de la situation :

    Les autorités de l’aviation civile ont interdit le survol de la ville, sauf pour des vols de secours.

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  • Bleus Thierry Henry : «Avec Antoine Griezmann, nous avons

    un nouveau héros»

    Le 08/07/2016 à 08:58:00 | Mis à jour le 08/07/2016 à 09:12:38    http://www.lequipe.fr/
     
    Aux anges après la qualification des Bleus pour la finale de l'Euro, Thierry Henry a rendu un hommage appuyé à Antoine Griezmann, auteur d'un doublé pour porter l'équipe de France.
     
    Football - GOURDOL Nathan - Antoine Griezmann peut faire entrer la France dans une nouvelle dimension selon Thierry Henry. (Darren Staples/Reuters)

    Antoine Griezmann peut faire entrer la France dans une nouvelle dimension selon Thierry Henry. (Darren Staples/Reuters)

    Consultant sur la BBC, Thierry Henry, champion du monde 1998 et d’Europe 2000, n'a pas retenu sa joie de voir la France retrouver la finale de l'Euro et a exprimé son admiration pour Antoine Griezmann. « Je suis vraiment ému, a déclaré le recordman de buts en Bleus (51 buts). C’est beau de voir cette communion entre l’équipe et les supporters. Antoine Griezmann est l’homme clé, nous savions tous qu’il pouvait jouer à ce niveau dans ce genre de match. Nous avons un nouveau héros, un buteur qui peut nous faire gagner des tournois. Espérons-le. »
     
    Football - Football - Vainqueur de l'Allemagne, la France affrontera le Portugal en finale de l'Euro (R. Martin/L'Equipe)

    Vainqueur de l'Allemagne, la France affrontera le Portugal en finale de l'Euro (R. Martin/L'Equipe)   http://www.lequipe.fr/

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  • Michel Rocard, en 1995.

    Michel Rocard, en 1995.

     

     

    Michel Rocard, l'autre gauche....

     

     

     

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  • La presse allemande fait profil bas

     

     

    (Twitter)

     

    Par François Kulawik
     
    Publié le 8 juillet 2016 à 09h32Mis à jour le 8 juillet 2016 à 09h35

     

    Moqueuse et vindicative, la veille, pour lancer la demi-finale France-Allemagne, la presse allemande est restée mesuré au lendemain de la défaite de la Mannschaft, s’en prenant essentiellement à Bastian Schweinsteiger.

    Joachim Löw en est persuadé: la meilleure équipe n’a pas gagné, jeudi, au Stade Vélodrome. Une vision des choses partagée par certains médias allemands, à l’image du Suddeutsche Zeitung, pour qui «la France va en finale par chance», mais pour la plupart des quotidiens d’outre-Rhin, ce n’est pas là l’essentiel. Car pour tous les journaux, si l’Allemagne est éliminée de l’Euro et ne réalisera pas le doublé après son triomphe à la dernière Coupe du monde, c’est la faute de Bastian Schweinsteiger, coupable d’une main synonyme de penalty.

    Une main jugée « inutile » pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung et Bild, « idiote pour Die Welt, «déconcertante» par le Berliner Zeitung et synonyme de «fichu penalty». Bild n’hésite d’ailleurs pas à faire sa Une sur la faute du milieu allemand, barrée d’un «Weini !» qui se veut un jeu de mots entre Schweini, le surnom de Schweinsteiger et weinen, qui signifie pleurer.

     

    Alors que l’équipe de France avait cristallisé, la veille, l’essentiel de leurs attentions, les journaux allemands se projettent déjà vers l’avenir. Sans oublier de rappeler que la Mannschaft restait championne du monde, elle s’interroge notamment sur l’avenir de Schweinsteiger ou de Joachim Low, posant la question d’un Lowxit après avoir espéré un Frexit…

    La presse allemande réactive. "La fin de la période Low ?", à la une du "BZ" de vendredi.

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  • Euro 2016 : Les Bleus se hissent en finale en battant l’Allemagne

    LE MONDE | 07.07.2016 à 23h07 • Mis à jour le 07.07.2016 à 23h59 | Par Rémi Dupré (Marseille, envoyé spécial) LIEN

    Auteur d’un doublé face à l’Allemagne, Antoine Griezmann qualifie les Bleus pour la finale de « leur » Euro, jeudi 7 juillet, à Marseille.

    C’était une finale avant l’heure. Un match à l’issue duquel l’équipe de France espérait mettre fin à sa mauvaise série face à l’Allemagne, en compétition officielle, depuis la sinistre et traumatisante soirée du 8 juillet 1982, à Séville. Portés par le public du Stade Vélodrome de Marseille, les Bleus de Didier Deschamps ont conjuré la malédiction, jeudi 7 juillet, en sortant (2-0) la Mannschaft, championne du monde en titre, en demi-finales de « leur » Euro.

    Dans une ambiance indescriptible, les hommes de Didier Deschamps se sont imposés grâce à un doublé d’Antoine Griezmann. Malgré la supériorité technique des protégés de Joachim Löw, les Tricolores se sont ouverts les portes de la finale devant un public phocéen en transe. Dans leur quête d’une troisième victoire européenne, après leurs sacres lors des éditions 1984 (organisée dans l’Hexagone) et 2000, les Bleus retrouveront le Portugal de sa majesté Cristiano Ronaldo, dimanche 10 juillet, au Stade de France.

    Lire :   France-Allemagne : revivez la qualification des Bleus pour la finale

    La confiance affichée par Joachim Löw

    Alors que leur sélection disputait, à Marseille, sa sixième demi-finale d’affilée dans une compétition internationale depuis le Mondial 2006, les supporteurs de la Mannschaft se montraient particulièrement confiants avant la rencontre. Il est vrai que les Bleus ne s’étaient plus imposés face au rival allemand, en compétition officielle, depuis une sombre victoire (6-3) contre la RFA, lors du match pour la troisième place du Mondial 1958. La bière a donc coulé à flot sur l’avenue du Prado, en plein cagnard.

    « Nous avons eu un pays entier de deux cents millions d’habitants contre nous au Brésil, et cela ne nous avait pas empêchés de dormir, avait glissé, avant la rencontre, le sélectionneur allemand Joachim Löw pour mieux rappeler le triomphe (7-1) de ses protégés face à la Seleçao, il y a deux ans, en demi-finales du Mondial 2014. Avant le match contre la France, nous dormirons bien aussi. » Gonflé de certitudes, le technicien était pourtant confronté aux absences fâcheuses de son défenseur Mats Hummels, suspendus, et de son milieu Sami Khedira et de son avant-centre Mario Gomez, blessés.

    La domination de la Mannschaft en première période

    Chauffés à blanc, les supporteurs des Bleus ont d’emblée donné le ton en sifflant copieusement la Mannschaft lors de l’échauffement. Offrant une acoustique hostile aux champions du monde, le public du Stade Vélodrome a ensuite entonné en cœur la Marseillaise.

    Incisifs, les Tricolores asphyxient les champions du monde dès l’entame du match. Et le portier allemand Manuel Neuer se trouve en difficulté dès la première minute de jeu, dégageant au loin un ballon qui traîne dangereusement dans sa surface. Moqueur, le public marseillais jubile à chaque fois qu’un joueur de la Mannschaft rate un geste. A la 6ème minute, Antoine Griezmann effectue une percée dans la défense allemande avant de tirer du droit à ras de terre. Mais sa frappe est détournée par Manuel Neuer, vigilant.

     

    Le second but d’Antoine Griezmann face à l’Allemagne

    Passé ce premier frisson, la Mannschaft commence à s’implanter dans la moitié de terrain française. Et le gardien et capitaine des Bleus Hugo Lloris est obligé de détourner une belle reprise d’Emre Can (14e). Emmenés par un très bon Mesut Ozil, les Allemands monopolisent le ballon, jouant intelligemment dans les intervalles. A la 23e minute, Dimitri Payet obtient un coup franc plein axe. Passé maître dans cet exercice, le Réunionnais voit sa frappe aisément captée par Neuer. La Mannschaft réplique par l’intermédiaire de Bastian Schweinsteiger, dont la salve est détournée par Hugo LLoris (27e).

    A l’image du novice Samuel Umtiti (2 sélections), la défense française multiplie les dégagements en catastrophe. Concentré, Lloris capte avec gourmandise les centres vicieux des champions du monde. Très mobile, Antoine Griezmann décoche une frappe dans le petit filet extérieur de Neuer (42e). L’attaquant de l’Atlético Madrid trépigne de rage lorsqu’Olivier Giroud, parti seul au but, oublie de le servir avant d’être rattrapé par Benedikt Höwedes, auteur d’un magnifique taclé glissé.

    Le doublé de Griezmann

    Contre le cours du jeu, les Bleus obtiennent un penalty, dans l’incompréhension générale. Sur un corner, Evra tente de placer sa tête. Au marquage de l’arrière gauche français , Bastian Schweinsteiger s’élève avant de toucher le ballon de la main (45e). L’arbitre italien Nicola Rizzoli désigne le point de penalty après un court moment de flottement. Sans trembler, Antoine Griezmann prend Manuel Neuer à contre-pied et donne l’avantage aux Tricolores juste avant la pause. Le Vélodrome explose. Radieux, les protégés de Didier Deschamps regagnent les vestiaires sous les vivats du public phocéen.

    De retour sur la pelouse, les Tricolores multiplient les raids éclair dès l’entame de la seconde mi-temps. Sur une contre-attaque, Olivier Giroud s’ouvre le chemin du but mais sa frappe est détournée par Jérôme Boateng, bien placé. Le défenseur allemand se claque dans la foulée en réalisant une longue transversale. L’arrière allemand est remplacé par Shkodran Mustafi à l’heure de jeu. Les Bleus profitent de ce changement pour acculer la Mannschaft. Et Antoine Griezmann s’offre un doublé à la 70e minute. Sur un centre de Paul Pogba détourné au poing par Neuer, l’attaquant de l’Atlético Madrid jaillit pour pousser le ballon au fond de la cage allemande. Il conforte ainsi son statut de meilleur buteur de la compétition avec six réalisations au compteur.

    Lire aussi :   Antoine Griezmann, ni affreux, ni sale, ni méchant

    Le Vélodrome chavire

    Abattus, les joueurs de Joachim Löw tentent de réagir. Mais Joshua Kimmich voit sa belle frappe enroulée s’écraser sur le poteau de Hugo Lloris. Les entrées du milieu N’Golo Kanté et de l’attaquant André-Pierre Gignac et du milieu Yohan Cabaye dynamisent le jeu français. Neuer doit se coucher à plusieurs reprises sur les salves des Tricolores. Maladroits, les champions du monde ratent le coche en fin de match. Impressionnant, Hugo Lloris réalise un arrêt réflexe sur une tête à bout portant de Joshua Kimmich dans les arrêts de jeu.

    Au coup de sifflet final, les travées du Stade Vélodrome bouillonnent. En ligne, les Bleus viennent saluer le public marseillais tandis que les Allemands s’écroulent sur la pelouse. Héros de la soirée, Antoine Griezmann communie longuement avec ses supporteurs extatiques. A la tête des Bleus depuis 2012, Didier Deschamps peut savourer, lui qui avait vu ses joueurs se faire éliminer (1-0) par la Mannschaft, en quarts de finale du Mondial 2014. Le sélectionneur avait par ailleurs été confronté à une litanie de forfaits (Raphaël Varane, Jérémy Mathieu, Lassana Diarra) avant le tournoi. Il avait dû aussi gérer le cas Karim Benzema, mis en examen dans l’affaire du chantage à la sextape et non-retenu pour la compétition.

    Comme en 1984, déjà au Vélodrome, les Tricolores s’ouvre les portes de la finale de « leur » Euro. Assis sur le toit du monde en 1998 lors de son sacre « à la maison », le foot français a l’occasion, dimanche, de renouer avec le succès, dix ans après la finale du Mondial 2006 perdue contre l’Italie (1-1 aux tirs au but). S’il l’emportait face au Portugal, Didier Deschamps deviendrait le premier sélectionneur à soulever le trophée Henri-Delaunay après l’avoir remporté - en 2000- comme joueur.

    [Résumé Vidéo] Le rêve des Bleus continue ! http://po.st/luVHfq 

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  • Allemagne : le parlement adopte une définition du viol moins restrictive

      >Faits divers|07 juillet 2016, 18h30| LIEN    

    Cologne (Allemagne), le 9 janvier.  Manifestations après les centaines d'agressions sexuelles commises contre des femmes le soir du Nouvel An, qui ont abouti ce jeudi à deux premières condamnations pour «harcèlement». Ces événements ont pesé dans le débat sur la définition du viol Outre-Rhin.

    (AFP / Roberto Pfeil.)
     
    Faits diversCologneAllemagneViolJusticeNouvelle Loi

    L'Allemagne a bouleversé ce jeudi sa définition du viol, jusqu'alors plus restrictive qu'ailleurs, avec un vote du Parlement qui tranche un tumultueux débat ravivé par les agressions du Nouvel An à Cologne et le procès d'une jeune mannequin.

     

    Tout acte sexuel commis «contre la volonté identifiable d'une autre personne» est désormais une infraction pénale, prévoit ce texte adopté par le Bundestag à l'unanimité des 601 votants et salué par une ovation debout, face à la chancelière Angela Merkel. Ces quelques mots constituent un renversement de perspective en Allemagne, en faisant de l'absence de consentement l'unique critère du viol, conformément à la convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe signée en 2011 par Berlin.

     

    Quand la victime est ivre, inconsciente ou tétanisée

     

    L'adoption de la loi, encore soumise à l'approbation de la chambre haute à l'automne, «sera une étape importante sur la voie de l'élimination de la violence à l'égard des femmes», et «devrait encourager» d'autres gouvernements, s'est réjoui le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland.

     

     

    L'actuel article 177 du Code pénal allemand, qui remonte à 1998, cantonne le viol aux relations sexuelles obtenues «par la violence, par une menace portant sur la vie ou l'intégrité corporelle», ou lorsque la victime se trouve «privée de toute défense». Ce texte, qui exclut les rapports imposés sous la menace de représailles professionnelles ou lorsque la victime est ivre, inconsciente ou tétanisée, est depuis longtemps critiqué pour son caractère restrictif. La BFF, un mouvement de soutien aux victimes de violences, avait répertorié, en 2014, 107 cas d'agressions sexuelles échappant aux poursuites. Il a salué jeudi «l'important changement de paradigme» que représente le vote.

     

    Le traumatisme du Nouvel An à Cologne

     

    Le gouvernement avait présenté en mars son projet de loi qui s'abstenait de toucher à l'article 177 et ajoutait seulement un nouveau cas «d'abus sexuel», couvrant les relations avec une personne «incapable de résistance». Mais cette voie prudente a été balayée par un double mouvement: l'émotion née des centaines d'agressions sexuelles contre des femmes commises le soir du Nouvel An à Cologne (ouest), qui ont abouti jeudi à deux premières condamnations pour «harcèlement», et le procès pour «dénonciation calomnieuse» d'une mannequin qui avait porté plainte pour viol.

     

    Rien ne rapproche ces deux événements, sinon leur influence directe sur le travail législatif: l'exemple de Cologne dicte plusieurs dispositions du nouveau texte adopté jeudi. Le «pelotage» en «groupe» est désormais une infraction spécifique -- déjà critiquée, tant l'enquête sur Cologne a buté sur l'absence de suspects identifiables plutôt que sur des difficultés légales -- et les étrangers condamnés pour un délit sexuel pourront être expulsés. L'affaire Gina-Lisa Lohfink, elle, a relancé la campagne du «non, c'est non».

     

    Le procès du «non, c'est non»

     

    Les déboires de la mannequin Gina-Lisa Lohfink, jugée à Berlin pour avoir accusé à tort de viol un footballeur et un employé d'un club berlinois, alors qu'on l'entend dire «non» et «arrêtez» sur une vidéo la montrant avec ces deux hommes, ont suscité une vague de soutien sur les réseaux sociaux, derrière le mot-dièse #TeamGinaLisa. Hors du Bundestag, la proclamation par la loi du «non, c'est non» est cependant loin de faire l'unanimité et suscite deux types de critiques opposées, portant sur son principe ou sur sa portée réelle.

     

    Une loi déjà critiquée

     

    Ses premiers détracteurs craignent une multiplication des dénonciations mensongères qui ferait de la chambre à coucher un «lieu dangereux», soumis aux revirements de l'un des partenaires, avance l'hebdomadaire «Die Zeit». A l'inverse, du côté des juristes, on redoute que le texte ne crée «des attentes trop élevées» des victimes, sans aboutir à des condamnations plus nombreuses ni changer en profondeur l'appréciation des tribunaux, avertit le quotidien «Tagesspiegel».

     

    Punir tous les viols «est, dans la pratique juridique, une tâche insoluble, rappelle le journal berlinois, tant il est difficile de prouver «un crime que pratiquement rien ne différencie, de l'extérieur, de ce que des millions de gens font chaque jour». Pour le «Tagesspiegel», retoucher la définition du viol ne résout en rien la difficulté posée, dans la plupart des cas, par l'absence de témoin: choisir la parole de l'un contre celle de l'autre.

     

    Leparisien.fr avec AFP

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    Les fractures territoriales se creusent en France

    LE MONDE | 07.07.2016 à 02h18 • Mis à jour le 07.07.2016 à 13h53 | Par Patrick Roger

    Les dernières élections, aussi bien nationales que départementales et régionales, ont montré combien les fractures territoriales étaient devenues un enjeu majeur. Un document publié jeudi 7 juillet par France Stratégie, l’organisme de réflexion et d’expertise rattaché au ­premier ministre, montre que les inégalités territoriales se sont creusées entre 2000 et 2013. Les métropoles, Paris en particulier, concentrent l’activité à haute valeur ajoutée et les populations qualifiées. Le Nord-Est et le Centre ont notamment décroché par rapport au reste du pays. Les villes moyennes et les territoires peu denses se fragilisent.

    A la lecture de ce document, on comprend mieux pourquoi les débats autour des récentes réformes dites de décentralisation ont cristallisé les inquiétudes des élus, notamment ruraux, et de leurs électeurs face au risque de relégation de certains territoires et face à la concentration des pouvoirs et des moyens dans les métropoles.

    Lire aussi :   Hollande en butte à la grogne des élus

    Ces mêmes inquiétudes s’étaient exprimées lors de la discussion de la loi pour la croissance et l’activité du ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Comment accompagner un phénomène inéluctable, qui n’est pas propre à la France, de « métropolisation » tout en endiguant le déclin des territoires ? Comment éviter que les fossés interrégionaux ne se creusent à l’heure de la création de grandes régions ?

    • L’état des lieux

    Les grandes aires urbaines, de plus de 500 000 habitants, concentrent une part importante de l’activité : si elles rassemblent environ 40 % de la population française, elles drainent 55 % de la masse salariale totale. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant y est en moyenne 50 % plus élevé que dans le reste du pays. A l’inverse, alors que 12 % de la population habitent dans des communes de moins de 20 000 habitants, ces dernières ne représentent qu’un peu plus de 6 % des salaires versés.

    Parmi les grandes aires urbaines, certaines ont connu, entre 2007 et 2012, une augmentation rapide de l’emploiRennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon – tandis que d’autres voyaient l’emploi baisser – Douai-Lens, Rouen, Strasbourg, Nice, Toulon.

    Les régions du nord-est et du centre de la France décrochent par rapport au reste du pays en raison, notamment, de la désindustrialisation rapide du Nord et de l’Est, où le poids de l’industrie était important, sans qu’elles se soient massivement réorientées vers des services à haute valeur ajoutée. Le PIB par habitant du Sud-Ouest était supérieur de 3,5 % à celui du Nord-Est en 2000 ; il était plus élevé de 9,5 % en 2013.

    Toutefois, ces inégalités sont, partiellement, corrigées à la fois par les effets du système de protection sociale et des emplois publics. « Par le jeu des transferts sociaux et de l’emploi public, la dépense publique joue donc un rôle de péréquation entre les territoires », observe l’étude de France Stratégie.

    Mais l’organisme s’interroge, en revanche, sur les finalités et l’efficience des politiques territoriales. « Depuis trente ans, les dispositifs d’aide aux territoires se sont multipliés et certains d’entre eux se chevauchent, voire même apparaissent contradictoires », notent les auteurs.

    Ainsi, si d’importants moyens ont été mis à disposition des réseaux d’éducation prioritaire, les classes ne contiennent en moyenne que deux élèves de moins que la moyenne, « ce qui est insuffisant pour compenser les écarts de résultats scolaires ». « Dans certaines régions défavorisées comme le Nord - Pas-de-Calais, la dépense par tête dans l’enseignement primaire est même inférieure à la moyenne », constate l’étude. Et, en matière de formation professionnelle, elle est significativement inférieure dans les régions où le taux de chômage est le plus élevé.

    • Les enjeux

    Selon toutes les études prospectives, le phénomène de « métropolisation » devrait se poursuivre. Avec les risques de décrochage qui l’accompagnent pour les zones rurales, des risques accrus du fait du vieillissement de la population dans ces zones.

    Les grandes zones urbaines disposent d’un fort potentiel de croissance. Les lois Maptam et NOTRe adoptées durant ce quinquennat ont anticipé ce mouvement en accordant des responsabilités et des compétences accrues aux régions et aux métropoles. A elles d’y répondre en jouant un rôle nouveau d’impulsion et de coordination sur leurs territoires.

    Cependant, l’étude de France Stratégie pose une question majeure. « La politique traditionnelle d’aménagement du territoire a longtemps visé à redynamiser par l’investissement les territoires en déclin, constate-t-elle. Or les évolutions économiques récentes amènent à repenser cette orientation. »

    Pour le commissaire général de France Stratégie, Jean Pisani-Ferry, joint par Le Monde, « il faut miser sur la dynamique de métropolisation, on n’a pas le choix, même si elle est douloureuse pour les territoires ». Ce qui suppose d’investir davantage dans les grandes métropoles et à leur pourtour.

    Il faudra alors avoir une politique volontariste de correction des inégalités et d’accessibilité aux services partout dans le territoire. « Doit-on fixer un panier de services minimaux garanti par l’Etat sur tout le territoire ?, interroge l’étude. Au-delà de ce panier, peut-on imaginer une forme de subsidiarité permettant à certains territoires d’accroître l’offre de service à condition qu’ils en assument la responsabilité fiscale ? » Ce qui pose la question de l’autonomie fiscale des exécutifs locaux, mais aussi de la péréquation des ressources pour éviter le creusement des inégalités territoriales.

    Plus d’autonomie, donc, plus de marges de manœuvre pour les régions, mais aussi plus de corrections des inégalités. Pour M. Pisani-Ferry, « il faut substituer à une logique d’uniformité de l’offre une logique de différenciation ».

    Lire aussi :   A Vesoul, Hollande annonce de nouvelles aides pour les zones rurales

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  • Nouveau bilan de l'attentat de Bagdad : 292 morts

    Irak.

     

    LIEN

    L'attentat perpétré dimanche dans un quartier de Bagdad par le groupe Etat islamique (EI) a fait au moins 292 morts, selon un nouveau bilan établi aujourd'hui par le ministère irakien de la Santé. Les identités de 177 personnes tuées dans l'attaque ayant visé un quartier commerçant de la capitale doivent encore être déterminées, alors que 115 corps ont déjà été remis à leurs familles, a indiqué la ministre de la Santé Adila Hammoud.

    Cet attentat était déjà le plus meurtrier de l'année avec son dernier bilan provisoire, qui était de 213 morts.

    (Photo AFP)

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  • rticle sélectionné dans la matinale du 07/07/2016 Découvrir l’application

    Suicides à France Télécom : des dirigeants menacés de poursuites pour harcèlement moral

    LE MONDE | 07.07.2016 à 06h10 • Mis à jour le 07.07.2016 à 11h03 | Par Emeline Cazi

     

    Mérignac, parking de l’entreprise France Telecom, sur lequel Remy Louvradoux s’est immolé par le feu le 26 avril 2011. Photo issue de la série « Le Grand Incendie » de Samuel Bollendorff.

    La réunion des cadres de France Télécom organisée à la Maison de la chimie, à Paris, le 20 octobre 2006, se voulait sans détour. Une opération de motivation des troupes comme les grandes entreprises savent le faire. Les objectifs étaient clairs, et le PDG Didier Lombard n’a pas pris de gants pour les annoncer.

    D’ici trois ans, 22 000 salariés devront avoir quitté l’entreprise, 14 000 autres auront changé de poste. Soit une personne sur trois. « Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé », a admis Didier Lombard ce jour-là, mais « je ferai [ces départs] d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte ». En contrepartie, 6 000 personnes seront recrutées.

    Sur scène, aux côtés du grand chef, le directeur des ressources humaines (DRH), Olivier Barberot, opine. Next, le plan de restructuration, et son volet social Act, sont ambitieux, il faut se donner les moyens.

    Lire aussi :   France Télécom, la mécanique de la chaise vide

    Les conséquences de la mise en œuvre de ces deux programmes furent dramatiques. Soixante personnes se sont suicidées en trois ans, dont trente-cinq pour les seules années 2008 et 2009. En septembre 2009, le syndicat SUD-PTT de l’entreprise déposait plainte contre la direction dont il dénonçait « les méthodes de gestion d’une extraordinaire brutalité ».

    Pendant quatre ans, l’ex-juge d’instruction Pascal Gand a épluché des milliers de courriels, déchiffré des PowerPoint, interrogé des dizaines de salariés et de cadres. L’enquête est terminée et le parquet vient de prendre ses réquisitions. A la fin d’un document de 193 pages signé le 22 juin, le procureur de la République de Paris est catégorique : selon lui, sept anciens dirigeants de France Télécom doivent être renvoyés devant un tribunal correctionnel.

    Réquisitions inédites

    Si le juge d’instruction, qui rendra son ordonnance d’ici quelques semaines, suit l’avis du parquet, Didier Lombard, ancien numéro un de France Télécom (devenu Orange en 2013), son ex-bras droit, Louis-Pierre Wenes, et celui qui fut DRH, Olivier Barberot, comparaîtraient pour « harcèlement moral ».

    De même pour la société France Télécom, personne morale. Deux directeurs territoriaux – Nathalie Boulanger et Jacques Moulin –, ainsi que le DRH France de l’entreprise, Guy-Patrick Cherouvrier, et l’ex-directrice du programme Act, Brigitte Bravin-Dumont, devraient répondre, eux, de « complicité de harcèlement moral ».

    De telles réquisitions – « qui ne sont qu’une étape de l’instruction », rappelle Me Claudia Chemarin, l’avocate de l’entreprise sont exceptionnelles, en France. Il est encore rarissime, pour ne pas dire inédit, que les plus hauts dirigeants d’une entreprise, qui n’étaient pas les responsables directs des salariés, doivent répondre d’actes de « harcèlement moral » devant un tribunal et pour autant de salariés.

     

    Le PDG de France-Telecom Didier Lombard lors de sa visite des bureaux de la compagnie après le suicide d’un des employés à  Annecy-Le-Vieux (Savoie) le 28 septembre 2009. Le PDG de France-Telecom Didier Lombard lors de sa visite des bureaux de la compagnie après le suicide d’un des employés à  Annecy-Le-Vieux (Savoie) le 28 septembre 2009. JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

    Pour le procureur, il s’agit surtout de juger un système, celui de la politique de la chaise vide. Ces années-là, chez France Télécom, le harcèlement était érigé en méthode. Les cadres étaient formés à décourager leurs équipes, leur bonus en dépendait. Chaque nouveau départ était la promesse d’une prime majorée en fin d’année.

    La loi, en France, est pourtant claire. Quiconque « harcèle autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail » est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende, dit l’article 222-33-2 du code pénal. Si la preuve est donc apportée que des actes ont été commis dans le but de dégrader les conditions de travail d’un ou plusieurs salariés, le délit de harcèlement moral est constitué. Des preuves, le parquet estime en avoir pléthore.

    Soyons clairs, la justice ne reproche pas aux anciens dirigeants de France Télécom d’avoir voulu réorganiser l’entreprise pour l’adapter à l’ère du numérique et du (presque) tout-mobile. « Ce qui est en cause, c’est la façon dont [ils ont] géré cette organisation », explique le procureur.

    Au cours de l’instruction, Didier Lombard et son équipe ont beaucoup joué sur les mots. Ils ne contestent pas les chiffres de 22 000 départs et 14 000 mouvements annoncés à la Maison de la chimie, mais il ne s’agissait pas d’« objectifs », juste des « estimations », des « trajectoires », assurent-ils.

    Pour le parquet, « cette dénégation n’est pas sérieuse ». Tout prouve, au contraire, que « l’objectif de déflation et de mobilité est devenu une fin en soi, quels que soient les moyens pour l’obtenir ». Mais comme « la société n’a pas tenu compte des alertes et des avertissements sur l’impact » des changements, « n’a pas évalué les risques psychosociaux », cette défense était « la seule possible », note le parquet. Combien de fois, pourtant, les syndicats, l’inspection du travail, les médecins ont-ils alerté les dirigeants du climat de travail exécrable de l’entreprise ?

    « Faire bouger les gens »

    Le dossier d’enquête regorge de documents – tableaux Excel, présentations PowerPoint – et de témoignages de salariés qui relatent la chronique de ces départs forcés. « 5 janvier 2007, petit déj Codir (…). RH (ressources humaines) : objectif réduction atteint tant bien que mal », griffonne, par exemple, sur un carnet, Gervais P., directeur financier.

    Là, c’est une note adressée à Nathalie Boulanger évoquant la « décroissance de 47 CDI [contrats à durée indéterminée] actifs (…), soit sept de mieux que le budget repérimétré (…), l’objectif annuel de 296 départs est donc atteint à hauteur de 74 % ». Jacques Moulin avait conservé, chez lui, des montagnes de documents récapitulant, « pour toutes les directions (…), la réalisation ou non des objectifs de réductions d’effectifs ».

     

    Les traces laissées par l’immolation d’un employé de France-Telecom près de son lieu de travail à Merignac (Gironde) le 26 avril 2011.

    Combien de chefs ont pu résister ou protéger leurs équipes, alors que tout les poussait à suivre le mouvement ? Leur rémunération était indexée sur les départs. Et l’école de management de Cachan, spécialement créée en 2005 et entièrement consacrée au projet, les formait à « faire bouger les gens », en mettant « la pression partout ». Plus de 4 000 cadres suivaient le cursus chaque année.

    Le message toxique est passé ; la méthode a fonctionné. Progressivement, mais sûrement, les conditions de travail se sont dégradées. Tout était bon pour faire craquer le personnel. Affecter les mères de famille sur un poste à deux heures de route de chez elles, offrir à un cadre des responsabilités nettement inférieures à celles qu’il occupait précédemment. Mais aussi « oublier » des salariés lors d’un déménagement, les laisser quelques semaines sur un plateau vide, sans chaise ni bureau, loin de leurs anciens collègues.

    La situation semble ubuesque, mais Etienne et Vincent l’ont vécue à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, comme Guy, à Villeneuve-d’Ascq (Nord). Chaque vendredi soir, chacun attendait avec crainte ce courriel qui leur vanterait une nouvelle fois les bienfaits d’un poste au conseil général ou des aides qu’ils pourraient recevoir s’ils se lançaient dans l’apiculture.

    Dans son réquisitoire, le parquet précise que les victimes concernées pourraient être plus nombreuses que les quelques dizaines de personnes qui se sont déjà manifestées auprès de la justice : « Ces dégradations ont concerné tous les salariés de tous les établissements du groupe dans lesquels était recherchée ou pratiquée la déstabilisation des salariés (…) propice à accélérer la déflation d’effectifs et les mobilités. »

    Sur les 110 000 salariés que comptait alors France Télécom, « il existe nécessairement de très nombreuses victimes non identifiées », poursuit le magistrat. « Cette machine était une machine de destruction massive », confirme MJean-Paul Teissonnière, avocat du syndicat SUD-PTT. Dans l’hypothèse où un procès se tiendrait, des centaines d’autres salariés pourraient demander l’indemnisation de leur préjudice.

    Chronologie

    Décembre 2009

    Le syndicat SUD-PTT dépose plainte contre la direction de France Telecom pour « mise en danger de la vie d’autrui », après la vague de suicides qui touche l’entreprise depuis 2006. Une enquête préliminaire est ouverte.

    Avril 2010

    Un juge d’instruction est nommé.

    4 juillet 2012

    Didier Lombard, l’ex-PDG de France Telecom (2005-2010), est mis en examen pour « harcèlement moral ». Son ancien bras droit, Louis-Pierre Wenes, et le DRH, Olivier Barberot, seront mis en examen des mêmes chefs.

    Décembre 2014

    Les juges Pascal Gand et Aurélie Reymond étendent les poursuites à quatre autres dirigeants, qui sont mis en examen pour « complicité de harcèlement moral ».

    22 juin 2016

    Le parquet de Paris demande le renvoi de ces sept dirigeants pour « harcèlement moral » ou « complicité de harcèlement moral ».



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