Septembre 2016
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Synthèse
Des centaines de millions de femmes approvisionnent
leur famille en bois de chauffage et en eau, cuisinent,
font le ménage et prennent soin des personnes âgées,
des enfants et des malades tout en s’efforçant de
gagner leur vie par le biais d’emplois qui sont moins
bien rémunérés et plus précaires que ceux des
hommes. Le travail qu’elles accomplissent – au sein et
hors du foyer – est indispensable à la société. Sans lui,
l’économie mondiale ne fonctionnerait pas. Pourtant,
ce travail reste sous-évalué et en grande partie
invisible.
Pour rendre compte de l’ampleur du problème,
ActionAid a calculé la valeur économique qu’apporterait
la suppression des inégalités de genre au travail dans
les pays en développement.
Nous sommes arrivé·e·s
à la conclusion que les femmes des pays en
développement pourraient gagner 9 000 milliards de
dollars (8 000 milliards d’euros) de plus si leur salaire
et leur accès aux emplois rémunérés étaient égaux
à ceux des hommes.
Ce chiffre astronomique laisse
entrevoir l’ampleur de cette injustice et des occasions qui
échappent aux femmes pauvres d’améliorer leur propre
vie et celle de leur famille. Cette situation ne pèse pas
seulement sur leurs finances : les inégalités économiques
dont elles sont victimes limitent également leurs choix
de vie – notamment dans les domaines de la santé et
des droits sexuels et reproductifs – et les rendent plus
vulnérables à la violence ainsi qu’à d’autres formes de
discrimination et d’exploitation.
Les femmes ne sont pas les seules à subir les
conséquences de ces inégalités. Celles-ci pèsent sur nous
tou·te·s, notamment sur les entreprises et sur l’économie
au sens large. En 2012, l’Organisation internationale
du Travail (OIT) a estimé que la réduction des inégalités
entre hommes et femmes dans le domaine de l’emploi
permettrait d’augmenter la production mondiale de
1 600 milliards de dollars US
1
. Veiller à ce que le travail
accompli par les femmes – au sein et hors du foyer – soit
valorisé et justement rémunéré est une composante clé
de la lutte contre la pauvreté et en faveur de la prospérité
pour toutes.
Dans le monde entier, des personnes de plus en
plus nombreuses reconnaissent que notre système
économique doit être réformé en profondeur. De même,
il est de plus en plus communément admis que la seule
croissance économique sera insuffisante pour permettre
l’avènement de l’égalité de genre, la fin de la pauvreté
et la réduction des inégalités. Quelques gouvernements
ont pris des mesures courageuses pour lutter contre
les inégalités au travail. Certaines entreprises se sont
également distinguées en comprenant que le fait de
confier des emplois décents aux femmes était bénéfique
pour leur pérennité et leur productivité. Mais nous devons
encore agir pour que cette vision se généralise et que ces
quelques exceptions deviennent la majorité.
L’inégalité économique des femmes n’est pas une
fatalité. L’exploitation du travail des femmes prévaut à
cause des idées politiques injustes qui fondent notre
économie mais aussi parce qu’elle s’enracine dans la
discrimination de genre qui opère plus généralement
dans la société, discrimination qu’elle contribue à
perpétuer.
ActionAid appelle les gouvernements,
les institutions internationales,
les entreprises et les employeurs
à créer les conditions nécessaires
pour que les femmes des pays en
développement bénéficient des
mêmes opportunités et droits au
travail que les hommes et à :
1. Garantir aux femmes l’accès à des emplois
décents et la possibilité d’en jouir pleinement.
2. Reconnaître, réduire et redistribuer les
responsabilités non rémunérées de “care”, c’est-
à-dire celles relatives aux soins, qui incombent
actuellement de manière disproportionnée aux
femmes.
3. Faire en sorte que les politiques économiques
soient mises en œuvre au profit des femmes plutôt
qu’à leur détriment, et mettre fin à la recherche de
la croissance à tout prix.
4. Encourager les femmes à s’exprimer, à passer
à l’action et à exercer leur leadership à tous les
niveaux.
5. Veiller à ce que la mise en œuvre, le suivi et
l’évaluation fassent véritablement progresser les
droits des femmes et comblent les écarts de genre au travail.